Chronologie
- Publication type: Book chapter
- Book: Tablettes de la vie et de la mort
- Pages: 103 to 111
- Collection: Seventeenth-Century Library, n° 43
- Series: Voix poétiques, n° 11
CHRONOLOGIE
Jeunesse
1563
10 décembre, naissance de Pierre Matthieu à Pesmes (actuelle Haute-Saône), en Franche-Comté, possession espagnole dont Philippe II est le souverain. La famille est pauvre. Le père, qui a même prénom que le fils, est « recteur » (directeur et enseignant) des écoles de la ville, en même temps que sacristain, marguillier et écrivain public.
1567
Grâce à l’aide d’un chanoine de Besançon (ville dont Porrentruy dépend au spirituel), le recteur obtient la même fonction à Porrentruy (actuel canton suisse du Jura), sans être davantage satisfait de son sort car il se plaint sans cesse du manque d’argent. Homme très érudit, il compose et fait jouer par ses élèves des « moralités » et petites pièces d’inspiration biblique. Le jeune Pierre Matthieu va rester treize ans à Porrentruy qui est depuis 1527 la résidence des évêques de Bâle chassés par la Réforme. Son goût pour la littérature morale et son catholicisme militant (à l’image de celui de Jacques-Christophe Blarer de Wartensee, évêque de Bâle alors en résidence à Porrentruy) datent certainement de cette époque.
1577
Il est pourvu d’un bénéfice dans une église de Porrentruy pour pouvoir poursuivre ses études dans un lieu qu’on ignore
1578
Il a quinze ans et, comme le prouveront plus tard les Tablettes, a certainement déjà beaucoup lu les moralistes et historiens grecs et latins. 104C’est également à cet âge qu’il prétend avoir composé Clytemnestre,sa première tragédie. Mais la rédaction a dû en fait s’étendre jusqu’en 1588. Traduction partielle, et souvent heureuse, de l’Agamemnon de Sénèque dont l’enseignement marque toute son œuvre, elle s’inspire également de l’Hyppolyte de Garnier et, pour ses nombreuses métaphores, des œuvres de Ronsard.
1580
Installation de la famille à Vercel (actuel département du Doubs), ville d’une grande importance stratégique car elle est située sur la route des troupes espagnoles allant vers les Pays-Bas. Le « recteur » y fonde le collège. Le fils le seconde en tant que « Principal » (adjoint).
1581-1582
Rédaction d’Esther, sa seconde tragédie (selon Louis Lobbes, Théâtrecomplet, op. cit., p. 10), inspirée d’un célèbre livre de l’Ancien Testament. Elle est une des plus longues du répertoire français. Et tout aussi surchargée de considérations morales que Clytemnestre.
1583 ?
Représentation de la pièce à Vercel, selon la dédicace de 1585 (Théâtre complet, op. cit., p. 176). Matthieu indique (même page) qu’elle fut représentée devant Marguerite d’Autriche (1522-1586), duchesse de Parme et gouvernante des Pays-Bas, fille légitimée de Charles Quint, lors de son passage à Nancy.
1583
Sans doute Esther n’a-t-elle pas apporté le succès attendu par son auteur qui, dans sa Pastorale à Messieurs de Vercel (Esther, Théâtre complet, v. 205-206, op. cit., p. 368) se montre décidé à abandonner la littérature au profit du droit ou de la médecine.
1584-1585 ?
Études de droit à Paris, qu’il finance, selon une lettre de son père aux magistrats de Porrentruy, en servant de mentor à des jeunes gentilshommes franc-comtois plus fortunés que lui.
1051585
Premiers contacts avec Lyon où, signe qu’il n’a finalement pas renoncé à sa vocation littéraire, Jean Stratius imprime Esther.
1586
Il soutient à l’université de Valence (Dauphiné), fondée par le dauphin Louis (futur Louis XI) en 1452, sa thèse en droit canonique et droit civil.
Le ligueur de lyon
1587
Il s’installe à Lyon, ville célèbre, depuis les massacres de 1572 (peu après la Saint-Barthélemy) pour son hostilité à la Réforme et à laquelle il restera toujours attaché. Il y exerce la profession d’avocat au présidial (tribunal compétent pour des affaires ne nécessitant pas l’intervention des parlements).
