Présentation
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Éléments de philosophie. Quatre-vingt-quinze chapitres sur l’esprit et les passions
- Pages : 7 à 22
- Collection : Bibliothèque de littérature du xxe siècle, n° 38
Chapitre d’ouvrage : 1/18 Suivant
Présentation
Peut-on encore lire Alain ? L’auteur des Propos ne nous est-il pas devenu irrémédiablement inactuel ? La polémique récente qui a accompagné la publication de son Journal inédit, où transparaît un antisémitisme manifeste, le laisse penser1 – cet antisémitisme a d’autant plus déconcerté les lecteurs qu’Alain incarnait jusque-là, comme dit Raymond Aron, une forme de « gauche éternelle2 ». Mais il n’est pas besoin d’aller chercher jusque cet Alain honteux, réservant l’abjection de ses plus mauvaises pensées aux pages d’un journal dont on comprend qu’il soit si longtemps resté secret, pour constater son inactualité. Il n’est que de voir les hommages ambigus, perfides parfois, que lui rendirent certains de ses plus illustres anciens élèves, suggérant que la pensée d’Alain ne risquait guère de survivre à sa personne. Julien Gracq reconnaissait en lui, comme enseignant, un « admirable éveilleur », mais jugeait qu’« il avait peu d’avenir dans l’esprit » et remarquait d’ailleurs qu’il « laissé en [lui] peu de traces3 ». Raymond Aron se dit marqué par « la personnalité d’Alain », guère par sa « philosophie4 », qu’il condamne même fermement. « Professeur de khâgne, élevé presque au niveau du génie » ajoute-t-il avec une certaine cruauté5. Le cliché d’un « cortège digne de Platon » composé, derrière Alain, de tous ses « anciens élèves restés disciples6 », n’est pas si fondé.
8Cependant, la relative éclipse d’Alain n’est pas seulement due à l’ingratitude post mortem de quelques anciens élèves. Même de son vivant, Alain paraît décalé, homme d’un autre temps : il refuse Freud7 aussi bien qu’Einstein. Son attachement au radicalisme, qui donna lieu aux Éléments d’une doctrine radicale en 1925, fit de lui « le Radical en soi », comme dit Albert Thibaudet, mais cette politique du « refus devant les activismes », ce « passivisme », rendirent très vite un son anachronique devant la montée des périls de l’entre-deux-guerres8. Ainsi, Alain fut tout de suite, et de son propre chef, un « intempestif » comme Nietzsche les goûtait, échappant aux normes de son époque, unzeitgemäss9. Il connut certes la célébrité, et cette célébrité est allée déclinant depuis sa mort ; mais il reste encore à lire, et même à découvrir, dans une certaine mesure. Comme le disait Michel Murat dans un colloque tenu en 2009 : « Cette œuvre si riche n’a donné lieu à un véritable débat que pour ses vues sur la guerre, et leurs conséquences malheureuses. C’est à nous donc que le trésor est confié : où l’on nous a mis, il reste beaucoup à creuser10. »
Par ailleurs, un autre écran s’interpose entre Alain et nous, qu’il importe de dissiper : l’état éditorial extrêmement désordonné de son œuvre, dû en partie aux choix d’Alain lui-même, qui a placé sa production sous le signe de « l’éclatement », comme dit Jérôme Perrier11. Les textes pour lesquels Alain est resté le plus célèbre, les « propos », sont parus sous des formes très diverses, souvent de façon disparate, en des anthologies plus ou moins cohérentes (la plus fameuse étant les Propos sur le bonheur), et qui de toutes les manières, ne pourront reproduire le premier mode de publication et de lecture, dans la presse quotidienne. Mais le phénomène ne se limite pas au genre très particulier des « propos » : toute l’œuvre d’Alain paraît ainsi construite, au fil de republications, 9d’augmentations, de remaniements divers. À travers ces « reprises » et « retours » incessants, Maurice Blanchot jugeait qu’Alain voulait se constituer des « preuves » : « Il a besoin de les avoir sans cesse en lui, les prenant, les reprenant, pour les empêcher de mourir. Et chaque fois qu’il touche à la même œuvre, il la voit renaître aussi neuve et naïve que la première fois12. » Alain l’inactuel sent toujours son œuvre lui échapper, et ne cesse de la reprendre, de la tirer vers lui à nouveau, de réaffirmer son existence, son caractère tangible, indiscutable, vivant : Alain veut vaincre la mort par l’écriture, comme tant d’autres, mais aussi par une forme de réécriture continue, qui place son œuvre dans un état d’inachèvement ouvert et dynamique.
