Books review
- Publication type: Journal article
- Journal: Revue d'histoire de la pensée économique
2019 – 2, n° 8. varia - Authors: Depoortère (Christophe), Etner (François), Jullien (Dorian), Ülgen (Faruk)
- Pages: 271 to 288
- Journal: Journal of the History of Economic Thought
The Foundations of Political Economy and Social Reform : Economy and Society in Eighteenth-Century France, Ryuzo Kuroki and Yusuke Ando (éd.), Abingdon (R.U.), Routledge, 2018, 202 pages. Index.
Christophe Depoortère
Université de La Réunion
CEMOI
Les 8 et 9 septembre 2012 se tenait à l’Université de Rikkyo (Tokyo, Japon) une conférence internationale intitulée : French Political Economy in the Age of Enlightenment : Perspectives on Social Reform before the Revolution. Cette conférence, organisée avec le soutien financier du « Rikkyo University Special Fund for Research » (Rikkyo SFR) comprenait huit intervenants dont sept (Antoin E. Murphy, Yoshie Kawade, Philippe Steiner, Yusuke Ando, Christophe Salvat, Ryuzo Kuroki et Hiroshi Kitami) contribuent aujourd’hui à cet ouvrage collectif1. Deux ans et demi après la tenue de cette conférence, trois autres chercheurs (Sayaka Oki, Gianni Vaggi et Shohei Yoneda) ont été invités à se joindre au projet, portant à dix le nombre de contributions constituant cette monographie.
L’ambition de l’ouvrage est d’explorer différents arguments, formulés avant la révolution de 1789, en faveur d’une réforme de l’organisation économique de la France (p. i). L’approche, résolument interdisciplinaire, explique que se côtoient, parmi les contributeurs, historiens de la pensée économique, historiens de la pensée politique, historiens des sciences et sociologues. Une telle approche est rendue nécessaire, aux yeux des éditeurs scientifiques de l’ouvrage, Ryuzo Kuroki and Yusuke Ando, en raison de ce que recouvre « l’économie politique française » au xviiie siècle, à savoir : « un corpus d’idées relatives à la réforme sociale » (p. 1). Outre ce que nous entendons aujourd’hui par « économie », l’économie politique incluait alors, selon Kuroki et Ando, « la philosophie morale, la 272jurisprudence naturelle, la théorie politique et la vision historique des progrès de la société » (p. i & p. 1).
Les différentes contributions à cet ouvrage sont organisées chronologiquement. La première est consacrée par Antoin E. Murphy à une présentation des relations personnelles de John Law et de Richard Cantillon, ainsi qu’à une étude de leurs divergences d’opinions en matière d’analyse macroéconomique dans un contexte marqué par l’effondrement du « Mississippi system ». Suit un article de Yoshie Kawade sur Jean-Bernard Le Blanc, ses convergences de vues avec Hume, et la façon dont il concilie le déclenchement de la Guerre de sept ans, résultant de motifs essentiellement commerciaux, et l’idée que le développement du commerce contribue à la paix entre les nations. Les quatre articles qui suivent sont consacrés à la physiocratie. La contribution de Yusuke Ando porte également sur les rapports entre guerre et économie. Elle expose comment la façon d’envisager ces rapports, au sein de la physiocratie, change selon les auteurs, mais également en fonction du contexte historique. Philippe Steiner revient pour sa part sur la façon dont l’approche des physiocrates combine une théorie de la connaissance, une théorie de l’agence et une théorie du législateur pour aboutir à une représentation générale de la société. Gianni Vaggi soutient quant à lui, à l’aide d’une comparaison entre Quesnay et Smith, que le chef de file de la physiocratie peut légitimement être considéré comme l’un des fondateurs de l’économie politique classique (caractérisée par une analyse en termes de surplus et de reproduction). Le déclin de la doctrine physiocratique ne serait alors pas lié à leur analyse économique mais à leurs idées politiques, notamment sur le rôle du souverain ou encore sur la nature divine de l’ordre naturel. Ryuzo Kuroki se base enfin sur la notion de capital et sur la théorie des prix exposées dans les Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, pour présenter Turgot comme un réformateur de la physiocratie et un précurseur de Smith. Les deux articles qui suivent portent sur des auteurs opposés ou simplement étrangers à la physiocratie. Forbonnais, d’une part dont Shohei Yoneda étudie le concept de « société industrieuse » et la façon dont ce concept est mobilisé dans une série d’arguments allant à l’encontre des thèses de la physiocratie. Rousseau d’autre part qui, selon la lecture que Christophe Salvat en propose, ne considère pas toute activité économique comme moralement mauvaise, mais envisage la 273possibilité d’une économie, inspirée des préceptes épicuriens et fondée sur des plaisirs simples, qui soit vertueuse. Les contributions de Sayaka Oki et Hiroshi Kitami viennent clore l’ouvrage. La première revient sur les différents registres de connaissance désignés par le terme « économie » dans la seconde moitié du xviiie siècle et montre comment deux conceptions distinctes de l’économie politique, l’une associée aux mathématiques, l’autre aux recherches agronomiques, se sont développées au sein de l’Académie des sciences. La dernière contribution traite de la conception de l’économie politique de Pierre Prévost, des réseaux d’influences auxquels il appartenait et des implications de sa pensée économique en termes de réforme sociale.
