Tableau des expressions proverbiales
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre complet. Tome III. Trois Comedies des six dernieres (La Constance, Le Fidelle, Les Tromperies)
- Pages : 657 à 667
- Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 60
tableau
des expressions proverbiales
LA CONSTANCE
Non per dormire poteris ad alta venire, / Sed per studere poteris ad alta sedere. (6vo)
Nos numerus sumus & fruges consumere nati. (7vo)
Pares cum paribus. (8ro)
Varium & mutabile fœmina semper. (8ro)
La femme est tousjours variable & mobile de nature. (8ro)
Sapientis est mutare consilium. (8vo)
Aucune fois le bon Homere ne s’endort-il pas ? (8vo)
Ce qui ne se fait à temps se faict apres quand on n’y pense plus, & ce qui est permis à un aage est blasmé en un autre. (8vo-9ro)
Mulier appetit placere cultu, & impatiens est iniuriarum. (9ro)
L’homme est un estrange animal, semper & ubique. (9ro)
La plus grande partie [des] femmes va [à l’église] plus par usage & pour faire l’une comme l’autre, qu’en intention d’aprendre. (10ro-vo)
Patienter ferre memento. (11ro)
Avec telle sorte de gens il ne faut pas trop se haster. (11vo)
Ab æquali […] conversatione nascitur dignitatis contemptio. (11vo)
Talem uxorem Euripides si habuisset, tam laudasset feminas quam vituperavit. (12ro)
Omnes benignos reddit eruditio. (12vo)
Hominis opes pulchræ sunt literæ. (12vo)
Toute chose a son temps. (12vo)
Omnia tempus habent. (12vo)
Narrare fabulam surdo. (14ro)
Qui est d’une telle nature ne peut faire autrement. (14vo)
Le monde se trompe d’appeller ou docte, ou sçavant, ou prudent tout homme qui sçait seulement dire quatre mots de latin, & que tous les autres sont ignorans. (14vo)
Audaces fortuna iuvat. (15ro)
[Être] paratum ad utramque fortunam. (15ro)
Ô combien grandes sont les forces d’amour. (17vo)
Ainsi vont les affaires de ce monde. (18ro)
[C’est] une folie entreprendre cela qui ne peut reussir en façon quelconque (19ro)
Le propre de [la fortune] est tousjours s’opposer aux honnestes desirs des hommes. (19ro)
Il convient à une honneste fille se contanter de la volonté de son pere. (20ro)
Entre plusieurs choses qui s’esprouvent contraires à la vie paisible de ce monde, ne sont ny les dernieres, ny
658les moindres celles qu’on a à l’occasion de ceux qui nous servent. (22ro)
Ny les bienfaicts, ny les courtoisies, ny quelque autre amitié & humanité ne peuvent le plus souvent rendre ceste perverse condition d’hommes, ny humaine, ny raisonnable, ny fidelle. (22vo)
Les maistres sont plus serviteurs que ne sont pas leurs varlets. (22vo)
Pour un [serviteur bon et fidelle] on en trouve mille desloyaux, larrons, mesdisans, menteurs & en somme tres meschans. (22vo-23ro)
Il faut s’accorder porter patiemment [toute] incommodité & calamité, avec les autres malheurs qui accompagnent la vie. (23ro)
Le monde a esté, est, & sera tousjours pareil. Si quelqu’un est bon, il trouvera qui mesdira de luy. (28ro)
Le monde en croit ce que bon luy semble. (28vo)
Le bon est tousjours congneu des hommes de bien, mais non des malins & meschans. À grand peine les personnes honnestes, & bien apprinses, ont mauvaise opinion d’autruy à la seulle veue. (28vo)
Le menu peuple & gens de petite estoffe sont ceux qui ne croyent seulement la faute qu’ils voyent ou qu’ils entendent, ains bien souvent […] ils sont induits à croire, voire de propos deliberé feignent, ou comme l’on dit, composent au detriment & des-honneur de leur prochain. (28vo-29ro)
Qui a l’honneur en recommandation tient plus de conte d’estre tenu pour bon sans l’estre pourtant du tout, que d’estre bon & reputé pour meschant. (29ro)
Entre vous hommes croyez bien souvent ce que n’est pas, mesmement és affaires des femmes, & le plus souvent le monde se trompe en ces jugemens. (29ro-vo)
Le temps est dict estre pere de la verité. (29vo)
