Introduction La maladie et ses lieux
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Éthique, politique, religions
2021 – 2, n° 19. varia - Auteurs : Brancher (Dominique), Gontier (Thierry)
- Pages : 13 à 21
- Revue : Éthique, politique, religions
Introduction
La maladie et ses lieux
« [N]ous ne sommes jamais sans maladie » (II, 12, 569A1) écrit Montaigne, idée que partagent nombre de ses contemporains, et parmi eux des praticiens : pour Juan Huarte, l’homme, « depuis le jour de sa naissance, jusqu’à celuy de sa mort », n’est « autre chose qu’une maladie continuelle » et le monde « une maison de foux [casa de locos]2 », comme Démocrite en avait convaincu Hippocrate ; quant au chirurgien Jacques Duval, il rappelle que pour Galien, il est aussi rare de rencontrer un tempérament équilibré, ad pondus, qu’un orateur parfait, comme le déplore Quintilien3. Or pour Montaigne, toute aspiration à une perfection tempéramentale ou énonciative s’avère vaine en l’absence de critère pour la cerner, et le déséquilibre humoral d’un individu ne le rattache pas à un type d’esprit, comme chez Huarte, mais le singularise ; plus encore, écrire est aussi bien une manière de se prendre à, que de se déprendre du jeu de ses complexions malades, terme qu’il utilisera de plus en plus fréquemment au pluriel4. Adoptant des mouvements contradictoires de balancier pour déséquilibrer la médecine et rééquilibrer sa pensée, Montaigne problématise la notion de nature qui est au cœur de la 14tradition médicale, où « le retour à la santé est le retour à la nature elle-même5 ». Par ce travail critique, il assure l’hygiène paradoxale d’une pensée saine dans un corps malade, et pratique une « exercitation » de soi salutaire en dépit de – ou grâce à – ses pathologies qu’il fabrique autant qu’il les subit :
J’ayme les pluyes et les crotes [la boue| comme les canes. La mutation d’air et de climat ne me touche point ; tout Ciel m’est un. Je ne suis battu que des alterations internes que je produicts en moy, et celles là m’arrivent moins en voyageant. (III, 9, 974B)
Si ailleurs Montaigne souligne le puissant effet de « l’air, du climat et du terroir où nous naissons » sur la complexion et même les « facultez de l’ame » d’un individu (II, 12, 575B), il s’arrache ici à ce déterminisme climatique dont le traité hippocratique Airs, eaux, lieux avait posé les fondements6. La production autarcique d’« alterations internes », calculs rénaux ou autres turbulences physiologiques et mentales dont il pouvait souffrir, déjoue le puissant effet du milieu, sans pour autant chercher à échapper à cette emprise en prenant « nouvelle complexion », en s’acclimatant aux lieux traversés (II, 12, 575B)7. Car ce n’est pas « la mutation d’air et de climat » qui affecte Montaigne, mais le déplacement même de son corps qui, paradoxalement, en apaise les tourments, en l’empêchant de se fixer à un lieu, d’être cloué à une complexion.
S’éloigner du pays natal aurait d’ailleurs été propice à sa gloire littéraire, selon un ajout manuscrit de l’exemplaire de Bordeaux :
En mon climat de Gascongne, on tient pour drolerie de me veoir imprimé. D’autant que la connoissance qu’on prend de moy s’esloigne de mon giste, j’en vaux d’autant mieux. (III, 2, 809C, nous soulignons)
15Certes, le « climat », zone terrestre déterminée par des facteurs géographiques, avait pris le sens plus général de « région » ou « pays » ; mais l’usage du terme est suffisamment rare dans les Essais pour y lire une réinterprétation ludique de la tradition hippocratique selon laquelle des facteurs aussi bien naturels que culturels concourent à façonner ceux qui y vivent. Ainsi s’éclaire sous un jour nouveau l’adage bien connu, nul n’est prophète « en son païs », et cela « mesmes aux choses de neant » comme son livre, ajoute ironiquement Montaigne.