Un projet tel que The Foundations of Political Economy and Social Reform se heurte inévitablement aux critiques visant le choix des auteurs étudiés. D’aucun regretteront l’absence d’article consacré à Necker, à Graslin, à Gournay, à Morellet, à Galiani… D’autres pourront juger trop importante la place accordée à la physiocratie et aux auteurs qui y sont associés. Pour autant, face à ce qui relève d’une véritable gageure, l’ouvrage nous paraît dans l’ensemble assez équilibré et représentatif de la diversité de pensée qu’offre le courant des Lumières en France dans la seconde moitié du xviiie siècle. La contribution consacrée Prévost, peut néanmoins surprendre, et ce indépendamment de sa qualité intrinsèque. En effet, bien qu’il ait commencé à publier sur des questions d’économie politique quelques années avant la Révolution Française, l’essentiel de ses travaux (et surtout l’essentiel des écrits étudiés dans cet article) sont postérieurs à 1789, voir même à 1800. Par ailleurs, et comme le montre assez clairement l’article, c’est avant tout à l’économie politique britannique que Prévost s’intéresse. Si l’on ajoute à cela que Prévost rédigeat l’essentiel de ses travaux à Genève, et que cette dernière ne fut annexée à la France qu’à partir de 1798 (et jusqu’en 1813), on peut légitimement être surpris par la présence de cet article dans cet ouvrage.
Bibliographie
Cardoso, José Luís, Kurz, Heinz D. & Steiner, Philippe (éd.) [2018], Economic Analyses in Historical Perspective. Festschrift in Honour of Gilbert Faccarello, Londres et New-York, Routledge.
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Amanar Akhabbar, Wassily Leontief et la science économique, ENS éditions, 2019, 257 pages.
François Etner
Université Paris-Dauphine
Le livre commence par une « Introduction » centrée sur l’état de la modélisation macroéconomique depuis les années 1970. Puis vient un « Intermède » présentant la méthode des économistes, entre empirisme pur et pure théorie. Sept chapitres suivent, et le livre se termine par une « Synthèse », suivie d’un « Épilogue », lui-même suivi d’un « Post-scriptum ». La synthèse est relative à l’option épistémologique de Leontief, que l’on confronte à ses rivales. L’Épilogue revient, en particulier, mais pas seulement, sur la question de l’agrégation. Le très court Post-scriptum déplore la part trop faible, dans les manuels d’histoire de la pensée économique, réservée aux données et au lien entre modélisation théorique et travaux empiriques. Les 5 parties non numérotées concernent les principaux modèles économiques développés depuis les années 1920, des points de vue de leurs méthodes et de leur pertinence, et le plus souvent relativement à ce que Leontief en pensait.
Le chapitre 1 envisage quelques modèles mathématiques des années 1920, principalement à base d’offre et de demande sur un marché, en nous donnant le point de vue, finalement négatif, de Leontief. Le chapitre 2 présente « le dispositif input-output » de Leontief. Le chapitre 3 explique le lien entre ce dispositif et le modèle théorique associé ; il insiste sur l’importance de la collecte des données et sur la possibilité technique d’utiliser ces données comme il conviendrait. Le chapitre 4 situe le modèle de Leontief dans la querelle de la commission Cowles et du NBER entre les deux guerres, prolongée et mise à jour jusqu’aux années 1950. Le chapitre 5 continue le précédent, mais en précisant les seules positions méthodologiques de Leontief. Le chapitre 6 concerne le « paradoxe de Leontief » sur le commerce international, sa réception et ses interprétations. Le chapitre 7 montre comment le modèle input-output 275permet de comprendre, par exemple, les incidences sectorielles d’un choc de productivité.
M. Amanar Akhabbar n’a pas écrit une biographie de Leontief. Il ne nous explique rien de sa jeunesse, de sa vie sentimentale, de ses convictions politiques, il indique à peine la récompense des jurés Nobel, ne juge pas utile d’en donner les attendus. Mais il nous donne quelques indications précises sur la carrière académique de son héros, il nous apprend comment il a rencontré tel collègue dans telle université ou pourquoi il a décidé de quitter tel institut pour un autre. Ces indications sont données pour comprendre l’élaboration d’un texte précis ou éclairer une controverse précise à base d’arguments méthodologiques. Autrement dit, entre l’œuvre, l’homme, l’époque, le lieu, M. Akhabbar a choisi de ne s’intéresser qu’à l’œuvre. Ou plutôt, pas à l’œuvre en soi, mais à ce qu’elle signifie. La question posée est alors celle-ci, conforme au titre du livre : quelles sont les préconisations de Leontief pour « faire » de la science économique et comment ses travaux, en particulier son célèbre tableau, illustrent-t-il cette perspective ?
