"L’histoire secrète de notre cœur" De Massillon au premier romantisme
- Publication type: Journal article
- Journal: Revue Bossuet
2016, n° 7. varia - Author: Tabet (Emmanuelle)
- Pages: 103 to 118
- Journal: Bossuet Studies
« L’HISTOIRE SECRèTE
DE NOTRE CŒUR »
De Massillon au premier romantisme
« Je ne sais rien de plus beau ni de plus vrai, écrivait Sainte-Beuve, que le sermon pour le troisième dimanche de Carême, qui traite des passions et de leurs suites, de la satiété incurable, de ce vide immense et précoce, qui était alors le malheur de quelques uns, et que l’on a vu depuis la maladie d’un grand nombre » : dans son article paru dans le Moniteur en 1853 et repris dans ses Causeries du Lundi1, Sainte-Beuve établit une filiation qui réunit Job, Massillon et Chateaubriand en une même peinture de la maladie de l’âme. Dans le Génie du christianisme, Chateaubriand cite longuement les sermons de Massillon, choisissant en particulier les développements de l’orateur sur « l’abîme de nos passions2 » et sur la mélancolie des cœurs insatiables. Dans le chapitre qu’il lui consacre, il place le « doux Massillon » au-dessus de Bourdaloue et de Fléchier, faisant écho à la profonde admiration que l’on portait, tout au long du xviiie siècle, à un auteur tombé aujourd’hui dans un quasi oubli. Ainsi Buffon considérait Massillon comme « le premier de nos prosateurs, sans même excepter Bossuet3 » ; Blair l’évoquera comme « le plus éloquent de tous les prédicateurs qu’ont produit nos temps modernes4 ». Massillon a ainsi été l’objet d’une véritable admiration, y compris chez les encyclopédistes. D’Alembert écrit : « Le Petit Carême est sinon le chef-d’œuvre, au moins le vrai modèle de l’éloquence de la chaire5 ». Voltaire avait, dit-on, toujours sur sa table le Petit Carême à côté 104d’Athalie et voyait dans les Sermons de Massillon « un des plus agréables ouvrages que nous ayons dans notre langue6 ». Et il y fait de nouveau allusion dans La Henriade comme « un chef d’œuvre d’éloquence, et le modèle presque inimitable des sermons7 ». La peinture amère de l’âme du pécheur en proie aux tourments des passions insatiables continue de résonner chez les romantiques. Le Petit Carême fait encore partie des titres les plus fréquemment réimprimés entre 1815 et 18208. On compte sous la Restauration au moins quatorze éditions de Massillon, cinq sous la Monarchie de Juillet, six de 1848 à 1865, auxquelles s’ajoutent les nombreuses rééditions du Petit Carême ou des Morceaux choisis, qui se trouvaient dans toutes les bibliothèques du premier xixe siècle. On peut ainsi être frappé par le contraste entre l’absence de réédition de Massillon depuis le milieu du xxe siècle – qui s’accompagne d’une bibliographie critique quasi inexistante – et le grand retentissement que connut son éloquence depuis les dernières années du xviie siècle jusqu’au milieu du xixe, et sans doute au-delà. On peut dès lors s’interroger sur les raisons à la fois de cette fascination et de cet oubli. Qu’est-ce qui peut donc expliquer l’influence de son éloquence dans le romantisme français ? Peut-on lire chez Massillon ce qu’André Monglond appelait les « racines du romantisme chrétien9 » ?
Né à Hyères en 1663, formé par l’Oratoire, Massillon est ordonné prêtre en 1692. Il commence à prêcher au moment où la carrière des grands orateurs sacrés se termine – celles de Bourdaloue, de Mascaron, de Bossuet et de Fléchier. Il commence sa carrière à l’église de l’Oratoire de la rue Saint-Honoré, mais c’est par l’Avent de 1799 qu’il se fait véritablement connaître. Le jour de la Toussaint, il monte en chaire dans la chapelle de Versailles, pour prêcher devant Louis XIV et sa Cour, en ouvrant sa prédication sur une transfiguration du langage où la langue des larmes et l’exigence de la réforme intérieure se substituent à l’expression de la gloire :
Sire, si le monde parlait ici à la place de Jésus-Christ, sans doute il ne tiendrait pas à Votre Majesté le même langage […]. Mais Sire, Jésus-Christ ne 105parle pas comme le monde. Heureux, vous dit-il, non celui dont l’histoire va immortaliser le règne et les actions dans le souvenir des hommes, mais celui dont les larmes auront effacé l’histoire de ses péchés du souvenir de Dieu même […]. Heureux enfin, non celui qui, toujours arbitre de la destinée de ses ennemis, a donné plus d’une fois la paix à la terre, mais celui qui a pu se la donner à soi-même, bannir de son cœur les vices et les affections déréglées qui en troublent la tranquillité10.
