Quelques apports de Jack Goody Les humains au prisme de leurs techniques
- Publication type: Journal article
- Journal: Études digitales
2016 – 1, n° 1. Le texte à venir - Author: Guichard (Éric)
- Pages: 175 to 186
- Journal: Digital Studies
Quelques apports
de Jack Goody
Les humains au prisme de leurs techniques
Les remarques suivantes n’ont pas prétention à synthétiser l’œuvre de Jack Goody. Celle-ci est fort diverse et toujours profondément novatrice, quel que soit le sujet abordé. De l’usage des fleurs à la métallurgie, de la parenté aux rapports entre Orients et Occidents, de la cuisine à l’écriture, Jack Goody a été un penseur prolixe1.
Je rappelle ici quelques clés que Jack Goody nous a données pour comprendre le monde contemporain, dans sa dynamique comme dans sa variété. Le propos est volontairement simple, dans l’espoir d’être compris par tous2.
Humains, techniques et cultures
Nous sommes vraiment tous pareils
Jack Goody nous a d’abord permis d’être définitivement universalistes, au plan rationnel et non plus seulement moral : il a fait voler en éclats la théorie anthropologique du grand partage, qui suppposait déjà l’absence de réelles différences entre tous les humains (quelles que soient leurs origines et leurs cultures) et prouvait que nos catégories 176en matières de groupes sociaux ne fonctionnaient pas (en démontrant par exemple la non pertinence de la notion de race, en donnant des exemples de la « primitivité » des sociétés dites évoluées) sans toutefois réussir à s’extraire de la dichotomie « primitifs/civilisés ». En bref, avant Goody, les « sauvages » restaient toujours un peu sauvages, même s’ils nous ressemblaient beaucoup : ils raisonnaient comme nous, savaient conceptualiser comme nous, ils disposaient d’un vocabulaire parfois plus étendu que nous (et sa richesse n’était pas nécessairement la résultante d’usages ou de besoins), leur esprit logique et pré-scientifique était avéré (parfois trop, quand ils trouvaient des causes à tout), mais ils restaient différents de « nous ». Bref, le monde se partageait entre le « nous » et le « eux » sans que nous sachions trop où se glissait la frontière3. Jack Goody a démontré que nous avons tous les mêmes qualités, défauts, capacités. Si différence nous voyons, elle n’est due qu’à la présence ou l’absence de techniques, qui circulent et se transmettent sans frein de type culturel. Et notre regard est biaisé car nous croyons souvent en une extériorité de la technique par rapport à ce que nous imaginons relever du social. Or, ce n’est pas le cas. Une fois qu’une technique rencontre une société4, ni l’une ni l’autre ne sont comparables à ce qu’elles étaient auparavant.
Pour le dire autrement, les techniques sont grandement responsables de faits culturels que nous croyons souvent caractéristiques des différences (et des hiérarchies) entre les sociétés. Une fois qu’elles pénètrent une société, elles deviennent source de tant de questions et de perspectives que cette société se mobilise pour trouver des réponses et des usages qui vont profondément transformer ces techniques. Ces techniques ne transforment donc pas la société d’un coup de baguette magique, comme le croient les partisans du déterminisme technique, qui supposent que la technique transforme le social5, elles en sont partie prenante adoptent 177d’ailleurs des configurations différentes suivant les lieux et les mondes dans lesquels elles se déploient.
Parmi ces techniques, une fait couler beaucoup d’encre et d’octets à l’heure de l’internet : l’écriture. La surprise provient du fait que Jack Goody définit effectivement l’écriture, auparavant inclassable, entre la simple inscription et les belles-lettres, comme une technique : une technologie de l’intellect. Cette audace intellectuelle s’avérera fort féconde.