Lorsqu’en juin 2019 s’est tenue à l’Université de Bâle une rencontre, qui est à l’origine de ce volume, consacrée à la manière dont Montaigne gyrovague travaille la notion polysémique de maladie8, ce lieu (ou ce climat) pouvait trouver une légitimité toute hippocratique de par le rôle exceptionnel joué par les lettres médicales dans son histoire, et les liens que Montaigne tissa avec certains de ses principaux acteurs. Lors de son périple européen mêlant souci thérapeutique et observation anthropologique, cure de soi et curiosité pour la diversité des us et coutumes comme le souligne Rebekka Martic dans ce volume, il séjourna quelques jours à Bâle, en automne 1580, rencontrant deux médecins enseignant à la Faculté de médecine, Felix Platter et Theodor Zwinger. Paracelse, autre figure illustre de la ville, puisqu’il y fut engagé comme médecin puis chassé en 1529 pour avoir brûlé en public le canon d’Avicenne, se trouve quant à lui convoqué dans les Essais au titre de médecin dissident violemment anti-galéniste. Aux côtés de Fioravanti et Argenterius (II, 37, 772), il sert à illustrer l’idée de l’instabilité doctrinale de la médecine – raison de ne pas mettre sa vie à l’épreuve de ses « nouvelletez ». Parmi toutes les figures d’autorité qu’il foula au pied, Paracelse épargna cependant Hippocrate, commentant ses aphorismes et l’estimant salutaire pour l’homme déchu, car le médecin grec vit dans la Nature et est maître de sa lumière : mieux vaut implorer son aide que celle de Juvénal9.
16Les locaux qui accueillirent pour partie l’événement, le Bildungzentrum Hotel (aujourd’hui rebaptisé Odelya), ajoutaient à leur manière une brique à cette histoire, puisqu’ils constituèrent à l’origine le quartier général de la Mission évangélique bâloise, où étaient formés les missionnaires et éduqués leurs enfants. Une partie du bâtiment abrite aujourd’hui des archives passionnantes sur l’histoire de ces missions, qui ont également donné leur nom à cette rue, Missionsstrasse. Or le jeune Hermann Hess notamment y fut écolier, son père ayant été engagé comme éditeur du magazine de la mission. Bien plus tard, à l’automne 1899, Hesse travailla dans une librairie d’occasion à Bâle, avant de se consacrer entièrement à l’écriture, couronnée en 1946 par le prix Nobel.
Or il est un petit ouvrage d’Hermann Hess, Psychologia Balnearia, publié en 1924 à l’âge de 47 ans, qui fait lointainement écho aux expériences de Montaigne, qui s’exclamait « la vaine chose que c’est que la médecine10 » le 11 mai 1581, aux bains della Villa, lors d’un voyage consacré pour partie à écumer les stations thermales d’Europe (Plombières, Baden, Lucques, et Pise), et à honorer la « sotte costume de conter ce qu’on pisse11 ». Hesse y raconte, avec drôlerie et désespoir, ses aventures à Baden-Baden, station thermale réputée où les patients n’étaient pas conduits par leur embonpoint mais par la maladie (goutte, rhumatisme, calculs). Santé oblige, Montaigne, alors qu’il baignait dans les mêmes eaux de la quarantaine, séjourna quant à lui à Baden, mais le Baden suisse, pendant quatre jours, en octobre 1580, lieu également fréquenté par Paracelse, dont Leibniz disait « qu’il était le plus médecin de tous les fous et le plus fou de tous les médecins ».
Dans le sillage de Montaigne, Hermann Hesse conjugue le rôle du patient à celle de l’observateur aiguisé et cruel, faisant sienne la première maxime du Crépuscule des idoles de Nietzsche : « L’oisiveté est le commencement de la psychologie ». Car il offre l’entomologie minutieuse de la faune d’une ville de cure, et surtout se décrit en son sein, entretenant avec les autres malades des rapports qui varient entre la plus grande bienveillance et une incurable antipathie. De son expérience, il fit donc œuvre, comme Montaigne chez qui la cure, au double sens de souci de 17soi et de soin, passe par un régime d’écriture auquel il a su donner une forme inédite, en cherchant à traduire l’épaisseur phénoménologique de sa vie : « Je me taste au plus espais du mal » (II, 37, 762C).