Si l’on peut lire dans cette éloquence subtile une forme d’astéisme où l’éloge s’insinue derrière l’expression de la vanité de la gloire, on peut aussi y voir une pénétrante mise en garde que l’on a pu réinterpréter, aux lendemains de la Révolution, comme une prophétie. Ainsi Dussault déclare, dans le Journal des débats, à propos de cet exorde du Sermon sur le bonheur des justes prononcé au sommet de la gloire de Louis XIV :
Au milieu de cet enchantement des plus brillantes prospérités et des joies les plus flatteuses dont puisse s’éblouir et s’enivrer l’orgueil humain, le nouvel orateur se présente avec un front où se peint la tristesse évangélique, et laisse tomber ces sévères et lugubres paroles, qui semblaient si peu d’accord avec le présent, et qu’on a pu regarder comme une prophétie de l’avenir : Bienheureux ceux qui pleurent11 !
On peut également voir dans cette vaste amplification du beati qui lugent un recentrage de la prédication autour de la réforme intérieure à laquelle doit se livrer tout homme, fût-il monarque : le combat de l’âme contre les « dérèglements » du cœur. C’est en effet la profonde corruption de la cour et les vices attachés au développement de l’incrédulité que le prédicateur dénonce dans son Grand Carême prêché devant la Cour en 1701 et 1704. On comprend pourquoi Chateaubriand, aux lendemains de la Terreur, choisira dans le Génie du christianisme, pour illustrer la force de l’éloquence de Massillon cet extrait de la Vérité d’un avenir :
Voilà où se réduit la philosophie sublime des impies ; voilà cette force, cette raison, cette sagesse qu’ils nous vantent éternellement. Convenez de leurs maximes, et l’Univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; 106et les loix les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres loix que la force ; plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité ; plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance ; plus d’autres Dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux, tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place12.
Dans cette représentation du chaos, où les rois ne sont plus que fantômes, où les lois les plus inviolables sont brisées, dans cette vision apocalyptique d’un monde qui s’écroule, on peut entendre une sorte de prémonition de la Révolution et de la Terreur.
Après avoir été écarté de la chapelle royale, il prêche devant Louis XV enfant le Petit Carême où l’on a pu entendre, plus encore, une voix prophétique. Dans ces courts sermons qui par bien des endroits font écho au Télémaque, l’orateur ressasse en effet comme un leitmotiv le malheur des grands qui abandonnent Dieu ; il dénonce le peu d’humanité envers le peuple, l’enflure de l’orgueil13 ; il invoque le « jour terrible » où « le roi et l’esclave seront confondus14 », il démontre la « vanité des généalogies » en affirmant que « la noblesse du chrétien n’est pas dans le sang qu’il tire de ses ancêtres, mais dans la grâce qu’il hérite de Jésus-Christ15 » ; il condamne la vanité et la cruauté des conquêtes, « le feu, le sang, le blasphème, l’abomination, et toutes les horreurs qu’engendre la guerre16 ».
L’œuvre de Massillon fut éditée par son neveu en 15 volumes après sa mort, de 1745 à 1748. La préface à cette édition indique bien ce qui séduira tant chez Massillon : « Il vous met votre propre cœur sous les yeux, selon l’expression du Prophète17 ». De fait Massillon non seulement 107interpelle son auditoire pour soutenir son attention, mais il feint de s’adresser, non à tous à la fois, mais à chacun en particulier : « c’est vous, affirme-t-il, mon cher auditeur, que ce discours regarde ». Le sermon conduit dès lors à l’examen de conscience, fondé sur l’auto-observation de soi : « Massillon, écrivait l’abbé Attaix, se constitue auprès de ses auditeurs l’interprète de leurs chagrins intimes et le confident de leurs secrètes angoisses18 ». La fonction première du sermonnaire doit être de tendre à son auditeur un miroir où il puisse se contempler dans sa vérité – ce qui suppose une connaissance approfondie du cœur humain, dans toute la complexité de ses passions : « je ne peins le monde que d’après votre cœur, c’est-à-dire tel que vous le sentez et le connaissez tous les jours vous-même », déclare-t-il dans son Sermon sur le bonheur des justes. Il invite son auditeur à l’introspection, à l’auto-analyse, à l’examen de conscience :
À l’heure même où je vous parle, interrogez votre cœur : êtes-vous tranquille ? Ne manque-t-il rien à votre bonheur ? ne craignez-vous rien ? etc.19
Du reste, le jugement dernier est représenté chez Massillon comme l’instant suprême où l’âme se met à nu et où se dévoilent les profondeurs intimes de l’être, où les récits flatteurs et les glorieux mémoires sont remplacés par « l’histoire la plus affreuse et la plus exacte de notre cœur » :
Ce qui nous surprendra le plus, ce sera l’histoire secrète de notre cœur, qui se dépliera tout entière à nos yeux : de ce cœur que nous n’avions jamais sondé, jamais connu ; de ce cœur qui se dérobait sans cesse à nous-mêmes, et qui nous déguisait la honte de ses passions sous des noms spécieux […]. On nous fera rentrer dans notre cœur, où nous n’avions jamais habité ; une lumière soudaine éclairera cet abîme […]20.
