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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Relire Mauprat
  • Pages : 401 à 407
  • Collection : Rencontres, n° 497
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 56
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406113089
  • ISBN : 978-2-406-11308-9
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11308-9.p.0401
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/12/2020
  • Langue : Français
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RÉSUMÉS

José-Luis Diaz, « Du côté de Claire dAlbe »

On envisage de manière plus systématique que cela na été fait jusquici ce que la première version de Mauprat, dont des traces assez nettes subsistent dans les pages corrigées du manuscrit, doit à un roman de Mme Cottin, Claire dAlbe (1798). Tout en mesurant plus largement la part des influences, cette étude invite à évaluer limportance du travail génétique que Sand a dû réaliser, pour aboutir, partant dun synopsis de roman sentimental, au grand roman historique que nous connaissons.

Catherine Mariette, « Mauprat, un roman romanesque ? »

Mauprat sera relu au regard des propriétés caractéristiques du romanesque énoncées notamment par Northrop Frye et Jean-Marie Schaeffer depuis les années 1980 : lintensité et la densité des péripéties, lalliance de lamour et de laventure et le caractère extrême des situations dans lesquelles sont plongés les personnages. Le « roman romanesque », malgré la présence dautres pistes génériques, se concentre sur lhistoire damour et ses péripéties.

Pascale Auraix-Jonchière,« Le romanesque de Mauprat »

Mauprat, roman déducation qui présente un double objectif : mettre en scène un rapport aux sexes et à la conjugalité et un contrat social également fondés sur la justice et légalité, affiche une nette propension à lécriture romanesque. Lobjectif de cette étude est de questionner cet apparent paradoxe et de montrer comment ce romanesque sérieux permet délaborer une double utopie conçue comme une forme de résistance par lécrivaine, qui expose les principes majeurs de son art poétique.

402

Alice De Georges, « La guerre dindépendance ou lamour courtois expliqué par un naturaliste »

Au cœur de Mauprat, le héros Bernard part, loin de son fief et de sa bien-aimée, combattre pour la guerre dindépendance américaine. Contrairement aux attentes, cet épisode glorieux nest pas narré et se voit remplacé par les observations naturalistes dArthur ainsi que par ses conclusions sur les amours dEdmée. On sinterrogera sur limpact de ces décentrements sur le dernier rejeton dune lignée maudite ainsi que sur létrange interaction entre observation naturaliste et amour courtois.

Marilyn Mallia, « Mauprat et la réécriture du roman gothique anglais »

Si la présence du roman gothique anglais dans Mauprat a souvent été reconnue, il convient de sinterroger sur la charge idéologique des conventions réécrites stratégiquement par George Sand. La mise à lépreuve gothique et litinéraire parallèle des deux Mauprat explorent la position des femmes dans le contexte politique et social de la monarchie de Juillet, ainsi que lidéal révolutionnaire de liberté, dégalité et de fraternité.

Laélia Véron, « “Une narration si noire”. Le style gothique dans Mauprat »

Cet article étudie les stylèmes gothiques dans Mauprat, sans perdre de vue le caractère hybride du roman, le style gothique étant en concurrence avec dautres régimes décriture (roman initiatique, roman philosophique, roman social). Il sagit danalyser la manière dont George Sand reprend certains topoï (lexicaux, discursifs, rythmiques) du style gothique pour mieux les transformer et se les réapproprier dans une perspective esthétique et idéologique originale.

Magalie Myoupo, « Les modèles religieux dans Mauprat de Sand. Trompe-lœil ou évangile éternel ? »

Même si la réflexion sur la survivance du religieux se fait par la bande dans Mauprat – elle sera directe dans Spiridion en 1838 – le parcours de son imaginaire permet de saisir différents rapports à lhistoire : un rêve de permanence qui, bien que risqué, renvoie à lidéal éternel du peuple ; un brusque renversement qui intrigue par sa fragilité ; une chute et une lutte continuelles qui insistent, en 1837, sur un combat marqué par la répétition et dont lissue se situe dans lavenir.

403

Éléonore Reverzy, « Mémoire et narration dans Mauprat »

Mauprat adopte la forme dun récit rétrospectif qui fait pénétrer le lecteur dans lintériorité du narrateur, projetée sous forme de scènes. En racontant sa jeunesse qui coïncide avec la période prérévolutionnaire et révolutionnaire, le vieux Mauprat sen remémore les tourments, dévoile la force de lhérédité et met au jour la dynamique du désir, incarnée par Edmée, visage secret de la Révolution. Récit mémoriel plus que roman dapprentissage, Mauprat se révèle moins progressiste que nostalgique.