Le livre de M. Akhabbar ne se limite heureusement pas à cette question, en faisant comme si nous connaissions tout le reste. Il nous apprend en particulier beaucoup de choses sur l’histoire de la macroéconomie mathématique, sur l’application des mathématiques et de la statistique à la science économique ou sur l’opposition, présentée de façon peut-être un peu trop systématique, entre la commission Cowles et le NBER. Ces considérations historiques, toujours très précises, me semblent détachables des considérations épistémologiques qui sont censées les éclairer, quoique leur auteur ne serait évidemment pas du même avis. Je voudrais donc préciser. Admettons, avec M. Akhabbar, que le modèle linéaire se trouvait en partie chez Marx, Walras, Leontief ou von Neumann ; le livre nous explique ou nous suggère en quoi ces modèles étaient différents, quand est-on passé des uns aux autres, quelles institutions ont compté dans ces évolutions, avec quelles données disponibles et quels moyens de les traiter. Tout cela, à mon avis, relève de l’histoire de la pensée économique et M. Akhabbar, qui connaît très bien son affaire, la raconte mieux que beaucoup d’autres, ce qu’il sous-entend avec raison. Mais son intérêt explicite est donc ailleurs ; il s’intéresse moins aux modèles de Leontief et de ses collègues qu’aux raisons qu’ils ont données pour justifier leur importance et plaider la nécessité d’en 276adopter la méthode. Je ne conteste pas que l’on rapporte les raisons que des auteurs ont données pour justifier leurs travaux mais, en l’espèce, je crois qu’il ne faut pas trop s’y fier. Pour le dire autrement : les économistes font l’histoire de la science économique, mais ils ne savent pas toujours l’histoire qu’ils font.
Par exemple, le livre évoque, presque dans chaque chapitre, l’émergence et le succès académique des modèles DSGE. On nous explique que ces modèles sont utilisés par des libéraux pour contester les keynésiens : il est en effet bien de le savoir ; qu’ils ont pris une place disproportionnée dans la littérature académique : je le crois aussi. On insiste sur le fait que ces modèles sont ou ne sont pas structurels, qu’ils supposent ou pas un agent représentatif, surtout qu’ils recourent à la calibration, d’autant que, d’ailleurs, Leontief procédait un peu pareillement, et ainsi de suite. Mais on ne nous dit pas le plus important : les premiers modèles de ce type prévoyaient plutôt bien les signes de la matrice des variances covariances entre les endogènes. Autre exemple, avec les modèles VAR, beaucoup cités dans le livre. On rappelle à l’occasion de vieilles querelles entre les partisans de la « théorie sans mesure » et les autres, illustrées ici par les opinions tranchées de quelques glorieux anciens. Là aussi, l’essentiel me semble ailleurs et n’est pas signalé : les modèles VAR prévoient moins bien que les modèles structurels, mais pas tellement moins bien, alors qu’ils ne coûtent presque rien. Je ne reproche pas que l’on nous rapporte à cette occasion les justifications épistémologiques des uns et des autres, mais il ne faut pas laisser croire qu’elles avaient tant d’importance (dans le dernier exemple, je crois même qu’elles n’en avaient aucune). De même, quand l’auteur conclut son « Épilogue » en indiquant une piste qui aurait été prometteuse avant la guerre, il constate que « ce n’est pas cette direction qui a été prise en macroéconomie » ; certes, mais pourquoi ? à mon avis, pour des raisons autres que méthodologiques.
Pour en revenir au sujet principal du livre, il relate par exemple les objections de Leontief contre la macroéconométrie classique, du moins après ses premières tentatives. Cela nous intéresse parce que Leontief est un économiste éminent, qu’il est donc intéressant de connaître sa pensée et que ses arguments s’inscrivaient dans un nouveau « conflit de méthodes ». Mais je regrette donc qu’on ne nous dise jamais si telle méthode « marchait » ou pas, en admettant que cette expression, comme 277je le crois, avait un sens. Le livre explique bien, dans le chapitre 1, pourquoi les premières déterminations des demandes de produits n’ont pas « marché », en raison d’un défaut d’identification que l’on nous explique très bien. De même, à mon avis, la macroéconométrie classique des années 1920 et plus, que Leontief a rejetée, n’a pas « marché », et il faudrait le dire. Cette macroéconométrie n’expliquait rien que l’on ignorait avant, elle n’infirmait rien que l’on croyait avoir démontré, elle ne permettait pas de mieux prévoir certains mécanismes, ni d’estimer certaines grandeurs, elle n’ouvrait pas la voie à de nouveaux modèles théoriques, plus efficaces ou plus généraux, elle ne démontrait aucune propriété spécifique.