Mais l’homme peut-il réellement se connaître ? Si Massillon en appelle à l’introspection, il affirme en même temps, à l’instar de Pascal, que l’homme demeure un mystère à lui-même et qu’il y a en chacun de nous une part irréductible d’inconnaissable. L’homme, ne cesse-t-il 108de répéter « est presque toujours un mystère à lui-même21 ». Notre cœur est un abyme dont nous ne voyons que la surface : les pécheurs, déclare-t-il, « nous racontent l’histoire de leur vie, mais ignorent celle de leur cœur ».
Dans la lignée des moralistes augustiniens, Massillon jette alors le doute sur les véritables mobiles qui gouvernent nos actions, fussent-elles en apparence les plus louables. Il ne cesse de dénoncer les illusions de l’amour-propre, les détours innombrables qu’emploie la raison pour justifier ses crimes et se donner les apparences de la vertu, non seulement aux yeux du monde, mais à ses propres yeux. Il décrit avec une grande précision les stratagèmes de la mauvaise foi, les raisons qui « ne manquent jamais aux passions », les « prétextes saints » qui servent à justifier des « cupidités injustes22 ». Et de conclure en ces termes :
C’est ainsi, ô mon Dieu ! que nous passons presque toute la vie à nous séduire nous-mêmes ; que nous n’employons les lumières de la raison, qu’à obscurcir celles de la foi23.
Massillon rejoint ainsi ce que Paul Bénichou avait analysé, dans sa « métaphysique du jansénisme », comme une généralisation du doute sur la valeur du sentiment que chacun peut avoir de ses propres états, doute qui « peut atteindre finalement toute connaissance introspective de l’homme, en la déclarant sujette aux puissances trompeuses de l’amour-propre24 ».
Cette remise en cause de la mauvaise foi passe par une réflexion sur la conversion. Massillon montre en particulier comment le confessionnal devient bien souvent le lieu où s’élabore un discours d’autojustification plus que de pénitence et il énumère les multiples prétextes invoqués pour adoucir la faute25. La confession est le plus souvent inutile, car faite de complaisances, de préjugés, et soumise à la morale des hommes (celle de l’usage, de la bienséance) plus qu’à celles de l’Évangile : sonder sa conscience, c’est alors, dit-il, « y répandre de nouvelles ténèbres ». Et 109il revient souvent sur les apparences trompeuses de la conversion, sur la « fausse pénitence », sur la « piété sensuelle26 », sur les « pratiques languissantes de religion27 », telles celles que l’on consacre à Dieu entre deux plaisirs mondains, « moments de repos que nous nous donnons à nous-mêmes plutôt qu’à Dieu », « intervalle que nous mettons entre le monde et nous, pour y rentrer avec plus de goût28 ». Il dénonce la vertu « toute mondaine, superficielle, pharisaïque29 » et met à nu ces hommes respectables dont le monde loue la probité et qui couvrent sous le voile de la religion « une conscience souillée, et des mystères d’ignominie30 ».
Il y a donc au sein même de son éloquence une méfiance face à la parole, une parole qui, dans la société mondaine, n’est plus « l’interprète des cœurs » : « elle n’est que le masque qui les cache et qui les déguise31 ». Il insiste sur la façon dont on se ment à soi-même pour se persuader que l’on est devenu vertueux :
Que les véritables pénitences sont rares, mes frères !que de conversions superficielles et vaines ! et que d’âmes changées aux yeux du monde, se retrouveront un jour les mêmes devant Dieu32 !
Or la pénitence imparfaite finit par engendrer plus de tourments que le crime, car les passions que l’on a tenté d’empêcher n’en sont alors que plus violentes et plus furieuses. Il revient aussi sur les dangers inhérents au récit de conversion, qui par la narration des égarements qui précédèrent la conversion à Dieu conduit le lecteur – ou l’auditeur – à justifier ses propres fautes :
Il semble que les égarements qu’elles pleurent, autorisent ceux que nous aimons, et dans lesquels nous vivons encore […]. Ô étrange aveuglement des 110hommes, de trouver des motifs de dérèglement dans les exemples mêmes de pénitence33 !
Ce que nous rappelle Massillon c’est bien que le récit peut échapper à l’orateur et produire une fascination qui le dépasse tant la représentation du péché charme involontairement l’auditeur qui trouve dans l’extrémité des péchés commis par le futur pénitent la caution de ses propres crimes qui, pense-t-il, pourront toujours être rachetés. Puisque Madeleine a vécu dans la débauche avant de se convertir, pourquoi ne ferais-je pas de même ? Tout raisonnement oratoire peut ainsi facilement être détourné ; et les exemples donnés acquièrent alors une forme d’autonomie qui transforme le récit exemplaire d’une conversion réussie en un portrait fascinant d’une pécheresse voluptueuse. Du reste, Massillon lui-même a pu être soupçonné d’une forme de complaisance avec le mal. Sa rhétorique est en effet une rhétorique fondée sur la répétition lancinante des termes qui confèrent à son éloquence un caractère quasi hypnotique, et qui permettent de capter l’auditoire, mais qui engendrent en même temps une forme de fascination :
Le vice dont j’entreprends aujourd’hui d’exposer les suites funestes ; ce vice si universellement répandu sur la terre, et qui désole avec tant de fureur l’héritage de Jésus-Christ ; ce vice dont la religion chrétienne avait purgé l’univers, et qui aujourd’hui a prévalu sur la religion même, est marqué à certains caractères que je retrouve tous dans l’histoire des égarements de l’enfant prodigue34.