Technologies de l’intellect réflexives
Une technique intellectuelle est un ensemble d’outils et de méthodes (de recettes) qui aident à penser, c’est-à-dire à élaborer ou à faciliter un raisonnement. Depuis notre rencontre avec l’école, nous en connaissons beaucoup : les tables de multiplication, les algorithmes, dictionnaires, cartes, calculatrices, etc. Nous pouvons en citer des centaines. D’où le désir de les classer, de les hiérarchiser. Comment faire ? Pour comprendre intuitivement la solution proposée par Jack Goody, nous pouvons nous poser quelques questions : un ensemble de cartes peut-il nous définir précisément ce qu’est la cartographie ? Pouvons-nous expliquer ce qu’est un algorithme par la seule juxtaposition d’algorithmes ? Non. Pourtant nous ne manquons pas de mots pour expliquer ce qu’est le langage. C’est pourquoi Goody distingue les technologies de l’intellect qui peuvent s’expliquer par elles-mêmes (qui peuvent être précisées par leur seul usage) et les autres. Il définit les premières comme « réflexives » et n’en repère que deux : le langage et l’écriture. Tout individu sait expliquer, même s’il baigne dans un régime exclusif d’oralité, ce qu’est le langage une fois passé le stade de l’enfance. C’est d’ailleurs le critère que nous utilisons pour distinguer les humains des animaux6. Il en est de même 178avec l’écriture : au bout d’un temps plus long encore, nous réussissons à expliquer par écrit ce qu’est l’écriture. Et nous ne nous en privons pas.
Ces notions d’expérience et de temporalité sont essentielles pour comprendre pourquoi l’idée du déterminisme technique ne fonctionne pas avec ces deux techniques : elles ne nous sont pas extérieures, elles nous fabriquent autant que nous les fabriquons, elles nous appartiennent autant qu’aux sociétés dans lesquelles nous vivons. En effet, ces techniques sont particulièrement difficiles à maîtriser : il nous faut une vingtaine d’années pour les apprendre, les assimiler partiellement, jongler avec elles. Et encore plus de temps (dépassant souvent le cycle de vie d’un humain) pour nous adapter à leur évolution – qui relève de la construction sociale. Les obstacles et embûches qui les accompagnent vont générer des spécialités, une fragmentation du monde social : même dans une société orale, n’est pas conteur ni griot qui veut. De même, à l’époque moderne, les métiers d’avocat, de chanteur, de poète s’apprennent.
Ces formes de spécialisations « professionnelles » sont encore plus manifestes pour l’écriture, d’autant qu’à la différence du langage, cette technique fonctionne vraiment mal. Elle est supposée transcrire des idées ou des fragments de mémoire, elle est faite de signes parfois en relation avec des sons, d’autres fois non. Elle voudrait capter la langue, elle la rend incompréhensible. Par exemple, quand j’écris « tu manges », on ne sait si j’énonce une question (« tu manges ? »), un ordre (« tu manges ! »), un constat ou une allusion moqueuse (« toi qui refusais de manger, tu finis malgré tout par le faire ? »). En bref, sans la ponctuation, sans une série complémentaire de signes (en français : des guillemets aux tirets en passant par les accents) qu’il faut assimiler, socialiser, affiner, l’écriture n’est qu’un outil pour besogneux, bien moins maniable que le langage, d’usage délicat car difficile à partager. En Europe et en Méditerranée, il a fallu environ 4 500 ans pour disposer d’un système de signes à peu près cohérent, efficace et bien compris.
Par-delà langue et mémoire
Ainsi, l’écriture, qui devait initialement reproduire le langage ou alléger la mémoire, devient une gigantesque machinerie sociale dédiée à son fonctionnement : il s’agit avant tout de minimiser les problèmes 179d’interprétation7, de trouver des solutions aux questions induites par la traduction, le commentaire ou tout simplement le déchiffrement de textes endommagés. Il s’agit aussi de tirer profit des perspectives et des inventions rendues possibles (ou nécessaires, comme la ponctuation ou la typographie) par l’écriture et de prendre ces dernières comme objets de réflexion. La compréhension de la langue (syntaxe, structure), le développement de la logique (avec la possibilité de comparer plusieurs textes) et de raisonnements élaborés (de la critique au tri des listes en passant par l’invention de formes synthétiques, comme en mathématique) résultent directement de l’écriture. Autant de pratiques motivées par le goût du pouvoir, les besoins de la gestion8 ou la curiosité intellectuelle, qui nécessitent à leur tour des méthodes, des apprentissages, des… techniques. Cette technique n’a plus de rapport avec ses origines, tant les figures de l’écriture, de ses usages et des réflexions qu’elle induit ont changé depuis son invention : lentement transformée, sans cesse remise sur la forge par les humains – sans qu’il y ait évolution linéaire ou progressive – avec des évolutions oubliées, tardives ou peu socialisées (pensons à l’algèbre, forme spécifique d’écriture si fréquemment rejetée). Elle est un travail permanent et collectif qui finit par structurer nos modes de pensée.