L’ouvrage qu’on lira ici ne déroge à la règle, et c’est d’ailleurs à son propos que Blanchot écrivait ces lignes. Ainsi, l’édition la plus récente de ce texte en est une version très tronquée, publiée par Gallimard, en 2016, dans la collection « Folio sagesses », sous le titre Du bonheur et de l’ennui et autres textes. Il s’agit en réalité du cinquième et du sixième « livres » d’un ouvrage paru lui-même sous plusieurs formes et sous plusieurs titres : une telle publication, forcément réductrice, est donc cependant tout à fait dans l’esprit qui domine l’édition des œuvres d’Alain, de son vivant et depuis sa mort, dans cette espèce de remaniement et de recomposition toujours recommencés des mêmes textes. Du reste, toujours chez Gallimard, le texte est aujourd’hui encore disponible sous deux autres formes, elles-mêmes très différentes l’une de l’autre : dans la collection « Folio essais », c’est un texte de 1941 qui est reproduit, sous le titre Éléments de philosophie ; dans la « Bibliothèque de la Pléiade », qui date pourtant de 1960, c’est la toute première édition du même ouvrage qu’on peut lire, c’est-à-dire un texte de 1917 intitulé Quatre-vingt-un chapitres sur l’esprit et la sagesse, plus court de quatorze chapitres et de toutes les « notes » ajoutées ensuite par Alain. Ce choix est d’ailleurs assumé par l’éditeur, Georges Bénézé, qui dit avoir par là respecté le vœu d’Alain13. Difficile ici de trancher pour savoir exactement quel est le « bon » texte ; aussi, pour mieux comprendre la nature de cet ouvrage protéiforme, et 10les choix éditoriaux qui ont été ici les nôtres, afin, espérons-le, de sortir ce texte de la situation un peu confuse qui est la sienne, arrêtons-nous d’abord sur sa genèse et sa conception.
De 75 à 81 à 95 : genèse du texte
Du vivant d’Alain déjà, l’ouvrage qu’on va lire a donc connu deux états sensiblement différents, sous deux titres : les Quatre-vingt-un chapitres sur l’esprit et les passions, publiés en 1917 à compte d’auteur et imprimés par l’Émancipatrice, maison « communiste », et les Éléments de philosophie publiés en 1941 chez Gallimard. La première fois, le tirage est très restreint, confidentiel, loin de toute « publication officielle », presque « imprim[é] pour soi14 » ; la seconde publication, chez un grand éditeur, et par un Alain reconnu et vieillissant, se fait dans un tout autre contexte. Par ailleurs, le livre est rédigé pendant la Grande Guerre, et même au front, du 8 avril au 1er août 1916, « écrit dans la boue militaire, qui est plus boue qu’aucune autre15 », et il sera remanié pendant une nouvelle guerre, mais cette fois depuis l’arrière, et par un Alain très diminué, puis publié sous l’Occupation – la relecture des épreuves prend fin le 18 janvier 1941. La proche collaboratrice d’Alain, Marie-Monique Morre-Lambelin, son « jumeau », comme il l’appelle souvent, très investie dans les deux versions de l’ouvrage, fait elle-même le parallèle, le 17 mai 1940 : « Nous corrigeons la mise en page des Éléments de philosophie dont je copiais le texte à l’autre guerre16 ! » Rien dans chacun des deux titres, ni dans le plan de l’ouvrage, ne le laisse deviner, mais cet essai, dans son projet même, est en réalité indissociable de ce contexte guerrier et militaire – Alain, pacifiste, s’était engagé de lui-même en 1914, jugeant qu’il ne pouvait rester à l’arrière quand ses étudiants partaient tous au combat.
11Alain a raconté à plusieurs reprises la façon dont lui était venue l’idée de cet ouvrage, son premier livre pensé comme tel et publié directement sous cette forme, de façon autonome (et non d’abord sous forme d’articles ici ou là). Voici le récit qu’il en donne dans Histoire de mes pensées :
C’était au printemps de l’années 1916 ; j’étais revenu de Champagne à Flirey, point irritable du front. Un fantassin, qui était peut-être licencié d’allemand, nous aidait à traduire le communiqué pris chaque jour par le sans-filiste. Il en vint à me demander une formule analogue au fameux « Je pense donc je suis », et qui serait la devise d’un Locke. Je répondis par des calembours. Mais il s’obstina à dire qu’un vrai manuel, lisible à tous, serait bien utile, que j’avais tout le temps de l’écrire, etc… […] je pensai au Manuel et je vis, en essayant, que la rédaction marchait tout droit. Il me vint à propos un séjour de trois mois dans un hôpital dont je fus heureux, et où j’écrivais aisément un chapitre par jour, chapitre aussitôt confié à la poste17.
La rédaction prendra peu de temps et marque une étape dans l’itinéraire d’Alain :
Ce manuel, qui est encore trop manuel, fut bientôt achevé et mis à l’impression dès que cela fut possible, sans être soumis à la censure, car c’est ce que je n’aurais pu souffrir. Il parut pendant la guerre, et me rapporta quelque argent. J’étais auteur18.
