Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Correspondances et critique littéraire. xve-xxe siècles
- Pages: 269 to 273
- Collection: Encounters, n° 440
Résumés
Julie Anselmini et Brigitte Diaz, « Introduction »
Les enjeux du volume sont présentés. Envisageant en diachronie les interactions entre écriture épistolaire et écriture critique, il déploie l’éventail des déclinaisons du geste critique dans l’espace des correspondances. Que nous apprennent celles-ci sur la littérature telle qu’elle se fait et se vit ? Quels éclairages spécifiques portent-elles sur les pratiques et les représentations qui caractérisent la vie littéraire à une époque donnée ? Quelle histoire littéraire permettent-elles d’écrire ?
Didier Lechat, « Pratiques de lecture et postures d’autorité dans Le Livre des épîtres du débat sur le Roman de la Rose »
L’approche du Roman de la Rose dans les lettres concernées relève de l’examen critique sous divers angles, linguistique, stylistique et moral. La consignation de l’échange épistolaire en un livret accroît son retentissement. La critique de la subtilité déployée par Jean de Meun et par ses défenseurs, alliée à la revendication par Christine de Pizan d’un mode d’expression plus rude, vise à remettre en cause certains types de discours, mais aussi à faire réfléchir sur les pratiques de lecture.
Pascale Mounier, « Rhétorique de l’épître dédicatoire. Le cas des éditions de fictions traduites à la Renaissance »
L’épître dédicatoire constitue un lieu habituel de la réflexion sur l’écriture du Moyen Âge à la Révolution. Dans le cas particulier de la traduction de fictions au xvie siècle, la multiplication des niveaux d’énonciation complique les stratégies rhétoriques habituellement convoquées par la communication préfacielle. Il s’agit de défendre une pratique peu théorisée et en partie décriée en plus de défendre une œuvre particulière, voire le genre dont celle-ci relève.
270Jean-François Castille, « La correspondance critique de Guez de Balzac »
Tour à tour encensée puis vilipendée par la République des Lettres, l’éloquence épistolaire de Guez de Balzac marque un tournant dans le développement du discours critique au xviie siècle. Prolongement à distance de l’art de la conversation mondaine, la lettre ouvre un espace de discours spécifique permettant ironiquement de jouer à distance avec les normes de ces institutions savantes que sont les salons ou les académies. Sans toutefois les remettre en question : là est son ambiguïté.
Enrica Zanin, « Répondre au lieu de défendre. La lettre de Chapelain à Godeau sur la règle des vingt-quatre heures »
Dans le débat sur les règles classiques, si les théoriciens écrivent généralement des commentaires ou des traités, Jean Chapelain emprunte une voie originale : il écrit des lettres. Sa missive à Godeau sur la règle des vingt-quatre heures (1630) est un texte capital pour la poétique du théâtre : il définit l’illusion dramatique et fixe l’unité de temps. Il s’agira de comprendre en quoi la forme de la lettre rend la théorisation de Chapelain plus influente, plus accessible et plus efficace.
Pia Claudia Doering, « La critique dramatique dans les lettres de Madame de Sévigné »
Au xviie siècle, on parle du théâtre à la cour et dans les salons parisiens, chez les doctes et les « honnêtes gens ». C’est à partir de la conversation que la critique dramatique entre dans la correspondance de Mme de Sévigné. La marquise développe une technique marquée par la tension entre la conscience de l’importance socio-politique du théâtre et les connaissances approfondies des positions poétologiques de son époque, d’une part, et un style négligé, prétendument désinvolte, d’autre part.
Carole Dornier, « Métamorphoses de l’épistolaire et liberté de ton. La critique littéraire et la forme-lettre au xviiie siècle »
À la fin du xviie siècle et au xviiie siècle, la critique littéraire s’exprime souvent par lettres et adopte un nouveau style opposé à l’expression normative des Doctes. Les distinctions entre public et privé, manuscrit et imprimé, 271correspondances et périodiques, lettres authentiques et fictionnelles, ne rendent pas compte du foisonnement et des spécificités de cet usage de la lettre visant à faire entendre un jugement sur les œuvres indépendant des institutions culturelles.
Brigitte Diaz, « Pour une autre histoire littéraire. Correspondances et exercice critique au xixe siècle »
L’article se penche sur la veine critique qui irrigue les correspondances de nombreux écrivains du xixe siècle. Après avoir circonscrit la place et le statut qu’elle y occupe, et saisi les formes majeures qu’y emprunte cette « critique en acte », il suit le devenir de cette pensée qui naît dans la lettre mais migre parfois vers d’autres espaces, souvent celui du journal, où la lettre revêt alors une puissance de conviction singulière.
