Présentation des auteurs et résumés des contributions
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Fictions du masculin dans les littératures occidentales
- Pages: 309 to 318
- Collection: Encounters, n° 97
- Series: General and comparative literature, n° 8
Présentation des auteurs
et résumés des contributions
Romain Courapied, « Existe-t-il un lieu théorique pour le mâle fin-de-siècle ? »
Romain Courapied est docteur en littérature (université Rennes 2) rattaché aux laboratoires du CELLAM et d’ALEF. Sa thèse, encadrée par Steve Murphy, étudie l’épistémologie de l’homosexualité masculine, à travers le corpus médical et juridique, et son importance dans la définition de l’esthétique décadente. Il est auteur d’articles sur Rachilde, Jean Lorrain, et cofondateur de la revue Ad hoc.
À la fin du xixe siècle, le masculin traverse une crise exemplaire se cristallisant autour de la notion de décadence, évoquée dans des textes littéraires à travers des personnages stéréotypés qui en sont à la fois les agents et l’objet. L’étude analyse les tentatives de définition de la virilité (conquérante ou défaillante) à la fin du xixe siècle français à travers deux romans décadents : Les Invertis. Le Vice allemand (1896) d’Armand Dubarry et L’Homme en amour (1897) de Camille Lemonnier.
At the end of the nineteenth century, a particular crisis of masculinity crystallised around the notion of decadence, evoked in literary texts through the stereotypical characters who are both its agents and objects. This study analyses attempts to define virility (triumphant or feeble) at the end of the nineteenth century in relation to two decadent novels : Les Invertis. Le Vice allemand (1896) by Armand Dubarry and L’Homme en amour (1897) by Camille Lemonnier.
Cyril Barde, « Le roman de la mâle-versation. Fictions de la masculinité d’affaires dans La Curée de Zola »
Cyril Barde est ancien élève de l’ENS de Lyon, agrégé de lettres modernes. Il est actuellement doctorant contractuel à l’université Paris 8 où il prépare une thèse sur la littérature et l’Art Nouveau. Il a publié, en collaboration avec Raphaëlle Bellon, « À corps perdu : corps et gender studies » (http://cmdr.ens-lyon.fr/spip.php ?article77).
La Curée se présente comme l’épopée dégradée des spéculateurs. Aventuriers parvenus lancés à la conquête du nouveau Paris, ces hommes d’affaires incarnent l’émergence d’une masculinité d’affaires dont la spéculation assoit le prestige et révèle les fragiles fondations. Si la spéculation est synonyme de domination et de prédation, elle est aussi projection, instabilité, falsification. La masculinité d’affaires, indissociable de cette fiction, devient dès lors une forme de malversation.
La Curée presents itself as the degraded epic of the speculator. These businessmen – upstart adventurers seeking to conquer a new Paris – embody the emergence of a new « business » masculinity whose fragile prestige is founded on speculation. If speculation is a synonym for domination and predation, it also signifies projection, instability, and falsification. Business masculinity, which cannot be separated from this fiction, thus becomes a form of misappropriation or embezzlement.
Anne Isabelle François, « “The Male Line”. Représentations et (r)écritures de la sociabilité masculine dans les fictions des Inklings »
Anne Isabelle François, ancienne élève de l’ENS-Paris, agrégée de lettres modernes, docteur de l’EPHE et de l’université de Dresde, est maître de conférences de littérature comparée à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3. Spécialiste des littératures allemande et anglaise des xxe et xxie siècles, elle travaille, dans une perspective de Gender et de Cultural Studies, sur l’imaginaire occidental.
L’étude analyse les mises en scène de la sociabilité masculine dans les œuvres des Inklings, en particulier de C. S. Lewis et J. R. R. Tolkien. Ces mondes possibles de fantasy élaborent des constructions centrées sur l’entre-soi masculin, croisant les enjeux de genre, de classe et de race. Les stratégies narratives promeuvent un modèle national de masculinité, et génèrent des usages où les « fans » prolongent ce sens de la communauté, proposant leurs propres « fictions du masculin ».
This study analyses the staging of masculine sociability in works by the Inklings, in particular C. S. Lewis and J. R. R. Tolkien. These « fantasy » worlds fashion constructions centred on masculine « togetherness », in which questions of gender, class, and race meet. Narrative strategies promote a national model of masculinity and generate practices through which « fans » extend this sense of community, creating their own « masculinity fictions ».