Nous [les femmes] ne sommes propres à reformer le monde. (32ro)
Ce seroit beaucoup trop de vouloir empescher les jeunes hommes de regarder celles qu’ils ayment, pourveu que cela ne tende à autre chose. (32ro)
Ceux qui sont de ceste façon, n’ayment point. (32ro)
Omnia vincit amor & nos cedamus amori. (33ro)
Otia si tollas periere cupidinis arcus. (34vo)
Lis est sub iudice. (35vo)
Per verbum nescio solvitur omnis quæstio. (36ro)
Digniora sunt preferenda. (36vo)
Quia propter unum quodque tale, & illud magis. (36vo)
Ce n’est seulement assez de bien faire, mais faire en sorte que le monde le croye. (39ro)
[Les] mauvaises langues […] ne cherchent qu’à mesdire. (39vo)
Qui est bien nay, & vrayement homme de bien, le demonstre en toutes actions. (41ro)
Il faut vivre selon l’usance, & en toutes choses s’accoustumer avec toutes personnes. (43ro)
On ne peut ny doibt-on faire jugement des hommes, si premierement on n’a entiere cognoissance d’eux. (44ro)
Il n’est pas besoin, si plusieurs d’une profession ne sont dignes d’autre chose que de blasme, les enfagoter tous ensemble, ny croire qu’entre eux il n’y en ayt des bons & vertueux. (44ro)
Comme le monde a esté & sera tousjours de mesme, ainsi ont esté & seront tousjours en toutes professions des bons & des mauvais. (44ro-vo)
Ce n’est pas bien faict de se moquer des 659simples & ignorans, non plus que des affligez & miserables. (46vo)
Ces seigneurs & maistres qui sont aymez se gouvernent plus sagement que ceux qui sont seulement craints. (46vo)
[Les vrais chrétiens] se mettent à genoux en leur chambre, & se promenant seuls, meditent plusieurs choses. (47vo)
Ceux qui sont serviteurs d’amour […] peuvent croire toute chose. (49ro)
Qui s’oblie soy-mesme ne peut-il aysement oublier ses amis ? (49ro)
Au rang des bons & vrays amis on ne met sinon ceux qui, au grand besoin, & où il va de la vie & de l’honneur de l’amy, s’employent ny plus ny moins que pour eux mesmes, & ce qu’ils tiennent de plus cher. (50ro)
Y a il une plus miserable & malheureuse [vie] que celle de celuy qui se donne en proye […] à une tres deshonneste femme ? (51vo)
Trop se trompe le jugement humain. (51vo)
Aucun ne faict mal sinon par soy mesme. (52ro)
Le naturel [des courtisanes], est de faire la pasmée pour l’amour de ceux qu’elles sçavent avoir bonne bourse. (52vo)
Si rares sont [les courtisanes] qui ont tant soit peu de bon, que c’est beaucoup d’en trouver une entre mille. (53ro)
Quant au monde, ne se peut trouver aucune vie qui soit plus chrestienne & civile, ne finalement plus honneste & tranquille, que celle d’un gentilhomme aisé […] vivant avec sa femme & ses enfans pour servir à Dieu, au pays, au prince, & à tous hommes. (54ro)
C’est grand chose […], qu’en […] affaires des femmes la plus part de ceux qui conseillent les autres à se marier n’en veullent eux mesmes rien faire. (54vo)
Jusques à un certain aage on souffre beaucoup de choses à la jeunesse, lesquelles apres sont blasmables & à mespriser. (54vo)
Il y a aucunes choses qui se font presque tousjours avec crainte par ceux qui n’y sont accoustumez. (57ro)
C’est un autant grand mal d’estre obstiné que de ne croire ce qui peut estre, jaçoit que difficilement, comme de croire tout ce qu’on oyt dire. (60ro-vo)
Là où joue l’obstination des femmes, elles veulent tousjours vaincre & emporter le dessus. (61ro)
Les hommes sont hommes, mesmes en certaines choses. (61ro)
Les loix tant divines comme humaines […] veulent […] que toute personne se garde autant que luy est possible de faire injures à son prochain, & de celles principallement qui, trop griefves, offencent en l’honneur ou l’homme ou la femme. (61vo-62ro)
D’offenser Dieu directement les hommes se doivent tant garder, que plustost ils s’offrent endurer mille morts que d’y avoir jamais pensé. (62ro)