La bibliographie des études sur Montaigne compte de nombreux travaux sur ce que Jean Starobinski a appelé « le moment du corps12 ». Menés selon des perspectives et méthodes différentes, à la croisée de la littérature, de la philosophie et de l’histoire de la médecine, ces travaux ont permis d’affiner notre compréhension de l’expérience du corps chez cet auteur, tout en dévoilant les affinités électives entre écriture, pensée sceptique et expérience physiologique. Ce volume souhaite réinterroger et renouveler l’étude du corps chez Montaigne à travers le prisme de la maladie qui devient à son tour un prisme métaphorique pour appréhender les maladies du corps politique et social de son temps. De par sa polysémie et sa plasticité intrinsèques, la notion dépasse ainsi l’expérience individuelle de l’écrivain malade pour se faire représentative de la « condition humaine » face à la pathologie. Nous envisagerons donc la maladie selon plusieurs axes qui ne cesseront de s’entrecroiser et de se recouper.
Au sens anthropologique, la maladie définit la condition originelle qui affecte l’être humain dans sa complexité physique, psychique et affective. Elle affecte tout d’abord les corps. Du point de vue médical et physiologique, la maladie se révèle comme expérience douloureuse dépassant le pathologique pour devenir condition d’une perception aiguisée de soi comme être vivant, jouissant et écrivant. Montaigne ne parle pas seulement de la maladie : il décrit sa maladie et ses diverses formes symptomatiques, les phases de sa souffrance, l’alternance des états de rémission et de récidive. Comme le montre Sylvia Giocanti, la définition de la santé donnée par l’OMS en 1946, comme « un état de complet bien-être corporel, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », est à l’opposé de l’expérience la plus ordinaire, que Montaigne tente d’analyser dans les Essais. De fait, nous apprenons par l’expérience : dans le chapitre éponyme III, 13, le fruit de l’expérience, qui donne au vieillard une forme de connaissance supérieure, est précisément celle de la proximité et de la relativité de la maladie et de la santé. John Christian Laursen 18rapproche sur ce point Montaigne des cyniques, tout en précisant que contrairement à Diogène, qui préconise le suicide contre la douleur, Montaigne se rallie à Antisthène, qui refuse de « guarir les maladies par la mort » (III, 9, 358) – il nous faut donc vivre avec la maladie. Inversement, Montaigne critique les médecins qui nous tuent en voulant nous guérir. La maladie fait partie de notre nature de sorte qu’il n’y a pas, ni dans la vie ni dans la mort, d’être de l’homme au-delà de l’horizon de la maladie. Philosopher, c’est en ce sens apprendre à être malade – et cela vaut aussi bien pour la médecine que pour la politique.
L’esprit, ici comme ailleurs, suit le corps : la variabilité et la mutabilité font partie de sa nature la plus intime. Montaigne fait l’expérience de la faiblesse voire du dérèglement de la raison, qui ouvre sur la nécessité d’un régime de santé mentale. Les philosophies stoïcienne et épicurienne ne savent guérir la maladie que par la mort du patient – comme le souligne Nicola Panichi à partir de l’histoire de Lycas, qui ne peut guérir de son « humeur peccante » (le refuge dans un monde d’illusion) qu’au prix de la vie. Le fameux « scepticisme » de Montaigne tient avant tout dans cette expérience de la volubilité et dissolution de l’esprit, inscrite si profondément dans sa nature que les lois, coutumes, science, préceptes, « peines et recompenses mortelles et immortelles » ne sauraient en venir à bout (II, 12, 559). Cette instabilité se traduit en particulier par une curiosité insatiable, étudiée ici par Rebekka Martic. En un sens, Montaigne rejoint la tradition hellénique de critique de la périérgia et de la polypragmosunè et la tradition patristique, post-augustinienne de critique de cette libido sciendi qu’est la curiositas, en y voyant lui aussi un dérèglement de l’esprit. Mais, loin de chercher un remède, Montaigne voit dans cette curiosité une vertu de l’esprit :
Nul esprit genereux ne s’arreste en soy : il pretend tousjours et va outre ses forces ; il a des eslans au delà de ses effects ; s’il ne s’avance et ne se presse et ne s’accule et ne se choque, il n’est vif qu’à demy ; ses poursuites sont sans terme, et sans forme ; son aliment c’est admiration, chasse, ambiguité (III, 13, 1068).