Régis Schlagdenhauffen, « L’écriture de l’entrée dans la sexualité dans le Journal intime inédit d’Eugène Wilhelm »
Régis Schlagdenhauffen, docteur en sociologie (université de Strasbourg) et docteur en ethnologie européenne (université Humboldt), est attaché temporaire d’enseignement et recherche de l’université de Lorrain. Il a récemment publié Triangle rose : La persécution nazie des homosexuels et sa mémoire (Paris, 2011), et travaille également sur l’écriture de la sexualité dans les Journaux intimes.
Le juriste alsacien Eugène Wilhelm (1866-1951) tint son journal intime sans discontinuité de ses 19 ans à sa mort. Son entrée laborieuse dans le cycle de la sexualité, marquée par l’ambivalence des désirs, est donnée à lire dans les premiers carnets de son journal, auxquels cet article est consacré. L’analyse de ce processus nous éclaire sur la genèse du cycle de la sexualité masculine, la construction d’une identité bisexuelle et les formes concrètes d’une injonction sociale à l’hétérosexualité à la fin du xixe siècle.
Eugène Wilhelm, a jurist from Alsace (1866-1951), kept a diary continuously from the age of nineteen. His laborious entrance into the cycle of sexuality, characterised by the ambivalence of his desires, is described in the first volumes of his diary, and is the subject of this article. Analysing this process throws light on the genesis of the cycle of masculine sexuality, the construction of bisexual identity, and the concrete shape which the social enforcement of heterosexuality took at the end of the nineteenth century.
Patrick Farges, « Récits de vie, stratégies narratives et construction de la masculinité. Le cas des exilés germanophones en Palestine/Israël après 1933 »
Patrick Farges est maître de conférences à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3. Ses recherches portent sur l’histoire du féminisme, l’histoire du genre et des masculinités juives-allemandes. Il est coauteur de Le Premier Féminisme allemand, 1848-1933 (Villeneuve d’Ascq, 2013) et est également secrétaire général de l’association des germanistes de l’enseignement supérieur (AGES).
L’article s’appuie sur des récits de vie de juifs allemands (« yekkes ») en Israël, qui ont hérité des modèles spécifiques de masculinité juive avant 1933 – entre assimilation, virilisation, position d’outsider et soupçon d’efféminement. Quelles stratégies narratives de (re)construction d’une identité masculine ont-ils adoptées après la migration ? La question semble particulièrement pertinente au regard d’une construction nationale israélienne ayant prôné les valeurs viriles de force et de défense.
This article is based on the life narratives of two German Jews (« yekkes ») in Israel, who inherited specific models of pre-1933 Jewish masculinity which incorporated assimilation, virilisation, marginalisation, and potential effeminacy. What sort of narrative strategies did they adopt in order to (re)construct their masculine identity after migrating ? The question is particularly pertinent given the « virile » values of force and defence central to the construction of Israeli national identity.
Françoise Rétif, « Le père, le fils et le livre. Figures paternelles et création. L’exemple de Peter Henisch »
Françoise Rétif, professeure à l’université de Rouen, dirige l’Institut français et le Bureau de coopération universitaire auprès de l’université de Bonn. Spécialiste du romantisme allemand et des littératures allemande, autrichienne et française du xxe siècle, elle a publié Ingeborg Bachmann (Paris 2008), dirigé Mythes et différences des sexes (Heidelberg, 2007), et Pandore et la généalogie mythique de la femme (Heidelberg, 2012).
Pendant longtemps, l’homme créateur et l’homme procréateur ne firent qu’un, incarnant l’universel et la norme. En se situant après Kafka et Bachmann et leur critique du père, l’écrivain autrichien Peter Henisch cherche dans son roman Die kleine Figur meines Vaters (1975-2004) une position à la fois compréhensive et critique pour inventer une autre sorte de masculinité à transmettre tout en interrogeant un modèle de création faisant de la vie et de la mort un objet esthétique, une mise en scène.
For a long time, both creator and procreator were one, incarnating the universal and the norm. Following in the footsteps of Kafka and Bachmann and their critique of the father, Peter Henisch searches for a position at once comprehensive and critical in his novel Die kleine Figur meines Vaters (1975-2004). He seeks to invent another sort of masculinity and, at the same time, interrogate a model of creation which turns life and death into an aesthetic object, a mise-en-scène.
Marie Gaboriaud, « La “vie de musicien”, une projection du masculin idéal ? Genres et discours musicaux dans la première moitié du xxe siècle »
Marie Gaboriaud, agrégée de lettres modernes, ATER à Paris-Sorbonne, poursuit actuellement une thèse de doctorat en littérature française du xxe siècle, sous la direction de Didier Alexandre. Ses recherches portent sur la construction du mythe de Beethoven en littérature de 1870 à 1940, et plus largement sur la critique musicale, les représentations, et les mythes.