Si dignes du dernier supplice sont jugez ceux qui offensent le prochain en choses ordinaires […] quelle peine meriteroit une personne qui en un mesme temps offence griefvement Dieu & les hommes ? (62ro)
Qui en un si long temps peut revenir & ne tient conte revenir en son pays, le renonce tacitement. (62vo-63ro)
En ce monde […] il n’y a amour, ny foy, ny courtoisie sinon feinte & en apparence. (63vo)
Pourquoy entre l’homme & la femme ne peut estre une sincere & parfaicte amitié sans amour lascif, comme on void souvent estre entre deux hommes ? (64ro)
La blessure preveue faict moins de mal. (66vo)
660C’est autre chose […] d’estre entre si & non d’une chose, & autre la sçavoir certainement. (66vo)
Il vaut mieux mourir d’un coup que d’endurer mille morts. (69ro)
Tous amants en general sont soupçonneux. (69vo-70ro)
Dicique beatus ante obitum [nemo] supremaque funera potest. (70ro)
Aucun heureux dire ne se peut pas / Devant le jour de son futur trespas. (70vo)
C’est affaire aux gens des champs & aux bestes de demeurer presque tousjours au village. (73ro)
Qui pense […] aux choses qui peuvent arriver se gouverne beaucoup mieux que ne font ceux qui vivent au jour la journée. (73ro-vo)
Amour ! combien de puissances ont tes forces és esprits des mortels, & combien divers sont les effets qui operent en nos cœurs ! (73vo-74ro)
Tel est l’effect des esperances de ce monde. (75ro)
Quand l’homme croit estre venu jusques au bout de quelque sien desir, & se devoir reposer, la fortune vient qui en moins de rien brouille & trouble toute chose. (75ro-vo)
Le desespoir ne sert à chose quelconque, chacun doit penser à ses affaires. (75vo)
Bien souvent la mort d’un en accommode beaucoup. (75vo)
Mors optima rapit, deterrima relinquit. (75vo)
Le diable a quelque fois plus grande force envers ceux là qui se fient trop en leur sçavoir & propre vertu qu’à l’endroit des autres. (78ro)
Il ne se trouve folie plus grande qu’adjouster foy aux songes. (79ro)
Jamais à quiconque vit chrestiennement, ainsi que personnes bien apprinses & toutes confites en devotion doivent faire, ne mancque celuy qui tout est la bonté infinie. (80ro)
Advienne ce qui pourra. (80vo)
C’est l’ordinaire […] de ceux qui ayment leurs femmes […], retournant d’un loingtain pays de apporter quelque je ne sçay quoy de nouveau qui leur puisse donner quelque contentement. (84vo)
Quelle plus louable chose peuvent faire les hommes que cela qui est enseigné par nature, approuvé de Dieu & accepté universellement de tous ceux qui desirent vivre comme vrais hommes, [non] en guise de bestes ? (85vo)
[C’] est une chose tresbonne, & une grande prudence eslire, non des personnes estranges & incognues, mais de mesme pays, esgalles en noblesse, en aage, & en bonnes mœurs. (85vo)
Dieu […] tousjours est secourable à ceux qui cheminent droictement & suivent la vertu. (86vo-87ro)
Que sommes nous [les femmes] en ce monde sans hommes ? (88vo)
LE FIDELLE
Le long usage se convertit en nature, & les choses de nature ne se peuvent ainsi changer à nostre volonté. (8vo)
D’une mesme façon la nature engendre les femmes & les monstres, & […] il n’y a autre difference entre les monstres 661& les femmes, que de l’imperfection venant du plus au moins, elles ont continuellement deux sortes de larmes aux yeux, dont l’une procede de rage, & l’autre de deception, ne s’en trouvant aucune […] qui plustost ne veu[i]lle faire change de dix amans le moys, que demeurer dix jours à un seul, ce qui advient, par ce que la nature des femmes desire tout ce qu’elle void. (9vo-10ro)
Les femmes sont insatiables, […] elles ne se contentent jamais & ont le diable à dos. (10vo)
Nemo adeo ignavus est quem amor non inflammet. (12ro)
[La] raison naturelle […] veut que chacun ayme soy mesme. (12ro)
Varium mutabile semper femina. (12vo)
Lupus est in fabula. (13ro)
Amour, & jalousie, maladies mortelles des amans. (13vo)
Qui ne s’avance és vertus s’en recule. (14ro)
