Index des proverbes et locutions proverbiales
- Publication type: Book chapter
- Book: Recueil général de moralités d’expression française. Tome II
- Pages: 579 to 582
- Collection: French Theatre Library, n° 53
INDEX DES PROVERBES
ET LOCUTIONS PROVERBIALES
Figurent ici, par ordre alphabétique du mot principal, les proverbes et sentences relevés des cinq pièces de ce volume : I : La Moralité du Jour Saint Antoine ; II : La Moralité du Chastiement du Monde ; III : La Moralité de la Croix Faubin ; IV : Le Jeu d’Argent ; V : L’Aveugle et le Boiteux d’André de la Vigne.
Le relevé et l’interprétation des proverbes se fondent principalement sur les ouvrages suivants :
Cotgrave, Randle. A Dictionarie of the French & English Tongues, Reproduced from the first edition, London, 1641, with introduction by William S. Woods, University of South Carolina Press, Columbia, 1950, second printing [abrégé : Cot.].
Di Stefano, Giuseppe. Dictionnaire des locutions en moyen français, Montréal, CERES, 1991 [abrégé : Di Stef.].
Di Stefano Giuseppe et Rose Bidler. Toutes les herbes de la Saint-Jean : les locutions en moyen français, Montréal, CERES, 1993 [abrégé : Di Stef./Bid.].
Hassell, James W. Middle French Proverbs, Sentences, and Proverbial Phrases, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1982 [abrégé : Has.].
Langlois, Ernst. Anciens proverbes français, Paris, Bibliothèque de l’École des Chartes, 1899.
Leroux de Lincy, Antoine. Le Livre des proverbes français, 2 vol., (Paris, 1859) Genève, Slatkine reprints, 2 vol., 1968 [abrégé : Leroux].
Morawski, Joseph. Proverbes français avant le xve siècle, Paris, Champion, 1925 [abrégé : Mor.].
Schulze-Busacker, Elisabeth. Proverbes et expressions proverbiales dans la littérature narrative du Moyen Âge français : recueil et analyse, Genève, Slatkine ; Paris, Champion, 1985 [abrégé : SchB.].
Aider : Que je ne t’ayde, se ne t’aÿdes (I 1199). Phrase prononcée par Dieu, référence au proverbe « Aide toi et Dieu t’aidera », fréquent au xve siècle. Le proverbe est aussi cité dans un autre jeu scolaire, Le Jeu du Cœur et des cinq sens, Recueil général de moralités, I, p. 685). Di Stef. 261 ; Has. 88.
Argent :
Celluy qui a Argent / Tout son vivent / A bien si emplie (IV 1416-1418).
Quar pour toy, Argent, se fest tout, / Et bien, et mal (IV 220-221). Cf. Di Stef./Bid, p. 26, qui citent Froissart, II, 59 ; et la Moralité du Chastiement du monde, v. 1420 : Il est certain qu’argent tout gaste.
580Quia nichil factum est sine ipso Argento (av. 996) ; Cf. IV, av. 1020 : Quia sine illo nichil factum est.
Besogner : L’on doit essaier / De bien besoigner, / Pour bien avoir (IV 599-601).
Bon morceau : Nulz ne cest que bon mourcel vault / S’il ne gouste bien la sçaveur (IV 1708-1709).
Bonne Œuvre : Qui bon hevre fait, / Ne peult en effait / Que tout bien avoir (IV 587-589).
Brie : Brie sera belle (I 743, II 475). Expression de la satisfaction. André et Robert Bossuat la glosent par « tout ira bien, l’affaire sera réglée » (éd. citée, p. 87, repris dans DMF). Le Chastiement du Monde use également de cette expression (voir note, II 475). Elle est citée dans plusieurs mystères du xve siècle, comme le Mystère de saint Laurent : « Resjouyr se fault : Brie est belle » (DMF). Non relevée par Di Stefano, la locution est à rapprocher du proverbe antérieur au xve siècle Or est Brie bone (Mor., no1554).
Châtier (se) : Bonne doctrine met en luy Qui se chastie par aultruy (II 497-498). Cf. Mor., 314 : Buer se chastie qui par autrui se chastie ; Langlois 97 : Beau se chatie qui par aultruy se chatie, rapproché du latin Felix quem faciunt aliena pericula cautum1 ; Voir aussi Jean Chartier : Belle doctrine prend en luy qui se chastie par autruy2.
