Choix éditoriaux
- Publication type: Book chapter
- Book: Tragédies latines composées au collège de Navarre. (Paris, 1557-1558)
- Pages: 61 to 63
- Collection: French Theatre Library, n° 69
CHOIX ÉDITORIAUX
Proposer la première édition de textes connus par un manuscrit unique ne va pas sans dilemmes. Le respect des normes retenues par les éditions Classiques Garnier en résout certains. Ainsi s’est-on conformé à la distinction requise entre i et j, u et v à valeur vocalique ou consonantique, ainsi qu’à l’emploi des caractères conjoints æ et Æ, œ et Œ. Les recommandations de référence figurant dans les Conseils pour l’édition des textes médiévaux, fascicules I et III, Paris, École nationale des Chartes, 2001-2002 ont été suivies. Il a cependant fallu, entre des injonctions parfois contradictoires, opérer certains choix, guidés par le souci de faciliter l’accès au texte à un public francophone, et peut-être majoritairement latiniste occasionnel.
Nonobstant les interventions induites par le travail d’édition – développement tacite des abréviations, uniformisation ponctuelle motivée, correction –, la graphie des deux textes originaux a été scrupuleusement respectée. Il est cependant apparu nécessaire, pour De sinistro fato Gallorum apud Veromanduos, d’adopter un parti radical pour les diphtongues, diversement et sans cohérence apparente transcrites dans le manuscrit e, ȩ, ae ou æ, e, oe ou œ, jusqu’à poser de réelles difficultés de lecture avant d’être reconnues (v. 251). Les graphies æ et œ ont été systématiquement retenues, bien moins par hypercorrection que pour assurer l’identification des mots, aider la lecture et favoriser la comparaison des vers avec leurs sources imprimées contemporaines, lesquelles privilégient ces formes. La consultation de l’original numérisé permettra au lecteur qui le souhaiterait de retrouver l’exacte graphie initiale1.
Fixer la syntaxe de longues périodes, voire de suites de phrases dépourvues de ponctuation, aura été une étape parfois déterminante pour comprendre et arrêter le texte. Le lecteur ne peut être privé de cette élucidation, et le latin a ainsi été ponctué selon l’usage moderne, de façon analogue à la traduction proposée en regard.
62Les conventions utilisées sont par ailleurs les suivantes : les crochets droits […] indiquent une restitution ; les crochets pointus <…> signalent interpolations et additions ; les doubles croix encadrantes †…† constatent des passages désespérés.
Les remarques relatives à l’établissement du texte, mais aussi à sa métrique, ont toutes été réunies dans les pages introductives de chacune des tragédies. L’espace ainsi libéré pour les notes infrapaginales a été aussi rigoureusement que possible cloisonné pour l’agrément des latinistes comme des non-latinistes : au bas de la traduction, les notes et références historiques et culturelles ; au bas des vers latins, les précisions concernant les sources, requérant citations latines et confrontation avec le texte original. Appelées dans le texte, ces informations n’ont pas été constituées en un sévère apparatus fontium, afin de permettre explicitations et, en cas de besoin, renvois vers les introductions. La complexité de nombreux remplois et la proximité de pans entiers des deux pièces avec le centon auraient autrement abouti à une hypertrophie des notes et à des décalages difficiles à compenser entre texte et traduction proposée en regard.
Les jeux intertextuels sur lesquels reposent les tragédies d’Abel Souris et de Jean Rose justifient l’importance accordée à l’examen de leurs emprunts. En raison de la subtilité de nombreuses variations, la citation des sources les plus suivies imposait de recourir aux éditions dont se sont servis les auteurs, du moins à l’état du texte le plus approchant, déterminé par comparaison ou d’après les catalogues de la bibliothèque du collège de Navarre. Une part d’entre elles – aldine des tragédies de Sénèque2, Pœmata de Claude Roillet, Histoires de Robert Gaguin et de Paul Émile notamment – ne bénéficie pas à ce jour d’édition scientifique. Nous avons ainsi recouru aux ouvrages du xvie siècle, en prenant soin de toujours en citer le texte, auquel ont été appliquées de façon cohérente les normes de composition de la collection (distinction i/j et u/v, utilisation des caractères æ et œ). Le cas échéant, la numérotation des vers est de notre fait.
La traduction s’efforce de préserver le mouvement, les images et les échos verbaux des vers latins. Si les stiques pouvaient paraître adaptés 63à l’élévation des passages les plus travaillés, l’abondance des rejets et contre-rejets aurait souvent abouti à un texte inutilement précieux et pénible à lire : le choix de la prose s’est ainsi imposé. La solution juxtalinéaire a cependant été retenue pour les chœurs, ainsi opportunément distingués comme ils le sont en latin par le changement de registre et de mètre.
1 Texte accessible en ligne à l’adresse https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9080854t.
2 L’identification tardive de l’édition de 1536 comme probable source des deux auteurs, le caractère relativement fragile de cette hypothèse et l’intérêt de se référer à une autorité moins confidentielle ont amené à maintenir les citations de Sénèque dans le texte de l’édition de 1517, dont dérivent les suivantes (voir supra, p. 57-59).
- CLIL theme: 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- ISBN: 978-2-406-09669-6
- EAN: 9782406096696
- ISSN: 2261-575X
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-09669-6.p.0061
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 09-04-2020
- Language: French