Qui mores hominum multorum, vidit & urbes. (14vo)
Exclusio unius est inclusio alterius. (15vo)
In omni re, in omni loco, & in omni tempore. (16ro)
Plus grand est le nombre de ces choses qui nous apportent des incommoditez, que le plaisir de celles qui nous donnent du contentement. (16ro)
Quod juvat exiguum est, plus est quod lædit amantes. (16ro)
Le bois une fois bruslé par le feu, pour peu de chose se r’allume incontinent. (16vo)
Intima per mores cognoscimus exteriores. (16vo)
Aut amat, aut odit mulier, nihil est medium. (16vo)
Rei satis demonstratæ quicquid adjicitur superfluum est. (17ro)
Aucun bien fait ne se devroit eslargir à qui refuse le recevoir. (17ro)
Adultus juvenis tandem custode remoto, cereus in vitium flecti monitoribus asper. (17ro)
La douleur & l’ire ostent souvent à autruy l’usage de la droite raison. (21ro)
Peu de raison a de se plaindre, celuy qui est cause de son tourment. (21ro)
La femme est une chose mobile de nature. (22vo)
C’est une usance commune, de courir apres ce qui s’enfuit, & de fuir ce qui poursuit. (23ro)
Le repentir des femmes ne naist sinon au temps que le repentir ne sert plus de rien. (23vo)
C’est chose fort perilleuse n’[…] aymer qu’un seul [homme], aussi dit-on qu’un ne fait nombre. (24ro)
À qui tu dis ton secret, tu donnes ta liberté. Et qui se trouve sans liberté, vit en une serve aspreté. (25vo)
La foy est la plus belle chose du monde, il n’y faut tant de façons ny de conjurations. C’est assez qu’on dise : « J’ayme ». (27ro)
Qui ne croit merite qu’on ne croye point en luy. (27ro)
Une femme sans amant est comme une vigne sans pesseau. (27ro)
Amor non fit nisi coitus gratia. (29ro)
On ne tire point de jus d’un amour simple. (30ro)
Les dames amoureuses ne regardent à l’argent. (31vo)
[Les spheres celestes] attendrissent les substances abstractes des esprits bien-heureux. (32ro)
L’opinion conduit les choses à leur fin, non qu’elle puisse alterer la verité, mais parce qu’elle regit & gouverne nostre entendement. (33vo)
C’est le propre à ceux qui aiment, de tousjours douter. (35ro)
Les larmes és yeux d’une femme cachent mille meschancetez, & les font par 662artifice tomber quand & comme il leur plaist (35ro)
[Passer] sur la pointe d’une esguille. (39vo)
Littore quot conchæ, tot sunt in amore dolores. (40ro)
Ces femmes […] ont la rage à dos, la tromperie d’un costé, & la haine de l’autre, la faulseté en la partie interieure, & le diable en l’exterieure, l’amour leur est comme une flamme entre deux vents contraires, elle vacille, ores inclinant deça, & ores delà. Elles ont leur foy plus fragile que le verre, en leurs promesses sont instables, en leurs pensers plus legeres que la plume voltigeante en l’air, & en fin plus mobiles que l’onde flottante en plaine mer, & ne sont en aucune chose constantes, sinon en leur inconstance. (40ro)
Effugi malum & inveni bonum. (40vo)
L’amour des femmes est du tout different de celuy des hommes, pource que icelles apres avoir mordu en l’ameçon, s’allument d’un double feu, & les hommes ayant prins du julep demeurent sans soif, & sont raffraichis. (41vo)
Amour asseure les esprits timides. (41vo)
És faits d’amour, les femmes disent encores ce qu’elles ne sçavent pas. (44vo)
Il n’y a animal au monde plus vil que la femme. (46vo)
Car tenir les femmes en doute de l’amour qu’on feint leur porter, & se laisser veoir peu souvent, elles se resolvent incontinent. (47ro)
Liber existimandus non est qui servit turpitudini. (48ro)
Terra nil pejus creat ingrato homine. (48ro)
Lacrimarum valle. Regina rogo. (49ro)
Que miserables sont ces mariz qui espousent des femmes sans sçavoir comme elles ont esté nourries & eslevées ! (50ro)
Fœmina nulla bona. (51ro)
Plus est occulatus testis unus quam aurei decem. (51vo)
Par pari referto. (52ro)
Videre est facile, providere est difficile. (52vo)
Il vaut mieux que la croix voise en la maison d’autruy, qu’elle vienne en la nostre. (55ro)
