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Classiques Garnier

Présentation

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Présentation

Peut-on encore lire Alain ? Lauteur des Propos ne nous est-il pas devenu irrémédiablement inactuel ? La polémique récente qui a accompagné la publication de son Journal inédit, où transparaît un antisémitisme manifeste, le laisse penser1 – cet antisémitisme a dautant plus déconcerté les lecteurs quAlain incarnait jusque-là, comme dit Raymond Aron, une forme de « gauche éternelle2 ». Mais il nest pas besoin daller chercher jusque cet Alain honteux, réservant labjection de ses plus mauvaises pensées aux pages dun journal dont on comprend quil soit si longtemps resté secret, pour constater son inactualité. Il nest que de voir les hommages ambigus, perfides parfois, que lui rendirent certains de ses plus illustres anciens élèves, suggérant que la pensée dAlain ne risquait guère de survivre à sa personne. Julien Gracq reconnaissait en lui, comme enseignant, un « admirable éveilleur », mais jugeait qu« il avait peu davenir dans lesprit » et remarquait dailleurs quil « laissé en [lui] peu de traces3 ». Raymond Aron se dit marqué par « la personnalité dAlain », guère par sa « philosophie4 », quil condamne même fermement. « Professeur de khâgne, élevé presque au niveau du génie » ajoute-t-il avec une certaine cruauté5. Le cliché dun « cortège digne de Platon » composé, derrière Alain, de tous ses « anciens élèves restés disciples6 », nest pas si fondé.

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Cependant, la relative éclipse dAlain nest pas seulement due à lingratitude post mortem de quelques anciens élèves. Même de son vivant, Alain paraît décalé, homme dun autre temps : il refuse Freud7 aussi bien quEinstein. Son attachement au radicalisme, qui donna lieu aux Éléments dune doctrine radicale en 1925, fit de lui « le Radical en soi », comme dit Albert Thibaudet, mais cette politique du « refus devant les activismes », ce « passivisme », rendirent très vite un son anachronique devant la montée des périls de lentre-deux-guerres8. Ainsi, Alain fut tout de suite, et de son propre chef, un « intempestif » comme Nietzsche les goûtait, échappant aux normes de son époque, unzeitgemäss9. Il connut certes la célébrité, et cette célébrité est allée déclinant depuis sa mort ; mais il reste encore à lire, et même à découvrir, dans une certaine mesure. Comme le disait Michel Murat dans un colloque tenu en 2009 : « Cette œuvre si riche na donné lieu à un véritable débat que pour ses vues sur la guerre, et leurs conséquences malheureuses. Cest à nous donc que le trésor est confié : où lon nous a mis, il reste beaucoup à creuser10. »

Par ailleurs, un autre écran sinterpose entre Alain et nous, quil importe de dissiper : létat éditorial extrêmement désordonné de son œuvre, dû en partie aux choix dAlain lui-même, qui a placé sa production sous le signe de « léclatement », comme dit Jérôme Perrier11. Les textes pour lesquels Alain est resté le plus célèbre, les « propos », sont parus sous des formes très diverses, souvent de façon disparate, en des anthologies plus ou moins cohérentes (la plus fameuse étant les Propos sur le bonheur), et qui de toutes les manières, ne pourront reproduire le premier mode de publication et de lecture, dans la presse quotidienne. Mais le phénomène ne se limite pas au genre très particulier des « propos » : toute lœuvre dAlain paraît ainsi construite, au fil de republications, 9daugmentations, de remaniements divers. À travers ces « reprises » et « retours » incessants, Maurice Blanchot jugeait quAlain voulait se constituer des « preuves » : « Il a besoin de les avoir sans cesse en lui, les prenant, les reprenant, pour les empêcher de mourir. Et chaque fois quil touche à la même œuvre, il la voit renaître aussi neuve et naïve que la première fois12. » Alain linactuel sent toujours son œuvre lui échapper, et ne cesse de la reprendre, de la tirer vers lui à nouveau, de réaffirmer son existence, son caractère tangible, indiscutable, vivant : Alain veut vaincre la mort par lécriture, comme tant dautres, mais aussi par une forme de réécriture continue, qui place son œuvre dans un état dinachèvement ouvert et dynamique.

