Bossuet au xviie siècle Bref état des lieux
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue Bossuet Littérature, culture, religion
2017, n° 8. Réceptions de Bossuet au xviiie siècle - Auteur : Régent-Susini (Anne)
- Pages : 13 à 20
- Revue : Revue Bossuet
Bossuet au xviiie siècle
Bref état des lieux
Cette journée, organisée grâce au concours de l’Université Sorbonne nouvelle, de la Société des Amis de Bossuet et de l’Institut Universitaire de France, est en fait la dernière d’une petite série, qui a commencé il y a quatre ans avec une rencontre à Meaux autour des réceptions de Bossuet au xxe siècle et s’est poursuivie il y a deux ans avec une journée d’étude à l’Université Paris-Sorbonne sur « Bossuet au xixe siècle ». Au terme de ce parcours rétrochronologique, nous voici donc au xviiie siècle, c’est-à-dire à l’époque de la réception immédiate, ou quasi-immédiate d’une œuvre achevée en 1704 et publiée en grande partie à titre posthume – moment où s’affirme peut-être de la manière la plus frappante la complexité de textes que leur caractère apparemment monolithique n’empêche pas d’être revendiqués par des auteurs parfois radicalement opposés. L’opposition de la plupart des penseurs des Lumières à Bossuet, devenu symbole d’une certaine alliance du trône et de l’autel, comme la récupération de « l’Aigle de Meaux », vers la fin du siècle, par les « anti-Lumières » (quelque problématique que puisse apparaître une telle entité), semblent bien connues, mais le sont-elles vraiment ? À l’orée d’une étude sur les éditions des Méditations et des Élévations de Bossuet au xviiie siècle, Christian Albertan déclarait très justement : « Il y a […] une étonnante actualité de l’Aigle de Meaux au xviiie siècle, qui justifierait qu’on lance des travaux d’ensemble sur Bossuet et le siècle des Lumières comparables à ceux sur la fortune de Pascal au xviiie siècle1. » Si l’heure de cette synthèse n’est peut-être pas encore venue, nous continuons à l’appeler de nos vœux, et nous espérons, par cette journée, contribuer à mieux cerner la réception multiforme d’une des principales figures du « grand » siècle à l’époque des Lumières.
14Quelques aperçus saisissants en ont déjà été donnés ces dernières années, qui ont permis de mesurer le caractère complexe, voire à l’occasion paradoxal, de cette réception.
Rappelons pour commencer qu’au xviiie siècle, Bossuet n’est pas d’abord auteur de sermons : pour Voltaire, comme pour Thomas, La Harpe ou D’Alembert, il est avant tout auteur d’oraisons funèbres et historien – l’Exposition de la doctrine catholique, très largement diffusée au xviie siècle (aussi, il faut bien le dire, parce que l’ouvrage était sans cesse réimprimé aux frais du roi pour être distribué aux Nouveaux convertis2) n’est quasiment plus réimprimée à la fin du xviie siècle3. Désormais, Bossuet est donc d’abord l’auteur des Oraisons funèbres et du Discours sur l’histoire universelle, chacun de ces textes connaissant au cours du siècle plus d’une vingtaine de rééditions – même si ces chiffres seront amplement surpassés au siècle suivant, avec près d’une centaine d’éditions ou de réimpressions des oraisons funèbres, et près d’une cinquantaine du Discours4. Quoi qu’il en soit, cette forte concentration éditoriale, dès le xviiie siècle, n’empêche nullement que soient menées, dans le même temps, à Paris et à Venise, plusieurs éditions des œuvres complètes5 qui, presque immanquablement, conduisent à exhumer des textes jusqu’alors inédits, à commencer par les manuscrits de quelque deux cents sermons et panégyriques6. Or les Sermons qui paraissent dès 1722, déçoivent dans l’ensemble un public qui, au lieu 15des monuments classiques et achevés qu’il escomptait, découvre avec stupéfaction des ruines inégales, qui fascineront certes le xixe siècle7, mais qui pour l’heure déconcertent profondément ; c’est le fameux jugement de La Harpe : « Bossuet était médiocre dans ses sermons ». Bref, la grande statue n’est pas plutôt élevée qu’elle s’effrite par endroits.