Compas : Ne ault ne bas, mais par compas (IV 714).
Corps/âme : Car le corps, il convient pourrir ; / Or est l’arme perpetuele (IV 1619-1620).
Devoir : Celuy qui fait son devoir / A bien vivre et longuement / N’en peulx tousjours que mieulx valoir (IV 1531-1533).
Droit (aller, voler droit) : Aller droit comme une caille, (V 61) : « se jeter comme l’oiseau dans le filet ». Locution relevée dans Di Stefano et le DMF, avec ce texte comme unique référence. L’image fait vraisemblablement allusion au motif de l’oiseau volant droit vers les filets de chasse ; cf. loc. « [être pris] comme la caille au caillier », « être séduit par l’appel du chasseur » (DMF, Mor. 689).
Fin : Et sur tout regardés la fin (IV 761). Voir aussi 747 et 1163). Has. F 88 ; Mor. 174, 510, 2496 ; Leroux II, 232, 279, 282, 512 : A la fin doit on regarder. Cf. Gréban (1473) : Et mal conduit son avangarde / Celluy qui la fin ne regarde ; Bon Advis dans Les Enfants de Maintenant (Ancien théâtre français, III, p. 8) : In primo respice finem.
Fol :
Fol est qui en toy [Argent] a fience (IV 120, 126).
Fol est qui se prise (IV 1402). Devise figurant sur le linceul de L’Homme (?), voir note Il est fol qui non considere / Que la mort si l’a a deffaire, / Et c’on ne set en verité / Quant ce sera (IV 815-818).
Un foul ensseigne biem un saige (II 294). Mor. 2450 : Ung foul conseille bien ung saige ; Langlois 794 : Ung fol advise bien ung sage ; Moralité de Bien avisé Mal avisé : Aulcunes fois advient que fol conseille bien un sage (v. 3205-3206)3.
581Fortune : Faulce Fortune (IV 1724). Cf. Has. F 125 : Fortune la fausse ; F. 126 ; Fortune la muable ; F. 127 : Fortune l’instable ; F.133 : variable Fortune ; Mor. 764 : Fortune torne en petit d’eure ; cf. Leroux II, 301.
Froide joie : Que froide joye aies tu des costes (I 745-746). Formule de malédiction, « que la douleur te saisisse ». Di Stefano ne relève pas cette occurrence, mais renvoie aux Évangiles des Quenouilles, « que male froide joye en prist » (p. 453). Le DMF cite l’occurrence de la Moralité du jour saint Antoine sans la commenter mais en la rapprochant de la loc. avoir froide joye de sa peau, avoir la chair de poule.
Fuseau : Commencement n’est pas fusee (II 512). « Proverbe de création récente [qu’on trouve] fréquemment dans les textes du xve et xvie siècles4 ». Fusée désigne le fil enroulé autour d’un fuseau, d’où « Things are not done as soone as begun » (Cotgrave), ou « pour avoir bien commencé, on ne finit pas toujours bien » (von Wartburg, s.v. fusus).
Haut : Qui plus ault monte qui ne doit, / Plus bas dessent qui ne vouldroit. / Le saige si vous dist cella : / Notés le bien, je vous en prie (IV 690-693). Voir aussi 117-118 ; 698-699. Cf. Mor. 398 : Cil qui haut monte de haut chiet ; Has. F 123 : La terrible marrastre [Fortune] renverse souvent et subit les plus hault montés en la fange (Jean Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont et Omer Jodogne, Bruxelles, 1935-1937, I, 101, vers 1475) ; Leroux, II, 421 : Tex cuide haut monter qui tumbe. Voir aussi La Moralité de la Croix Faubin, v. 299 : Tel fut haut qui chiet en fainge.
Labourer : Qui ne labore en la saison, / La vigne point ne fructiffie (III 48-49). Cf. III 77.
Manne (mangne) : Et je seray issi atendant / Que la mangne viegnie des cieulx (IV 251-252). Cf. Has. M 78 : Leur viengne des chieux comme maune (Froissart)
Monter : Tel fut haut qui chiert en fainge (III 299). Cf. Mor. 398 Cil qui haut monte de haut chiet ; Has. F 123 : La terrible marrastre [Fortune] renverse souvent et subit les plus hault montés en la fange (Molinet, Chroniques5). Voir aussi le Jeu d’Argent (ca. 1470), v. 690-691 : Qui plus ault monte qui ne doit, / Plus bas dessent qui ne vouldroit.
