Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Relire Mauprat
- Pages: 401 to 407
- Collection: Encounters, n° 497
- Series: Nineteenth century studies, n° 56
RÉSUMÉS
José-Luis Diaz, « Du côté de Claire d’Albe »
On envisage de manière plus systématique que cela n’a été fait jusqu’ici ce que la première version de Mauprat, dont des traces assez nettes subsistent dans les pages corrigées du manuscrit, doit à un roman de Mme Cottin, Claire d’Albe (1798). Tout en mesurant plus largement la part des influences, cette étude invite à évaluer l’importance du travail génétique que Sand a dû réaliser, pour aboutir, partant d’un synopsis de roman sentimental, au grand roman historique que nous connaissons.
Catherine Mariette, « Mauprat, un roman romanesque ? »
Mauprat sera relu au regard des propriétés caractéristiques du romanesque énoncées notamment par Northrop Frye et Jean-Marie Schaeffer depuis les années 1980 : l’intensité et la densité des péripéties, l’alliance de l’amour et de l’aventure et le caractère extrême des situations dans lesquelles sont plongés les personnages. Le « roman romanesque », malgré la présence d’autres pistes génériques, se concentre sur l’histoire d’amour et ses péripéties.
Pascale Auraix-Jonchière,« Le romanesque de Mauprat »
Mauprat, roman d’éducation qui présente un double objectif : mettre en scène un rapport aux sexes et à la conjugalité et un contrat social également fondés sur la justice et l’égalité, affiche une nette propension à l’écriture romanesque. L’objectif de cette étude est de questionner cet apparent paradoxe et de montrer comment ce romanesque sérieux permet d’élaborer une double utopie conçue comme une forme de résistance par l’écrivaine, qui expose les principes majeurs de son art poétique.
402Alice De Georges, « La guerre d’indépendance ou l’amour courtois expliqué par un naturaliste »
Au cœur de Mauprat, le héros Bernard part, loin de son fief et de sa bien-aimée, combattre pour la guerre d’indépendance américaine. Contrairement aux attentes, cet épisode glorieux n’est pas narré et se voit remplacé par les observations naturalistes d’Arthur ainsi que par ses conclusions sur les amours d’Edmée. On s’interrogera sur l’impact de ces décentrements sur le dernier rejeton d’une lignée maudite ainsi que sur l’étrange interaction entre observation naturaliste et amour courtois.
Marilyn Mallia, « Mauprat et la réécriture du roman gothique anglais »
Si la présence du roman gothique anglais dans Mauprat a souvent été reconnue, il convient de s’interroger sur la charge idéologique des conventions réécrites stratégiquement par George Sand. La mise à l’épreuve gothique et l’itinéraire parallèle des deux Mauprat explorent la position des femmes dans le contexte politique et social de la monarchie de Juillet, ainsi que l’idéal révolutionnaire de liberté, d’égalité et de fraternité.
Laélia Véron, « “Une narration si noire”. Le style gothique dans Mauprat »
Cet article étudie les stylèmes gothiques dans Mauprat, sans perdre de vue le caractère hybride du roman, le style gothique étant en concurrence avec d’autres régimes d’écriture (roman initiatique, roman philosophique, roman social). Il s’agit d’analyser la manière dont George Sand reprend certains topoï (lexicaux, discursifs, rythmiques) du style gothique pour mieux les transformer et se les réapproprier dans une perspective esthétique et idéologique originale.
Magalie Myoupo, « Les modèles religieux dans Mauprat de Sand. Trompe-l’œil ou évangile éternel ? »
Même si la réflexion sur la survivance du religieux se fait par la bande dans Mauprat – elle sera directe dans Spiridion en 1838 – le parcours de son imaginaire permet de saisir différents rapports à l’histoire : un rêve de permanence qui, bien que risqué, renvoie à l’idéal éternel du peuple ; un brusque renversement qui intrigue par sa fragilité ; une chute et une lutte continuelles qui insistent, en 1837, sur un combat marqué par la répétition et dont l’issue se situe dans l’avenir.
403Éléonore Reverzy, « Mémoire et narration dans Mauprat »
Mauprat adopte la forme d’un récit rétrospectif qui fait pénétrer le lecteur dans l’intériorité du narrateur, projetée sous forme de scènes. En racontant sa jeunesse qui coïncide avec la période prérévolutionnaire et révolutionnaire, le vieux Mauprat s’en remémore les tourments, dévoile la force de l’hérédité et met au jour la dynamique du désir, incarnée par Edmée, visage secret de la Révolution. Récit mémoriel plus que roman d’apprentissage, Mauprat se révèle moins progressiste que nostalgique.