Le professeur Émile Chartier devient « auteur », donc, ce qui justifie que certains qualifient l’ouvrage de « texte charnière19 » dans l’évolution d’Alain, entre l’enseignement, le journalisme d’idées, et une écriture plus libre et indéterminée ; néanmoins, il était déjà « Alain », justement, depuis les premiers textes qu’il avait signés sous ce nom depuis 1906. Or la forme sous laquelle l’ouvrage est présenté lors de sa première édition est à ce titre très singulière : l’auteur n’est ni Émile Chartier, ni exactement Alain, mais il est annoncé comme « l’auteur des Propos d’Alain ». Le texte est bien écrit sous pseudonyme, mais un pseudonyme qui se dénonce comme tel, qui s’exhibe comme invention, sans pour autant révéler le nom réel de l’auteur. Comme l’écrit Frédéric Worms, « c’est comme si, tout à coup, se 12levait, tout en se maintenant, le voile du pseudonyme : il affiche sa fonction de pseudonyme (il y a quelqu’un qui est “l’auteur des ‘propos d’Alain’”), mais il la redouble encore (car il ne dit pas qui il est20 !) » Ce dispositif quelque peu déconcertant est lié à l’incertitude générique qui travaille alors l’écriture d’Alain : ce livre est à l’évidence un livre de philosophie, mais il ne sera pas rédigé dans la langue des philosophes professionnels (celle du jeune Émile Chartier, par exemple, quand il écrit dans la Revue de métaphysique et de morale), sans pour autant rejoindre tout à fait la prose plus libre des Propos. Il est en quelque sorte ce que devient la philosophie quand le professeur Émile Chartier laisse la plume au journaliste Alain : un texte hybride, mêlé, comme l’est l’auteur lui-même.
La première mention de l’ouvrage par Alain remonte au 11 mars 1916, alors qu’il achève la rédaction de ce qui deviendra Mars ou la guerre jugée :
[…] j’ai pensé à un livre qui aurait pour titre Idée élémentaire des connaissances philosophiques […]. Ce serait court avec des indications sur les livres essentiels. […] Mais ici il faut que je me décide sur l’ordre des parties, et aussi sur le plaisir que j’aurai à écrire. […] La partie éthique ou des passions ressemblerait assez à ce qui est dans le Man[unscrit] rou[ge] [Mars ou la guerre jugée], mais plus complet. Il est bon de dire que la méditation sur la guerre m’a fait avancer sensiblement de ce côté-là. L’avantage qu’il y aurait à écrire ces Éléments, c’est que je serais allégé de toutes mes notes, ce qui est tout à fait nécessaire, si on ne veut pas écraser le lecteur21.
Les premiers titres qui s’esquissent ici sont ceux d’ouvrages ultérieurs : Idées, autre manuel personnel de philosophie publié en 1932, et Éléments de philosophie, titre qui ne sera retenu que pour la deuxième version de l’ouvrage, vingt-cinq ans plus tard. Quoi qu’il en soit, trois traits décisifs de ce « livre élémentaire » apparaissent dès ce moment : la nécessité, certes provoquée par les circonstances, d’écrire sans revenir aux auteurs, sans référence directe aux textes, en faisant appel à la seule mémoire, « loin des philosophes et de leurs livres22 », dans un geste « simplifié et aéré 13par le vent de la guerre23 » ; l’impératif, malgré l’ambition pédagogique, d’écrire « seulement pour [s]on plaisir24 » ; l’importance enfin, comme souvent chez Alain, de la thématique des « passions ».
Le livre est écrit très rapidement, au rythme moyen d’un chapitre par jour, qu’Alain envoie chaque fois, aussitôt rédigé, à Marie-Monique Morre Lambelin, sans en rien conserver. À chaque envoi, il commente la qualité de sa copie, son entrain, sa fatigue : nous avons tâché, dans les notes qui accompagnent le texte de notre édition, de restituer ce commentaire inlassable d’Alain par lui-même, pour donner à sentir la manière très particulière dont ce livre est écrit, entre le front et l’hôpital, en une période de temps singulièrement brève.
Avant de se lancer dans la rédaction, Alain pense écrire 75 chapitres, répartis en neuf livres, mais il renonce vite à envoyer si tôt à sa correspondante une table des matières25 : il faut garder à l’ouvrage, malgré son apparence un peu écrasante de « Traité élémentaire de toutes les choses26 », son caractère libre et improvisé. Le titre est trouvé le 19 juillet, mais le nombre de chapitres n’est toujours pas le bon : Soixante-dix-neuf chapitres sur l’esprit et les passions par l’auteur des Propos d’Alain27. Ce goût de la numérotation, nous le trouvons dans tous les titres donnés aux premières publications d’Alain, même s’ils ne sont pas toujours de lui : Les Cent un propos d’Alain (1910), Vingt et un propos d’Alain : méditations pour les non combattants (1915) ou les Vingt et une scènes de comédie, posthumes, mais également rédigées au front. Cette numérotation quasi systématique n’est absolument pas figée dans le marbre ; au contraire, elle correspond à l’état final d’un texte écrit avec la plus grande souplesse de composition possible, et comme photographié à un 14instant t. La numérotation sert en quelque sorte à dater un texte dans l’état auquel il est parvenu, état lui-même ouvert à d’éventuels apports ultérieurs. Ainsi le « nombre des chapitres » n’a, Alain y insiste, « rien de sacré28 » : c’est tout naturellement que les Soixante-dix-neuf deviendront donc Quatre-vingt-un lors des dernières modifications du texte. Et c’est pourquoi nous avons-nous-même choisi d’ajouter à notre édition un sous-titre adapté, ce qui permettrait de conserver le titre définitif de 1941, Éléments de philosophie, dont on voit qu’il remonte d’ailleurs, peu ou prou, à la toute première conception de l’ouvrage, tout en restituant le caractère libre et souple du premier titre, légèrement modifié, devenant donc Quatre-vingt-quinze chapitres sur l’esprit et les passions.