Dernier signe de son appartenance à la Franche-Comté espagnole, il participe à l’hommage funèbre au cardinal franc-comtois Antoine Perrenot de Granvelle, principal ministre de Charles Quint et de Philippe II, mort à Madrid le 21 septembre 1586 (Oraison funèbre sur le trespas et à la louange de l’illustrissime cardinal de Granvelle, faite premièrement en latin, par Jean-Baptiste Sacco et mise en françois par Benoist Du Troncy, avec les épitaphes et regrets de Pierre Matthieu [s. l.]).
1588
Il fait paraître à Lyon un énorme livre, dédié à l’évêque Jacques-Christophe Blarer de Wartensee, sur les constitutions papales (décrets réglant la vie de l’Église) de Grégoire IX à Sixte Quint.
1588
Il prend parti pour la Ligue qui a triomphé à Paris le 12 mai (« Journée des barricades »). Et publie ses Stances sur l’heureusePublication de la Paix et Saincte Union, hommage dithyrambique à Henri III qui a signé le 15 juillet 1588 l’édit d’Union où il promettait d’appliquer la politique antiprotestante des Guise. Une allusion très hostile au futur Henri IV 106suggère que, pour éviter l’accession au trône d’un protestant, la Ligue pourrait abroger la loi salique.
24 novembre : Il est nommé secrétaire de Charles-Emmanuel de Savoie, duc de Nemours (demi-frère du duc de Guise par sa mère), promu gouverneur de Lyon.
23 décembre : Assassinat du duc de Guise à Blois.
1589
février : Matthieu prononce dans une église de Lyon l’oraison funèbre du duc de Guise et affirme, généalogie à l’appui, les droits de la maison de Lorraine au trône de France.
Édition à Lyon de quatre tragédies : Clytemnestre, offerte au marquis de Saint Sorlin, frère du duc de Nemours ; Vasthi, dédicacée au duc de Nemours, et Aman, offert aux consuls de Lyon (les deux pièces sont en fait deux parties remodelées d’Esther) ; et enfin, une première Guisiade, tragédie non signée et sans nom d’éditeur. Relatant la mort du duc de Guise, elle est un véritable appel à l’assassinat d’Henri III encore vivant et est dédicacée à Charles de Mayenne, frère cadet du duc de Guise, qualifié (en vertu de la déchéance d’Henri III proclamée par la Ligue) de « Lieutenant Général du Royaume ».
1 er août : Assassinat d’Henri III. Avènement d’Henri IV. Le cardinal Charles de Bourbon, oncle d’Henri de Navarre, est proclamé roi par la Ligue sous le nom de « Charles X ».
Seconde et troisième éditions de la Guisiade. Signées cette fois-ci par l’auteur rendu prudent, elles attaquent moins frontalement Henri III tout en continuant de célébrer la gloire des Guise.
1590
Matthieu épouse Louise de Crochère, une parente du pape Clément VIII. Née en 1577, elle mourra en 1655 dans un couvent de Lyon. Quatre enfants naîtront du mariage. Les plus connus sont Marie, religieuse dans un couvent de Lyon qu’il sera question de béatifier après sa mort en 1580 ; et surtout Jean-Baptiste qui publiera en 1622, après la mort de son père, la troisième centurie des Tablettes.
1592
Sauf pour la publication de l’Instructorii conscientiae[…] du casusite espagnol Louis Lopez (Lyon, Pierre Landry), et la traduction en français, 107en 1593, des sermons de François Panigarole (1548-1595), moine florentin fanatiquement acquis à la Ligue, Matthieu ne se signale par aucun ouvrage dans les trois années suivantes. Mais il suit sans doute de près la reconquête du royaume par Henri IV.
1593
25 juillet : abjuration d’Henri IV, sacré le 27 février 1594 à Chartres. L’événement prive la Ligue (qui a réuni le 25 janvier des États Généraux à Paris sans parvenir à désigner un successeur à Henri III) de son principal argument. Mais pas encore Matthieu qui, tout en justifiant, dans son Discours véritable et sans passion[…], la révolte, le 18 septembre, des Lyonnais contre le duc de Nemours accusé d’avoir outrepassé ses pouvoirs et aussitôt emprisonné au château de Pierre-Scize, feint d’ignorer que l’abjuration du roi a rebattu toutes les cartes.