Que retenir de Jack Goody et ses disciples ?
Les hiérarchies entre cultures
ou sociétés sont inopérantes
Il n’y a pas de cultures ou de formes collectives de la pensée supérieures à d’autres ou plus évoluées que d’autres. Nous pouvons éventuellement utiliser l’écriture comme opérateur de distinction : 180les choses diffèrent selon que celle-ci soit présente ou non dans une société, selon l’usage qui en est fait, selon l’investissement accordé (sur le long terme) à la maîtrise des savoir-faire (dimension réflexive incluse) déployés pour permettre le maintien et le développement de cette technique (les écoles au sens large, les institutions dédiées au savoir, etc.). D’une certaine façon, nous savions déjà ce fait : un enfant d’érudits plongé au cœur d’une société sans écriture (s’il en existe encore, ce dont nous pouvons douter) ne disposera pas à l’âge adulte des mêmes capacités (potentialités) que l’enfant d’une famille sans contact avec l’écrit9 adopté par les parents du premier. Jack Goody appuie cette évidence avec l’exemple de son collaborateur et ami Kum, seul de sa famille Lo Dagaa à être scolarisé, qui l’aida à transcrire les diverses versions du Bagré et qui deviendra statisticien en Grande-Bretagne. Notre façon de considérer les sociétés (les cultures) comme des entités autonomes, qui auraient des difficultés spécifiques à disposer de capacités intellectuelles que peuvent acquérir certains de leurs membres n’est pas tenable rationnellement. Certes, une société ne fonctionne pas avec les mêmes régimes de temporalité qu’un individu et l’Unesco s’est cassé les dents après-guerre : les campagnes massives d’alphabétisation en Afrique n’ont pas porté les fruits escomptés. Mais cet échec relatif10 est aussi la preuve qu’une technique, fût-elle intellectuelle, n’est pas qu’une recette qui, appliquée aux sociétés, va les transformer. Nous retrouvons ici le faux pas du déterminisme technique, si répandu aujourd’hui avec sa variante qu’est le déterminisme de l’innovation (« les nouvelles technologies vont transformer les sociétés et accroître nos richesses »). Nous retiendrons de ce point le fait que les catégories que nous utilisons si fréquemment pour penser les collectifs sont fondamentalement inopérantes. Et que cette incapacité masque certainement une incompréhension fondamentale des relations entre technique et culture, bien plus intimes qu’on ne l’imagine souvent.
181Raisonner en termes de capacité technique
plutôt que de culture
De façon analogue, on ne réduit pas les membres d’un groupe que nous croyons homogène à leur supposée culture. Jack Goody en donne une preuve magistrale avec l’exemple de la révolte des esclaves de Bahia (1835), organisée par des lettrés (qui savaient lire et écrire l’arabe) contre des maîtres certes chrétiens, mais peu familiers avec l’écrit. C’est la capacité d’organisation consécutive à la maîtrise de l’écriture, plus que des considérations culturelles (religieuses, politiques) qui a permis cette révolte. Ici encore, Jack Goody fait la différence entre les individus, tous pourvus des mêmes « capacités », pourvu qu’ils disposent des techniques qui les stimulent, et les catégories globales (culture, civilisation) dans lesquelles nous tentons de les insérer, au moins par souci de simplification ou de synthèse. Ce constat lui donne l’occasion de montrer la faiblesse des analyses marxiste et wéberienne, qui s’affirment eurocentristes en supposant une spécificité régionale, voire religieuse au capitalisme.