Louvrage quon lira ici ne déroge à la règle, et cest dailleurs à son propos que Blanchot écrivait ces lignes. Ainsi, lédition la plus récente de ce texte en est une version très tronquée, publiée par Gallimard, en 2016, dans la collection « Folio sagesses », sous le titre Du bonheur et de lennui et autres textes. Il sagit en réalité du cinquième et du sixième « livres » dun ouvrage paru lui-même sous plusieurs formes et sous plusieurs titres : une telle publication, forcément réductrice, est donc cependant tout à fait dans lesprit qui domine lédition des œuvres dAlain, de son vivant et depuis sa mort, dans cette espèce de remaniement et de recomposition toujours recommencés des mêmes textes. Du reste, toujours chez Gallimard, le texte est aujourdhui encore disponible sous deux autres formes, elles-mêmes très différentes lune de lautre : dans la collection « Folio essais », cest un texte de 1941 qui est reproduit, sous le titre Éléments de philosophie ; dans la « Bibliothèque de la Pléiade », qui date pourtant de 1960, cest la toute première édition du même ouvrage quon peut lire, cest-à-dire un texte de 1917 intitulé Quatre-vingt-un chapitres sur lesprit et la sagesse, plus court de quatorze chapitres et de toutes les « notes » ajoutées ensuite par Alain. Ce choix est dailleurs assumé par léditeur, Georges Bénézé, qui dit avoir par là respecté le vœu dAlain13. Difficile ici de trancher pour savoir exactement quel est le « bon » texte ; aussi, pour mieux comprendre la nature de cet ouvrage protéiforme, et 10les choix éditoriaux qui ont été ici les nôtres, afin, espérons-le, de sortir ce texte de la situation un peu confuse qui est la sienne, arrêtons-nous dabord sur sa genèse et sa conception.

De 75 à 81 à 95 : genèse du texte

Du vivant dAlain déjà, louvrage quon va lire a donc connu deux états sensiblement différents, sous deux titres : les Quatre-vingt-un chapitres sur lesprit et les passions, publiés en 1917 à compte dauteur et imprimés par lÉmancipatrice, maison « communiste », et les Éléments de philosophie publiés en 1941 chez Gallimard. La première fois, le tirage est très restreint, confidentiel, loin de toute « publication officielle », presque « imprim[é] pour soi14 » ; la seconde publication, chez un grand éditeur, et par un Alain reconnu et vieillissant, se fait dans un tout autre contexte. Par ailleurs, le livre est rédigé pendant la Grande Guerre, et même au front, du 8 avril au 1er août 1916, « écrit dans la boue militaire, qui est plus boue quaucune autre15 », et il sera remanié pendant une nouvelle guerre, mais cette fois depuis larrière, et par un Alain très diminué, puis publié sous lOccupation – la relecture des épreuves prend fin le 18 janvier 1941. La proche collaboratrice dAlain, Marie-Monique Morre-Lambelin, son « jumeau », comme il lappelle souvent, très investie dans les deux versions de louvrage, fait elle-même le parallèle, le 17 mai 1940 : « Nous corrigeons la mise en page des Éléments de philosophie dont je copiais le texte à lautre guerre16 ! » Rien dans chacun des deux titres, ni dans le plan de louvrage, ne le laisse deviner, mais cet essai, dans son projet même, est en réalité indissociable de ce contexte guerrier et militaire – Alain, pacifiste, sétait engagé de lui-même en 1914, jugeant quil ne pouvait rester à larrière quand ses étudiants partaient tous au combat.

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Alain a raconté à plusieurs reprises la façon dont lui était venue lidée de cet ouvrage, son premier livre pensé comme tel et publié directement sous cette forme, de façon autonome (et non dabord sous forme darticles ici ou là). Voici le récit quil en donne dans Histoire de mes pensées :

Cétait au printemps de lannées 1916 ; jétais revenu de Champagne à Flirey, point irritable du front. Un fantassin, qui était peut-être licencié dallemand, nous aidait à traduire le communiqué pris chaque jour par le sans-filiste. Il en vint à me demander une formule analogue au fameux « Je pense donc je suis », et qui serait la devise dun Locke. Je répondis par des calembours. Mais il sobstina à dire quun vrai manuel, lisible à tous, serait bien utile, que javais tout le temps de lécrire, etc… [] je pensai au Manuel et je vis, en essayant, que la rédaction marchait tout droit. Il me vint à propos un séjour de trois mois dans un hôpital dont je fus heureux, et où jécrivais aisément un chapitre par jour, chapitre aussitôt confié à la poste17.

La rédaction prendra peu de temps et marque une étape dans litinéraire dAlain :

Ce manuel, qui est encore trop manuel, fut bientôt achevé et mis à limpression dès que cela fut possible, sans être soumis à la censure, car cest ce que je naurais pu souffrir. Il parut pendant la guerre, et me rapporta quelque argent. Jétais auteur18.