Le modèle de von Neumann n’est pas seulement intéressant, par rapport à celui de Leontief, parce qu’il est théorique ou que ses coefficients sont endogènes, ce que le livre explique très bien ; il s’agit surtout d’un modèle qui a « marché », par exemple parce qu’il établissait « la règle d’or de l’accumulation ». De même, la macroéconométrie a « marché » après la dernière Guerre mondiale parce que ses modèles ont permis, non seulement de prévoir la conjoncture, mais aussi de mesurer et de confirmer l’enchaînement des effets économiques attendus selon la logique keynésienne ; ils ont aussi permis, accessoirement, de déterminer des constantes comme les multiplicateurs. Les modèles VAR ont « marché » parce qu’ils ne coûtaient pas cher. Les expériences naturelles, autre exemple évoqué dans le livre, mais rapidement, ont « marché » parce qu’aucune autre méthode ne pouvait mesurer l’impact de certaines décisions, économiques ou pas, dans certains cas. Faute de se demander si un modèle « marche » ou « ne marche pas », on explique pour quelles raisons méthodologiques les uns y croient et pas les autres, ce qui est certes intéressant, mais pas suffisant pour comprendre un engouement massif ou un renoncement, une adhésion massive ou un rejet.
On doit donc se demander ce qui a « marché » dans le modèle input-output de Leontief. Un naïf répondrait que c’est d’avoir réussi à déterminer empiriquement les coefficients du tableau correspondant et d’avoir constaté qu’ils ne variaient pas beaucoup dans le temps. Le livre nous met en garde contre cette réponse naïve (par exemple pages 111 et 127). Dans le chapitre 3, on explique qu’un des paramètres du modèle se calcule en divisant une consommation intermédiaire par la production. Soit, mais est-il alors nécessaire d’invoquer le cercle de Vienne, 278Popper ou le positivisme logique ? Mais peu importe notre perplexité, l’important est que nous savons, grâce à ce livre, ce que Leontief pensait de l’utilisation de variables inobservables et que nous sommes capables, grâce à ce livre, de mieux le comprendre.
Le chapitre 2, qui présente le tableau input-output, est particulièrement clair. La décomposition de la matrice nominale en matrice des quantités et matrice des prix est présentée de façon très didactique, les questions d’existence et d’unicité des solutions sont évoquées, mais sans développer des considérations techniques inutiles. On comprend donc pourquoi les matrices de Leontief étaient supposées carrées et pourquoi son modèle permettait à la fois de trouver les quantités et les prix. On apprendra plus loin ses rapports avec les modèles de Walras ou de von Neumann et on évoquera, ce qui me semble moins nécessaire, les équilibres calculables.
Un chapitre 6 est consacré au paradoxe de Leontief sur les déterminants du commerce international. On y indique l’origine des travaux empiriques infirmant le modèle H-O-S, ce qui est très intéressant, et on en profite, ce qui me semble moins nécessaire, pour plaider l’association entre théorie pure et recueil des données.
Le livre se termine, selon le format de la collection, par un texte de l’auteur étudié ; il s’agit d’un article de 1954, issu d’une conférence sur Les mathématiques dans la science économique. On peut donc vérifier que les interprétations, par M. Akhabbar, de la pensée de Leontief sur la science économique de son temps, étaient fondées, ce dont nous ne doutions pas.
Un des mérites de ce livre est d’initier aux débats suscités, jadis et encore aujourd’hui, par la modélisation mathématique. Un étudiant avancé et courageux y découvrira les noms et les idées stimulantes d’auteurs comme Popper, Carnap, Duhem, von Mises, Koopmans, Friedman, Solow. Notre étudiant avancé pourra lire d’autres livres pour en savoir plus, mais celui de M. Akhabbar lui aura au moins permis de comprendre qu’il existe des controverses méthodologiques en science économique, qu’elles ont une histoire et qu’elles continuent d’intéresser les meilleurs économistes, malgré la reconnaissance par tous des mérites de la modélisation. Les quelques réserves que j’ai exprimées nient donc moins l’importance de ces controverses méthodologiques que l’importance des contributions de Leontief à ces controverses.
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The Individual and the Other in Economic Thought, Ragip Ege et Herrade Igersheim (éd.), Abingdon (R.U.), Routledge, 2019, 381 pages.
Dorian Jullien
Université Côte d’Azur, GREDEG, CNRS2
Cet ouvrage collectif constitue les actes du deuxième colloque international Philosophie Économique, tenu à Strasbourg les 9 et 10 octobre 2014. Sa principale force est d’offrir une diversité de perspectives philosophiques sur le thème de ces journées : Soi-même et Autrui. Vingt chapitres transportent la lectrice ou le lecteur vers différents épisodes – parfois très récents – de l’histoire de la pensée économique ou philosophique pour examiner une multitude de conceptions de l’agent et de son rapport à autrui.
On pourrait regretter que l’ouvrage manque de considération pour le gigantesque champ de recherche sur les préférences sociales qui a émergé en économie comportementale et expérimentale depuis un peu plus de trois décennies. Si une certaine fraîcheur intellectuelle se dégage de l’ouvrage, justement du fait que les contributions ne sont pas cadrées, voir contraintes, par les travaux récents sur les préférences sociales, il est légèrement frustrant qu’aucun chapitre n’offre une perspective philosophique sur la multitude de conceptions du rapport à autrui qui est proposée dans ces travaux. En effet, ces conceptions sont souvent construites à travers des références, plus ou moins explicites, à des contributions en philosophie3. L’examen critique de ces références aurait pu être une contribution de philosophie économique particulièrement pertinente pour le thème de cet ouvrage.