De l’historien d’Henri IV
à l’auteur des Tablettes
1593 (fin)
Les partisans d’Henri IV gagnent du terrain à Lyon où Pomponne de Bellièvre (1529-1607), futur chancelier de France, qui est issu de la vieille noblesse lyonnaise, a été chargé par le roi de faire nommer de nouveaux échevins. C’est vraisemblablement à ce moment que Matthieu s’éloigne de la Ligue.
1594
février : Lyon se rallie à Henri IV.
1595
4 septembre : Entrée solennelle du roi dans la ville. C’est sans doute à ce moment que Matthieu, introduit par Pomponne de Bellièvre, le rencontre. Il rédige les inscriptions des arcs de triomphe et fait partie de la délégation officielle chargée de saluer le souverain.
23 décembre : Il prononce un long et très savant discours où il appelle les Lyonnais à se soumettre sans arrière-pensées à Henri IV (Harangue aux Consuls et peuple de Lyon, texte paru en 1594-1595).
1081595
Édition du récit et des gravures de la cérémonie de l’entrée du roi à Lyon. Le texte réaffirme la légitimité de son accession au trône. Et contient une nouvelle généalogie prouvant cette fois-ci que les Bourbons descendent en droite ligne de Pharamond.
1595
20 juillet : Après l’invasion de la Franche-Comté par Henri IV qui a déclaré la guerre à l’Espagne, Matthieu aurait été dans son entourage lors de la reddition et du saccage de la ville de Pesmes. Il ne reviendra plus dans sa terre natale.
1594-1595
À la demande expresse, dit-il, d’Henri IV, il compose et fait paraître sa célèbre Histoire des derniers troubles[…], constamment rééditée jusqu’à sa mort, où il fait l’historique de la dernière guerre de religion non sans renier tout ce qu’il avait précédemment écrit sur la Ligue : il réhabilite complètement Henri III, cloue au pilori le duc de Guise et, alors qu’Henri IV vient de confirmer par la déclaration de Saint-Germain (15 novembre 1595) les garanties aux protestants, prône au nom de la paix publique la coexistence des deux religions en France. Coexistence seulement provisoire, car l’auteur insiste longuement sur les points communs entre les deux Églises. Converti à un catholicisme très irénique, et certainement séduit par l’aspect « augustinien » de la Réforme, il ne changera dès lors plus d’opinion à ce sujet.
1596 ?
Il suit le roi à Paris. On ignore à quelle date il est nommé « Conseiller du Roi ». Vu ce qu’il écrira plus tard dans La Conjuration de Conchine (voir plus bas) il est en tout cas certain qu’Henri IV l’a admis parmi ses intimes et le pensionne. Logé sans doute au Louvre, il exerce les fonctions d’Historiographe royal sans en avoir le titre. Il se lie avec Guillaume du Vair (1556-1621), un des plus anciens catholiques ralliés à Henri IV, philosophe néostoïcien, auteur d’une traduction d’Épictète insérée dans ses fameux Traités philosophiques, ouvrage qui n’est pas sans rapport avec les Tablettes.
1091599
Un an après la signature de l’édit de Nantes (30 avril 1598), Matthieu préface la traduction latine des Caractères de Théophraste par Isaac Casaubon (1559-1614), célèbre érudit protestant très apprécié par Henri IV.
1600
3 décembre : Entrée de Marie de Médicis (mariée par procuration le 15 octobre à Henri IV) à Lyon. Matthieu publie aussitôt L’Entrée de la Reyne à Lyon le III Décembre M. D. C. (Lyon, Thibaud Ancelin).
1601
27 décembre : Naissance du futur Louis XIII.
1601
Année capitale dans la genèse des Tablettes : le texte de la centurie I, connu de d’Aubigné qui accuse Matthieu de plagiat dans le quatrain consacré à la mort de Marie Stuart, circule dans Paris. Il marque le retour de Matthieu à la poésie.
1603
Poursuite de ses travaux historiques avec la publication d’un ouvrage sur les guerres franco-espagnoles de François Ier à Henri IV.
1607
Première édition connue, conservée à la bibliothèque de Bâle, des cent premiers quatrains (titre : Cent quatrains de la Vie et de la Mort composez en françois par P. M.), et de leur traduction latine par Jean Jacquemot, pasteur de Genève, dans un recueil collectif paru à Lyon, chez François Le Fèvre, imprimeur célèbre, et comprenant notamment, la traduction latine des Quatrains de Pibrac et celle des Octonaires sur la vanité et inconstance du monde du pasteur protestant Antoine de Chandieu (1534-1591), parus entre 1580 et 1583.