Ce dérèglement est aussi l’une des marques de l’écriture des Essais. Le texte d’Alain Legros montre que l’« escrivaillerie », simple bavardage sans ordre, est un symptôme du siècle que Montaigne lui-même assume dans sa propre écriture, ne sachant trop s’il doit attendre de cette historia de 19l’esprit humain que sont les Essais un simple témoignage de sa plasticité déréglée ou une forme de discipline : laissé à lui-même,
mon esprit […], faisant le cheval eschappé m’enfante tant de chimeres et monstres fantasques les uns sur les autres, sans ordre, et sans propos, que pour en contempler à mon aise l’ineptie et l’estrangeté, j’ay commancé de les mettre en rolle, esperant avec le temps luy en faire honte à luy mesmes (I, 8, 33).
Cette instabilité psychologique n’isole d’ailleurs pas l’homme d’une nature qui serait, comme chez Platon ou Aristote, un principe de stabilité et de rationalité dans un monde en mouvement. Car le monde lui-même est en quelque façon atteint par la maladie. Au sens épistémologique, la maladie se fait expérience de l’incertitude face à un monde ressenti comme « branloire perenne » (III, 2, 804). Le scepticisme n’est pas un renoncement à saisir la nature, mais, paradoxalement, la seule méthode d’approche de celle-ci, les systèmes rationalistes et dogmatistes révélant pour leur part leur incapacité à se mesurer à la mutabilité de l’être.
Cette anthropologie détermine une morale qui tourne le dos au raidissement stoïcien, en prenant pleinement en compte les passions et la dimension du corps. La concupiscence (l’épithumia des Grecs), toute irrationnelle qu’elle puisse paraître à la tradition morale antique, est, nous dit Montaigne, « moins desbauchée que ma raison » (II, 11, 428). La sexualité humaine, étudiée dans les articles de Sylvia Giocanti et de John Christian Laursen, manifeste clairement ce paradoxe d’une sexualité qui apparie « les fols et les sages, et nous et les bêtes » (III, 5, 877), tout en revêtant une valeur normative à l’encontre des rêves d’apatheia et d’ataraxia des grandes morales rationalistes.