280Je discuterai tout d’abord des contributions qui peuvent être interprétées comme suggérant des justifications, des développements ou des critiques constructives pour les travaux récents sur les préférences sociales. J’aborderai ensuite les contributions qui pensent soi-même et autrui selon des modalités beaucoup moins compatibles avec le cadre de ces travaux. Je conclurai enfin sur le chapitre de Marlyse Pouchol, qui me semble aborder un ensemble de questions originales concernant le thème de l’ouvrage.
1. Justifications, développements ou critiques constructives pour les préférences sociales
Les travaux récents sur les préférences sociales en économie comportementale et expérimentale tentent de saisir la manière dont la situation d’autrui influence le bien être personnel d’un individu. Les chapitres d’Herrade Igersheim & Thi Kim Cuong Pham (Chapitre 15) et de Jean Mercier Ythier (Chapitre 18) reviennent en détail sur l’opposition classique entre une position considérant autrui comme un moyen (ce qui caractérise particulièrement bien les travaux récents sur les préférences sociales) et une autre qui considère autrui comme une fin (position qui permettrait une critique constructive de ces travaux). Plus précisément, Igersheim & Pham comparent l’approche déontologique de John Rawls, qui conçoit les autres comme des fins, à l’approche téléologique de Jeremy Bentham, qui les conçoit comme des moyens. Ythier affine, quant à lui, la notion d’action communicative de Jürgen Habermas à travers la distinction entre les notions de prudence (entendue comme la délibération à propos des fins) et de rationalité instrumentale (entendue comme la délibération à propos des moyens), pour proposer donc une distinction entre la prudence communicative (qui qualifie par exemple la jurisprudence) et la rationalité instrumentale communicative (qui qualifie par exemple le contrat dans un échange de marché).
Plusieurs chapitres proposent des justifications originales de l’idée selon laquelle le rapport aux autres est important d’un point de vue personnel, pour le bien-être de l’individu, mais qu’il n’est pas intrinsèquement important « en soi ». Nizar Hariri (Chapitre 3) explique comment, chez John Stuart Mill, les autres sont la source d’accords intersubjectifs (via une forme de délibération publique) nécessaires pour qualifier certains plaisirs comme des plaisirs « de l’esprit » qui sont supérieurs aux autres, 281et permettent in fine aux individus de se réaliser. Catherine Audard (Chapitre 8) développe une idée proche en défendant que le social-libéralisme implique une conception de la rationalité individuelle dont la motivation principale est le développement de soi. La conception qu’elle propose a la particularité d’être non-atomiste pour deux raisons : d’une part, le rapport à autrui est nécessaire dans la détermination du contenu du développement de soi, via l’observation chez autrui d’habilités bien entraînées que l’on désir développer soi-même ; d’autre part, les institutions sociales sont nécessaires pour délibérer rationnellement sur la compatibilité entre les moyens et les fins de chacune et chacun. La justice sociale est donc nécessaire à la conception de la rationalité individuelle comme développement de soi.
Deux chapitres s’inspirent des théories de la reconnaissance pour aboutir à des conclusions similaires. Francis Munier (Chapitre 10) s’inspire en particulier d’Axel Honneth pour concevoir l’autre comme un besoin vital et la reconnaissance de l’autre comme une source de respect de soi, de confiance en soi et d’estime de soi (ingrédients nécessaires au bonheur). Stefano Solari (Chapitre 12) propose de réfléchir sur le rapport à autrui en économie, non pas en matière de redistribution, mais de distribution première des ressources. La distribution première affecte le processus de reconnaissance entre individus qui est, selon Hegel et Rosmini, à l’origine des droits et de la loi, et doit donc être analysé à travers la dimension législative des rapports à autrui (que la notion de transaction chez John Rogers Commons permet de saisir). Des sources d’inspirations bien différentes sont mobilisées par Tony Ernesto Persico, Nicola Mattoscio et Edgardo Bucciarelli (Chapitre 5). Ils proposent un développement du concept de « développement humain intégral » – tel qu’il est formulé par l’Église catholique – à la lumière de la théorie du développement d’Amartya Sen. Une conception relationnelle de la personne, qui se construit à travers ses rapports avec autrui, serait commune à Sen et l’Église catholique. Enfin, Eleonora Viganò (Chapitre 13) développe un argument pour défendre que l’altruisme est nécessairement orienté par l’intérêt propre. Elle mobilise les apports de la biologie pour montrer que l’altruisme est le fruit de l’évolution de l’intérêt propre. Ces deux notions ne sont donc pas contradictoires et leur cohérence d’ensemble est, selon elle, bien saisie par la discussion de la prudence que propose Adam Smith.