Les quatorze nouveaux chapitres, ainsi que les notes et introductions ajoutées par Alain dans l’édition de 1941 ne datent pas tous de la même période : une partie a été publiée dans les années 1920, dans des revues comme Le Navire d’argent ou La Nouvelle Revue française, ce que nous indiquons au cas par cas dans les notes de notre édition. D’autres sont nettement plus tardifs, comme le chapitre « Du concept » (II, viii), rédigé en 1940, juste avant la publication des Éléments de philosophie. Ainsi, cet ouvrage donne à voir à la fois un premier Alain, professeur d’une quarantaine d’années tâchant de retrouver par l’écriture le plaisir de l’enseignement, éloigné par la guerre des salles de classe, mais aussi un Alain au long cours, écrivain remettant toute sa vie sur le métier ces quelques dizaines de chapitres écrits en moins de quatre mois, à deux pas du feu ennemi, pour rendre accessible à qui le souhaiterait ce qu’Alain retenait de la philosophie.
15Alain, professeur de philosophie
« Manuel29 », ou « essai de manuel30 », « une sorte de catéchisme31 », « abrégé » de philosophie32 : le flou générique entretenu par Alain autour de ses « chapitres » ou « éléments » porte toujours la marque d’une visée pédagogique. Ce livre est celui d’un professeur privé de sa chaire bien plus que d’un journaliste privé de sa tribune. Tantôt, ce sont ses cours auprès des jeunes filles du collège Sévigné, que l’écriture lui rappelle33, tantôt ses enseignements aux khâgneux d’Henri-IV34, auxquels d’ailleurs il dédiera la nouvelle version du livre en 1941, suivant la suggestion de Marie-Monique Morre-Lambelin35. Toutefois, Alain y insiste aussi bien, le destinataire de ce livre n’est pas nécessairement l’étudiant en philosophie, ni le « philosophe de métier », ainsi qu’il l’appelle dans l’avant-propos de 1916 ; comme le traduit l’anecdote qui a déclenché l’écriture des Éléments, c’est au premier venu curieux des choses philosophiques, que l’auteur souhaite s’adresser, au jeune fantassin qui voudra s’instruire, à tout « apprenti philosophe », comme il l’appelle. L’ouvrage a donc quelque chose du cours de lycée ou de khâgne, mais mêlé à une certaine légèreté typique de la conversation de table, qui lui donne cette allure mixte, entre le manuel et le propos.
Cette ambition pédagogique, mais allégée d’une partie de sa technicité et de son érudition, se traduit dans l’écriture même. Alain fait souvent appel à la deuxième personne, du singulier ou du pluriel, en particulier dans les « Notes » qui suivent certains chapitres, au ton plus relâché. Parfois, dans ces notes, Alain recommande même des exercices pratiques, des expériences de 16pensée à effectuer soi-même, une fois le livre refermé, des lectures possibles pour prolonger la réflexion… Il faut accompagner le lecteur, en évitant les mots « barbares », en s’excusant de traverser parfois des « landes arides36 », et sans abuser de sa patience : « Il s’agit d’éveiller le lecteur, non de l’accabler, et de lui révéler sa puissance plutôt que sa faiblesse37. »
Mais à quelle philosophie Alain veut-il éveiller exactement le lecteur ? Son « manuel » ne consiste nullement en une forme d’exposé doxographique de toutes les grandes doctrines de l’histoire de la philosophie, même si l’on rencontre les philosophes qui sont les plus chers à Alain : Platon, Descartes, Spinoza, Kant ou Auguste Comte. Cependant, comme l’a remarqué Baptiste Jacomino, l’ouvrage « propose une philosophie générale, une pensée plus systématique que celle des propos38 », en particulier dans les premières parties, les plus techniciennes. La meilleure description, délibérément ouverte, en est donnée par Maurice Blanchot, dans la recension qu’il donne des Éléments de philosophie : « un ouvrage où sont traitées d’une manière simple beaucoup de questions et qui permet un contact avec presque toute la philosophie39 ». Les questions abordées sont en effet des plus diverses, de la métaphysique aux questions sociales, mais quelques thématiques se montrent particulièrement structurantes, et donnent à l’ouvrage son unité. La notion qui forme le nœud de toute la philosophie d’Alain, perceptible dès les premières sections de l’ouvrage, est l’éthique : la philosophie d’Alain est d’abord une philosophie morale. L’un des objectifs de ce parcours en quatre-vingt-quinze étapes est précisément de montrer que « la philosophie est bien une éthique, et non une vaine curiosité40 », et que par là, et par là seulement, elle constitue une « connaissance universelle41 ».