Au sens politique enfin, la maladie est expérimentée dans le chaos du corps social en temps de guerres civiles. Montaigne n’est certes pas le premier à penser le corps politique à travers un prisme physiologique et médical. Les métaphores biologiques du « corps » ou de l’« organisme » social prennent leurs sources dans la pensée antique (Platon, les stoïciens, le pseudo-Plutarque), médiévale (par exemple chez Jean de Salisbury) et renaissante (Marsile de Padoue, Jean Buridan et Jean de Jandun, par exemple)13. Elles ont d’ordinaire pour fonction de mettre en valeur la priorité de la totalité par rapport aux parties qui la composent et la 20solidarité de ces parties, qui sont autant d’organes destinés à la santé de l’ensemble. Pour les métaphores plus spécifiquement médicales du politique, elles remontent elles aussi à l’Antiquité. Comme le rappelle Eric Voegelin14, c’est Thucydide, dans son étude « de la désintégration morale et de la destruction physique » d’Athènes, qui a introduit le terme hippocratique de kinèsis, pris comme un synonyme de nosos, renvoyant à une maladie de l’ordre politique. De cette maladie, le médecin-historien doit donner une modélisation, sous la forme d’un « tableau clinique » – c’est ce que Thucydide nomme éidos ou idéa, termes qui renvoient au vocabulaire de la médecine empiriste. Platon, explique Voegelin, entendra fournir l’idea de la cité saine, et non seulement de la cité malade. Si c’est le cas, alors on peut dire que Montaigne rapporte ces analogies médicales à leur champ sémantique originel : non à la cité en bonne santé (si tant est que cette cité existe hors de nos phantasmes sociaux), mais à la cité corrompue. Il reste que, pour Montaigne, la corruption n’est pas vraiment l’antonyme d’une nature comprise comme intégrité. Même la ville de Philippe, fondée en amassant les « plus meschans hommes et incorrigibles qu’il [i.e. Philippe de Macédoine] peut trouver » n’a pas été sans ordre, et Montaigne se plait à imaginer que ces hommes « dressarent des vices mesme une contexture politique entre eux et une commode et juste societé » (III, 9, p. 956). Les guerres civiles sont moins une exception à la règle qu’un révélateur de la vrai nature de la société, fondée non sur l’amitié et le partage d’idéaux communs, mais sur un ordre de l’égoïsme et de la vanité. L’expérience politique de Montaigne rejoint ici son expérience plus intime de la maladie de la pierre : il n’y a d’ordre qu’au sein d’un désordre et d’une perturbation.
L’ambivalence de cette notion de maladie ne tient cependant pas seulement à son application à différents champs épistémiques. La maladie prend chez Montaigne deux connotation opposées. Elle est valorisée lorsqu’elle définit une forme d’ordre que le rationaliste est incapable d’atteindre. Mais en retour, du point de vue du malade pour ainsi dire « sain » (car les maladies, nous dit Montaigne, ont leur santé), c’est l’homme prétendu en bonne santé et exempt de toute pathologie qui est 21le vrai malade, victime de ses illusions et de ses passions de gloire. La maladie prend ici un sens résolument négatif, se rapportant aux figures, innombrables dans les Essais, du dogmatiste sous toutes ses formes (celle du médecin comme celle du philosophe ou du théologien), du fanatique et du sectaire – maladie dont les symptômes ne sont en ce temps que trop visibles : arrogance et esprit partisan, cruautés (contre soi-même, contre les autres), colonisation au sens très large (prédation de la nature, anthropocentrisme, conquista), etc. En ce sens, et en ce sens seulement, la maladie est l’antagoniste de tout ordre humain et la maladie « saine » une forme de restauration de cet ordre.
La réflexion commune autour de cette notion polysémique, dont Montaigne travaille l’équivocité, ne voudrait pas se limiter à sa seule œuvre. Les différents auteurs ont envisagé les liens qu’elle tisse avec son contexte et d’autres œuvres contemporaines, ainsi que sa postérité, en la faisant dialoguer avec la philosophie moderne ultérieure (Robert Burton dans l’étude de John Christain Laursen) contemporaine (Stanley Cavell dans l’étude de Sylvia Giocanti) et en la rattachant, explictement ou implicitement, à des questions d’actualité cruciales.
Dominique Brancher
Université de Bâle
Thierry Gontier
Université de Lyon / IRPhiL / LabEx COMOD
1 M. de Montaigne, Essais, éd. Pierre Villey, Paris, PUF, « Quadrige », 1992 (1924, 1965). Les références au livre, essai et page seront désormais indiqués dans le texte.
2 J. Huarte de San Juan, L’Examen des esprits pour les sciences ou sont monstrees les differences d’Esprits qui se trouvent parmy les hommes, et à quelle sorte de science chacun est propre en particulier, Composé par Jean Huarte, Medecin Espagnol, Nouvellement traduit suivant l’ancien Original. Augmenté selon la derniere impression d’Espagne. Reveu, corrigé et mis en meilleur ordre en cette derniere Edition. Premiere Partie, Paris, René Guignard, 1668, fol. [vv-vir ; fol. gr]. Il s’agit d’une traduction, par Charles Vion d’Alibray, des deux éditions espagnoles : la princeps de 1575 et la reformada de 1594.