Franziska Meier, « “La poésie fugitive” dans la correspondance d’Honoré de Balzac »
Contrairement à la plupart de ses contemporains, Balzac reste très sensible à la réussite métrique de la Divine Comédie. L’article propose de réinterroger la question du rapport de Balzac à la poésie, en tant qu’art de la rime et du mètre. En s’appuyant sur les lettres de jeunesse adressées à sa sœur Laure et à Madame de Berny, il entend mettre en relief dans quelle mesure l’héritage du classicisme – le primat accordé à la poésie – continue de hanter les prosateurs du xixe siècle.
Julie Anselmini, « Art épistolaire et critique littéraire chez Jules Barbey d’Aurevilly »
L’article examine les manifestations et les enjeux d’une critique créatrice singulière dans la correspondance de Barbey d’Aurevilly avec Trebutien. Chambre d’écho de leurs débats littéraires, cette correspondance est aussi un creuset des articles que Barbey rédige pour divers journaux, ainsi qu’un envers réflexif de l’œuvre littéraire qu’il élabore dans le même temps. De cette œuvre, à laquelle elles servent parfois de manuscrits, les lettres dévoilent le continuum, de la genèse à la publication.
272Henning Hufnagel, « Flaubert parnassien, Parnasse flaubertien. Correspondances poétologiques »
Flaubert a développé les principes de sa poétique en dialoguant avec les positions de Leconte de Lisle, comme le montrent des convergences généralement ignorées entre le romancier et le chef du Parnasse. Cela inclut aussi la réflexion sur une littérature qui recourt à la science, élément généralement absent des descriptions critiques de la poésie. De cette façon, la contribution jette une nouvelle lumière sur les rapports entre les genres dans la littérature française du xixe siècle.
Fabian Schmitz, « La correspondance de Marcel Proust avec Robert Dreyfus. Du champ littéraire à la poétique du pastiche »
La correspondance de Marcel Proust et Robert Dreyfus montre que la fonction métacritique du genre épistolaire englobe toutes les questions pertinentes portant sur la production littéraire. Les interdépendances entre les aspects du champ littéraire et les débats critiques et littéraires seront envisagées par l’un et l’autre. Finalement, Proust considère le texte journalistique comme un espace textuel qui se prête aux exercices de style dont l’apogée serait la poétique du pastiche.
Marie-Hélène Boblet, « Correspondance Jacques Rivière et Alain-Fournier, 1905-1914. Quand un romancier et un essayiste inventent “le roman de l’aventure” à la française »
À partir de 1905, tandis qu’Alain-Fournier élabore Le Grand Meaulnes et Jacques Rivière l’essai Le Roman d’aventure parus en 1913, la correspondance des deux amis éclaire les rejets et les projets de cette nouvelle génération littéraire qui invente une forme romanesque paradoxale. Au-delà, les lettres d’Alain-Fournier révèlent le rôle heuristique de la critique littéraire pratiquée par ces épistoliers, qui ouvrent un accès vers le « nouveau » roman qu’ils appellent de leurs vœux.
Anne Gourio, « Poéthique de la correspondance. Georges Perros et Lorand Gaspar, poètes hors du texte »
Alors que s’impose dans les années 1960 et 1970 un discours critique modelé par le structuralisme, la correspondance s’avère l’espace privilégié où une autre conception du texte est mise en œuvre, « proposition de monde » 273plus qu’objet « verbal offert à la jouissance esthétique et à l’analyse » (J.-C. Pinson). À partir de la correspondance entre Georges Perros et Lorand Gaspar, cette contribution entend montrer que le genre épistolaire est l’espace où la poéthique s’effectue et s’actualise.
Marie Hartmann, « Correspondances et critique littéraire. Le Nouveau Roman en question dans la correspondance d’Alain Robbe-Grillet et de Claude Simon »
Cette réflexion montre l’effet des échanges d’Alain Robbe-Grillet et Claude Simon sur leur production théorique et littéraire. Elle expose les continuités et les ruptures entre prises de position publiques et privées. Mettant en avant l’écart entre eux, elle détaille la manière dont s’approfondit leur conception théorique de leur art. La délibération entre eux se poursuit enfin dans leurs récits autobiographiques respectifs, chacun construisant de l’autre une vision ironique.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-09868-3
- EAN: 9782406098683
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-09868-3.p.0269
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 11-02-2020
- Language: French