Son sermon sur la Pécheresse a tout particulièrement fasciné Chateaubriand. De fait, comme le remarquera Brunetière, tandis que les autres prédicateurs réduisent Madeleine à n’être que le symbole ou l’allégorie de la pénitence, Massillon s’efforce au contraire de préciser les traits, de lui donner une voix, un corps35. Et du reste le jeune Chateaubriand avouera dans les Mémoires avoir puisé dans les sermon sur la Pécheresse et sur l’Enfant prodigue la matière même de ses premiers fantasmes : « Les volumes de Massillon qui contenaient les sermons 111de la Pécheresse et de l’Enfant prodigue ne sortaient plus de mes mains », écrit-il dans les Mémoires de ma vie au sujet de l’éveil des passions chez le jeune adolescent, à savoir la découverte des plaisirs de la chair en même temps que de la représentation imaginaire du « fantôme d’amour » et des différentes manifestations de la Sylphide. S’il y a certes détournement de la parole oratoire, et amplification de l’exemple, arraché à son contexte et relu dans son pouvoir de fascination, cette relecture des Sermons puise néanmoins sa source dans le fait que l’éloquence de Massillon s’appuie précisément sur la puissance évocatoire des passions, renforcée par l’enchantement du style.
Ce qui séduira les premiers romantiques c’est la profonde mélancolie qui se dégage de cette peinture de l’âme humaine. Comme Pascal en effet, l’orateur peint le divertissement, les vaines tentatives de l’homme pour échapper à sa condition et trouver dans la multiplicité des distractions une « ivresse heureuse » qui le délivrerait de son poids. Mais, nous dit-il, on n’échappe pas à l’ennui : « toute notre vie, affirme Massillon, n’est qu’un art diversifié d’éviter l’ennui, et un talent malheureux de le trouver36 ». D’un sermon à l’autre, l’orateur sacré décrit toute l’ardeur et l’énergie incalculable déployée par les grands de ce monde pour acquérir les honneurs, « le tumulte des places et des emplois37 », la reconnaissance, l’estime d’un monde qui sans cesse déçoit. Fidèle à l’Augustin des Confessions, il ne cesse de montrer que le monde est vain non seulement au regard de Dieu et de l’éternité, mais au regard du monde même :
Que faudrait-il encore pour te détromper du monde, que l’expérience même que tu fais de tes ennuis et de ton propre malheur en le servant38 ?
Ce sont alors de longues descriptions du vain enivrement que procure le monde et de sa profonde cruauté – un monde est représenté moins du point de vue moralisateur qui est celui de l’homme d’Église que du point de vue même qui est celui du mondain :
En effet, mes frères, qu’est-ce que le monde, pour les mondains eux-mêmes qui l’aiment, qui paraissent enivrés de ses plaisirs, et qui ne peuvent se passer de lui ? Le monde ? c’est une servitude éternelle où nul ne vit pour soi, et où, 112pour être heureux, il faut pouvoir briser ses fers et aimer son esclavage. Le monde ? c’est une révolution journalière d’événements qui réveillent tour à tour, dans le cœur de ses partisans, les passions les plus violentes et les plus tristes, des chaînes cruelles, des perplexités odieuses, des craintes amères, des jalousies dévorantes, des chagrins accablants etc.39
L’orateur ainsi fait éprouver de l’intérieur la cruauté et surtout l’ingratitude du monde. Il ne cesse de redire le malheur du mondain qui a tout sacrifié, « son repos, sa conscience, ses biens, sa jeunesse, sa santé » et qui « se voit tout d’un coup fermer les portes de l’élévation et de la fortune, arracher d’entre les mains des places qu’il avait méritées, et qu’il croyait déjà tenir40 ».
On en retrouve chez Chateaubriand de nombreux échos. À l’instar de l’orateur sacré, il oppose les plaisirs à la « félicité » : l’homme seul est en quête d’une félicité qui lui échappe. La formulation de l’insatisfaction fondamentale logée au cœur de tout homme s’énonce dans les mêmes termes que ceux qu’employait Massillon dans son Petit Carême :
L’univers entier ne le satisfait point (Chateaubriand)41
L’univers entier serait sa possession et son partage, qu’il sentirait toujours qu’il se dégrade, et ne se satisfait pas en s’y fixant (Massillon)42.