Un peché secret est à demy pardonné. (56ro)
Rectei loquendi recteque scribendi. (57ro)
Unusquisque scit quod didicit. (57vo)
Dolus malus, dolus bonus, venenum malum, venenum bonum. (58ro)
Sine doctrina vita est quasi mortis imago. (58ro)
Le chien qui abbaye beaucoup ne mort gueres souvent. (60ro)
Celuy là n’est pas homme, qui n’est point amoureux. (61ro)
Se donner […] du plaisir quand l’occasion se presente, ne peut estre sinon une bonne amitié, & n’y a chose plus douce ny plus suave qu’icelle. (62ro)
Qui a le temps ne doit attendre le temps. (62vo)
Tu embrasses trop pour bien estraindre. (63ro)
Si on nous [les femmes] en donne un doigt, nous en voulons une palme. (63vo)
C’est le propre du sexe feminin, nier en apparence ce qu’en effet il desire accorder. (64ro)
Le vray dire nenny des femmes honnestes est de ne prester l’oreille aux parolles des amoureux, & […] les autres femmes ne disent nenny à autre occasion, sinon pour faire parroistre d’estre prinses par force, & non de leur bon gré. (64ro-vo)
Il n’est raisonnable, & y a de l’inhumanité de tourmenter une jeune fille qui 663aime, il n’est honneste luy manquer de foy, car cela tient de la trahison. (66vo)
Les plus fidelles compagnons d’Amour sont infidelité, flaterie, tromperie, trahison, jalousie, courroux, haine, inimitié, discorde, cruauté, perte, tourment, ruyne, pauvreté, suspicion, inquietude de corps, maladie d’esprit & mort, & entre tant qu’on y court, entre tant de peines qu’on y endure, entre tant de miseres qu’on y sent, entre tant de ruynes qui ruynerent un monde, ne s’espreuve jamais autant de bien que ce bref & court qu’on possede en embrassant la chose aymée. Bien, […] qui avec une petite & douce amorce, aleche nos cœurs, puis prins à l’hain comme le poisson, nous conduit à la mort. (68vo-69ro)
Qui n’a contentement ne peut reposer. (69vo)
Le mal estant accompagné de patience se resoult en bien. (69vo)
Tous commencemens sont difficiles. (71vo)
Qui la fera dire ou dira, de bonne mort point ne mourra. (72ro)
Il vaut mieux vivre petit que mourir grand. (72ro)
Melius est non cœpisse quam non perseverare. (74ro)
Quelle chose peut estre pire que la femme ? (74vo)
Cupio aliquid agere quod tibi gratum ac jucundum sit. (74vo)
Tibi me virtus tua fecit amicum. (74vo)
Amicorum omnia sunt communia. (75ro)
Ut est hominum ingenium a labore proclive ad libidinem. (75ro)
Brevis esse laboro. (75vo)
Translata verba quasi stellæ illustrant orationem. (75vo)
Miser est qui amat. (76vo)
Dum se comunt, dum se pectunt annus præterit. (77ro)
Ubi mulieres, ibi omnia mala sunt. (77ro)
Dux malorum fœmina, & scelerum artifex. (77vo-78ro)
La femme est guide à tous maux, & inventrice de toutes meschancetez. (78ro)
Quand quelques bestes sont picquées de cet esguillon, elles sont agitées de plus grande fureur que ne sont les jeunes bouvillons au temps d’esté, ne se trouve chose tant espouventable que, pour satisfaire à leur bestial appetit, non audeant. (78ro)
O mulier omnis facinoris causa, & plusquam omnis. (79ro)
[Rendre] pierre pour pain. (80vo)
Maudit soit qui croit aux hommes. (80vo)
Qui baise deux bouches faut que l’une luy pue. (80vo)
Nous autres femmes sommes toutes entachées d’une mesme poix. (86vo)
S’enamourer ne naist d’autre chose […] que d’une blessure que le dieu d’Amour, descochant son arc, [fait] au cœur des personnes, & […] celuy qui est enamouré devient comme hors de soy, tellement que tu dirois que celle sagette qui le frappe au cœur le touche & le blesse en ce mesme instant encores au cerveau, l’art de la maquerelle faict ce que le fisicien & le chirurgien ne peuvent faire en nos corps, puis qu’on n’a jamais veu qu’aucun, auquel ou par blessure ou par quelque autre accident le cœur ou le cerveau a esté offensé, en soit guery, ains que miserablement, la chose estant desesperée, il en meurt. (89vo)