À la mort de Bernard de Girard, seigneur du Haillan, qui occupait le poste, Matthieu est nommé officiellement « Historiographe Ordinaire du Roy ».
1610
14 mai : assassinat d’Henri IV.
1 er juin : Privilège de six ans accordé par le « sieur de Matthieu » [sic] à Pierre Rigaud, imprimeur à Lyon, afin d’éditer les deux parties, 110donc une seconde centurie dont c’est la première édition connue, des Tablettes de la vie et de la mort. La seconde centurie est introduite par deux quatrains, sans doute rajoutés au dernier moment, consacrés à la mort d’Henri IV. Sa rédaction est contemporaine d’Histoire de Louys XI[…], livre publié également en 1610, après la mort d’Henri IV. La dédicace de la seconde centurie à une mystérieuse « Mademoiselle de Vaux » indique que Matthieu partage son temps entre Paris et Lyon où continue de résider sa famille.
1611-1617
Matthieu, qui a publié en 1611 l’Histoire de la mort déplorable de la mort d’Henri IIII, ouvrage très précis sur les circonstances de la mort du roi, est éloigné de la Cour, en même temps que d’autres proches du défunt souverain (par exemple Sully), par Marie de Médicis, devenue régente au nom du jeune Louis XIII. Concini, promu maréchal de France en 1613, et sa femme Leonora Galigaï, confidente de la régente, exercent sur celle-ci une grande influence et provoquent un mécontentement général dans le royaume.
Pendant cette période se succèdent, à partir de 1611, de nombreuses rééditions des Tablettes à Paris et dans les grandes villes de province. On sait peu de choses sur la vie de Matthieu entre 1611 et le début de 1617. Seule La Conjuration de Conchine (voir plus bas) fournit quelques renseignements à ce sujet.
Dernières années
1617
24 avril : Louis XIII devenu majeur en 1614 fait assassiner Concini dont la femme sera décapitée pour sorcellerie la même année.
Aussitôt, Matthieu qui aspire à reprendre sa place à la Cour consacre à leur destin deux ouvrages : Aelius Sejanus, histoire romaine recueillie de divers autheurs[…], en principe traduction des Livres III et IV des Annales de Tacite, mais récit à peine déguisé des forfaits de Concini ; et Histoire des prospérités malheureuses d’une femme Cathenoise, traduction d’une nouvelle de Boccace mais en réalité biographie de Léonora Galigaï.
1111618
Publication de LaConjuration de Conchine : après une dédicace à Louis XIII appelé au secours, cet énorme ouvrage énumère en détail, et non sans forcer le trait, toutes les exactions dont s’est rendu coupable Concini. Surtout ceux qui ont interrompu la carrière de Matthieu. Évoquant la politique de rapprochement avec l’Espagne, voulue par Marie de Médicis, ainsi que sa tentative de faire appliquer en France une politique ultramontaine, le livre éclaire également certains aspects mal connus de son catholicisme (maintien des libertés de l’Église gallicane, hostilité contre les jésuites, refus de la thèse selon laquelle les papes peuvent déposer les rois, supériorité des conciles sur le pape).
1621
21 octobre : mort de Matthieu qui, accompagnant Louis XIII dans son offensive dans le Sud-Ouest contre les protestants accusés de rébellion contre l’autorité royale, assiste au siège de Montauban commencé en août et où, comme nombre d’assiégeants qui ne pourront finalement pas prendre la ville, il est sans doute atteint de la peste. Son ami Guillaume du Vair qui accompagnait également Louis XIII est, quant à lui, mort le 3 août précédent. Matthieu est enterré dans le cloître de la cathédrale de Toulouse où son fils Jean-Baptiste a rédigé l’épitaphe très louangeuse.
1622
Édition posthume de la troisième centurie des Tablettes, rédigée entre 1612 et 1621, par son fils Jean-Baptiste.
- CLIL theme: 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
- ISBN: 978-2-406-12596-9
- EAN: 9782406125969
- ISSN: 2258-0158
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12596-9.p.0103
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 03-02-2022
- Language: French