Les biographies de musiciens du début du xxe siècle sont fortement marquées par les critères de genre. Il s’y exprime l’espoir du renouveau lié à un individu providentiel, et s’y définit une certaine masculinité. Beethoven, en particulier, incarne une figure idéale : du démocrate, de l’européen, du masculin. Son personnage fait l’objet d’une construction fictionnelle très forte, où se lisent les angoisses et les aspirations des biographes eux-mêmes.
Biographies of musicians from the beginning of the twentieth century are strongly marked by the demands of the genre. They express hopes of revival linked to providential individuals and define a particular sort of masculinity. Beethoven, in particular, embodies an ideal figure : democratic, European, and masculine. His character is subject to very strong fictional constructions, in which the anxieties and aspirations of the biographers themselves are often mixed.
Marie-Pierre Harder, « “Le roman est un jeune homme de belle espérance qui fait son entrée dans le monde.” Performance, narrativité et trouble du “masculin” dans trois romans de formation européens »
Marie-Pierre Harder, ancienne élève de l’ENS-Paris, agrégée de lettres classiques, et ATER d’allemand à l’université Paris 8, prépare un doctorat de littérature comparée à l’université Paris-Sorbonne sur le mythe d’« Hercule à la croisée des chemins » dans les cultures européennes. Elle a coordonné le no 4 de la revue Comparatismes en Sorbonne (Paris, 2013) et publié des articles sur les rapports entre mythe(s) et masculinité(s).
Cet article pose à nouveaux frais la question théorique des rapports entre genre (« forme ») de la fiction – ici Bildungsroman ou roman de formation – et fiction(s) du genre – en l’occurrence, « masculin ». À partir de trois exemples paradigmatiques de romans d’apprentissage européens, Tom Jones de Fielding (1749), Wilhelm Meisters Lehrjahre de Goethe (1795-1796) et Le Père Goriot de Balzac (1835), il s’agit de mener une relecture genrée de la théorie du genre du Bildungsroman.
This article explores the theoretical question of the rapport between fictional genre (« form ») – in this case, the Bildungsroman or novel of apprenticeship – and fiction(s) of gender, in this case, « masculinity ». Based on three paradigmatic examples of European novels of apprenticeship, Fielding’s Tom Jones (1749), Goethe’s Wilhelm Meisters Lehrjahre (1795-1796), and Balzac’s Le Père Goriot (1835), this article is a gendered re-reading of the theory of the bildungsroman genre.
Marie Puren, « La construction de l’identité virile dans la littérature jeunesse des années 1920 et 1930. L’exemple des romans d’aventures de Jean de La Hire (1878-1956) »
Marie Puren est diplômée de l’institut d’études politiques de Paris et doctorante à l’École nationale des chartes en histoire. Elle prépare une thèse sur Jean de La Hire. Elle s’intéresse à la littérature française de la première moitié du xxe siècle. Ses travaux et articles portent notamment sur l’œuvre populaire de Jean de La Hire et sur la question de l’engagement politique des écrivains.
Pendant l’entre-deux-guerres, l’écrivain populaire Jean de La Hire a produit un nombre impressionnant de romans d’aventures, aux héros exclusivement masculins, destinés aux jeunes garçons, et qui ont rencontré un succès public important. À travers l’étude de ces œuvres, cet article analyse les comportements et valeurs présentés comme modèles aux pré-adolescents et aux adolescents dans les années 1920 et 1930.
Between the wars, the popular novelist Jean de la Hire produced an impressive number of highly successful adventure novels aimed at young boys, with exclusively masculine heroes. Through a study of his works, this article analyses the model behaviours and values presented to young boys and adolescents in the 1920s and 1930s.
Lori Saint-Martin, « La construction de la masculinité au contact de la femme racialement “autre” chez Gil Courtemanche et Dany Laferrière »
Lori Saint-Martin, professeure au département d’études littéraires à l’université du Québec à Montréal, romancière et traductrice, a publié une dizaine d’essais, dont Au-delà du nom (Montréal, 2010), et Posture viriles (Montréal, 2011). Elle travaille sur la littérature érotique, la construction du genre dans la fiction masculine et les rapports frère-sœur dans les littératures québécoise et française contemporaines.
L’étude porte sur le rapport entre hommes et femmes de race opposée dans deux romans québécois, l’un de G. Courtemanche, l’autre de D. Laferrière. Y est examinée la construction de la masculinité au contact d’une femme doublement Autre, à la fois convoitée et tenue à distance, voire violentée. L’amante ou l’amoureuse sert principalement à rehausser le prestige et la virilité du protagoniste, tandis que la voix narrative et la focalisation achèvent de consacrer la primauté du masculin.