Le professeur Émile Chartier devient « auteur », donc, ce qui justifie que certains qualifient louvrage de « texte charnière19 » dans lévolution dAlain, entre lenseignement, le journalisme didées, et une écriture plus libre et indéterminée ; néanmoins, il était déjà « Alain », justement, depuis les premiers textes quil avait signés sous ce nom depuis 1906. Or la forme sous laquelle louvrage est présenté lors de sa première édition est à ce titre très singulière : lauteur nest ni Émile Chartier, ni exactement Alain, mais il est annoncé comme « lauteur des Propos dAlain ». Le texte est bien écrit sous pseudonyme, mais un pseudonyme qui se dénonce comme tel, qui sexhibe comme invention, sans pour autant révéler le nom réel de lauteur. Comme lécrit Frédéric Worms, « cest comme si, tout à coup, se 12levait, tout en se maintenant, le voile du pseudonyme : il affiche sa fonction de pseudonyme (il y a quelquun qui est “lauteur des propos dAlain”), mais il la redouble encore (car il ne dit pas qui il est20 !) » Ce dispositif quelque peu déconcertant est lié à lincertitude générique qui travaille alors lécriture dAlain : ce livre est à lévidence un livre de philosophie, mais il ne sera pas rédigé dans la langue des philosophes professionnels (celle du jeune Émile Chartier, par exemple, quand il écrit dans la Revue de métaphysique et de morale), sans pour autant rejoindre tout à fait la prose plus libre des Propos. Il est en quelque sorte ce que devient la philosophie quand le professeur Émile Chartier laisse la plume au journaliste Alain : un texte hybride, mêlé, comme lest lauteur lui-même.

La première mention de louvrage par Alain remonte au 11 mars 1916, alors quil achève la rédaction de ce qui deviendra Mars ou la guerre jugée :

[] jai pensé à un livre qui aurait pour titre Idée élémentaire des connaissances philosophiques []. Ce serait court avec des indications sur les livres essentiels. [] Mais ici il faut que je me décide sur lordre des parties, et aussi sur le plaisir que jaurai à écrire. [] La partie éthique ou des passions ressemblerait assez à ce qui est dans le Man[unscrit] rou[ge] [Mars ou la guerre jugée], mais plus complet. Il est bon de dire que la méditation sur la guerre ma fait avancer sensiblement de ce côté-là. Lavantage quil y aurait à écrire ces Éléments, cest que je serais allégé de toutes mes notes, ce qui est tout à fait nécessaire, si on ne veut pas écraser le lecteur21.

Les premiers titres qui sesquissent ici sont ceux douvrages ultérieurs : Idées, autre manuel personnel de philosophie publié en 1932, et Éléments de philosophie, titre qui ne sera retenu que pour la deuxième version de louvrage, vingt-cinq ans plus tard. Quoi quil en soit, trois traits décisifs de ce « livre élémentaire » apparaissent dès ce moment : la nécessité, certes provoquée par les circonstances, décrire sans revenir aux auteurs, sans référence directe aux textes, en faisant appel à la seule mémoire, « loin des philosophes et de leurs livres22 », dans un geste « simplifié et aéré 13par le vent de la guerre23 » ; limpératif, malgré lambition pédagogique, décrire « seulement pour [s]on plaisir24 » ; limportance enfin, comme souvent chez Alain, de la thématique des « passions ».

Le livre est écrit très rapidement, au rythme moyen dun chapitre par jour, quAlain envoie chaque fois, aussitôt rédigé, à Marie-Monique Morre Lambelin, sans en rien conserver. À chaque envoi, il commente la qualité de sa copie, son entrain, sa fatigue : nous avons tâché, dans les notes qui accompagnent le texte de notre édition, de restituer ce commentaire inlassable dAlain par lui-même, pour donner à sentir la manière très particulière dont ce livre est écrit, entre le front et lhôpital, en une période de temps singulièrement brève.

Avant de se lancer dans la rédaction, Alain pense écrire 75 chapitres, répartis en neuf livres, mais il renonce vite à envoyer si tôt à sa correspondante une table des matières25 : il faut garder à louvrage, malgré son apparence un peu écrasante de « Traité élémentaire de toutes les choses26 », son caractère libre et improvisé. Le titre est trouvé le 19 juillet, mais le nombre de chapitres nest toujours pas le bon : Soixante-dix-neuf chapitres sur lesprit et les passions par lauteur des Propos dAlain27. Ce goût de la numérotation, nous le trouvons dans tous les titres donnés aux premières publications dAlain, même sils ne sont pas toujours de lui : Les Cent un propos dAlain (1910), Vingt et un propos dAlain : méditations pour les non combattants (1915) ou les Vingt et une scènes de comédie, posthumes, mais également rédigées au front. Cette numérotation quasi systématique nest absolument pas figée dans le marbre ; au contraire, elle correspond à létat final dun texte écrit avec la plus grande souplesse de composition possible, et comme photographié à un 14instant t. La numérotation sert en quelque sorte à dater un texte dans létat auquel il est parvenu, état lui-même ouvert à déventuels apports ultérieurs. Ainsi le « nombre des chapitres » na, Alain y insiste, « rien de sacré28 » : cest tout naturellement que les Soixante-dix-neuf deviendront donc Quatre-vingt-un lors des dernières modifications du texte. Et cest pourquoi nous avons-nous-même choisi dajouter à notre édition un sous-titre adapté, ce qui permettrait de conserver le titre définitif de 1941, Éléments de philosophie, dont on voit quil remonte dailleurs, peu ou prou, à la toute première conception de louvrage, tout en restituant le caractère libre et souple du premier titre, légèrement modifié, devenant donc Quatre-vingt-quinze chapitres sur lesprit et les passions.