Cette centralité de l’éthique a deux conséquences principales. La première est qu’Alain montre, un intérêt constant pour la question du « Moi », de l’individu, de la personnalité, qu’on retrouve de part en part du traité (en particulier dans les chapitres rajoutés ultérieurement, peut-on noter42), qui 17est le principal lieu d’observation des questions morales qui intéressent le philosophe. Avec Alain, on retrouve le moi partout : il le situe au fondement de sa philosophie de la volonté, entendue comme « foi constante en soi-même43 », mais aussi au centre de sa pensée de la connaissance, aussi bien, précisément, que de son éthique, qui est pensée comme une « rencontre de moi et de moi44 » ; c’est encore le fondement de toute sa politique, qui se devine seulement, par endroits, dans cet ouvrage45, et qui consiste bien, comme dit Thibaudet, en un strict « individualisme politique46 », ou en un « individualisme universaliste », pour reprendre la formule d’un commentateur plus récent47. Mais le moi, chez Alain, est toujours un moi socialisé, un moi qui se refuse à tout repli égotiste : « que ta solitude et ton monastère soient au milieu des hommes48 », enjoint Alain lui-même. Son individualisme est un individualisme social, civique, républicain.
La seconde conséquence de ce primat de l’éthique, c’est que, comme l’indique le titre de 1917, l’ouvrage d’Alain est avant tout un essai sur les passions, thème d’ailleurs omniprésent dans toute son œuvre49. Cette prééminence des passions est sensible dès l’introduction, et même dans les parties plus techniques sur la connaissance, dans la mesure où les passions apparaissent comme un obstacle possible, et parfois un moteur, dans ces processus de connaissance. Mais ce sont surtout les chapitres des trois dernières sections qui font de cet ouvrage une forme de Traité des passions, qui ressemble cependant moins à un traité philosophique à la façon de Descartes qu’à une tentative de littérature moraliste, à la manière de La Bruyère ou de Vauvenargues, voire de Molière. Alain n’est pas seulement un philosophe moral, c’est aussi un moraliste, ce qui n’est pas tout à fait la même chose : un « écrivain d’idées », comme le qualifie Raymond Aron50. Son objectif n’est pas seulement de dénoncer telle passion néfaste, ou de 18protéger son lecteur des égarements passionnels ; c’est d’abord par goût, à cause du plaisir d’écrivain qu’il y prend, qu’Alain s’attache à décrire telle et telle passion, à la façon d’un entomologiste du royaume moral : « décrivons ces étranges folies, chacune pour elle-même51 ». Nous pouvons d’ailleurs remarquer que la partie intitulée « Des passions » ne comprend aucun ajout d’une édition sur l’autre, ni chapitre supplémentaire, ni note, comme si ce mouvement constituait un ensemble parfait, achevé, et même détachable, puisque c’est cette partie, avec la suivante, qu’on a par la suite séparée de l’ensemble pour former Du bonheur et de l’ennui. Ces chapitres comprennent également beaucoup moins de références à d’autres auteurs, à des ouvrages classiques de philosophie, récente ou ancienne : la plume d’Alain s’y suffit davantage à elle-même, c’est ici que s’épanouit sans doute son génie propre, qui est assurément celui d’un moraliste, imaginant des saynètes, des tableaux, jouant de l’énumération à la façon de La Bruyère, ou au contraire de formules lapidaires, comme celle, entre cent autres, qui clôt le chapitre « De la misanthropie » : « En bref, il y a deux erreurs, qui sont de croire que les hommes sont bienveillants et de croire qu’ils sont malveillants ; ces deux erreurs se tiennent52. »
« La prose nous délivrera »
Alain est donc bien un écrivain : sa philosophie morale, certes capitale, est mise au service d’un art de la prose, bien davantage que l’inverse. Or cette mutation d’Alain en écrivain, amorcée dès les premiers « propos », s’opère véritablement pendant la guerre, avec ce traité, donc, lui-même écrit entre deux autres textes importants : la première version de Mars ou la guerre jugée, et le Système des Beaux-Arts, que beaucoup de lecteurs d’Alain associent précisément aux Quatre-vingt-un chapitres pour y voir « deux grands livres53 », ou « deux de ses chefs d’œuvre54 », écrits d’un même geste rapide, un pied dans la tranchée.
19À côté des autorités philosophiques, les références littéraires abondent, à Homère, Dante, Shakespeare, Molière, Claudel, Péguy, mais aussi et surtout à Balzac et à Stendhal, à qui Alain consacrera de nombreux textes par la suite. En même temps qu’il écrit ses chapitres, il relit les Confessions de Rousseau et Consuelo de George Sand. La « culture littéraire », comme il l’appelle lui-même, joue un rôle de premier plan dans la progression de sa pensée, et à mesure qu’on avance dans les chapitres, cette littérature prend toujours plus de place – jusqu’au chapitre « De l’art de connaître les autres et soi » (vi, x), qui traite presque exclusivement du roman.