The study considers the rapport between men and women of opposing races in two Quebecois novels, one by G. Courtemanche and one by D. Laferrière. It examines the
construction of masculinity in contact with a woman who is « doubly » other, who is both desired and held at a distance, even violated. The main function of the female lover or girlfriend is to increase the prestige and virility of the protagonist, while the narrative voice and focalisation succeed in sanctifying the primacy of the masculine.
Pauline Berlage, « “How very un-Dominican of him” ou la merveilleuse masculinité de Oscar Wao »
Pauline Berlage est docteur en études ibériques (université de Tours) et littératures comparées (Universitat Autònoma de Barcelona). Sa thèse porte sur les politiques de représentation du genre dans trois romans de la migration latino-américaine contemporaine. Elle a publié des analyses littéraires de l’œuvre de C. Liscano et J. Díaz et plusieurs entretiens de J. C. Méndez Guédez.
Cette étude du roman The Brief Wondrous Life of Oscar Wao de Junot Díaz (2007) analyse les actes performatifs et normatifs de la masculinité – comme création et répétition – proposés par les personnages masculins et féminins tout en les mettant en parallèle avec la voix narrative qui agit comme remise à l’ordre dans le système de genre hétéro-normatif et machiste de la société dominicaine migrante vivant aux États-Unis. Il s’agira de comprendre et d’analyser les formes de masculinité en tension.
This study of the novel The Brief Wondrous Life of Oscar Wao by Junot Diaz (2007) analyses the performative and normative acts of masculinity – such as creation and repetition – displayed by the male and female characters. It considers them alongside the narrative voice which functions to re-establish order in the hetero-normative, chauvinistic gender system of migrant Dominican society in the United States. The study seeks to understand and analyse the tension between different forms of masculinity.
Antoine Idier, « Fiction, genre et identité. La folle chez Guy Hocquenghem et Copi »
Antoine Idier est doctorant en sociologie à l’université d’Amiens et au centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique. Il travaille à une biographie du militant, journaliste et écrivain Guy Hocquenghem et à une histoire des mouvements politiques de l’après-68 en France. Il a publié en 2013 Les Alinéas au placard. L’abrogation du délit d’homosexualité, 1977-1982 (Paris, 2012).
L’étude part du constat, chez Hocquenghem, de la disparition des liens entre la marge et l’homosexualité. Critiquer la transformation des catégories
de l’homosexualité passe chez lui et Copi notamment par la fiction et une célébration de la « folle ». Comment la fiction peut-elle participer à une déconstruction de l’identité sexuelle et, plus précisément, comment la fiction de la « folle » permet-elle d’échapper à ce qui est considéré comme une normalisation de l’identité homosexuelle ?
This study takes Hocquenghem’s analysis of the disappearing links between marginality and homosexuality as its point of departure. For both him and Copi, the critique of the transformation of the categories of homosexuality is done through fiction and a celebration of the « queen ». How can fiction contribute to a deconstruction of sexual identity and, more precisely, how can fiction enable the « queen » to escape from what is considered to be the normalisation of homosexual identity ?
Brice Chamouleau, « “Ama y haz lo que quieras” : remotivation du masculin et récit démocratique dans El Amante Lesbiano de José Luis Sampedro »
Brice Chamouleau, membre de l’École des Hautes Études Hispaniques et Ibériques de la Casa de Velázquez, prépare un doctorat en études ibériques (EA 4574 SPH, université Michel-de-Montaigne – Bordeaux 3) sur les rapports entre sphère privée et publique dans la construction de la citoyenneté espagnole postfranquiste, en menant une étude de la reconnaissance homosexuelle dans l’Espagne contemporaine.
Le roman interroge les soubassements culturels de la société espagnole franquiste imprégnée de morale catholique en explorant la trajectoire d’un individu qui réélabore sa masculinité et s’institue en amant lesbien d’un personnage féminin. Ce travail s’intéresse au projet de circonscrire les limites de la démocratie espagnole contemporaine en matière de genre à la place de la morale catholique et propose une relecture élargissant le territoire des contingences des masculinités contemporaines.
This novel interrogates the cultural foundations of pro-Franco Spanish society, steeped in Catholic morality, while exploring the trajectory of an individual who redefines his masculinity and becomes the lesbian lover of a female character. This study seeks to circumscribe the limits of contemporary Spanish democracy in terms of gender rather than Catholic morality and offers a reading which expands the sphere of possibilities for contemporary masculinities.