Le « vague des passions » est indissociable du « vide du cœur » augustinien : du vide intérieur naît l’errance des passions. Et c’est précisément ce vague (« vagus ») que Massillon décrit sans son Sermon sur le malheur des grands : « toutes leurs démarches, écrit-il en citant les Proverbes, sont vagues, incertaines, incompréhensibles : vagi sunt gressus ejus, et investigabiles43 ». Le quatrième sermon du Petit Carême occupe une place essentielle dans la genèse de ce « vague des passions ». Chateaubriand formulait ainsi la maladie qui fut celle de René et des enfants du siècle :
On habite avec un cœur plein un monde vide ; et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout44.
113Or Massillon écrivait, pour décrire le mal dont souffrent les grands de ce monde :
Tout est déjà usé pour eux à l’entrée même de la vie ; et leurs premières années éprouvent déjà les dégoûts et l’insipidité que la lassitude et le long usage de tout semble attacher à la vieillesse45.
La multiplicité des objets auxquels s’attachent les passions leur ôte toute consistance : la « perpétuelle inconstance », écrit Chateaubriand, n’est qu’un « dégoût constant46 » ; « ils ont beau diversifier [leurs plaisirs], écrivait Massillon en une formule tout aussi vigoureuse, ils diversifient leur ennui47 » ; aux vaines espérances, aux vagues désirs succède un « dégoût affreux48 ». La vie, pour ces êtres d’ennui, semble être déjà usée avant même qu’elle ne soit accomplie.
Telle est bien l’une des spécificités de ce « vague des passions » : le désenchantement précède l’expérience ; la désillusion se loge en amont, à la source du désir. Toutefois, Chateaubriand radicalise en quelque sorte la réflexion de Massillon : les jeunes gens décrits par l’orateur sacré ont épuisé toute forme de plaisir ou d’espérance car dès leur plus jeune âge, ils ont déjà tout possédé ; le monde s’est vidé de sa substance après leur avoir trop appartenu. La jeunesse évoquée par Chateaubriand, quant à elle, est désabusée sans n’avoir rien pu posséder qu’à travers ses lectures ; le monde est vide, non parce que la place qu’elles occupent dans le monde les a dégoûtées du monde, mais parce qu’elles apparaissent au contraire comme « étrangères au milieu des hommes49 », « dégoûtées par leur siècle50 » sans doute suivant le double sens de ce terme désignant à la fois le monde profane et l’époque historique dans laquelle elles ne sauraient trouver leur place. L’état qui résulte de ce désenchantement demeure néanmoins très semblable à celui que décrit Massillon, comme en témoigne la conclusion du chapitre consacré au « vague des passions » :
114Ces passions, sans objet, se consument d’elles-mêmes dans un cœur solitaire51.
Vos passions ayant essayé de tout et tout usé, il ne vous reste plus qu’à vous dévorer vous-mêmes52.
Les passions, devenues stériles, finissent par consumer, par dévorer celui qui n’est plus capable de leur trouver un exutoire ; après avoir vidé le monde de sa substance, le « vague des passions » se retourne donc contre un cœur déjà vide. Du reste, dans l’Essai sur les révolutions, Chateaubriand était plus proche encore de la formule employée par Massillon, lorsqu’il évoquait l’homme « seul au milieu de l’univers », « n’ayant à dévorer qu’un cœur vide et solitaire53 ».
L’amour humain ne saurait combler le « vide affreux » que nous sentons en nous-mêmes : telle est l’affirmation répétée tout au long du Sermon sur la Pécheresse de l’Évangile. Or Chateaubriand cite longuement dans le Génie le sermon sur la Pécheresse pour illustrer l’amour passionné :
C’est un désordre d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de tous nos biens… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici de vos passions insensées54.
Et il paraphrase encore dans Les Martyrs de Dioclétien cet extrait de Massillon (qui lui-même paraphrase évidemment les Confessions de saint 115Augustin)55. L’amour n’est jamais récompensé car s’y instille toujours la crainte, la jalousie, le soupçon, l’inquiétude56. Lorsqu’il poursuit en expliquant qu’« il manquait à l’autre une certaine grâce du cœur et de l’âme » et que ses yeux « s’ouvraient sur des défauts inattendus57 », il demeure fidèle à l’affirmation de l’orateur déclarant : « nous découvrons bientôt dans les créatures qui nous l’inspirent [cet amour], des défauts et des faiblesses qui les en rendent indignes ». Enfin, lorsqu’il conclut par l’appel à « cette beauté céleste qui peut seule combler l’immensité de nos désirs58 », il ne fait que reprendre le cœur même du sermon sur la Pécheresse, conduisant au Seigneur « seul assez grand pour remplir l’immensité de notre cœur59 ».