D’un point de vue plus idéologique qu’esthétique, la réception, là encore, n’est pas aussi univoque qu’on pourrait le croire à plus de deux siècles de distance. L’œuvre de plus en plus largement éditée de Bossuet fonctionne assez souvent comme une sorte de réservoir bien commode d’arguments et d’auctoritates théologiques, mobilisables dans des contextes multiples, et au service de causes elles aussi diverses. Le rôle assigné à Bossuet dans une certaine pensée révolutionnaire de l’Histoire a été mis en lumière, d’une manière aussi magistrale qu’inattendue, par Rita Hermon-Belot8. Moins paradoxal peut-être, mais extrêmement éclairant pour l’histoire de la spiritualité, Jacques Le Brun a montré, en scrutant l’utilisation des opuscules spirituels de Bossuet par les religieuses nancéennes, comment même une œuvre réputée systématique et souvent conçue comme l’incarnation d’une orthodoxie monolithique, faisait dès le xviiie siècle l’objet de découpages assez libres, en fonction des circonstances dans lesquelles se trouvaient en l’occurrence les lectrices : les textes ne fonctionnent déjà plus comme les éléments d’une grande synthèse théologique, mais comme « le moyen d’occuper l’esprit et le cœur », de produire les dispositions intérieures jugées adéquates en un certain nombre de situations religieuses singulières (renouvellement des vœux, retraite, communion, pénitence, station devant le Saint Sacrement, etc.)9. Autrement dit, au xviiie siècle coexistent d’un côté des sermons en ruines qu’on voudrait complets, de l’autre des textes complets qu’on découpe en morceaux (soit pour appuyer une argumentation théologique, soit pour nourrir une méditation ou une prière personnelle) – comme si désormais on avait soif de complétude esthétique, plus que de complétude théologique.
16Enfin, la captation de Bossuet par les jansénistes10 a fait l’objet de plusieurs études de cas tout à fait passionnantes, mettant notamment en valeur les enjeux personnels et idéologiques des premières éditions de certains textes (les sermons, certains écrits spirituels, la Politique). Lorsque le neveu de Bossuet, l’autre Jacques-Bénigne Bossuet, obtient en 1708 un privilège pour la publication de treize ouvrages posthumes de son oncle, il espère certainement servir sa propre carrière ecclésiastique tout d’abord, puis, après son accession à l’épiscopat en 1716, la cause janséniste, dont il est un sympathisant et qui a été mise en difficulté par la bulle Unigenitus (1713). Cela dit, en dépit du renouvellement du privilège accordé en 1728, il ne publiera finalement que cinq ouvrages, la Politique en 1709, les Élévations sur les mystères en 1727, les Méditations sur l’Évangile en 1731, le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même en 1741 et enfin les lettres spirituelles de Bossuet à l’une de ses dirigées, Madame Cornuau, en 1746. Le nouveau contexte politique et religieux, ainsi que les sympathies jansénistes de l’évêque de Troyes, donnent naturellement à ces publications une résonance tout à fait spécifique. C’est encore à Jacques Le Brun, en particulier, que nous devons d’avoir montré combien la publication de la Politique au début du xviiie siècle, au moment où jansénisme et gallicanisme se conjoignent, déplace les enjeux du texte par rapport au moment où Bossuet, mourant, laissait un manuscrit inachevé, et plus encore par rapport au moment où il en proposait une première rédaction pour le Dauphin vers 167911. Plus généralement, il est certain que cette part prédominante prise par les jansénistes ou par leurs sympathisants (non seulement l’abbé Bossuet, mais encore les éditeurs des œuvres complètes Deforis et Lequeux, par exemple) dans l’édition des premiers textes de Bossuet a influencé de manière non négligeable, et par moments quelque peu entravé12 ou en tout cas compliqué, leur première réception – c’est ainsi que les jésuites n’hésitent pas à contester l’authenticité des Élévations 17sur les Mystères (1727) ou des Méditations sur l’Évangile (1731) – comme l’a montré Christian Albertan dans l’article que déjà évoqué13.