282D’autres chapitres proposent des critiques constructives de la modélisation formelle du rapport à autrui en théorie économique. Iona Tarrant & Jonathan Perraton (Chapitre 19) reviennent sur le paradoxe du libéral-parétien formulé par Amartya Sen, et tentent de le résoudre en s’inspirant du rapport à autrui que propose Jean-Jaques Rousseau à travers la notion de volonté générale. Ghislain Fourny, Stéphane Reiche & Jean-Pierre Dupuy (Chapitre 14) développent un concept d’équilibre en « prévision parfaite » pour la théorie des jeux. Ce concept permet de prendre en compte les dépendances contrefactuelles dans la formation des anticipations des joueurs ou des joueuses. Lauren Larrouy (Chapitre 17) revient sur le projet théorique de Thomas Schelling, projet consistant à construire une théorie des décisions interdépendantes en mobilisant l’outillage des modèles multi-agents. L’auteure met en avant une dimension singulière du projet de Schelling : celle de saisir la dimension cognitive de l’empathie afin de justifier des mécanismes de coordination, comme par exemple la coordination par points focaux. André Lapidus (Chapitre 16) mobilise les contributions de David Hume pour mettre en avant les difficultés de la théorie du choix rationnel à saisir la rationalité des changements de préférences qui s’expliquent par une évolution des contextes de décision. À plusieurs moments (e.g., p. 279-280), il est implicitement suggéré une forme de relation entre soi-même et autrui qui serait centrale en théorie de la décision et en économie : celle qui existe entre (1) le théoricien, dont le bagage de connaissances en mathématique et en économie peut nuire à la compréhension du comportement de (2) l’agent économique ordinaire. Une intuition similaire est au cœur de la contribution de Fabrice Tricou (Chapitre 20) qui offre une interprétation philosophiquement profonde du rôle du modélisateur ou de la modélisatrice dans la conception des agents et du rapport à autrui au sein des modèles de négociations (mais son cadre philosophique pourrait s’étendre bien au delà de la théorie des jeux). Il revient notamment sur l’approche d’Ariel Rubinstein en montrant comment la solution que propose ce dernier revient à intervenir dans le jeu en privant les joueurs ou les joueuses de leur autonomie.
Enfin, Daniel Diatkine & Benoît Walraevens (Chapitre 1) développent une intuition fortement originale à partir des écrits d’Adam Smith où celui-ci il conceptualise la relation de l’agent avec autrui comme une relation de nature (en partie) esthétique. Cette dimension esthétique 283est contenue dans la notion de « l’amour des systèmes » chez Smith, qui désigne une motivation pour les comportements liés à l’admiration de l’harmonie d’un système donné (la beauté des moyens et de leur combinaison peu importe la finalité), et dont la « sympathie » pour autrui peu parfois être dérivée.
2. Des cadres alternatifs pour penser le rapport à autrui
C’est la confiance inconditionnelle dans une autre forme d’harmonie qui détermine le rapport à autrui chez Charles Fourrier. Ragip Ege & Sylvie Rivot (Chapitre 2) reviennent sur la manière dont Fourrier conçoit le rapport aux autres, et non pas « à l’autre », au sein de petites communautés dont l’organisation assure une harmonie sociale malgré la présence de motivations telles que l’avidité. Ainsi Fourrier propose une conception de la justice déterminée par une vision du rapport aux autres qui tient compte des différences radicales (mais nécessaires à l’harmonie) entre les individus de la communauté. Le rôle des passions internes aux agents dans la conception de la justice chez Fourrier est abordé par Riccardo Soliani (Chapitre 7) qui en propose une comparaison avec l’anthropologie de Karl Marx. Chez ce dernier, c’est la nature, externe à l’agent (et qui peut être transformée par ce dernier), qui assure un rôle médiateur dans les rapports à autrui.
L’importance des différences chez autrui est également abordée dans deux autres chapitres. Robert Gallagher (Chapitre 9) suggère que, si les individus et leurs relations ne sont pas représentés correctement dans le cadre de l’analyse économique, c’est parce que l’hypothèse des Lumières (selon laquelle les individus sont égaux) motive l’hypothèse d’homogénéité des agents en économie. Une alternative est alors proposée en s’inspirant d’Aristote, pour qui le rapport à autrui doit se penser en postulant d’abord la différence entre les individus, différence qui peut ensuite donner du sens aux notions d’égalité et de réciprocité que l’on voudrait introduire en économie. Cyrielle Poiraud (Chapitre 11) pointe une évolution dans la pensée d’Emmanuel Levinas vers plus de considération pour la notion d’égalité. Au départ malmenée par l’importance de l’inégalité pour concevoir l’altérité comme norme éthique de justice d’un point de vue personnel, l’égalité deviendra finalement chez Levinas une condition de possibilité de la réciprocité et de la reconnaissance de l’identité, et permet in fine de justifier une forme de justice plus politique.
284Enfin, Gilles Jacoud (Chapitre 4) aborde la question du rapport à autrui en examinant comment elle se pose dans le saint-simonisme. Ce rapport est alors celui entre le travailleur, au centre de l’économie politique saint-simonienne, et le capitaliste oisif. C’est un rapport d’exploitation, mesurable par un taux d’intérêt au sens large (incluant les loyers), que les saints-simoniens veulent délégitimer pour contredire l’idée que le capital « travaille ».