Ainsi, les plaisirs paraissent minés par une secrète insatisfaction, par ce vide qu’ils laissent en nous : « la condition la plus heureuse en apparence, écrivait Massillon, a ses amertumes secrètes, qui en corrompent la félicité60 ». Tel est bien, à la suite de l’orateur sacré, le pressentiment du jeune Chateaubriand : « un secret instinct m’avertissait qu’en avançant dans le monde, je ne trouverais rien de ce que je cherchais61 ». Les chimères semblent avoir arraché au monde le jeune homme ivre de son « fantôme d’amour », mais cette inaptitude au monde n’est pas seulement ici le propre d’un héros « romantique » déphasé par rapport à la vulgarité d’un siècle, c’est aussi la condition même de la vie chrétienne telle que la décrit Massillon, « l’inquiétude d’un cœur qui n’est point 116à sa place et qui ne peut la trouver sur la terre62 ». L’imagination donne naissance à de vains fantômes : « nous ne jouissons jamais, nous espérons toujours63 ». Les pécheurs de Massillon se repaissent de « de fantômes et de chimères64 ». Le monde auquel nous sommes tant attachés n’existe nulle part, « c’est une chimère qui n’est qu’en nous-mêmes65 ».
Il manque en effet au cœur humain la fibre même de la félicité terrestre : « de peur que notre exil nous devienne trop aimable, nous y sentons toujours, par mille endroits, qu’il manque quelque chose à notre bonheur66 » ; « [il] sent toujours qu’il manque quelque chose à son bonheur67 » ; « je sens qu’il me manque quelque chose », déclarait aussi Jérôme dans Les Martyrs68. Il y a dans les plaisirs un « fonds d’ennui et de tristesse », une « amertume secrète » ne cesse de répéter Massillon. Mais chez l’orateur chrétien, l’amertume est le résultat direct du vice, des désordres du cœur humain ; le dégoût est consubstantiel au péché. Chez Chateaubriand, l’amertume est dans le monde ; elle n’est pas le résultat des chimères du jeune Chateaubriand, celles-ci constituant plutôt un refuge face aux « misères69 » de la destinée.
Chateaubriand semble avoir conçu le personnage de René à l’image des êtres tourmentés, lassés du monde, envahis d’amertume qui hantent l’univers de Massillon : à l’instar de René, ceux-ci errent dans le monde, « portant partout un cœur malade et inquiet, et ne trouvant rien qui les fixe et qui les calme70 ». Le portrait qu’il trace dans le sermon sur la pécheresse ou dans le sermon sur l’enfant prodigue de l’homme errant d’objet en objet, cherchant désespérément un bonheur qui le fuit, et dont le cœur se révolte tout entier fait écho au René des Natchez : « il traîne toujours un fonds d’inquiétude que rien ne peut calmer » ; « obligé de 117se fuir sans cesse, de peur de se retrouver avec sa propre conscience, il erre d’objet en objet, de passion en passion, de précipice en précipice71 ». René est bien la figure de ce que Massillon nomme dans son Sermon sur la Pécheresse la « pénitence imparfaite » : le remords qui ne va pas jusqu’à la conversion ne permet pas d’apaiser les passions ; bien au contraire il ne fait que les amplifier. Le pénitent qui demeure dans l’entre-deux est un pénitent profondément malheureux :
Vos passions plus violentes et plus furieuses, depuis que vous les aurez arrêtées et suspendues, sans les affaiblir et sans les combattre, vous feront éprouver des agitations et des orages que vous n’aviez jamais éprouvés, même dans le crime72.
Un fond de tristesse « le suit partout », écrivait Massillon à propos de l’enfant prodigue ; René évoque à son tour « cette inquiétude, cette ardeur de désir qui [l]e suit partout73 ». En outre, la conclusion de René sur la première partie de son existence, précédant la tragédie d’Amélie, ressemble étrangement au bilan dressé par les hommes du monde qui, chez Massillon, se destinent à la conversion : « J’avais essayé de tout, et tout m’avait été fatal74 », proclame René ; « Vous avez essayé de tout, et tout vous a lassé », déclare Massillon.
Ne reste ainsi à l’errant prisonnier de son crime que les « remords affreux de la conscience », la « tristesse du crime qui nous mine75 ». On peut alors dans les remontrances que le père Souel adresse à un René errant à la fois dans la passion et le remords l’écho de la mise en garde que Massillon adresse au pécheur – « vous serez à vous-même une tentation continuelle […] ; vous serez un pénitent malheureux, sans consolation, sans paix ». Comme l’écrira Sylvestre de Sacy en 1848 au sujet du sermon Sur les Afflictions : « Le sentiment qui y domine est celui d’une mélancolie inconnue dans le siècle de Louis XIV76 ». En effet, par son exploration mélancolique des abîmes du cœur humain, par sa peinture 118amère d’un monde où l’on « dévore » ses agitations et ses peines, où des âmes insatiables cherchent sans le trouver un bonheur qui les fuit, où des êtres ennuyés d’eux-mêmes et blasés se heurtent à la fois à la violence des passions et au vide qu’elles laissent dans le cœur, Massillon continue de fasciner le premier romantisme – jusqu’à Sainte-Beuve ou Balzac déclarant encore au sujet du Lys dans la Vallée avoir « voulu (se) servir de la langue et du style de Massillon77 ».