Cependant, il semble qu’à l’occasion de telle ou telle controverse doctrinale, les jansénistes ne soient pas les seuls à invoquer le prestigieux cautionnement de ce « nouveau Père de l’Église » : même les molinistes choisissent parfois de s’abriter derrière celui qui avait tenté de représenter, dans la controverse janséniste, un tiers-parti14. C’est que la masse d’œuvres publiées, de plus en plus importante, fait désormais de l’œuvre bossuétiste un arsenal d’arguments et d’autorités théologiques à la fois commode et encore nimbé d’une autorité relativement consensuelle, donc bien utile en polémique.
Pourtant, dans le même temps, la publication des œuvres inédites fragilise dans une certaine mesure la stature du grand homme, en en présentant une figure plus ambivalente, voire plus énigmatique qu’on ne l’aurait supposé, et parfois espéré : les sermons en ruine, on l’a dit, déçoivent les partisans d’une perfection achevée ; les Élévations et les Méditations suscitent l’embarras, notamment par les échos qui peuvent y être décelés avec la doctrine janséniste, au point que non seulement les jésuites, mais encore certains dignitaires ecclésiastiques sont conduits à se désolidariser, du moins ponctuellement, de Bossuet. Figure problématique sur le plan littéraire, parfois contestable sur le plan doctrinal, l’évêque de Meaux, à la fin du xviiie siècle, n’est plus ni « Père de l’Église », ni parangon esthétique absolu. Pourtant, pour beaucoup, comme Saint-Simon par exemple15, il demeure « le palladium de l’orthodoxie » (Christian Albertan), et surtout, il va incarner de plus en plus communément une forme de sublime qui lui donnera au sein d’un Panthéon littéraire en voie de constitution une place provisoirement centrale.
Cinthia Meli a mis en lumière la complexité de cette promotion littéraire : la manière dont elle implique de laisser de côté la majeure 18partie de l’œuvre, pour ne se concentrer que sur les textes les plus susceptibles d’être intégrés aux belles-lettres et enseignés dans les classes, à savoir les oraisons funèbres et le Discours sur l’histoire universelle. Ceux-ci se trouvent crédités à ce titre d’un pouvoir de ravissement sublime, expérience esthétique limite, littéralement critique, qui devient, en quelque sorte, critère ultime, indépassable et prétendument universalisable, de littérarité. Pourtant, ce sublime donné, dans les classes, pour modèle et support d’imitation n’est pas considéré comme classique au sens de traditionnel ; au contraire, il est conçu comme une radicale innovation. Loin de ne renvoyer qu’à la « grandeur majestueuse » que Voltaire associe aux oraisons funèbres16, il est de plus en plus défini – suivant une topique du classicisme portée à son point d’aboutissement –, comme le produit d’une émancipation des règles communes, et même de la langue commune. En effet, c’est au cours du xviiie siècle que s’affirme durablement la conception de Bossuet comme inventeur d’une langue nouvelle ; loin de représenter l’incarnation d’une langue figée, l’évêque de Meaux serait l’instrument de son renouvellement, et les libertés prises avec la langue française deviennent elles aussi un topos critique, bien éloigné du fixisme associé à juste titre en matière doctrinale à l’auteur de l’Histoire des variations17. Dans son Essai sur les éloges, Thomas proclame ainsi que Bossuet a « créé une langue » ; D’Alembert déplace le motif dans un sens un peu différent, celui d’une appropriation de la langue tellement poussée, que l’auteur fait corps avec elle : « on croirait, écrit-il, que la langue dont il se sert n’a été créée que pour lui ». La Harpe, un peu en retrait sur ce point, loue à son tour l’usage novateur que Bossuet fait de la langue : « personne avant Bossuet n’avait parlé de ce ton, ni écrit de ce style18 ». Et l’antirévolutionnaire Maury, à la fin du siècle, reprendra cette antienne, mais en lui ajoutant une dimension supplémentaire ; c’est en puisant au passé originel que Bossuet non seulement renouvelle 19la langue française, mais en crée, en quelque sorte, un avatar inédit, c’est en remontant vers l’origine qu’il se projette vers ce qui n’a jamais été : « cette langue inconnue, l’orateur sacré est allé la puiser dans le style biblique et chez les Pères de l’Église. » Ce thème, comme on sait, demeurera très présent chez d’autres contempteurs de la Révolution au siècle suivant, à commencer par Chateaubriand.