L’art littéraire d’Alain est un art très spécifique, qu’il nomme lui-même « prose », dans un sens restreint, qui s’oppose à la poésie, certes, mais aussi à l’éloquence, et même à toute forme d’oralité55. « La prose est le dernier né des arts », écrit-il, « et sans doute le plus caché56 » : tard venue, la prose n’en est pas moins appelée, pour Alain, à un grand avenir : elle « nous délivrera57 ». La prose devient art en se découvrant comme pure pratique de l’écrit. Ainsi que le résume Michel Murat, chez Alain, « l’écriture se trouve ainsi liée essentiellement au présent de son énonciation en acte ; elle l’est au même titre que la parole, ce qui la dispense d’en mimer les effets : il n’y a pas d’oralité dans le style d’Alain58 ». D’où l’idée, chez lui, que la prose est un art solitaire, dans son mode de production aussi bien que dans sa réception, mais aussi un art de la rapidité, toujours à moitié improvisé : « Je compose avec bonheur mais je relis avec humeur59. » Toute la correspondance d’Alain, durant la rédaction de ses chapitres, est mue par une urgence, un besoin d’accélérer, d’écrire toujours plus vite avant de passer au chapitre suivant, qui sera lui encore achevé tout aussi rapidement : « il faut se presser », résume-t-il, comme un refrain : « Je suis en retard. Le temps passe comme de l’éclair60. » Tout est là. La brièveté des chapitres, qui se rapproche du format des « propos » (eux-mêmes proches, dit Alain, du 20sonnet) est ce qui permet un tel rythme d’écriture et de lecture. « On ne parcourt pas un article dont on voit le bout ; on prend le courage de le lire61. » Aller vite, pour ne pas se perdre. L’éclatement des chapitres ne relève pas de la dispersion, de la fragmentation, mais au contraire d’une recherche de maîtrise, afin que le texte corresponde parfaitement au rythme même de l’attention humaine. À une telle échelle, on ne peut précisément jamais digresser, car on n’en a tout simplement pas le temps. « Vous croyez que j’ai oublié mon propos ; mais non ; je suis au centre62. » La multiplication des chapitres vise précisément cela : rester toujours au centre, tout en conservant la plus grande liberté possible dans l’écriture.
C’est ici peut-être qu’on pourra identifier le propre de l’esthétique d’Alain : une impression de liberté, de mouvement, de légèreté, parfois, encore renforcée par les remaniements du texte, non seulement par les chapitres intercalés, mais par les notes ajoutées en fin de chapitres, qui parfois jugent, amendent ou prolongent, en quelques mots, ce qu’on vient de lire, en une sorte de work in progress toujours actif, de reprise, de rapiècement, d’épanorthose infinie. La pensée d’Alain s’exhibe, elle se montre à l’ouvrage, en pleine activité, vivante, « se faisant », comme dirait Bergson. Cette manière d’Alain, nous la trouvons parfaitement caractérisée dans l’une des définitions qu’il donne de la philosophie : « une continuelle discussion avec soi-même et avec les autres63 ». Michel Murat a proposé d’identifier quelques traits de style typiques d’Alain, comme le « d’où », qui est en quelque sorte sa « signature », ou encore un usage du point-virgule hérité de Montaigne, « manière de suspendre et de reprendre64 » : signes d’une désinvolture qui n’appartient qu’à l’écrit, et peut-être même qu’à l’essai, mais un essai qui ne s’embarrasse pas de quelque « langue littéraire » distincte de la langue commune.
Par ailleurs, on a pu voir en Alain une sorte d’« écrivain classique », certains pour l’en louer, comme Henri Mondor65, d’autres au contraire pour regretter chez Alain une trop grande transparence, un manque de noirceur, liés à une sorte d’aveuglement ou d’allergie aux « œuvres extrêmes66 », 21comme dit Gracq, aux « situations » et aux « caractères-limite67 », au nom précisément de la sérénité classique. Ce n’est pas l’avis de Maurice Blanchot, qui remarque, chez Alain, un goût parfaitement assumé pour l’obscurité, voisinant avec l’impératif de clarté. En effet, Alain écrit lui-même qu’« une certaine obscurité qui nous touche, qui nous est parente, promet absolument, et par ce que nous nommons beauté, des pensées dont nous pourrons jurer68 ». Le rationalisme d’Alain, son attachement à la « pensée claire », ne doit pas faire oublier son « souci d’une certaine obscurité », et même, comme dit toujours Blanchot, une forme d’« ésotérisme » :
Si l’on suit les seuls mouvements de son style qui est fameux par ses coupures, ses chutes, ses élans interrompus, on est frappé par le peu de goût qu’il révèle pour l’ordre, la simplicité ou une explication formelle. Il procède par voix indirecte, par approches, par éclairs. Il montre, puis il dérobe. Il affirme, puis il conteste. Il semble surveiller le lecteur, le faisant venir, l’attirant par quelque complaisance, puis celui-ci une fois entraîné, le laissant là, réduit à ses seules forces, perdu en face d’un brillant secret69.
Pour combattre « l’esprit de système », comme Alain souhaite le faire, il faut un style adapté : l’impression parfois dogmatique que peut produire la prose d’Alain ne va donc pas sans ces moments de trouble, de difficulté, d’opacité même, nécessaires à la saine inquiétude du lecteur. Écoutons encore Blanchot :
De là, cette double impression que donne le monde où il habite : une impression d’étroitesse, sans rêve, sans passion, sans gouffre, et une impression d’activité que rien n’épuise, de force dont rien ne vient à bout, un domaine dont les limites n’admettent aucun égarement et où, pourtant, l’on ne peut jamais s’arrêter de marcher, comme s’il fallait renoncer à en voir les bornes70.