L’écriture, comme toute technique, a un grand avantage : elle se moque des frontières et n’a pas vraiment de propriétaire. Jack Goody rappelait avec malice que les Européens, qui ont construit leur domination du monde à partir de leurs savoirs, leurs conquêtes militaires et leurs explorations, n’auraient pu avancer sans le papier, la poudre et la boussole, trois techniques inventées par les Chinois.
Les personnes qui maîtrisent au mieux l’écriture peuvent rapidement imposer leurs représentations du monde, leurs goûts, leurs croyances à celles qui ne la maîtrisent pas, surtout quand les premières sont minoritaires. Cela valait pour l’Angleterre au xviie siècle (la passion pour Shakespeare), pour les colonisateurs au xixe l’écriture facilite grandement l’imposition d’une culture. Cela vaut avec l’écriture contemporaine.
Il s’ensuit que ce que nous appelons « culture » relève, dans les sociétés à écriture (mais elles le sont toutes, peu ou prou, au xxie siècle), essentiellement d’une culture de l’écrit : l’ensemble des savoirs et savoir-faire induits, stimulés voire requis pour maîtriser l’écriture.
L’écriture n’est pas une technique objectivable
Jack Goody a montré la vacuité de nos prétentions spiritualistes, qui supposent que la matière et la technique sont secondaires face à la pensée 182pure. Et là, il conforte les analyses des mathématiciens et du petit groupe de philosophes, historiens, linguistes, etc. qui les accompagnent et les stimulent : de Descartes à Dagognet, Parrochia et Granger, sans oublier Leiniz ni Boole. Qui oserait sincèrement imaginer une mathématique, une électricité, une informatique sans écriture11 ? Ainsi, les propos qui distinguent pensée subjective et technique objective ne sont pas adaptés. A fortiori, l’ensemble de nos raisonnements qui réduisent la technique à une fonction purement utilitaire, à un moyen pour arriver à une fin sont particulièrement fragiles. Et pourtant, ils sont fort présents dans les analyses et les discours produits par nos sociétés.
Inversement, le statut de technique intellectuelle que possède l’écriture garantit en quelque sorte le caractère non prédictible de son évolution. C’est certes le cas de toute technique. Avec l’écriture se font des choix (dépendant de pratiques, de curiosités, de centres d’intérêt individuels ou issus d’étroits collectifs), se fabriquent des normes, elles-mêmes parfois dépendantes de croyances, par exemple religieuses. Les choses deviennent alors compliquées : un texte devient parfois (et souvent autour de la Méditerranée) Le Livre, un objet sacré, impossible à critiquer, alors même que l’écriture invite à la comparaison, la synthèse, la critique. Cette sacralité fabrique une histoire qui prend ses auteurs à leur propre piège : quand par exemple des chrétiens érudits, comme les Jésuites, nourris de l’évidence d’une unique création du monde, telle qu’elle est si bien expliquée dans leur Livre, cherchent chez les Amérindiens qu’ils vont coloniser, au moins religieusement, le mythe de leurs origines. Jack Goody explique clairement que dans les sociétés orales (sans écriture), ce mythe est multiple, changeant suivant les auteurs et les enjeux politiques du moment.
183Conclusions
La notion de technologie de l’intellect
est essentielle pour comprendre l’informatique
et les réseaux
Les transformations actuelles liées à l’internet et au « numérique » relèvent d’une transformation de l’écriture, désormais binaire et réticulée. Nous assistons à une instrumentation de la pensée sans pareille, ce qui témoigne de l’extraordinaire acuité intellectuelle de Jack Goody.