Alors même que les œuvres complètes étaient manifestement publiées dans le but de fournir à un public composé avant tout d’ecclésiastiques la somme des écrits théologiques, polémiques et exégétiques de l’évêque de Meaux, alors que les premières éditions des sermons eux-mêmes visaient à la fois à former les ecclésiastiques à la prédication et donner une instruction religieuse et morale aux laïcs, Bossuet historien et plus encore orateur funèbre devient donc l’incarnation du poète sublime, l’un des grands modèles esthétiques de la « littérature française » naissante – mais je m’arrête sur ce point, qui sera sans doute l’un des axes de notre réflexion aujourd’hui.
J’ajouterai simplement pour finir que ce qui manquera sans doute à cette journée, c’est la réception de Bossuet au xviiie siècle en dehors de France – mais un tel sujet mérite assurément une journée à lui seul, et ce n’est sans doute que partie remise. Nous aurons l’occasion, je l’espère, d’envisager une autre fois, par exemple, les grandes éditions italiennes des œuvres complètes, en français et en italien, en particulier la très prestigieuse et très coûteuse édition en français des œuvres complètes, dont le premier tome paraît dès 1736, et qui sera l’occasion pour le grand imprimeur Albrizzi de redonner une place véritablement européenne à l’édition vénitienne alors en crise, en confiant notamment les illustrations à des artistes comme Pizetta et Tiepolo19. De même, nous pourrons peut-être revenir sur la fonction de la figure bossuétiste dans l’Angleterre du xviiie siècle, où l’évêque de Meaux est avant tout connu comme controversiste catholique20, ou encore sur la manière dont son 20nom et son œuvre sont utilisés dans les pays de langue germanique ; Jacques le Brun a mis en lumière, non seulement les liens entre quiétisme et piétisme, mais également la manière dont, pour certains théologiens germaniques opposés à la mystique du pur amour (notamment dans certains milieux universitaires luthériens), Bossuet avait pu représenter un relais, promoteur et parfois inventeur d’une topique anti-quiétiste21.
Cependant, pour l’heure, il est grand temps de revenir à la France, qui offre déjà un terrain d’exploration suffisamment vaste et complexe pour nourrir notre réflexion d’aujourd’hui, tant la figure de Bossuet, dès le xviiie siècle, y cristallise les enjeux du temps, divers et parfois contradictoires. Je laisse donc enfin la parole à nos orateurs, en leur renouvelant mes remerciements, pour une matinée plutôt éloquente et une après-midi plutôt philosophique – partition dans laquelle il ne faut bien sûr pas voir une disjonction de mauvais aloi entre la forme et le fond, mais plutôt la dissociation progressive – et décisive pour la réception ultérieure de l’œuvre – de deux figures de Bossuet, l’orateur et le théologien.
Anne Régent-Susini
Université Sorbonne nouvelle / Institut Universitaire de France
1 Christian Albertan : « Sous les cendres la braise : l’édition des Méditations et des Élévations au xviiie siècle », in Bossuet à Metz (1652-1659). Les années de formation et leurs prolongements, dir. Anne Spica, Berne, Peter Lang, 2005, p. 291.
2 Voir Bernard Chédozeau, Bossuet et les Protestants. « La voie de charité » et les distributions de livres aux Nouveaux Convertis (1685-1687), Montpellier, Publications de l’université Paul Valéry, 2002.