3. Le rôle de la relation entre soi-même
et autrui chez les intellectuel·les
J’aimerais mettre en avant l’originalité du thème abordé dans la contribution de Marlyse Pouchol (Chapitre 6). Cette dernière livre une comparaison fascinante entre les écrits de Friedrich Hayek et ceux de Hannah Arendt sur le rôle de la morale (ou plutôt de sa disparition) chez les intellectuel.les face au totalitarisme du xxe siècle. La conception d’autrui comme un partenaire dans l’échange, qui est devenue standard en économie et que défend Hayek, contraste fortement avec celle d’Arendt, pour qui autrui est un « interlocuteur indispensable » (p. 91). Arendt tire même les implications de cette conception, concernant le rôle du langage mathématique et du langage ordinaire dans les sciences sociales. D’autres implications concernent également l’activité même de penser. Penser, pour Arendt, est un dialogue intérieur entre un soi public et un soi privé que tout le monde devrait pratiquer, et qui ne devrait pas être réservé à une classe particulière d’individus, les intellectuel.les, qui en feraient leur métier.
Pour conclure cette recension, je souhaite réitérer mon appréciation pour l’éclectisme de l’ouvrage. Les rapports entre soi-même et autrui sont, à la frontière entre l’économie et la philosophie, comme dans la vie quotidienne, constitués d’une multitude de dimensions que l’ouvrage permet d’éclairer.
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Fiches des Théories économiques de la monnaie. Rappels de cours et exercices corrigés, Nicolas Piluso, Paris, Ellipses, 2019, 185 pages, Index.
Faruk Ülgen
CREG – Université Grenoble Alpes
L’ouvrage écrit par Nicolas PILUSO est structuré autour d’un pari :
–fournir, d’une part, les connaissances de base (tant conceptuelles et théoriques qu’historiques) sur la monnaie et les phénomènes monétaires de façon introductive très synthétique et accessible à tout public universitaire du premier cycle qui suit des formations en lien avec l’économie et
–présenter de façon aussi exhaustive que possible l’ensemble des approches sur la monnaie qui constituent les fondements des analyses et débats monétaires sur le capitalisme contemporain sans en rester au niveau des manuels qui ont le réflexe, parfois malveillant, de répéter les références très fragiles mais reconnues comme repères standard de la discipline.
Sans doute, les possibilités de réussite d’un tel pari sont fonction inverse de la longueur de son horizon, qui veut aller très loin mais de façon immédiatement accessible et pédagogique pour les étudiants. Il n’en reste pas moins que l’exercice est doublement appréciable car nécessitant une volonté de fournir au public toutes les références sur une question cruciale en théorie et en politique économiques : le sens, le contenu, la nature, la dynamique de la monnaie et l’organisation et la gestion du système monétaire ; un détail technique, quelque fois facilitateur de fonctionnement de l’économie de marché pour les uns, un élément central (sinon l’élément central) qui permettrait de penser une économie décentralisée d’individus privés intéressés (qu’on l’appelle économie de marché, économie capitaliste ou encore économie d’individus privés, décentralisés, etc.).
L’ouvrage est constitué de 28 fiches qui sont des mini chapitres sur des points distingués par un aspect des débats monétaires qu’elles 286mettent en avant. Toutefois le contenu de chaque fiche est d’un niveau de difficulté conceptuelle différente. Après une première fiche qui fait office d’introduction en exposant les fonctions habituellement attribuées à la monnaie dans les manuels, les fiches sont réparties en deux groupes ; les fiches de 2 à 13 sont rassemblées dans une partie que l’on pourrait qualifier de concepts et théories fondateurs, et les fiches de 14 à 28 sont regroupées dans la deuxième partie davantage orientée vers des questions de politique économique.
Une première difficulté de lecture apparaît dans les questions posées et les références utilisées. Bien que très synthétiques, les fiches ont l’ambition de rendre compte du fond de chaque question qui reste, en économie, un débat à elle toute seule. Par exemple, lorsque la fiche 1 présente les fonctions de la monnaie, elle ne fournit pas d’indications sur la pertinence de ces fonctions pour asseoir la validité de la monnaie dans l’économie. Quand il est dit (page 9) que chez Keynes la fonction de réserve de valeur est importante car elle fonde les motifs de détention de monnaie dans un contexte d’incertitude, on a l’impression que cette fonction est essentielle à la monnaie. Or, justement parmi les fonctions attribuées à la monnaie, celle de réserve de valeur est la plus problématique car tout actif peut être une réserve de valeur avec rendement et remplir ce rôle mieux et plus que la monnaie. Et la monnaie n’est pas un actif et n’apporte pas de rendement lorsqu’elle n’est pas transformée en investissement / placement financier. Sans réduire l’intérêt en soi du travail présenté, ce point, a priori simple, soulève la difficulté signalée plus haut dans la conception de ce genre d’ouvrage, la simplicité et la recension exhaustive se marient difficilement avec la réflexion approfondie qui ferait ressortir l’importance et l’intérêt des questions.