Les quatorze nouveaux chapitres, ainsi que les notes et introductions ajoutées par Alain dans lédition de 1941 ne datent pas tous de la même période : une partie a été publiée dans les années 1920, dans des revues comme Le Navire dargent ou La Nouvelle Revue française, ce que nous indiquons au cas par cas dans les notes de notre édition. Dautres sont nettement plus tardifs, comme le chapitre « Du concept » (II, viii), rédigé en 1940, juste avant la publication des Éléments de philosophie. Ainsi, cet ouvrage donne à voir à la fois un premier Alain, professeur dune quarantaine dannées tâchant de retrouver par lécriture le plaisir de lenseignement, éloigné par la guerre des salles de classe, mais aussi un Alain au long cours, écrivain remettant toute sa vie sur le métier ces quelques dizaines de chapitres écrits en moins de quatre mois, à deux pas du feu ennemi, pour rendre accessible à qui le souhaiterait ce quAlain retenait de la philosophie.

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Alain, professeur de philosophie

« Manuel29 », ou « essai de manuel30 », « une sorte de catéchisme31 », « abrégé » de philosophie32 : le flou générique entretenu par Alain autour de ses « chapitres » ou « éléments » porte toujours la marque dune visée pédagogique. Ce livre est celui dun professeur privé de sa chaire bien plus que dun journaliste privé de sa tribune. Tantôt, ce sont ses cours auprès des jeunes filles du collège Sévigné, que lécriture lui rappelle33, tantôt ses enseignements aux khâgneux dHenri-IV34, auxquels dailleurs il dédiera la nouvelle version du livre en 1941, suivant la suggestion de Marie-Monique Morre-Lambelin35. Toutefois, Alain y insiste aussi bien, le destinataire de ce livre nest pas nécessairement létudiant en philosophie, ni le « philosophe de métier », ainsi quil lappelle dans lavant-propos de 1916 ; comme le traduit lanecdote qui a déclenché lécriture des Éléments, cest au premier venu curieux des choses philosophiques, que lauteur souhaite sadresser, au jeune fantassin qui voudra sinstruire, à tout « apprenti philosophe », comme il lappelle. Louvrage a donc quelque chose du cours de lycée ou de khâgne, mais mêlé à une certaine légèreté typique de la conversation de table, qui lui donne cette allure mixte, entre le manuel et le propos.

Cette ambition pédagogique, mais allégée dune partie de sa technicité et de son érudition, se traduit dans lécriture même. Alain fait souvent appel à la deuxième personne, du singulier ou du pluriel, en particulier dans les « Notes » qui suivent certains chapitres, au ton plus relâché. Parfois, dans ces notes, Alain recommande même des exercices pratiques, des expériences de 16pensée à effectuer soi-même, une fois le livre refermé, des lectures possibles pour prolonger la réflexion… Il faut accompagner le lecteur, en évitant les mots « barbares », en sexcusant de traverser parfois des « landes arides36 », et sans abuser de sa patience : « Il sagit déveiller le lecteur, non de laccabler, et de lui révéler sa puissance plutôt que sa faiblesse37. »

Mais à quelle philosophie Alain veut-il éveiller exactement le lecteur ? Son « manuel » ne consiste nullement en une forme dexposé doxographique de toutes les grandes doctrines de lhistoire de la philosophie, même si lon rencontre les philosophes qui sont les plus chers à Alain : Platon, Descartes, Spinoza, Kant ou Auguste Comte. Cependant, comme la remarqué Baptiste Jacomino, louvrage « propose une philosophie générale, une pensée plus systématique que celle des propos38 », en particulier dans les premières parties, les plus techniciennes. La meilleure description, délibérément ouverte, en est donnée par Maurice Blanchot, dans la recension quil donne des Éléments de philosophie : « un ouvrage où sont traitées dune manière simple beaucoup de questions et qui permet un contact avec presque toute la philosophie39 ». Les questions abordées sont en effet des plus diverses, de la métaphysique aux questions sociales, mais quelques thématiques se montrent particulièrement structurantes, et donnent à louvrage son unité. La notion qui forme le nœud de toute la philosophie dAlain, perceptible dès les premières sections de louvrage, est léthique : la philosophie dAlain est dabord une philosophie morale. Lun des objectifs de ce parcours en quatre-vingt-quinze étapes est précisément de montrer que « la philosophie est bien une éthique, et non une vaine curiosité40 », et que par là, et par là seulement, elle constitue une « connaissance universelle41 ».