Marie-Ève Thérenty, « Le narrateur suspect de Mauprat »
Les contradictions du récit mettent en évidence un narrateur suspect, incompétent ou retors, voire les deux. La forme du roman-mémoires reprise par Sand au xviiie siècle privilégie une seule introspection : elle garde inaccessibles certains personnages comme Edmée. Sand invite à confronter deux versions possibles de la même histoire, celle, autoritaire de Bernard et celle, elliptique, en palimpseste, en creux, mais peut-être encore plus machiavélique d’Edmée.
François Kerlouégan, « Idéologique et romanesque dans Mauprat. Comment la fiction pense l’histoire »
Comment l’idéologique est-il exprimé dans Mauprat ? S’il est présent à travers un discours aisément repérable et grâce à plusieurs procédés qui permettent à l’autrice de clamer sa foi en un progressisme historique, c’est surtout par les moyens narratifs et romanesques que les idées sont énoncées. Elles ne sont plus alors seulement véhiculées mais s’incarnent dans la fiction, Sand prouvant là qu’elle est pleinement romancière.
Marine Le Bail, « Edmée de Mauprat parmi ses sœurs. La Galerie des femmes de George Sand (1843) »
En 1843, Paul Lacroix publie la Galerie des femmes de George Sand, une compilation de portraits iconographiques et littéraires tirés de l’ensemble de la production fictionnelle sandienne. Dans cet ouvrage essentiellement destiné à un lectorat féminin, Lacroix procède à une réécriture du personnage d’Edmée qui en accentue le caractère exemplaire. Voyant en elle une allégorie de la civilisation par le sentiment, il tire Mauprat du côté du roman sentimental autant que de la littérature d’éducation.
404Sophie Ménard, « Profils ethnocritiques d’un ensauvagé – Mauprat de Sand »
Les profils biographiques de Bernard de Mauprat déplient un éventail des formes culturelles d’ensauvagement (juvénile, familial, criminel, caniculaire) dans lesquelles le « sauvage » prend forme. À une première lecture des logiques initiatiques traditionnelles qui font la virilité ensauvagée et qui mènent au mariage (le roman d’amour) s’adjoindra une seconde, celle des ratages initiatiques qui dessinent la trajectoire d’une destinée criminelle (le roman noir et judiciaire).
Fabienne Bercegol, « Au risque de la chasse, dans Mauprat de George Sand »
Mauprat est l’un des romans dans lequel Sand exploite le mieux la richesse ethnographique de la chasse, par les récits, par les personnages et par les traditions qu’elle met à sa disposition. Au service de la dimension sociopoétique du roman, la chasse en est encore l’un des ressorts dramatiques les plus efficaces pour conduire aux crises passionnelles qui font resurgir une violence latente et un instinct aristocratique de domination jamais effacé.
Christine Planté, « Marcasse, chasseur de taupes et hidalgo, un personnage démocratique ? »
Pourquoi Marcasse, personnage secondaire, s’inscrit-il fortement dans la mémoire des lecteurs ? Au-delà de sa silhouette frappante, de son parler singulier et de la portée comique de ses apparitions, sa caractérisation comme chasseur de taupes, un personnage populaire typique du monde rural, et comme hidalgo (ruiné), porteur de valeurs romanesques et héroïques, invite à le considérer comme un personnage démocratique, même si Mauprat ne peut être défini simplement comme un roman démocratique.
Olivier Bara, « Des animaux et des hommes – Mauprat de George Sand »
Suivre la trace des animaux dans Mauprat, où ils sont tour à tour références, métaphores et personnages, fait découvrir l’hésitation générique d’où procède le roman. Un tremblement du sens se fait également jour dans l’exploration du bestiaire sandien, la symbolisation ne s’enfermant jamais dans l’allégorie. Aussi est-ce au plus profond d’un imaginaire romanesque peuplé d’hommes et de bêtes que s’anime une réflexion ouverte, de nature anthropologique et politique.
405Bertrand Marquer, « “L’ourson” et “la colombe”. L’exemplarité problématique de Mauprat »
En prenant pour point de départ la formule par laquelle Patience qualifie le couple formé par Bernard et Edmée, cet article interroge la pertinence du système d’oppositions qu’elle synthétise, et analyse la labilité des rôles qu’endossent les deux personnages. La fable que semble vouloir illustrer le roman s’en trouve singulièrement perturbée, et invite à réévaluer la morale énoncée par le vieux Bernard au regard de l’exemplum qu’entend constituer son récit.
Christine Marcandier, « “Rêver de nouveaux mondes”. Pour une lecture écocritique de Mauprat »
Cet article étudie Mauprat dans une perspective écocritique. La nature n’y est pas un décor mais l’agent d’un renversement des hiérarchies. Comment se situer dans un espace et une temporalité qui se fragmentent, depuis une crise diversement figurée dans le roman ? Il s’agit de voir en quoi Mauprat répond aux spécificités de la French Écocritique telle que la définit Stéphanie Posthumus, une « écriture comme production d’un monde davantage que simple représentation du monde ».