Sur le plan plus formel, la fiche 2 et la fiche 3 auraient pu aller ensemble dans la mesure où la première ne contient aucune information sur la question monétaire et n’est qu’une présentation des prix d’équilibre walrasien. Pour un lecteur non averti, cela peut sembler déconcertant. Ne pouvant raisonnablement résumer l’ensemble des fiches de cette partie, il conviendrait de remarquer que le reste des fiches contient les différentes approches théoriques sur l’existence de la monnaie qui s’avèrent difficilement accessibles en quelques lignes pour un public en phase de découverte. Surtout certaines d’entre elles, comme les modèles de prospection, qui fournissent des explications en termes d’arbitrages 287(choix) rationnels ou quasi-rationnels des individus et qui font référence aussi à des choix stratégiques en interdépendance, relèveraient de la magie pour des étudiants qui n’ont appris sur la monnaie que les trois fonctions, annoncées par Aristote il y a quelques milliers d’années et reprises, depuis, dans leurs manuels de base.
Il en est de même dans la deuxième partie dont les fiches résument à tour de rôle les différentes approches monétaires utilisées dans les modèles macroéconomiques, souvent appliqués dans le domaine de politiques économiques. Par ailleurs, la fiche 15 sur la nouvelle école classique aurait gagné à être renforcée avec quelques informations sur le couple « politique monétaire et politique budgétaire (équivalence ricardienne) neutres » dans la mesure où l’annonce de cette « neutralité » est un coup de grâce aux tentatives d’intégration de la monnaie dans l’économie et d’en faire un élément décisif sur le plan macroéconomique, cheval de bataille de ceux qui vont se faire appeler, par la suite, les « post-keynésiens ».
Pour autant ces approches « macroéconomiques » aux fondements microéconomiques sont exposées les unes après les autres de façon très synthétique mais non moins exhaustive, pour autant la place réservée à Hayek paraît trop minimisée. D’autant plus qu’une analyse un peu plus approfondie de la monnaie chez Hayek aurait pu permettre de faire ressortir tant les oppositions que d’étonnantes ressemblances entre la lecture hayékienne du phénomène monétaire et certaines analyses keynésiennes surtout lorsqu’elles s’éloignent du monde IS-LM. Et ce par rapport aux débats actuels sur les moyens de stabiliser les marchés monétaires en restreignant le pouvoir de création des banques, arguments qu’on est habitué à trouver de plus en plus aussi chez des tenants des approches « post-keynésiennes » de la monnaie.
Sur ce point, un autre absent est Wicksell car, hormis les quelques lignes des pages 137-138, les « contradictions perspicaces » de Wicksell lorsqu’il parle d’une économie de crédit et des instabilités monétaires, sont très annonciatrices des arguments développés dans les analyses alternatives de monnaie endogène.
Sur le plan formel, l’exposé même en quelques lignes, des écritures formelles des modèles macroéconomiques ne semble pas être d’une grande utilité en raison de leur nature trop succincte. Je ne suis pas convaincu qu’un lecteur non averti pourrait en retenir quelque chose 288de pertinent. Il aurait, peut-être, été judicieux d’en donner des versions plus explicites et soutenus dans des encadrés au lieu de les « semer » ici et là au gré des pages.
Pour en finir avec cet exercice difficile de compte rendu sur un travail compliqué mais non moins intéressant, les références bibliographiques vacillent entre des écrits compliqués et peu accessibles et des écrits trop limités en contenu et en tendance. Là encore, il aurait, peut-être, été plus intéressant de fournir deux catégories de références, des sources très accessibles et synthétiques et des sources d’approfondissement.
Mais comme dans tout exercice ambitieux qui cherche à marier deux choses qui, habituellement, s’excluent, la vulgarisation synthétique et l’approfondissement analytique, ce livre appelle autant de remarques que de louanges.
Tournons-nous vers des éditions prochaines qui sauront peut-être comment approcher le lointain.
1 La présentation d’Arnaud Orain, « Freeing Trade or Freeing Humans ? Mably and Condillac on Economic policies and the Renewal of the French Kingdom » a, quant à elle, été publiée avec Julie Ferrand dans Cardoso, Kurz & Steiner, 2018, p. 19-27.
2 Je remercie Cécile Pajona et Nicolas Brisset pour leurs relectures attentives.
3 Voir en particulier les deux contributions suivantes : Charness, G. et Rabin, M., 2002, « Understanding Social Preferences With Simple Tests », The Quarterly Journal of Economics, 117(3), 817-869 et Cappelen, A. W., Hole, A. D., Sørensen, E. Ø. & Tungodden, B., 2007, « The Pluralism of Fairness Ideals : An Experimental Approach », American Economic Review, 97(3), 818-827.
- CLIL theme: 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
- ISBN: 978-2-406-09845-4
- EAN: 9782406098454
- ISSN: 2495-8670
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-09845-4.p.0271
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-17-2019
- Periodicity: Biannual
- Language: French