Cette centralité de léthique a deux conséquences principales. La première est quAlain montre, un intérêt constant pour la question du « Moi », de lindividu, de la personnalité, quon retrouve de part en part du traité (en particulier dans les chapitres rajoutés ultérieurement, peut-on noter42), qui 17est le principal lieu dobservation des questions morales qui intéressent le philosophe. Avec Alain, on retrouve le moi partout : il le situe au fondement de sa philosophie de la volonté, entendue comme « foi constante en soi-même43 », mais aussi au centre de sa pensée de la connaissance, aussi bien, précisément, que de son éthique, qui est pensée comme une « rencontre de moi et de moi44 » ; cest encore le fondement de toute sa politique, qui se devine seulement, par endroits, dans cet ouvrage45, et qui consiste bien, comme dit Thibaudet, en un strict « individualisme politique46 », ou en un « individualisme universaliste », pour reprendre la formule dun commentateur plus récent47. Mais le moi, chez Alain, est toujours un moi socialisé, un moi qui se refuse à tout repli égotiste : « que ta solitude et ton monastère soient au milieu des hommes48 », enjoint Alain lui-même. Son individualisme est un individualisme social, civique, républicain.

La seconde conséquence de ce primat de léthique, cest que, comme lindique le titre de 1917, louvrage dAlain est avant tout un essai sur les passions, thème dailleurs omniprésent dans toute son œuvre49. Cette prééminence des passions est sensible dès lintroduction, et même dans les parties plus techniques sur la connaissance, dans la mesure où les passions apparaissent comme un obstacle possible, et parfois un moteur, dans ces processus de connaissance. Mais ce sont surtout les chapitres des trois dernières sections qui font de cet ouvrage une forme de Traité des passions, qui ressemble cependant moins à un traité philosophique à la façon de Descartes quà une tentative de littérature moraliste, à la manière de La Bruyère ou de Vauvenargues, voire de Molière. Alain nest pas seulement un philosophe moral, cest aussi un moraliste, ce qui nest pas tout à fait la même chose : un « écrivain didées », comme le qualifie Raymond Aron50. Son objectif nest pas seulement de dénoncer telle passion néfaste, ou de 18protéger son lecteur des égarements passionnels ; cest dabord par goût, à cause du plaisir décrivain quil y prend, quAlain sattache à décrire telle et telle passion, à la façon dun entomologiste du royaume moral : « décrivons ces étranges folies, chacune pour elle-même51 ». Nous pouvons dailleurs remarquer que la partie intitulée « Des passions » ne comprend aucun ajout dune édition sur lautre, ni chapitre supplémentaire, ni note, comme si ce mouvement constituait un ensemble parfait, achevé, et même détachable, puisque cest cette partie, avec la suivante, quon a par la suite séparée de lensemble pour former Du bonheur et de lennui. Ces chapitres comprennent également beaucoup moins de références à dautres auteurs, à des ouvrages classiques de philosophie, récente ou ancienne : la plume dAlain sy suffit davantage à elle-même, cest ici que sépanouit sans doute son génie propre, qui est assurément celui dun moraliste, imaginant des saynètes, des tableaux, jouant de lénumération à la façon de La Bruyère, ou au contraire de formules lapidaires, comme celle, entre cent autres, qui clôt le chapitre « De la misanthropie » : « En bref, il y a deux erreurs, qui sont de croire que les hommes sont bienveillants et de croire quils sont malveillants ; ces deux erreurs se tiennent52. »

« La prose nous délivrera »

Alain est donc bien un écrivain : sa philosophie morale, certes capitale, est mise au service dun art de la prose, bien davantage que linverse. Or cette mutation dAlain en écrivain, amorcée dès les premiers « propos », sopère véritablement pendant la guerre, avec ce traité, donc, lui-même écrit entre deux autres textes importants : la première version de Mars ou la guerre jugée, et le Système des Beaux-Arts, que beaucoup de lecteurs dAlain associent précisément aux Quatre-vingt-un chapitres pour y voir « deux grands livres53 », ou « deux de ses chefs dœuvre54 », écrits dun même geste rapide, un pied dans la tranchée.

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À côté des autorités philosophiques, les références littéraires abondent, à Homère, Dante, Shakespeare, Molière, Claudel, Péguy, mais aussi et surtout à Balzac et à Stendhal, à qui Alain consacrera de nombreux textes par la suite. En même temps quil écrit ses chapitres, il relit les Confessions de Rousseau et Consuelo de George Sand. La « culture littéraire », comme il lappelle lui-même, joue un rôle de premier plan dans la progression de sa pensée, et à mesure quon avance dans les chapitres, cette littérature prend toujours plus de place – jusquau chapitre « De lart de connaître les autres et soi » (vi, x), qui traite presque exclusivement du roman.