Nous savons désormais qu’il est inutile de tenter de raisonner en termes de révolution, puisque
–ces changements sont anciens et s’actualisent peu à peu : ce sont les inventions et découvertes scientifiques (majoritairement en physique et en mathématique) qui ont rendu possible le développement des ordinateurs et des réseaux ;
–il nous faudra de nombreuses années, voire des siècles pour stabiliser les formes de l’écriture contemporaine, ses usages, pour produire de nouvelles normes de l’interprétation – aujourd’hui étendue aux échanges entre les humains et les machines.
Culture numérique
La culture numérique est l’équivalent contemporain de la culture de l’écrit des siècles passés. Elle oscille entre savoir-faire pratiques, voire recettes, réflexion sur ces savoir-faire, et imposition par ceux qui maîtrisent au mieux cette écriture de leurs goûts et normes. Nous pouvons considérer qu’aujourd’hui les industries informatiques et de la finance disposent au mieux de ces compétences. Il y a ici un processus d’écriture du monde à prendre au sérieux, même s’il est complexe. D’autres écritures du monde sont possibles. Elles seront vraisemblablement produites par les lettrés du numérique : les experts en littératie binaire et réticulée, qui ne sont autres que des techniciens de l’écrit contemporain. Par exemple, les lanceurs d’alerte Snowden et Assange sont informaticiens. Cependant, on ne peut en tirer de conclusion définitive. Goody rappelle que l’écriture offre des capacités, et non de la puissance. Ainsi, il ne 184suffira pas d’être codeur ou programmeur pour comprendre, critiquer, analyser et dynamiser nos sociétés. Nous pouvons simplement imaginer, à partir de l’histoire de l’écriture, que des personnes fort à l’aise avec des textes, des images et des musiques numériques, etc., nous donneront, par le biais d’inventions, de productions artistiques, sensibles, de théories, des clés pour comprendre le contemporain.
Éducation et consommation
Tout comme on ne devient pas savant en achetant des livres, on n’acquiert pas cette culture numérique en achetant des ordinateurs ou des tablettes. C’est par le biais d’un fort investissement dans l’apprentissage de l’écriture contemporaine, d’un développement de l’esprit critique (en comparant des textes électroniques, éventuellement avec des logiciels) analogue à celui forgé du temps de l’imprimé, d’une réflexion sur les liens entre technique et pensée, et entre technique et culture, que nous pourrons offrir aux générations futures les plus grandes capacités d’agir et les meilleures dispositions intellectuelles.
Jack Goody avait sur le monde un regard étonnamment débarrassé de préjugés. Il allait au bout de ses raisonnements. Il gardait l’idée que les humains et leurs pratiques sont toujours comparables, quels que soient les lieux et les époques. En ce sens, il était authentiquement universaliste, avec une générosité non pas mue par une morale ou une charité quelconque, mais confortée par ses enquêtes, sa rigueur et son érudition. Il nous a aussi appris à étudier les humains au prisme de leurs techniques.
À nous de profiter des cartes étonnamment claires et lisibles qu’il nous a léguées pour comprendre le monde.
Éric Guichard
185Bibliographie
Dagognet F., Rematérialiser, Paris, Vrin, 1989.
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Goody J. R., La raison graphique, Paris, Éd. de Minuit, 1979.
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Goody J. R., La culture des fleurs, Seuil, 1994.
Goody J. R., L’Orient en Occident, Seuil, 1999.
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Goody J. R., La peur des représentations, Paris, Éd. La Découverte, 2003.
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Goody J. R., Le vol de l’histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde, Paris, Gallimard, 2010.
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Goody J. R., « Le rapport au passé dans les cultures orales et écrites », É. Guichard (dir.), Écritures : sur les traces de Jack Goody, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2012, p. 39-45. Version anglaise : http://barthes.enssib.fr/articles/Goody-colloque-ENSSIB-Goody-2008.pdf.
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Goody J. R., Metals, Culture and Capitalism : An Essay on the Origins of the Modern World, Cambridge University Press, 2012.
Goody J. R., Albera, D. et Kennedy, M. Au-delà des murs, Parenthèses, 2004.
Guichard É. (dir.), Écritures : sur les traces de Jack Goody, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2012.