Noix : Qui ne vault trestout une noix (IV 393). Objet de valeur minimale : « qui ne vaut rien ». Cf. Has. N 27 ; Di Stef./Bid. 82.
Oisons : Les oaisons mainront les oaies paistre (II 14). Has., O57. Cf. Pathelin, v. 1586, « Les oisons mainnent les oes paistre », commenté comme suit dans l’éd. Holbrook : « inversion humoristique du proverbe L’oye mène l’oison paistre et le béjaune précède le maistre : c’est Gros Jean qui en remontre à son curé6 » (p. 126). Michel Rousse glose « C’est le monde à l’envers, l’ordre naturel des choses est renversé7. Darwin Smith traduit « Les petits conduisent les grands8 ». Bossuat renvoie à God., 582et à Mor. 1108 : Les poucins mainent les gelines (éd. citée, v. 14).
Ouvrage : L’ouvraige louera le maistre / A la parfin, je le vous di (IV 567-568). Cf. DMF, Proverbes, ouvrier : A l’ouvraige on congnoist l’ouvrier (Mystère d’une jeune fille, c. 1413-1445 [c. 1530]) ; L’ouvrier congnoit on par l’ouvraige (Mystère de la Passion de Troyes, a. 1482, 508). Has. O 98 cite Molinet, Faictz et dictz I, 219) : On dit qu’il n’est ouvrage que de maistre. Voir aussi Leroux, II, 136, 143 : la fin loue l’ouvrier (xvie siècle). Voir aussi Cot. s. v. œuvre : a l’oeure on cognoist l’ouvrier, one may discerne a workman by his work.
Parole : Bonne parrolle bon lieu tient (II 47). Mor. 278 : Bonne parole bon lieu a. ; Has. P52, 4.
Richesse : Considerés que la richesse / De ce monde riens si ne vault, / Car trop plus vauldroit une messe (IV 941-943).
Sage homme : Par deffault de sage homme mest on fol en chaere (II 896) : Deffectu gnari vidi stultum cathedrari. Langlois, no 519, Has. S9 (4 citations) ; cf. Mor. 1696, 1697.
Vent : Autant en porte le vent (I 8) : « cela ne sert à rien ». Locution proverbiale fréquente au xve siècle (cf. Villon, Testament, v. 392). Elle apparaît également dans le prologue du Mystère de Saint Sébastien (v. 56), partiellement identique à celui de la Moralité du jour saint Antoine, et dans d’autres jeux moraux comme la Moralité de Povre Peuple (v. 182). Di Stef. 873).
Vêtu : Tel est vetu qui fut en lange (III 300). Formulation proverbiale non attestée dans Mor. et Has. Cf. note au v. 299-300.
Yeux : Plusieurs voient troup plus cler qu’un / Plura vident occuli quam occulus (II 313, 316). Has. Y1 : « Deux (plusieurs) yeux voient plus (clair) qu’un », et chez Gerson : « Plus aussi voient plusieurs yeulz que ung9 ».
1 Proverbia seriosa 424, éd. Hoffmann, Horae Belgicae, Leipzig, 1845 et Casus dementis correctio sit sapientis.
2 Chronique [1449], éd. Vallet de Viriville, II, 113.
3 Éd. J. Beck, Recueil général des moralités d’expression française, t. 3, Paris, Garnier, 2014.
4 Bossuat, éd. citée, p. 185, note 512.
5 Éd. G. Doutrepont et Omer Jodogne, Bruxelles, 1935-1937, I, 101, v. 1475.
6 Richard Holbrook, éd., Maistre Pierre Pathelin, 2e éd. rev. par M. Roques, Paris, 1962.
7 La Farce de Maître Pathelin, Paris, 1999.
8 Maistre Pierre Pathelin. Le Miroir d’Orgueil, Saint-Bénoît-du-Sault, Tarabuste, 2002, p. 312.
9 Œuvres complètes, éd. P. Glorieux, Paris, 1960, t. VII, p. 1164.
- CLIL theme: 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- ISBN: 978-2-406-07304-8
- EAN: 9782406073048
- ISSN: 2261-575X
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07304-8.p.0579
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-29-2019
- Language: French