L’œuvre d’Alain est baignée dans une atmosphère tout ambiguë, entre la « sécurité » et le « trouble », entre la clarté et l’opacité, qui font bien toute sa singularité, mais aussi sa vertu. Cette « pensée en exercice », conclut Blanchot, c’est précisément cela qu’Alain a transmis à ses disciples : non pas un contenu de pensée, qui aurait fait de ces élèves de loyaux continuateurs des idées d’Alain, mais plutôt une forme 22de pensée, une manière, une liberté manifestée dans la contradiction, qu’il faut comprendre comme une invitation, précisément, à l’infidélité ; c’est bien là, comme dit Blanchot, « le seul contenu de sa philosophie71 ». Et c’est cela, certainement, qui inscrit Alain dans l’histoire littéraire, dans l’histoire de la « prose », comme il l’appelle. Alain est un inventeur de formes.
Alexandre de Vitry72
1 Alain, Journal inédit : 1937-1950, éd. Emmanuel Blondel, Paris, Équateurs, 2018. Sur l’ensemble de cette polémique, outre l’appareil critique de cette édition, on consultera les ouvrages suivants : Michel Onfray, Solstice d’hiver : Alain, les Juifs, Hitler et l’Occupation, Paris, Éditions de l’Observatoire, 2018 ; Francis Kaplan, Propos sur Alain, éd. François Brémondy et Nicolas Cayrol, préface de Frédéric Vengeon, postface de Thierry Leterre, en particulier le chapitre vi, « Alain antisémite », p. 118-137 ; André Comte-Sponville, « J’ai cru que c’était un homme » : Alain, les religions, la laïcité, l’antisémitisme, Paris, L’Herne, 2020.
2 Raymond Aron, Mémoires, [1983], préface de Nicolas Baverez, avant-propos de Tzvetan Todorov, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2003, p. 70.
3 Julien Gracq, En lisant, en écrivant [1980], Paris, José Corti, 1991, p. 187.
4 Raymond Aron, Mémoires, op. cit., p. 69.
5 Ibid., p. 73.
6 Pour reprendre les formules d’André Maurois, Alain, Paris, Gallimard, 1950, p. 19.
7 Sur l’opposition d’Alain à la psychanalyse, on consultera par exemple, dans ce volume, la « note » du chapitre 16 de la deuxième partie, « Du mécanisme ».
8 Albert Thibaudet, « Activisme et passivisme », La Nouvelle Revue française, 1er avril 1934, repris dans Réflexions sur la politique, éd. Antoine Compagnon, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007, p. 528-533.
9 À ce sujet, voir Olivier Reboul, L’Élan humain ou l’Éducation selon Alain, Montréal/Paris, Presses de l’Université de Montréal/Vrin, coll. « L’enfant », 1974, p. 15.
10 Michel Murat, « Le style d’idées », dans Michel Murat et Frédéric Worms, Alain, littérature et philosophie mêlées, Paris, Éditions Rue d’Ulm/Presses de l’École normale supérieure, coll. « Figures normaliennes », 2012, p. 201.
11 Jérôme Perrier, Alain ou la démocratie de l’individu, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Penseurs de la liberté », 2016, p. 18.
12 Maurice Blanchot, « La pensée d’Alain », repris dans Faux pas [1943], Paris, Gallimard, 1971, p. 343.
13 Georgés Bénézé, « Introduction », dans Alain, Les Passions et la Sagesse [1960], Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », éd. Georges Bénézé, préface d’André Bridoux, 2002, p. XXI et p. XLIII.
14 Lettres d’Alain à Élie Halévy, 16 octobre 1916 et 30 juin 1917, dans Alain, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, éd. Jeanne Michel-Alexandre, Paris, Gallimard, 1958, p. 241 et p. 253.
15 Dédicace d’Alain à Henri Mondor au Système des Beaux-Arts, écrit juste après les Quatre-vingt-un chapitres, reproduite dans Henri Mondor, Alain, Paris, Gallimard, 1953, p. 247.
16 Almanach de Marie-Monique Morre-Lambelin, 17 mai 1940, cité dans Alain, Journal inédit, op. cit., p. 387.
17 Alain, Histoire de mes pensées [1936], repris dans Les Arts et les Dieux, éd. Georges Bénézé, préface d’André Bridoux, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1958, p. 133-134.
18 Ibid., p. 134.
19 Thierry Leterre, Alain : le premier intellectuel, Paris, Stock, coll. « Biographies », 2006, p. 366.
20 Frédéric Worms, « Philosophie, littérature, politique. “L’auteur des ‘propos d’Alain’” au carrefour du siècle », dans Michel Murat et Frédéric Worms, Alain, littérature et philosophie mêlées, op. cit., p. 45.
21 Lettre d’Alain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 mars 1916, Lettres aux deux amies, éd. Emmanuel Blondel, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Mémoires de guerre », 2014, p. 480.