Emmanuelle Tabet
CNRS (UMR 8599 / CELLF)
1 Sainte-Beuve, Causeries du Lundi, Paris, Garnier, 1857, p. 24.
2 Sainte-Beuve, Génie du christianisme, II, III, 2, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1978, p. 689.
3 Sainte-Beuve, Causeries du Lundi, Paris, Garnier, 1854, t. IX, p. 7 : « Buffon […] estimait Massillon le premier de nos prosateurs ».
4 Hugh Blair, Leçons de rhétorique et de Belles-Lettres, Paris, Gide, 1797, p. 28.
5 D’Alembert, « Éloge de Massillon », in Œuvres complètes de D’Alembert, Paris, Belin, 1821, t. II, 1e partie, p. 216.
6 Lettre à M. d’Argental, 7 juillet 1769, in Œuvres complètes de Voltaire, Paris, 1785, tome 61, p. 128.
7 Œuvres complètes de Voltaire, Paris, 1785, t. 10, p. 231.
8 Martyn Lyons, Le Triomphe du livre. Une histoire sociologique de la lecture dans la France du xixe siècle, Paris, Promodis / Éditions du Cercle de la Librairie, 1987, p. 83.
9 André Monglond, « Massillon ou les origines du romantisme chrétien », in Pèlerinages romantiques, Paris, Corti, 1968, p. 41-55.
10 Massillon, « Sermon sur le bonheur des justes », in Œuvres de Massillon, Paris, Didot, 1838, t. I, p. 7.
11 Annales littéraires ou mélanges de littérature, choix des principaux articles insérés par M. Dussault dans le journal des débats depuis 1800 jusqu’à 1817, Paris, Grimbert, 1824, 5 vol., t. V, p. 475-497.
12 Chateaubriand, Génie du christianisme, III, IV, 3, éd. citée, p. 861.
13 Massillon, Petit Carême, « Sur l’humanité des grands envers le peuple », in Œuvres, t. I, p. 578.
14 Massillon, Petit Carême, « Sur le respect que les grands doivent à la religion », in Œuvres, t. I, p. 567.
15 Massillon, « Panégyrique de saint François de Paule », in Œuvres, t. II, p. 104.
16 Massillon, « Oraison funèbre de Louis le Grand », in Œuvres, t. I, p. 678.
17 Sermons de Massillon évêque de Clermont. Petit Carême, Paris, Estienne et Herissant, 1745, p. 10.
18 Abbé Attaix, Étude sur Massillon, Toulouse, Chauvin et fils, 1882, p. 95.
19 Massillon, « Sermon pour la fête de tous les saints. Sur le bonheur des justes », in Œuvres, t. I, p. 176.
20 Massillon, « Sermon pour le premier dimanche de l’Avent. Sur le jugement universel », in Œuvres, t. I, p. 25.
21 Massillon, « Sermon pour le vendredi de la première semaine de Carême. Sur la confession », in Œuvres, t. I, p. 219.
22 Massillon, « Sermon sur l’immutabilité de la loi de Dieu », in Œuvres, t. I, p. 463.
23 Ibid.
24 Paul Bénichou, Morales du Grand Siècle, Paris, Gallimard, 1948, p. 142.
25 Massillon, « Sermon pour le jour de Pâques. Sur les causes ordinaires de nos rechutes », in Œuvres, t. I, p. 394.
26 Massillon, Sermon pour le jeudi de la semaine de la passion, La Pécheresse de l’Évangile, Première Partie, in Œuvres, t. I, p. 496.
27 « Sermon pour le lundi de la semaine de Passion. Sur l’emploi du temps », in Œuvres, t. I, p. 471.
28 Idem, p. 469.
29 Massillon, « Sermon pour le jeudi de la semaine de la passion, La Pécheresse de l’Évangile », Première Partie, in Œuvres, t. I, p. 495.
30 Massillon, « Sermon pour le premier dimanche de l’Avent. Sur le jugement universel », in Œuvres, t. I, p. 25.
31 Massillon, Paraphrases sur les Psaumes (« Paraphrase du psaume X ») in Œuvres, t. II, p. 497.
32 Massillon, « Sermon pour le premier dimanche de Carême. Sur la parole de Dieu », in Œuvres, t. I, p. 166.
33 Massillon, « Sermon pour le jeudi de la semaine de la passion, La Pécheresse de l’Évangile », Première Partie, in Œuvres, t. I, p. 498.
34 Massillon, « Sermon pour le vendredi de la deuxième semaine de Carême. Sur l’enfant prodigue », in Œuvres, t. I, p. 281.
35 Brunetière, Études critiques sur l’histoire de la littérature française, 2e série, Paris, Hachette, 1922, p. 63-120.
36 Massillon, « Sermon pour le lundi de la semaine de la Passion », in Œuvres, t. II, p. 548.
37 Ibid.
38 Massillon, « Sermon pour la fête de tous les saints. Sur le bonheur des justes », in Œuvres, t. I, p. 3.
39 Ibid.
40 Massillon, « Sermon pour la fête de tous les saints. Sur le bonheur des justes », in Œuvres, éd. citée, t. I, p. 116.
41 Chateaubriand, Génie du christianisme, Partie I, L. VI, ch. i, éd. citée, p. 603.
42 Massillon, « Sermon pour le troisième dimanche de Carême sur le malheur des grands qui abandonnent Dieu », in Œuvres, t. I, p. 572.