Tempori cedere & necessitati parere. (91vo)
D’une mauvaise œuvre ne peut venir une bonne fin. (92ro-vo)
664La femme […] par les Latins [est dite] mulier, quia mollior a mollitie, & l’homme vir, a virtute. (92ro)
Si c’est une chose mauvaise faire injure à autrui, qui est un mal, rendre encores l’injure qui est la pareille est aussi un mal, & encores un plus grand mal, d’autant que la vengence excederoit les limites de l’offense qui vous a esté faite. (92vo)
Inter mitia animalia nullum est magis noxium quam adulator. (92vo)
[La colère] impedit animum ne possit cernere verum. (92vo-93ro)
Agentes & consentientes pari pena puniuntur. (93ro)
Puis que l’amour des femmes ressemble à l’eau mise en un crible, qui entre d’un costé, & sort par mille endroits, c’est une grande folie aux hommes de croire qu’une affection feminine puisse durer perpetuellement. (94vo-95ro)
Les larmes coulans des yeux d’une belle femme ont une admirable & incroyable puissance. (103ro)
Quand une grande amitié est convertie en hayne, le pleur augmente le desdain. (103ro)
La vie de ces amants qui ayment par jeu & mocquerie est autant heureuse comme est miserable celle de ceux qui ayment à bon escient. (103vo)
La femme [est] un esguillon donné à l’homme, ains un dommage commun, qui condamne à une infinité de tourmens quiconque s’y rend subjet. (104ro)
Qui la [femme] chastie autrement que par la mort […], il la rend plus venimeuse qu’une vipere. C’est pourquoy, tousjours en leurs yeux & en leur cœur prompts à mal faire, on les [femmes] apperçoit remplies d’un feu ardant, parce que la femme n’est à autre chose attentive sinon à tenir caché soubs une artificielle beauté les plus ordes & vilaines choses qu’on puisse imaginer. (105ro)
Sibi parat malum qui alteri parat. (106vo)
Il n’appartient pas à un honneste & noble gentil’homme se vanger d’une femme, mais est convenable considerer qu’envers les dames l’esloignement des yeux est l’obly de la souvenance, & que tout ce qui est advenu à tous amans luy peut encores advenir. (106vo-107ro)
Casta est quam nemo rogavit. (107vo)
L’amour & la pieté trompent souvent celuy qui trop s’y fie. (107vo)
Accessorium sequitur naturam sui principalis. (108ro)
La flatterie est aujourd’huy plus profitable à l’homme que toute autre chose. (108vo)
Obsequium amicos veritas odium parit. (108vo)
La commodité est celle qui faict l’homme larron. (110vo)
Solatium est miseris socios habere pœnarum. (110vo)
Accidit in puncto quod non contingit in anno. (111ro)
Audaces fortuna juvat, & omnia vincit amor. (111vo)
Virtute duce comite fortuna. (112ro)
Un qui ayme ne doit avoir esgard à autre chose qu’au bien servir. (113ro)
Ne doit on pas preferer à tout autre bien le plaisir qu’on tire de la dame aymée ? (113ro)
Quod exemplo fit jure fieri putant. (114vo)
Quand on s’achemine à une entreprise difficile, le sang se retire des extremitez corporelles, & court se rendre au cœur, fontaine des esprits vitaux. (115ro)
Sublimi feriam sidera vertice. (116vo)
Cum bonis ambula. (117vo)
Vir bonus dicendi peritus & non latro. (118vo)
Sub sordido pallio sæpe latet sapientia. (120ro)
665Omnis homo natura scire desiderat. (120vo)
Quiconque cherche mettre fin à un sien juste desir, ne devroit jamais prester les oreilles aux lamentations feminines, & mesmement à celles d’une femme qu’on a de long temps aimée. (123vo)
Il n’y a chose au monde plus propre à appaiser l’ire des hommes, que l’humilité des ennemis. (123vo)
L’impetuosité du courroux transporte le plus souvent les hommes à commettre choses inhumaines & plaines de cruauté. (124ro-vo)
Un cœur repentant merite pardon. (125vo)
La mort est la fin des travaux & commencement de la vie. (126ro)
[Il] vaut mieux faire plaisir d’un pied à un honneste homme, que d’un doigt à un sot & badin. (127vo-128ro)
Brevis oratio penetrat. (128vo)