3 Voir Henri-Jean Martin et Roger Chartier, Livre, pouvoirs et société à Paris au xviie siècle (1598-1701), Genève, Droz, 1999, t. 2, p. 800, n. 80. Les auteurs soulignent que la Bibliothèque nationale ne conserve pas d’éditions de cet ouvrage pour les années 1687-1729 (l’Édit de Fontainebleau datant de 1685). C’est ensuite l’Histoire des variations qui prendra le relais.
4 Voir annexes I et II de Cinthia Meli, Le Livre et la Chaire. Les pratiques d’écriture et de publication de Bossuet, Paris, Honoré Champion, 2014.
5 Cinthia Meli en compte trois en langue française : la première à Venise, par Jean-Baptiste Albrizzi puis André Galland (dix volumes in-4o parus en deux étapes, de 1736 à 1742 puis de 1747 à 1757), la deuxième à Paris, par Gabriel Pérau puis Charles-François Leroy (douze volumes in-4o parus de 1743 à 1747, puis huit volumes en 1749), et la troisième, également à Paris, par Claude Lequeux et Jean-Pierre Deforis (vingt volumes in-4o parus de 1772 à 1790). Voir Jacques Le Brun, « Les premiers éditeurs français de Bossuet au xviiie siècle », Bossuet. La Prédication au xviie siècle, Paris, Nizet, 1980, p. 165-185. Il y a également une édition en italien à Venise, et une autre à Rome.
6 Les projets parisiens permirent de mettre au jour plusieurs textes inédits de Bossuet, comme l’Abrégé de l’Histoire de France, la Defensio declarationis et la Défense de la tradition des saints Pères ; le dernier projet éditorial, enfin, entraîna la découverte des manuscrits de près de deux cents sermons et panégyriques, qui étaient jusque-là passés inaperçus.
7 Au xixe siècle, ces ruines fascineront par leur incomplétude même, permettant une liberté de style volontiers associée à l’inspiration sacrée : voir Emmanuelle Tabet, « Réception et interprétation des Sermons de Bossuet de Voltaire à Gide », in Lectures de Bossuet, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001, p. 218-219.
8 Rita Hermon-Belot, « Bossuet mis à contribution par la Révolution française » in Bossuet, Le verbe et l’Histoire (1704-2004), dir. Gérard Ferreyrolles, Paris, Honoré Champion, 2006, p. 365-376.
9 Jacques Le Brun, Les Opuscules spirituels de Bossuet : la tradition nancéienne, Annales de l’Est, Faculté des lettres et des sciences humaines de Nancy, mémoire no 38, 1970, p. 136.
10 C’est particulièrement net pour les œuvres oratoires, puisque Claude Lequeux édite plusieurs ouvrages appartenant à la mouvance janséniste (les Instructions chrétiennes sur les mystères de Notre Seigneur d’A. Singlin, L’Année chrétienne de N. Tourneux et le Traité sur le petit nombre des élus du prélat janséniste toscan Foggini). Quant à Deforis (1732-1790), il signa en 1789 un acte demandant la suppression du formulaire d’Alexandre VII et de la constitution Unigenitus. Sur tous ces points, voir Cinthia Meli, op. cit., p. 285, n. 11.
11 Jacques Le Brun, « La Politique de Bossuet : les débats autour de sa publication à partir de documents inédits », in Bossuet à Metz, op. cit., p. 289.
12 Pour Eugène Gandar, le fait que les sermons furent d’abord publiés par des religieux suspectés de jansénisme entrava également leur bonne réception.
13 Voir Christian Albertan, art. cité.
14 Cornet, l’un de ses maîtres dont il prononça l’oraison funèbre, s’était distingué par son combat contre Antoine Arnauld. Comme le cardinal de Noailles, Bossuet, tout en souscrivant à la condamnation romaine des thèses attribuées à Jansénius, refusait d’englober dans cette condamnation ce qu’il considérait comme la doctrine de saint Augustin : autrement dit, sa position ne rejoignait ni celle des jansénistes, ni celle des jésuites.