43 Ibid.
44 Chateaubriand, Génie du christianisme, Partie II, L. III, ch. ix, éd. citée, p. 714.
45 Massillon, « Sermon pour le troisième dimanche de Carême sur le malheur des grands qui abandonnent Dieu », in Œuvres, t. I, p. 573.
46 Chateaubriand, Génie du christianisme, Partie II, L. III, ch. ix, p. 715.
47 Massillon, « Sermon pour le troisième dimanche de Carême sur le malheur des grands qui abandonnent Dieu », in Œuvres, t. I, p. 575.
48 Ibid.
49 Chateaubriand, Génie du christianisme, Partie II, L. III, ch. ix, éd. citée, p. 716.
50 Ibid.
51 Ibid.
52 Massillon, « Sermon pour le troisième dimanche de Carême sur le malheur des grands qui abandonnent Dieu », in Œuvres, t. I, p. 575.
53 Chateaubriand, Essai sur les révolutions, Partie I, ch. lxx, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1978, p. 265.
54 Chateaubriand, Génie du christianisme, Partie II, L. III, ch. 2, éd. citée, p. 690.
55 « Nous n’avions jamais trouvé dans nos attachements, ce repos du cœur et cette plénitude de jouissance que nous y cherchions » (Chateaubriand, Les Martyrs de Dioclétien, L. IV, p. 181, repris dans les Martyrs, variante de la page 179, Paris, Gallimard, « Pléiade », p. 1583) ; « C’est un désordre d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos » (Massillon, « Sermon pour le jeudi de la semaine de la passion, La Pécheresse de l’Évangile », in Œuvres, t. I, p. 498).
56 « On doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime : on est ingénieux à se rendre malheureux, et à se former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies » (Massillon, « Sermon pour le jeudi de la semaine de la Passion, La Pécheresse de l’Évangile », in Œuvres, t. I, p. 497).
57 Les Martyrs, L. V, p. 179.
58 Ibid.
59 « Sermon pour le jeudi de la semaine de la Passion, La Pécheresse de l’Évangile », in Œuvres, t. I, p. 497.
60 Massillon, « Sermon pour le IIe dimanche de l’Avent, Sur les afflictions », in Œuvres, t. I, p. 329.
61 Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe¸éd. J.-C. Berchet, Paris, Bordas, 1989, L. III, ch. 13, p. 230.
62 Massillon, « Sermon pour le mercredi de la semaine de la Passion, Sur les dégoûts qui accompagnent la piété en cette vie », in Œuvres, t. I,, p. 484.
63 Massillon, « Panégyrique de saint Benoît », in Œuvres, t. II, p. 114.
64 Massillon, « Sermon pour le mercredi de la semaine de la Passion, Sur les dégoûts qui accompagnent la piété en cette vie », in Œuvres, t. I, p. 484.
65 Massillon, « Panégyrique de saint Benoît », in Œuvres, t. II, p. 114.
66 Massillon, « Sermon pour le IIe dimanche de l’Avent, Sur les afflictions », in Œuvres, t. I, p. 328.
67 Massillon, « Sermon pour le mercredi de la semaine de la Passion, Sur les dégoûts qui accompagnent la piété en cette vie », in Œuvres, t. I, p. 483.
68 Chateaubriand, Les Martyrs, L. V, éd. citée, p. 180.
69 Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, L. III, ch. 12, éd. citée, t. I, p. 230.
70 Massillon, « Second sermon pour le mercredi des cendres, Motifs de conversion », in Œuvres, t. I, p. 132.
71 Massillon, « Sermon pour la fête de tous les saints. Sur le bonheur des justes », in Œuvres, éd. citée, t. I, p. 116.
72 Massillon, « Sermon pour le jeudi de la semaine de la Passion, La Pécheresse de l’Évangile », in Œuvres, t. I, p. 498.
73 René in Chateaubriand, Atala, René, Les Natchez, éd. J.-C. Berchet, Librairie générale française, « Le Livre de Poche », 1989, p. 204.
74 Chateaubriand, René, éd. citée p. 216.
75 Massillon, « Sermon pour le mercredi de la semaine de la Passion, Sur les dégoûts qui accompagnent la piété en cette vie », in Œuvres, t. I, p. 483.
76 Sylvestre de Sacy, Variétés littéraires, morales et historiques, Paris, Didier, 1858, t. I, p. 85.
77 Balzac, « Lettre à Mme Hanska d’octobre 1835 », in Lettres à l’Étrangère (1833-1842), Paris, Calman Lévy, 1906, p. 278.
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- ISBN: 978-2-406-06679-8
- EAN: 9782406066798
- ISSN: 2494-5102
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06679-8.p.0103
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-22-2016
- Periodicity: Annual
- Language: French