Marie-Ève Thérenty, « Le narrateur suspect de Mauprat »

Les contradictions du récit mettent en évidence un narrateur suspect, incompétent ou retors, voire les deux. La forme du roman-mémoires reprise par Sand au xviiie siècle privilégie une seule introspection : elle garde inaccessibles certains personnages comme Edmée. Sand invite à confronter deux versions possibles de la même histoire, celle, autoritaire de Bernard et celle, elliptique, en palimpseste, en creux, mais peut-être encore plus machiavélique dEdmée.

François Kerlouégan, « Idéologique et romanesque dans Mauprat. Comment la fiction pense lhistoire »

Comment lidéologique est-il exprimé dans Mauprat ? Sil est présent à travers un discours aisément repérable et grâce à plusieurs procédés qui permettent à lautrice de clamer sa foi en un progressisme historique, cest surtout par les moyens narratifs et romanesques que les idées sont énoncées. Elles ne sont plus alors seulement véhiculées mais sincarnent dans la fiction, Sand prouvant là quelle est pleinement romancière.

Marine Le Bail, « Edmée de Mauprat parmi ses sœurs. La Galerie des femmes de George Sand (1843) »

En 1843, Paul Lacroix publie la Galerie des femmes de George Sand, une compilation de portraits iconographiques et littéraires tirés de lensemble de la production fictionnelle sandienne. Dans cet ouvrage essentiellement destiné à un lectorat féminin, Lacroix procède à une réécriture du personnage dEdmée qui en accentue le caractère exemplaire. Voyant en elle une allégorie de la civilisation par le sentiment, il tire Mauprat du côté du roman sentimental autant que de la littérature déducation.

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Sophie Ménard, « Profils ethnocritiques dun ensauvagé – Mauprat de Sand »

Les profils biographiques de Bernard de Mauprat déplient un éventail des formes culturelles densauvagement (juvénile, familial, criminel, caniculaire) dans lesquelles le « sauvage » prend forme. À une première lecture des logiques initiatiques traditionnelles qui font la virilité ensauvagée et qui mènent au mariage (le roman damour) sadjoindra une seconde, celle des ratages initiatiques qui dessinent la trajectoire dune destinée criminelle (le roman noir et judiciaire).

Fabienne Bercegol, « Au risque de la chasse, dans Mauprat de George Sand »

Mauprat est lun des romans dans lequel Sand exploite le mieux la richesse ethnographique de la chasse, par les récits, par les personnages et par les traditions quelle met à sa disposition. Au service de la dimension sociopoétique du roman, la chasse en est encore lun des ressorts dramatiques les plus efficaces pour conduire aux crises passionnelles qui font resurgir une violence latente et un instinct aristocratique de domination jamais effacé.

Christine Planté, « Marcasse, chasseur de taupes et hidalgo, un personnage démocratique ? »

Pourquoi Marcasse, personnage secondaire, sinscrit-il fortement dans la mémoire des lecteurs ? Au-delà de sa silhouette frappante, de son parler singulier et de la portée comique de ses apparitions, sa caractérisation comme chasseur de taupes, un personnage populaire typique du monde rural, et comme hidalgo (ruiné), porteur de valeurs romanesques et héroïques, invite à le considérer comme un personnage démocratique, même si Mauprat ne peut être défini simplement comme un roman démocratique.

Olivier Bara, « Des animaux et des hommes – Mauprat de George Sand »

Suivre la trace des animaux dans Mauprat, où ils sont tour à tour références, métaphores et personnages, fait découvrir lhésitation générique doù procède le roman. Un tremblement du sens se fait également jour dans lexploration du bestiaire sandien, la symbolisation ne senfermant jamais dans lallégorie. Aussi est-ce au plus profond dun imaginaire romanesque peuplé dhommes et de bêtes que sanime une réflexion ouverte, de nature anthropologique et politique.

405

Bertrand Marquer, « “Lourson” et “la colombe”. Lexemplarité problématique de Mauprat »

En prenant pour point de départ la formule par laquelle Patience qualifie le couple formé par Bernard et Edmée, cet article interroge la pertinence du système doppositions quelle synthétise, et analyse la labilité des rôles quendossent les deux personnages. La fable que semble vouloir illustrer le roman sen trouve singulièrement perturbée, et invite à réévaluer la morale énoncée par le vieux Bernard au regard de lexemplum quentend constituer son récit.

Christine Marcandier, « “Rêver de nouveaux mondes”. Pour une lecture écocritique de Mauprat »

Cet article étudie Mauprat dans une perspective écocritique. La nature ny est pas un décor mais lagent dun renversement des hiérarchies. Comment se situer dans un espace et une temporalité qui se fragmentent, depuis une crise diversement figurée dans le roman ? Il sagit de voir en quoi Mauprat répond aux spécificités de la French Écocritique telle que la définit Stéphanie Posthumus, une « écriture comme production dun monde davantage que simple représentation du monde ».