Henri Billard, « “À force je vais faire de toi un homme” : la mise en tension de deux modèles de masculinité dans le roman Ne le dis à personne de Jaime Bayly »
Henri Billard est maître de conférences et membre du CRLA Archives (Centre de recherches Latino-américaines-CNRS) à l’université de Poitiers. Il travaille sur les mutations des sociétés latino-américaines durant les années 1980-2000. Ses dernières publications abordent la représentation des masculinités alternatives chez les auteurs chiliens María Luisa Bombal et Pedro Lemebel.
Dans le roman Ne le dis à personne (1994) du Péruvien Jaime Bayly, le père veut transmettre à son fils une idée de ce que doit être à ses yeux « la » masculinité. L’étude montre comment le résultat de cette éducation se révèle un échec tout au moins partiel. Dans ce roman, la masculinité traditionnelle, celle du père, n’est pas une essence mais une construction sociale, et de ce fait elle peut être mise en question et ouvrir la voie à une masculinité « alternative » représentée par le fils.
In the novel Don’t Tell Anyone (1994) by the Peruvian Jaime Bayly, a father seeks to convey his own vision of « masculinity » to his son. The result of this education is a partial failure at the very least. Traditional masculinity – that of the father – is not an essence but rather a social construction, and it can therefore be questioned, opening the door to an « alternative » masculinity represented by the son.
Klaus Wieland, « Le schéma narratif victimaire dans la littérature gay allemande à la fin du xxe siècle (1970-2000) »
Klaus Wieland est maître de conférences au département d’études allemandes à l’université de Strasbourg. Ses domaines de recherche sont les Gender/Queer, et la littérature mémorielle du national-socialisme, de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Il a coédité Die sozio-kulturelle (De-)Konstruktion des Vergessens (Bielefeld, 2012), et travaille sur les masculinités dans la prose allemande du début du xxe siècle.
La littérature gay publiée entre 1970 et 2000 notamment en Allemagne est dominée par un schéma narratif où l’individu gay apparaît comme victime : de la société homophobe, du sida ou d’un autre homme gay. L’étude illustre ces variantes en s’appuyant sur trois textes : le livre-phare Die Konsequenz (La Conséquence, 1975) d’Alexander Ziegler ; le récit autobiographique Es ist spät, ich kann nicht atmen (Il est tard, je ne peux pas respirer, 1992) de Mario Wirz ; le roman Jupiter (1999) de Thomas Jonigk.
Gay literature published between 1970 and 2000, notably in Germany, is dominated by a narrative scheme in which the gay individual appears as the victim, whether of homophobic society, Aids, or another gay man. This study illustrates these variations, focusing on three texts : the pioneering Die Konsequenz (The Consequence, 1975) by Alexander Ziegler ; the autobiographical account Es ist spät, ich kann nicht atmen (It’s Late, I Can’t Breathe, 1992) by Mario Wirz ; and Jupiter (1999), a novel by Thomas Jonigk.
Didier Eribon, « Identités de papier : l’espace littéraire, la norme, la dissidence »
Didier Eribon, professeur à l’université d’Amiens, est chercheur au centre de recherches sur l’action publique et le politique. Épistémologie et sciences sociales (CURAPP-ESS). Il est l’auteur de Réflexions sur la question gay (Paris, 1999, 2012), Une morale du minoritaire. Variations sur un thème de Jean Genet (Paris, 2001, 2014), La Société comme verdict. Classes, identités, trajectoires (Paris, 2012, 2014).
C’est d’abord à partir d’une étude des points de vue et de leur concurrence dans À la recherche du temps perdu – point de vue et discours du narrateur vs point de vue et discours de Charlus – qu’est posée la question de la « théorie de l’homosexualité » de Proust. C’est ensuite à partir d’une lecture de Genet qu’est suggéré que le mouvement de construction/déconstruction de la norme qui caractérise La Recherche se retrouve de Notre-Dame des Fleurs à Querelle de Brest ou Miracle de la rose.
First, a study of points of view and their concurrence in À la recherche du temps perdu – narrative point of view and discourse vs. Charlus’ point of view and discourse – raises the question of Proust’s « theory of homosexuality ». Then, a reading of Genet suggests that the construction/deconstruction of norms which characterises La Recherche can be found in works ranging from Notre-Dame des Fleurs to Querelle de Brest or Miracle de la rose.
- CLIL theme: 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- ISBN: 978-2-8124-3212-5
- EAN: 9782812432125
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-3212-5.p.0309
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-21-2015
- Language: French