15 Voir Anne Régent-Susini, « Modèles et contre-modèles de la polémique religieuse selon Saint-Simon : la querelle du quiétisme dans les Mémoires », Cahiers Saint-Simon, no 36 (2008) : « Éloquence de Saint-Simon », p. 30-35.
16 Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, chap. xxxii, Œuvres historiques, éd. R. Pomeau, Paris, Gallimard, Pléiade, 1957, p. 1005.
17 Voir le Prospectus de la nouvelle édition des œuvres de Messire Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, Paris, Boudet, 1769 (Bib. Mazarine, 4o A 15914, pièce 1, publié comme annexe par Damien Blanchard dans Bossuet. Le Verbe et l’Histoire, op. cit.). On y retrouve les topoi promis à un long avenir s’agissant du style de Bossuet : le génie singulier au-dessus des règles, l’alliance du naturel et du sublime, les négligences heureuses, la combinaison d’une mâle force et d’une douceur féminine, etc.
18 Voir Emmanuelle Tabet, « Réception et interprétation des Sermons de Bossuet de Voltaire à Gide », in Lectures de Bossuet, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001, p. 217.
19 Dans « Bossuet en question. Ecclésiologie et politique en Italie au xviiie siècle » (in Bossuet à Metz, op. cit.), Paola Vismara a déjà souligné l’importance que revêt l’œuvre de Bossuet dans l’Italie du xviiie siècle, attestée non seulement par les nombreuses traductions dont il fait l’objet, mais par l’édition extrêmement précoce d’œuvres complètes, parues en français à Venise, et en italien à Venise et à Naples.
20 Pour l’Angleterre, c’est surtout la réception immédiate de Bossuet, au xviie siècle, qui a été étudiée. Voir Georges Lambin, « Les rapports de Bossuet avec l’Angleterre (1672-1704) », Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1909, p. 417-432, 532-545, 612-621 ; 1910, p. 31-37 et 81-87 ; et Jean-Louis Quantin, « Un dialogue qui n’eut pas lieu. Sur Bossuet et l’Angleterre », in Les Passions d’un historien. Mélanges en l’honneur de Jean-Pierre Poussou, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2010, p. 1551-1574. Lambin conclut : « la renommée de Bossuet en Angleterre suit en quelque sorte les progrès puis l’insuccès du catholicisme en ce pays » ; et Quantin affirme de son côté (art. cité, p. 1552) : « [Bossuet] fut de son côté très lu et dicuté outre-Manche, plus sans doute, de son vivant, qu’aucun autre auteur catholique français. » Sur les débats que suscita en Angleterre la traduction du Discours sur l’Histoire universelle en 1686, voir Scott Mandelbrote, « Bossuet and the Bible », in Bossuet à Metz, op. cit., p. 233.
21 Voir Heinrich Heppe, Geschichte der quietistischen Mystik in der katholischen Kirche, Berlin, Hertz, 1975, repr. Hildesheim, 1978, p. 490-506 ; Volker Kapp, « Fénelon en Allemagne », in Nouvel État présent des travaux sur Fénelon, dir. Henk Hillenaar, Amsterdam, CRIN 36, 2000, p. 127-151 ; Jacques Le Brun, « Échos en pays germaniques de la querelle du pur amour », in Hartmut Lehmann et al., Jansenismus, Quietismus, Pietismus, Göttingen, Vandenhoeck, 2002, p. 76-91 ; du même auteur, « Résurgences au dix-huitième siècle de la question du pur amour », dans : Studies on Voltaire and the eighteenth Century, vol. 265, Oxford, 1989, p. 1242-1246 ; et bien sûr Le Pur Amour de Platon à Lacan, Paris, Éditions du Seuil, 2002.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-07134-1
- EAN : 9782406071341
- ISSN : 2494-5102
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07134-1.p.0013
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/09/2017
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