Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Part scolaire de l’écrivain. Apprendre à écrire au xixe siècle
- Pages : 419 à 423
- Collection : Rencontres, n° 464
- Série : Études dix-neuviémistes, n° 54
Résumés
Martine Jey, « Introduction »
Cet ouvrage envisage en quoi un écrivain, dans sa pratique d’écriture, est redevable à l’école. On apprend à écrire par le détour du latin, par l’imitation de modèles, par la pratique d’exercices issus de la rhétorique antique. Est ainsi examiné le passage des exercices scolaires aux premiers écrits d’écrivains.
Martine Jey et Emmanuelle Kaës, « Présentation »
Quel discours doxique l’école construit-elle sur la littérature par les exercices, les manuels, les examens ? La première partie de cet ouvrage dessine les contours des modèles scolaires, soumis à l’imitation des lycéens. Dans la seconde partie est retracée l’entrée en littérature d’écrivains, de Sainte-Beuve à Marcel Pagnol.
Martine Jey et Marie Humeau, « Pourquoi étudier les sujets du baccalauréat ? »
Amener l’élève à édifier un ethos de futur adulte intégré dans le corps social, à travers un corpus de principes, de préceptes et d’exemples, qui dessinent normes et valeurs à adopter : tel est l’enjeu principal du baccalauréat. Une partie importante de cet ethos consiste en la maîtrise de la langue (attestée par la version latine), et en la capacité à construire et développer son propos – sanctionnée par la composition latine ou française.
Martine Jey et Marie Humeau, « Les compositions latine et française au baccalauréat. 1853-1857 »
De 1853 à 1857, deux « compositions » en latin et en français sont intégrées à l’écrit du baccalauréat. On compare ces ensembles de sujets, on cherche les 420filiations avec les exercices rhétoriques anciens. Ces compositions mobilisent des savoirs mémorisés, sur un plan imposé, dans un style codifié.
Marie Humeau, « Auteurs et modèles dans la composition latine au baccalauréat de lettres. 1853-1880 »
De 1853 à 1880, les candidats au baccalauréat doivent savoir rédiger une composition en latin. Les sujets offrent un champ d’observation privilégié pour comprendre attentes et méthodes. On cherche à définir le rôle attribué aux auteurs, aux modèles littéraires et aux valeurs dans cet apprentissage.
Martine Jey, « Auteurs et autorités. Modèles et stéréotypes »
Sur quels auteurs les lycéens composent-ils au baccalauréat ? De quelles autorités les libellés des sujets proviennent-ils ? Cet article montre comment apprendre à écrire au xixe siècle consiste à mettre en œuvre des stéréotypes appris.
Laetitia Perret, « Le genre scolaire du portrait au xixe siècle, à travers les Leçons de littérature et de morale de Noël et Delaplace »
Comment les lycéens travaillaient-ils le portrait avant 1880 dans le manuel de Noël et Delaplace. Le portrait est bien identifié dans l’anthologie où il occupe une place importante et permet d’introduire des notions de littérature. L’exercice est marginal au baccalauréat.
Nathalie Denizot, « Modèles scolaires du portrait dans l’enseignement secondaire. xixe-xxe siècles »
Cet article étudie les modèles scolaires du portrait dans le secondaire depuis la fin du xviiie siècle. Il analyse la construction d’un genre historique, ainsi que ses relations avec le caractère et le parallèle, puis la reconfiguration du portrait après 1880 et le renouvellement du genre vers plus de « réalisme ».
Anne-Marie Chartier, « Le portrait dans les écrits de l’école primaire. 1880-1945 »
Pour définir l’écriture du portrait dans le primaire et le secondaire, cette étude s’appuie sur trois sources : la tradition avant 1914 ; les modèles des sujets 421proposés entre 1920 et 1950 ; des exercices scolaires, portraits rédigés par les écoliers en réponse aux attentes des maîtres.
Romain Benini et Pauline Bruley, « La satire au xixe siècle. Quels problèmes pour l’école ? »
La satire est traitée avec précaution par l’école au xixe siècle, souvent avec méfiance. Mais la satire est réévaluée : elle fournit des illustrations de style « français » ; elle constitue un espace d’observation des mœurs des écrivains. Elle est réinscrite dans une histoire de l’esprit gaulois.