Lart littéraire dAlain est un art très spécifique, quil nomme lui-même « prose », dans un sens restreint, qui soppose à la poésie, certes, mais aussi à léloquence, et même à toute forme doralité55. « La prose est le dernier né des arts », écrit-il, « et sans doute le plus caché56 » : tard venue, la prose nen est pas moins appelée, pour Alain, à un grand avenir : elle « nous délivrera57 ». La prose devient art en se découvrant comme pure pratique de lécrit. Ainsi que le résume Michel Murat, chez Alain, « lécriture se trouve ainsi liée essentiellement au présent de son énonciation en acte ; elle lest au même titre que la parole, ce qui la dispense den mimer les effets : il ny a pas doralité dans le style dAlain58 ». Doù lidée, chez lui, que la prose est un art solitaire, dans son mode de production aussi bien que dans sa réception, mais aussi un art de la rapidité, toujours à moitié improvisé : « Je compose avec bonheur mais je relis avec humeur59. » Toute la correspondance dAlain, durant la rédaction de ses chapitres, est mue par une urgence, un besoin daccélérer, décrire toujours plus vite avant de passer au chapitre suivant, qui sera lui encore achevé tout aussi rapidement : « il faut se presser », résume-t-il, comme un refrain : « Je suis en retard. Le temps passe comme de léclair60. » Tout est là. La brièveté des chapitres, qui se rapproche du format des « propos » (eux-mêmes proches, dit Alain, du 20sonnet) est ce qui permet un tel rythme décriture et de lecture. « On ne parcourt pas un article dont on voit le bout ; on prend le courage de le lire61. » Aller vite, pour ne pas se perdre. Léclatement des chapitres ne relève pas de la dispersion, de la fragmentation, mais au contraire dune recherche de maîtrise, afin que le texte corresponde parfaitement au rythme même de lattention humaine. À une telle échelle, on ne peut précisément jamais digresser, car on nen a tout simplement pas le temps. « Vous croyez que jai oublié mon propos ; mais non ; je suis au centre62. » La multiplication des chapitres vise précisément cela : rester toujours au centre, tout en conservant la plus grande liberté possible dans lécriture.

Cest ici peut-être quon pourra identifier le propre de lesthétique dAlain : une impression de liberté, de mouvement, de légèreté, parfois, encore renforcée par les remaniements du texte, non seulement par les chapitres intercalés, mais par les notes ajoutées en fin de chapitres, qui parfois jugent, amendent ou prolongent, en quelques mots, ce quon vient de lire, en une sorte de work in progress toujours actif, de reprise, de rapiècement, dépanorthose infinie. La pensée dAlain sexhibe, elle se montre à louvrage, en pleine activité, vivante, « se faisant », comme dirait Bergson. Cette manière dAlain, nous la trouvons parfaitement caractérisée dans lune des définitions quil donne de la philosophie : « une continuelle discussion avec soi-même et avec les autres63 ». Michel Murat a proposé didentifier quelques traits de style typiques dAlain, comme le « doù », qui est en quelque sorte sa « signature », ou encore un usage du point-virgule hérité de Montaigne, « manière de suspendre et de reprendre64 » : signes dune désinvolture qui nappartient quà lécrit, et peut-être même quà lessai, mais un essai qui ne sembarrasse pas de quelque « langue littéraire » distincte de la langue commune.

Par ailleurs, on a pu voir en Alain une sorte d« écrivain classique », certains pour len louer, comme Henri Mondor65, dautres au contraire pour regretter chez Alain une trop grande transparence, un manque de noirceur, liés à une sorte daveuglement ou dallergie aux « œuvres extrêmes66 », 21comme dit Gracq, aux « situations » et aux « caractères-limite67 », au nom précisément de la sérénité classique. Ce nest pas lavis de Maurice Blanchot, qui remarque, chez Alain, un goût parfaitement assumé pour lobscurité, voisinant avec limpératif de clarté. En effet, Alain écrit lui-même qu« une certaine obscurité qui nous touche, qui nous est parente, promet absolument, et par ce que nous nommons beauté, des pensées dont nous pourrons jurer68 ». Le rationalisme dAlain, son attachement à la « pensée claire », ne doit pas faire oublier son « souci dune certaine obscurité », et même, comme dit toujours Blanchot, une forme d« ésotérisme » :

Si lon suit les seuls mouvements de son style qui est fameux par ses coupures, ses chutes, ses élans interrompus, on est frappé par le peu de goût quil révèle pour lordre, la simplicité ou une explication formelle. Il procède par voix indirecte, par approches, par éclairs. Il montre, puis il dérobe. Il affirme, puis il conteste. Il semble surveiller le lecteur, le faisant venir, lattirant par quelque complaisance, puis celui-ci une fois entraîné, le laissant là, réduit à ses seules forces, perdu en face dun brillant secret69.