Pierre Laforgue, « Mauprat, fiction et politique en 1837 »

Mauprat en 1837 rompt avec les romans précédents de George Sand, dans la mesure où il opère une prise en compte de lhistoire de France. Lenjeu est politique, au moment où la monarchie de Juillet fait la preuve de sa nullité. Sand entreprend de refonder, au moyen dun travail archéologique, le présent dans lhistoire, en rappelant le temps des Lumières et celui de la Révolution.

Aude Déruelle, « Civilisation et révolution »

Mauprat est un roman déducation qui montre la civilisation de Bernard, enfant sauvage aux mœurs terriblement féodales. Mais ce roman nest pas pour autant un roman à thèse : il recèle des tensions sur ce que sont la civilisation et la sauvagerie, et interroge même la possibilité dune éducation pour tous. Sans être idéologiquement univoque, Mauprat est toutefois un roman utopique en ce quil dépasse ces oppositions pour dessiner une société harmonieuse, quitte à faire fi du devenir historique.

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Olivier Ritz, « Mauprat ou la Révolution en héritage »

Au moment où George Sand écrit Mauprat, elle défend activement lhéritage républicain de la Révolution française. Dans son roman, le récit rétrospectif permet à la fois dattester que la Révolution a eu lieu, de lui donner une grandeur épique et den expliquer les origines. Mais son propos dépasse la simple dénonciation des abus de la féodalité : la violence persistante de Bernard peut figurer la violence révolutionnaire, qui rend nécessaire le jugement par le peuple.

Xavier Bourdenet, « “Jisole mon existence des faits de lhistoire”. Temporalité narrative et référence historique dans Mauprat »

Cet article interroge le rapport de Mauprat au roman historique. Rapport paradoxal car le récit se fonde sur un déni de lhistoire : Mauprat isole délibérément son existence des « faits de lhistoire ». On analyse quelques-unes des implications poétiques de ce déni en montrant comment la gestion de la temporalité narrative place lhistoire en retrait et comment la référence historique à la révolution (française et américaine) est effacée ou déplacée alors même quelle oriente idéologiquement le récit.

Christèle Couleau, « (R)évolutions – lhistoire vue de lintérieur »

Mauprat se situe dans une période historique riche : la Révolution et les décennies qui la précèdent. Pourtant, les manifestations événementielles de lhistoire sont peu présentes, reléguées au second plan par une narration qui se focalise sur « lhistoire morale et philosophique » des personnages. En étudiant léducation de Bernard, lémancipation dEdmée et lengagement de Patience, on constate néanmoins que ces deux dimensions se rejoignent, dans une approche intériorisée du fait historique.

Agnese Silvestri, « Mauprat, ou de la justice en pays civilisé »

Cet article, attentif au regard proto-sociologique de George Sand, précise les implications du nœud qui resserre, dans Mauprat, les réflexions sur lhistoire, sur lévolution sociale et sur la justice. Léducation sentimentale et sociale du brutal Bernard de Mauprat, dernier rejeton du système féodal, met en évidence certaines étapes de ce que Norbert Elias appelle « civilisation des mœurs » et doit passer par la prise en compte, au tribunal, dun passé caractérisé par labus de pouvoir.

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Sophie Vanden Abeele-Marchal, « Des livres et des paroles. Quelques réflexions sur la loi et le discours dans Mauprat »

Mauprat est un roman sur la parole délivrée, à tous points de vue. George Sand y pose la question de la communication des idées réformistes et de leur diffusion. Tous les personnages sont définis par leur parole, dans une dialectique signifiante entre oral et écrit. Ils en font lapprentissage : apprendre à parler et apprendre à lire est doublement nécessaire aux yeux dune romancière qui, à linstar de Pierre Leroux, promeut une forme écrite de discours, engagée et militante, populaire et consolante.

Myriam Roman, « Le procès dans Mauprat. Une justice révolutionnaire »

Lultime péripétie du roman repose sur les deux procès de Bernard au présidial de Bourges quon a pu rapprocher, dans la genèse de lœuvre, du procès « monstre » davril 1835 à Paris devant la Chambre des Pairs et du procès en séparation de George Sand le 25 et 26 juillet 1836 devant la Cour royale de Bourges. Linvention romanesque néanmoins prévaut : lépisode sinspire assez exactement de laffaire Calas pour proposer une lecture des acquis de la Révolution française en matière de justice.