Emmanuelle Kaës, « L’histoire littéraire revisitée. “La satire et l’esprit français” de Marcel Proust. 1887-1888 »
En rhétorique, Marcel Proust compose une brève histoire de « l’esprit satirique » en écho au discours scolaire sur l’histoire de la littérature. Ce texte accueille les discours concurrents et convergents de l’école et de la critique littéraire contemporaine à laquelle il accorde une place éminente.
Pauline Bruley, « La phrase en classe (1860-1910). âges et décalages »
La phrase correspond à des réalités plurielles dans la seconde moitié du xixe siècle. En primaire, on enseigne un modèle analysable pour une composition guidée. Pour les lycéens, la phrase est une unité pédagogique, un découpage du texte pourvu d’une unité sémantique.
Emmanuelle Kaës, « Le cliché selon Remy de Gourmont. De la rhétorique scolaire à la psychologie expérimentale »
L’école, pour Remy de Gourmont, est un vecteur de la stéréotypie, ce qu’il illustre d’une analyse des clichés dans LesAventures de Télémaque. S’appuyant sur les sciences humaines contemporaines, il redéfinit la mémorisation et l’imitation, ces deux ressources majeures des apprentissages rhétoriques.
422Stéphanie Bertrand, « Le « moment aphoristique » de la littérature française : une influence scolaire ? L’exemple d’André Gide »
Une tendance à l’écriture aphoristique est présente au tournant des xixe et xxe siècles. À travers l’exemple paradigmatique d’André Gide, l’article envisage l’influence de la formation scolaire sur cette disposition à l’aphorisation, à travers les lectures et les exercices d’écriture pratiqués.
Romain Jalabert, « Sainte-Beuve collégien »
Sainte-Beuve fut un collégien modèle, dans une période de retour en grâce des humanités grecques et latines, qui fut un âge d’or pour le concours général. Ses cahiers de collégien et les devoirs que nous conservons de lui portent également la trace de son intérêt pour le romantisme.
Romain Jalabert, « Sainte-Beuve, théoricien et historien de l’éducation »
Formé sous la Restauration, Sainte-Beuve a renoncé à sa conception idéaliste, et élitiste de l’enseignement, au profit d’un discours plus pragmatique, qu’il faut rattacher à son ralliement au Second Empire, et qui traduit un sentiment de décalage avec l’esprit scientifique des nouvelles générations.
Marianne Berissi, « Malot à l’épreuve de l’école »
Le rapport d’Hector Malot à l’école est marqué par des paradoxes : l’opposition entre le discours sur l’école dont il ignore les apprentissages et les réminiscences de lectures scolaires dont témoignent ses premiers articles. Son succès littéraire n’a pas réussi à rédimer l’élève sans éclat qu’il a été.
Antoine de Rosny, « André Suarès à l’école »
La présente étude retrace la formation d’André Suarès. Des prédispositions associées à un arrivisme intellectuel favorisent les succès du jeune Marseillais. Il sera pourtant, toute sa vie, silencieux sur sa formation scolaire, lui qui fit de l’art l’ennemi des lieux et des figures du savoir.
423Stéphanie Bertrand, « André Gide ou les vertus ambivalentes de l’autodidaxie »
Le rapport d’André Gide à l’école fut ambivalent : fréquentée de manière irrégulière, appréciée pour ce qu’elle offre au bon élève et critiquée pour le conformisme de ses enseignements, l’école est chez Gide un prétexte à la valorisation de l’autodidaxie et un pourvoyeur de modèles magistraux singuliers.
Cécile Vanderpelen-Diagre, « Instruction d’une jeune-fille pieuse à la fin du xixe siècle. Marie Noël »
Écrivaine scolaire, Marie Noël, construit une posture déniant son statut d’écrivaine, inadmissible pour une catholique. Son écriture est marquée par les canons du secondaire féminin. Rapprocher son œuvre des codes prescrits éclaire l’entrée en littérature pour les filles de l’école publique en France.
Hélène Rivière, « Marcel Pagnol et l’école. La construction d’un ethos par le récit des souvenirs du temps de l’école »
Élève, fils d’instituteur, Marcel Pagnol fut professeur. En quoi l’école a-t-elle une valeur formatrice pour l’écrivain qu’il a été ? Lieu de sa formation intellectuelle, elle représente le socle sur lequel s’opère la formation d’un ethos de conteur revenant avec nostalgie sur ses apprentissages.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10502-2
- EAN : 9782406105022
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10502-2.p.0419
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 14/12/2020
- Langue : Français