Pierre Laforgue, « Mauprat, fiction et politique en 1837 »
Mauprat en 1837 rompt avec les romans précédents de George Sand, dans la mesure où il opère une prise en compte de l’histoire de France. L’enjeu est politique, au moment où la monarchie de Juillet fait la preuve de sa nullité. Sand entreprend de refonder, au moyen d’un travail archéologique, le présent dans l’histoire, en rappelant le temps des Lumières et celui de la Révolution.
Aude Déruelle, « Civilisation et révolution »
Mauprat est un roman d’éducation qui montre la civilisation de Bernard, enfant sauvage aux mœurs terriblement féodales. Mais ce roman n’est pas pour autant un roman à thèse : il recèle des tensions sur ce que sont la civilisation et la sauvagerie, et interroge même la possibilité d’une éducation pour tous. Sans être idéologiquement univoque, Mauprat est toutefois un roman utopique en ce qu’il dépasse ces oppositions pour dessiner une société harmonieuse, quitte à faire fi du devenir historique.
406Olivier Ritz, « Mauprat ou la Révolution en héritage »
Au moment où George Sand écrit Mauprat, elle défend activement l’héritage républicain de la Révolution française. Dans son roman, le récit rétrospectif permet à la fois d’attester que la Révolution a eu lieu, de lui donner une grandeur épique et d’en expliquer les origines. Mais son propos dépasse la simple dénonciation des abus de la féodalité : la violence persistante de Bernard peut figurer la violence révolutionnaire, qui rend nécessaire le jugement par le peuple.
Xavier Bourdenet, « “J’isole mon existence des faits de l’histoire”. Temporalité narrative et référence historique dans Mauprat »
Cet article interroge le rapport de Mauprat au roman historique. Rapport paradoxal car le récit se fonde sur un déni de l’histoire : Mauprat isole délibérément son existence des « faits de l’histoire ». On analyse quelques-unes des implications poétiques de ce déni en montrant comment la gestion de la temporalité narrative place l’histoire en retrait et comment la référence historique à la révolution (française et américaine) est effacée ou déplacée alors même qu’elle oriente idéologiquement le récit.
Christèle Couleau, « (R)évolutions – l’histoire vue de l’intérieur »
Mauprat se situe dans une période historique riche : la Révolution et les décennies qui la précèdent. Pourtant, les manifestations événementielles de l’histoire sont peu présentes, reléguées au second plan par une narration qui se focalise sur « l’histoire morale et philosophique » des personnages. En étudiant l’éducation de Bernard, l’émancipation d’Edmée et l’engagement de Patience, on constate néanmoins que ces deux dimensions se rejoignent, dans une approche intériorisée du fait historique.
Agnese Silvestri, « Mauprat, ou de la justice en pays civilisé »
Cet article, attentif au regard proto-sociologique de George Sand, précise les implications du nœud qui resserre, dans Mauprat, les réflexions sur l’histoire, sur l’évolution sociale et sur la justice. L’éducation sentimentale et sociale du brutal Bernard de Mauprat, dernier rejeton du système féodal, met en évidence certaines étapes de ce que Norbert Elias appelle « civilisation des mœurs » et doit passer par la prise en compte, au tribunal, d’un passé caractérisé par l’abus de pouvoir.
407Sophie Vanden Abeele-Marchal, « Des livres et des paroles. Quelques réflexions sur la loi et le discours dans Mauprat »
Mauprat est un roman sur la parole délivrée, à tous points de vue. George Sand y pose la question de la communication des idées réformistes et de leur diffusion. Tous les personnages sont définis par leur parole, dans une dialectique signifiante entre oral et écrit. Ils en font l’apprentissage : apprendre à parler et apprendre à lire est doublement nécessaire aux yeux d’une romancière qui, à l’instar de Pierre Leroux, promeut une forme écrite de discours, engagée et militante, populaire et consolante.
Myriam Roman, « Le procès dans Mauprat. Une justice révolutionnaire »
L’ultime péripétie du roman repose sur les deux procès de Bernard au présidial de Bourges qu’on a pu rapprocher, dans la genèse de l’œuvre, du procès « monstre » d’avril 1835 à Paris devant la Chambre des Pairs et du procès en séparation de George Sand le 25 et 26 juillet 1836 devant la Cour royale de Bourges. L’invention romanesque néanmoins prévaut : l’épisode s’inspire assez exactement de l’affaire Calas pour proposer une lecture des acquis de la Révolution française en matière de justice.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-11308-9
- EAN: 9782406113089
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-11308-9.p.0401
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-09-2020
- Language: French