O fortuna potens quam variabilis, evertis tu bonos, erigis improbos ! (128vo)
Letumque volunt pro laude patisci. (129ro-vo)
Interpone tuis interdum gaudia curis, ut possis animo quemcumque sufferre laborem. (129vo)
Tormentum dicitur quasi torquens mentem. (132ro)
[Il] se trouvent autant de manieres pour mettre en soupçon une femme d’honneur qu’il y a d’estoilles au Ciel. (141ro)
Ceux qui ont de l’entendement ne s’esmeuvent pour choses tant legeres, & ne croyent si facillement aux parolles d’un serviteur qui peut estre transporté de mille passions. (142ro)
La plus grande partie des femmes est honneste, & […] plusieurs d’icelles qui par accident de fortune, ou par la malice des personnes, ont esté reputées impudiques, sont neantmoins tres chastes. (142vo)
La beauté du corps donne un indice manifeste de la beauté de l’esprit. (143ro)
Les femmes, se cognoissant n’estre aimées, sont […] courtoises à favoriser ceux qui feignent les aymer. (143ro)
Qui ne peche point avec l’intention, ne merite blasme & chastiement. (143ro)
Mais pource que les hommes taschent avec le temps pouvoir vaincre toute chose, [ils] r’apportent toute operation à l’amoureux effect. (143vo)
Les actes veneriens ne se font és places publiques. (145vo)
Naist la mauvaise renommée du sexe feminin non pour ses œuvres, qui sont pour la plus part dignes d’eternelle louange, mais des accidens de fortune, de l’insolence des amants, de la malignité des hommes, & d’une generale & mauvaise opinion entrée és personnes adonnées au mal. (145vo-146ro)
Un peché follement fait va follement en la maison du diable. (147vo)
LES TROMPERIES
L’amoureux qui est sans argent / Ressemble un escollier sans livres, / Un nocher sans art, un sergent / Sans recors, & un camp sans vivres. (6vo)
Une maquerelle honteuse / Engendre à sa fille des poux, / Et rien qu’ails, qu’oignons & que choux / Ne remplisse sa pense creuse. (7ro)
666[Conter] les chevilles. (7ro)
[Ne pas savoir] de quel bois faire flesche. (9ro)
Il laisse le fruict pour la fueille, / Pesche tourment, & rongne acueille, / Et chez soy retire un tyrant / Qui se marie & dame prent. (12vo)
Un seigneur qui t’oste le tien, / Un soldat qui mange ton bien, / Et la verolle, est moindre rage / Que prendre femme en mariage. (12vo)
Ne te fie à mule qui rit, / N’à femme qui de l’œil fait signe, / Car l’une des pieds te ferit, / L’autre des ongles t’esgraffigne. (13vo)
Aux resveries des malades, / Aux songes vains, extravagans, / Aux forcenemens des Menades, / Aux folles des Grecs & Troyens, / Aux diseurs de bonne aventure, / Aux mariniers, aux courtisans, / Aux orloges qui n’ont mesure, / Aux pelerins, & aux marchans / Aux tiltres hauts & honorables / Des happelopins & flatteurs, / Et aux promesses peu durables / Des princes & des grands seigneurs / On doit mille fois plustost croire / Qu’aux sermens & foy des putains, / Car de mentir elles font gloire, / Leurs cœurs de mensonge estans plains. (14ro-vo)
Qui trop se subtilise, / Plus il entre en bestise. (14vo)
Ainsi qu’au bon vin court l’Almant, / Au sel la chevre, au miel la mouche, / Ainsi l’impatient amant, / Ayant succé dessus la bouche / De sa dame le succre doux, / Retourner y veut à tous coups. (15vo)
Le barbier ne se contente du poil. (15vo)
Si tost l’enfant ne change de vouloir, / Si peu ne dure au clair soleil la nue, / La neige encor n’est si volage au cheoir, / La fueille n’est au vent si tost esmeue, / Et le printemps n’est point tant inconstant, / Que variable est le cœur d’un amant. (16vo)
Peu d’amitié, peu de foy. (22ro)
Au vieil rassotté fay caresses, / Si en bref veux avoir richesses. (24vo)
Il fait sa cuisine sans lard, / Qui ne caresse le vieillard. (24vo)
Le sot vieillard que l’amour picque / Est une tres bonne praticque. (24vo)
La courtisane enjalousée, / Quitte un chacun & abusée / D’un tout seul qui luy semble beau / Vit esclave & court au bordeau. (24vo)