3 J. Duval, Traité des hermaphrodits, parties génitales, accouchemens des femmes, etc., Paris, Liseux 1880 [Des hermaphrodits, accouchemens de femmes, et traitement qui est requis pour les relever en santé, Rouen, David Geuffroy, 1612], p. 298.
4 V. Giacomotto-Charra, « De l’essai comme régime aux nouveaux essais de régime : retour sur Montaigne et la diététique de son temps », Montaigne Studies, no 32, 2020, p. 29-49.
5 G. Barroux, « Présentation », Corpus no 54, numéro thématique « Médecine et anthropologie », éd. G. Barroux, 2008, p. 5-24, 17.
6 Sur ce regain de l’hippocratisme, voir V. Nutton, « Hippocrates in the Renaissance », in éd. G. Baader et R. Winau, Die hippokratische Epidemien. Theorie-Praxis-Tradition (Sudhoffs Archiv., Beihefte 27, Stuttgart : Franz Steiner, 1989), p. 420-439 et I. M. Lonie, « The “Paris Hippocratics” : Teaching and Research in Paris in the Second Half of the Sixteenth Century », dans éd. A. Wear, R. K. French et I. M. Lonie, The Medical Renaissance of the Sixteenth Century (Cambridge : Cambridge University Press, 1985), p. 155-174.
7 Sur ce point, voir la belle analyse de D. Rouiller, Des airs, des lieux et des hommes. Les théories des climats à la Renaissance, Genève, Droz, 2021, chap. xiv, « “Prendre nouvelle complexion” (Michel de Montaigne) », p. 351-380.
8 La rencontre s’inscrivait dans le cadre de l’« Atelier Montaigne », une structure dynamique de recherche créée en 2013 à Lyon en tant que projet commun pluriannuel du Labex COMOD, qui collabore avec de nombreuses autres institutions (Université de Chicago à Paris, CRRLPM / ENS-Ulm, La Scuola Normale Superiore de Pise).
9 Voir « Hippocrates and the Construction of “Progress” in Sixteenth- and Seventeenth-century Medicine », in D. Cantor (ed.), Reinventing Hippocrates, Oxon/New York, Routledge,, 2016 [Ashgate Publishing, 2001], p. 37-58, 39 ; Theophrast von Hohenheim gen. Paracelsus, Sämtliche Werke, I. Abteilung : Medizinische naturwissenschaftliche und philosophische Schriften, ed. K. Sudhoff, 12 vols, Munich, Berlin, R. Oldenbourg, 1922–31, Vol. VIII (1924), p. 321.
10 Journal du Voyage de Michel de Montaigne en Italie. Par la Suisse & l’Allemagne en 1580 & 1581, avec des notes par M. de Querlon. TOME PREMIER, Paris, Edme-Jean Le Jay, 1774, p. 92.
11 Ibid.
12 J. Starobinski, Montaigne en mouvement, Paris, Gallimard, 1982.
13 Sur ces points, voir Thierry Gontier, « Vie contemplative et vie active chez Pietro Pomponazzi : autour de la comparaison organiciste du chapitre 14 du De immortalitate animæ », Ch. Trottmann (dir.), Vie active et vie contemplative au Moyen Âge et au seuil de la Renaissance, Rome, Collection de l’École Française de Rome, 2009, p. 443-471.
14 Voir l’introduction de Thierry Gontier dans Eric Voegelin, Ordre et Histoire III : Platon et Aristote, Paris, Éditions du Cerf, 2015, p. 36-37.
- Thème CLIL : 3133 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie contemporaine
- ISBN : 978-2-406-12623-2
- EAN : 9782406126232
- ISSN : 2271-7234
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12623-2.p.0013
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 15/12/2021
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
- Mots-clés : médecine, anthropologie, scepticisme, passions, corruption, crise sociale