Pour combattre « lesprit de système », comme Alain souhaite le faire, il faut un style adapté : limpression parfois dogmatique que peut produire la prose dAlain ne va donc pas sans ces moments de trouble, de difficulté, dopacité même, nécessaires à la saine inquiétude du lecteur. Écoutons encore Blanchot :

De là, cette double impression que donne le monde où il habite : une impression détroitesse, sans rêve, sans passion, sans gouffre, et une impression dactivité que rien népuise, de force dont rien ne vient à bout, un domaine dont les limites nadmettent aucun égarement et où, pourtant, lon ne peut jamais sarrêter de marcher, comme sil fallait renoncer à en voir les bornes70.

Lœuvre dAlain est baignée dans une atmosphère tout ambiguë, entre la « sécurité » et le « trouble », entre la clarté et lopacité, qui font bien toute sa singularité, mais aussi sa vertu. Cette « pensée en exercice », conclut Blanchot, cest précisément cela quAlain a transmis à ses disciples : non pas un contenu de pensée, qui aurait fait de ces élèves de loyaux continuateurs des idées dAlain, mais plutôt une forme 22de pensée, une manière, une liberté manifestée dans la contradiction, quil faut comprendre comme une invitation, précisément, à linfidélité ; cest bien là, comme dit Blanchot, « le seul contenu de sa philosophie71 ». Et cest cela, certainement, qui inscrit Alain dans lhistoire littéraire, dans lhistoire de la « prose », comme il lappelle. Alain est un inventeur de formes.

Alexandre de Vitry72

1 Alain, Journal inédit : 1937-1950, éd. Emmanuel Blondel, Paris, Équateurs, 2018. Sur lensemble de cette polémique, outre lappareil critique de cette édition, on consultera les ouvrages suivants : Michel Onfray, Solstice dhiver : Alain, les Juifs, Hitler et lOccupation, Paris, Éditions de lObservatoire, 2018 ; Francis Kaplan, Propos sur Alain, éd. François Brémondy et Nicolas Cayrol, préface de Frédéric Vengeon, postface de Thierry Leterre, en particulier le chapitre vi, « Alain antisémite », p. 118-137 ; André Comte-Sponville, « Jai cru que cétait un homme » : Alain, les religions, la laïcité, lantisémitisme, Paris, LHerne, 2020.

2 Raymond Aron, Mémoires, [1983], préface de Nicolas Baverez, avant-propos de Tzvetan Todorov, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2003, p. 70.

3 Julien Gracq, En lisant, en écrivant [1980], Paris, José Corti, 1991, p. 187.

4 Raymond Aron, Mémoires, op. cit., p. 69.

5 Ibid., p. 73.

6 Pour reprendre les formules dAndré Maurois, Alain, Paris, Gallimard, 1950, p. 19.

7 Sur lopposition dAlain à la psychanalyse, on consultera par exemple, dans ce volume, la « note » du chapitre 16 de la deuxième partie, « Du mécanisme ».

8 Albert Thibaudet, « Activisme et passivisme », La Nouvelle Revue française, 1er avril 1934, repris dans Réflexions sur la politique, éd. Antoine Compagnon, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2007, p. 528-533.

9 À ce sujet, voir Olivier Reboul, LÉlan humain ou lÉducation selon Alain, Montréal/Paris, Presses de lUniversité de Montréal/Vrin, coll. « Lenfant », 1974, p. 15.

10 Michel Murat, « Le style didées », dans Michel Murat et Frédéric Worms, Alain, littérature et philosophie mêlées, Paris, Éditions Rue dUlm/Presses de lÉcole normale supérieure, coll. « Figures normaliennes », 2012, p. 201.

11 Jérôme Perrier, Alain ou la démocratie de lindividu, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Penseurs de la liberté », 2016, p. 18.

12 Maurice Blanchot, « La pensée dAlain », repris dans Faux pas [1943], Paris, Gallimard, 1971, p. 343.

13 Georgés Bénézé, « Introduction », dans Alain, Les Passions et la Sagesse [1960], Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », éd. Georges Bénézé, préface dAndré Bridoux, 2002, p. XXI et p. XLIII.

14 Lettres dAlain à Élie Halévy, 16 octobre 1916 et 30 juin 1917, dans Alain, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, éd. Jeanne Michel-Alexandre, Paris, Gallimard, 1958, p. 241 et p. 253.

15 Dédicace dAlain à Henri Mondor au Système des Beaux-Arts, écrit juste après les Quatre-vingt-un chapitres, reproduite dans Henri Mondor, Alain, Paris, Gallimard, 1953, p. 247.

16 Almanach de Marie-Monique Morre-Lambelin, 17 mai 1940, cité dans Alain, Journal inédit, op. cit., p. 387.

17 Alain, Histoire de mes pensées [1936], repris dans Les Arts et les Dieux, éd. Georges Bénézé, préface dAndré Bridoux, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1958, p. 133-134.

18 Ibid., p. 134.

19 Thierry Leterre, Alain : le premier intellectuel, Paris, Stock, coll. « Biographies », 2006, p. 366.

20 Frédéric Worms, « Philosophie, littérature, politique. “Lauteur des propos dAlain” au carrefour du siècle », dans Michel Murat et Frédéric Worms, Alain, littérature et philosophie mêlées, op. cit., p. 45.