22 Lettre d’Alain à Élie Halévy, 17 mai 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., p. 230. En tâchant de ne pas trop « alourdir » la prose d’Alain, nous nous sommes efforcés de clarifier cependant les références qu’il faisait à différents textes, philosophiques ou littéraires, dans notre annotation. Nous n’aurions pu identifier certaines de ces références sans l’aide de Frédéric Brahami et de David Simonetta : qu’ils soient ici remerciés.
23 Alain, dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 novembre 1920, citée par Maurice Savin dans Alain, Propos, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, éd. Maurice Savin, préface d’André Maurois, 1956, p. XXXIII.
24 Lettre d’Alain à Élie Halévy, 16 octobre 1916, ibid., p. 241.
25 Lettres d’Alain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 28 mars 1916 et 10 avril 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 494 et p. 502.
26 Lettre d’Alain à Florence Halévy, 8 avril 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., p. 228-229.
27 Lettre d’Alain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 19 juillet 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 571-572.
28 Ibid., p. 572.
29 Alain, Souvenirs de guerre [1937], Les Passions et la Sagesse, op. cit., p. 508.
30 Id., dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 novembre 1920, citée par Maurice Savin dans Alain, Propos, op. cit., t. I, p. XXXIII.
31 Id., dédicace à André Buffard, 15 avril 1950, citée par Georges Bénézé dans Alain, Les Passions et la Sagesse, op. cit., p. XLIV.
32 Lettre d’Alain à Élie Halévy, 17 mai 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., p. 230.
33 Voir la lettre d’Alain à Marie Salomon, 11 avril 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 503.
34 À Élie Halévy, Alain présente le livre comme « l’exposé de ce qui fut à conserver dans l’enseignement donné à Henri IV à ces jeunes gens qui ont été tués » (lettre du 16 octobre 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., 241.)
35 Voir Alain, Journal inédit, op. cit., p. 479.
36 Chapitre iv, xi, « Du doute », p. 239.
37 Chapitre i, viii, « Les sens et l’entendement », p. 63.
38 Baptiste Jacomino, Apprendre à philosopher avec Alain, Paris, Ellipses, 2010, p. 12.
39 Maurice Blanchot, « La pensée d’Alain », art. cité, p. 343.
40 Voir le chapitre ii, xvi, « Du mécanisme », p. 146.
41 Voir l’introduction d’Alain, p. 36.
42 Voir notamment les quatre derniers chapitres du troisième livre, qui furent tous publiés pour la première en 1926 : « La personnalité » ; « De l’humeur » ; « L’individualité » ; « Le moi ».
43 Voir le chapitre iv, viii, « Du libre arbitre et de la foi », p. 231.
44 Voir la « note » du chapitre i, i, « De l’anticipation dans la connaissance par les sens », p. 42.
45 On peut dire, comme Thierry Leterre, que « son traité s’arrête au bord de la politique », grâce à la dernière partie sur « Les cérémonies » (Alain : le premier intellectuel, op. cit., p. 371).
46 Albert Thibaudet, « Activisme et passivisme », art. cité, p. 531.
47 Jérôme Perrier, Alain ou la démocratie de l’individu, op. cit., p. 421.
48 Voir le chapitre vi, viii, « De la sagesse », p. 294.
49 Voir la thèse d’Olivier Reboul, L’Homme et ses passions d’après Alain, Paris, Presses universitaires de France, 1968, 2 vol.
50 Raymond Aron, Mémoires, op. cit., p. 74.
51 Chapitre v, ii, « De la passion du jeu », p. 245.
52 Chapitre v, vii, « De la misanthropie », p. 257.
53 André Maurois, Alain, op. cit., p. 20.
54 André Sernin, Alain, un sage dans la cité, Paris, Robert Laffont, coll. « Biographies sans masque », 1985, p. 154.
55 Voir le début du chapitre « De la prose », dans Système des Beaux-Arts, reproduit en annexe à la fin de ce volume.
56 Chapitre iv, x, « Du génie », p. 236.
57 Chapitre iv, ix, « De la poésie et de la prose », p. 333.
58 Michel Murat, « Le style d’idées », art. cité, p. 191.
59 Alain, dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 novembre 1920, citée par Maurice Savin dans Alain, Propos, op. cit., t. I, p. XXXIII.
60 Lettres d’Alain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 16 juin 1916 et 15 juillet 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 544 et p. 570.
61 Alain, Histoire de mes pensées, op. cit., p. 69-70.
62 Chapitre vi, xi, « De la foi et de la vie intérieure », p. 304.
63 Note du chapitre i, i, « De l’anticipation dans la connaissance par les sens », p. 41.
64 Michel Murat, « Le style d’idées », art. cité, p. 193-195.
65 Henri Mondor, Alain, op. cit., p. 123.
66 Julien Gracq, dans l’émission « Lettres ouvertes », animée par Roger Vrigny, France-Culture, 3 mai 1989.
67 Id., En lisant, en écrivant, op. cit., p. 188.
68 Alain, Histoire de mes pensées, op. cit., p. 178.
69 Maurice Blanchot, « La pensée d’Alain », art. cité, p. 344.
70 Ibid., p. 347.
71 Ibid.
72 Sorbonne Université.
- Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
- ISBN : 978-2-406-12224-1
- EAN : 9782406122241
- ISSN : 2258-8833
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- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/02/2022
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