Lévi-Strauss C., La pensée sauvage, Paris, Plon, 1962.
186Malinowski B., Une théorie scientifique de la culture, Paris, Points, François Maspero, 1968. Premières éditions : 1941 pour l’article, 1944 pour l’ouvrage du même nom ; texte en ligne : http://classiques.uqac.ca/classiques/malinowsli/theorie_culture/theorie_culture.html.
Olson D. R., L’univers de l’écrit, Paris, Retz, 1998.
1 Les personnes désireuses de se familiariser avec cette pensée étonnamment constructive à l’heure de l’internet et de la puissance technique de nos sociétés liront avec profit son interview réalisée par la revue Vacarme : URL : http://www.vacarme.org/article1814.html.
2 Une version antérieure et légèrement différente de cet article a été publiée en ligne les jours suivant le décès de Jack Goody aux URL : http://barthes.enssib.fr/Goody/Hommage-Goody-EG.html et http://barthes.ens.fr/Goody/Hommage-Goody-EG.html.
3 Parfois, « ils » avaient des qualités originelles que « nous » aurions perdues, comme la mémoire. Goody a invalidé cette croyance : les Lo Dagaa font comme nous quand ils doivent réciter un long texte : ils oublient des fragments, en inventent ou adaptent d’autres, etc.
4 De telles mises en contact inattendues sont historiquement attestées : avec la charrue et la métallurgie, par exemple.
5 Le déterminisme technique est en soi une notion fragile et difficile à manipuler. Certains s’en servent pour signaler des changements de société, en privilégiant des perspectives (politiques, masculines, matérielles) finalement réductrices et souvent contredites par l’histoire. Par exemple, nous entendons parfois que l’invention de l’avion ou de l’automobile ont radicalement changé nos modes de vie et nos organisations sociales. Un tel raisonnement n’oublie-t-il pas des formes (elles-mêmes évolutives) de l’organisation et de la pensée collectives, qui sont décisives dans les transformations de ces deux objets depuis leurs premières apparitions (de nos capacités de calcul à des stratégies d’alliance et de pouvoir en passant par les guerres du vingtième siècle et les désirs d’émancipation individuelle) ? Pourquoi se focaliser sur des objets qui alimentent nos rêves de puissance et de vitesse et non pas sur des inventions qui conditionnent notre survie et nos modes relationnels, comme les vaccins, les antibiotiques et la pilule contraceptive, dont l’usage conditionne nos existences, notre présence au monde ?
6 La distinction provenant plus de la capacité à expliquer avec le langage ce qu’est le langage que de la disposition d’un langage, qui, sous forme extensive, est parfois attribué à certains animaux.
7 Ces questions d’interprétation peuvent vite devenir de vrais casse-tête quand il s’agit de rapporter la parole d’autrui. Quand je lis « il dit qu’il a mangé », dois je comprendre qu’une personne (appelons-la Jean) dit « moi, Jean, j’ai mangé » ou que Jean rapporte les actes de Jacques : « Jean dit que Jacques a mangé » ? En Europe, elles sont objectivées depuis moins de 10 siècles et se posent avec une nouvelle vigueur depuis l’essor de l’informatique et de l’internet.
8 Nous sommes au fait des avantages décisifs qu’apporte l’écriture, en matière de prévision ou d’organisation.
9 Même remarque : à supposer que de telles situations existent aujourd’hui. Nous sommes ici dans le registre de l’expérience de pensée, quand l’expérience concrète était encore possible il y a un siècle.
10 Cette expérience est partiellement à l’origine de certaines études de Jack Goody et de ses contemporains (Scribner, Cole, etc.).
11 Même Ramanujan, dont on nous dit qu’il rêvait les théorèmes de mathématique, avait besoin d’écrire ses rêves au petit matin.
- CLIL theme: 3157 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Sciences de l'information et de la communication
- ISBN: 978-2-406-06193-9
- EAN: 9782406061939
- ISSN: 2497-1650
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06193-9.p.0175
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 09-29-2016
- Periodicity: Biannual
- Language: French