La dame qui n’est amoureuse / Est une fontaine sans eau, / Un corps sans ame, & un anneau / Sans une pierre precieuse. (25ro)
À l’hospital court ceste-là / Qui rien ne grippe & fait cela. (25ro)
Pour un plaisir qui tant peu dure / Tout à beau loisir se repent / Celle qui se fait la monture / D’un chacun, & qui rien n’en prent. (25ro)
Plustost se taira la cigalle, / Et la grenouille fuyra l’eau, / Que ne soit d’une putain sale / L’amant plumé jusqu’à la peau. (26vo)
És guerres d’amour celuy qui fuit est le vainqueur. (27ro)
Il est bien aisé à ceux qui sont sains de conseiller les malades. (28vo)
La langue oint où la dent poing. (28vo-29ro)
Il est malseant à un homme se vanter, car quoy qu’il en soit, la verité est tousjours cogneue. (34ro)
Qui ayme fort veut autre consolation que de lettres. (36vo)
Quand quelcun a mal, toute chose luy nuit. (37ro)
Un grand bien fait ne se paye point qu’avec grande ingratitude. (38vo)
Toute putain qui donne n’est pas hors de soupçon. (42vo)
Tu n’as jamais, qu’il ne te couste bon, / D’un hostellier les frivolles carresses, / Ny d’un barbier l’agreable fredon,/ Ny les presens des garces flatteresses. (42vo)
667La vieille qui est brocardeuse / Cache soubs un paisible front / Une guerre aspre & furieuse, / Et jusques aux os la laine tond. (45ro)
Si tu rencontre par la rue / Une femme qui est barbue, / Passe outre & luy crache en la veue, / Ou à beaux cailloux la salue. (45vo)
Croire à un bossu […] comme à un trompeur. (45vo)
Le bossu poingt comme une ortie, / Sa foy ne garde, & trompe, en fin / On ne peut entrer au moulin / Que la robbe ne soit blanchie. (45vo)
Cil qui d’un bossu s’accompagne, / Fait un semblable & pareil gain, / Que fait la mouche avec l’yraigne, / Ou qui pour argent prend l’estain. (45vo)
Caresser outre le devoir, / Bien payer afin d’en r’avoir, / Monstrer à tous un bon visaige, / Gaigne des hommes le courage. (46ro)
La courtisanne qui t’embrasse / Et qui ses bras au col te lasse / T’ayme bien peu & feint beaucoup / Et en fin te perd tout à coup. (46ro)
L’on ne peut avoir rien de bon, / Si l’on ne baise sa maistresse, / Et si d’une bonne facon / L’on ne la fringue & la caresse. (48vo)
C’est grand malheur que d’avoir trop d’entendement. (48vo)
Comme retourne le thoreau / Devers sa genisse amoureuse, / Au foyer la vieille frilleuse, / Et le cerf au frais du ruisseau, / Comme au jeu courent les pipeurs, / À la danse la pastourelle, / Le tendre enfant à la mamelle / Et les mousches à miel aux fleurs, / Ainsi l’amant accoustumé / Aux faveurs & à la carresse / De son amoureuse maistresse, / Retourne en son sein bien aymé. (54vo)
Celle qui un present refuse, / Et qui trop sotte ne le prent, / Bien souvent elle s’en repent, / Et sa grande bestise accuse. (57ro)
La Dame que l’amour affole / Ne refuse jamais son bien, / Apres luy tousjours son cœur volle, / Et son vouloir ne change en rien. (57ro)
Bien-heureux ceux qu’amour tient enlacez / Bien fortement d’un lyen volontaire, / L’effort du temps ne le scauroit deffaire, / Ains meurent uns, l’un & l’autre embrassez. (57ro-vo)
[Frapper] le cloud tandis qu’il est chaud. (57vo)
La corneille esventée & la sage formis / Sont l’exemple & pourtrait de ceste nostre vie. (58vo-59ro)
On ne se peut mieux mocquer des dames que n’aller où elles attendent. (60vo)
Amour n’a respect ny à mortier ny à cyvette. (61vo)
L’esprit tient beaucoup du divin. (62vo)
Celuy qui premier trouva l’art de la guerre avoit l’estomac de fer, & l’esprit de feu. (67vo)
L’ordinaire des maris est de dire mal de leurs femmes en se jouant. (78ro)
- Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- ISBN : 978-2-406-08693-2
- EAN : 9782406086932
- ISSN : 2261-575X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08693-2.p.0657
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/12/2019
- Langue : Français