21 Lettre dAlain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 mars 1916, Lettres aux deux amies, éd. Emmanuel Blondel, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Mémoires de guerre », 2014, p. 480.

22 Lettre dAlain à Élie Halévy, 17 mai 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., p. 230. En tâchant de ne pas trop « alourdir » la prose dAlain, nous nous sommes efforcés de clarifier cependant les références quil faisait à différents textes, philosophiques ou littéraires, dans notre annotation. Nous naurions pu identifier certaines de ces références sans laide de Frédéric Brahami et de David Simonetta : quils soient ici remerciés.

23 Alain, dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 novembre 1920, citée par Maurice Savin dans Alain, Propos, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, éd. Maurice Savin, préface dAndré Maurois, 1956, p. XXXIII.

24 Lettre dAlain à Élie Halévy, 16 octobre 1916, ibid., p. 241.

25 Lettres dAlain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 28 mars 1916 et 10 avril 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 494 et p. 502.

26 Lettre dAlain à Florence Halévy, 8 avril 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., p. 228-229.

27 Lettre dAlain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 19 juillet 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 571-572.

28 Ibid., p. 572.

29 Alain, Souvenirs de guerre [1937], Les Passions et la Sagesse, op. cit., p. 508.

30 Id., dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 novembre 1920, citée par Maurice Savin dans Alain, Propos, op. cit., t. I, p. XXXIII.

31 Id., dédicace à André Buffard, 15 avril 1950, citée par Georges Bénézé dans Alain, Les Passions et la Sagesse, op. cit., p. XLIV.

32 Lettre dAlain à Élie Halévy, 17 mai 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., p. 230.

33 Voir la lettre dAlain à Marie Salomon, 11 avril 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 503.

34 À Élie Halévy, Alain présente le livre comme « lexposé de ce qui fut à conserver dans lenseignement donné à Henri IV à ces jeunes gens qui ont été tués » (lettre du 16 octobre 1916, Correspondance avec Élie et Florence Halévy, op. cit., 241.)

35 Voir Alain, Journal inédit, op. cit., p. 479.

36 Chapitre iv, xi, « Du doute », p. 239.

37 Chapitre i, viii, « Les sens et lentendement », p. 63.

38 Baptiste Jacomino, Apprendre à philosopher avec Alain, Paris, Ellipses, 2010, p. 12.

39 Maurice Blanchot, « La pensée dAlain », art. cité, p. 343.

40 Voir le chapitre ii, xvi, « Du mécanisme », p. 146.

41 Voir lintroduction dAlain, p. 36.

42 Voir notamment les quatre derniers chapitres du troisième livre, qui furent tous publiés pour la première en 1926 : « La personnalité » ; « De lhumeur » ; « Lindividualité » ; « Le moi ».

43 Voir le chapitre iv, viii, « Du libre arbitre et de la foi », p. 231.

44 Voir la « note » du chapitre i, i, « De lanticipation dans la connaissance par les sens », p. 42.

45 On peut dire, comme Thierry Leterre, que « son traité sarrête au bord de la politique », grâce à la dernière partie sur « Les cérémonies » (Alain : le premier intellectuel, op. cit., p. 371).

46 Albert Thibaudet, « Activisme et passivisme », art. cité, p. 531.

47 Jérôme Perrier, Alain ou la démocratie de lindividu, op. cit., p. 421.

48 Voir le chapitre vi, viii, « De la sagesse », p. 294.

49 Voir la thèse dOlivier Reboul, LHomme et ses passions daprès Alain, Paris, Presses universitaires de France, 1968, 2 vol.

50 Raymond Aron, Mémoires, op. cit., p. 74.

51 Chapitre v, ii, « De la passion du jeu », p. 245.

52 Chapitre v, vii, « De la misanthropie », p. 257.

53 André Maurois, Alain, op. cit., p. 20.

54 André Sernin, Alain, un sage dans la cité, Paris, Robert Laffont, coll. « Biographies sans masque », 1985, p. 154.

55 Voir le début du chapitre « De la prose », dans Système des Beaux-Arts, reproduit en annexe à la fin de ce volume.

56 Chapitre iv, x, « Du génie », p. 236.

57 Chapitre iv, ix, « De la poésie et de la prose », p. 333.

58 Michel Murat, « Le style didées », art. cité, p. 191.

59 Alain, dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin, 11 novembre 1920, citée par Maurice Savin dans Alain, Propos, op. cit., t. I, p. XXXIII.

60 Lettres dAlain à Marie-Monique Morre-Lambelin, 16 juin 1916 et 15 juillet 1916, Lettres aux deux amies, op. cit., p. 544 et p. 570.

61 Alain, Histoire de mes pensées, op. cit., p. 69-70.

62 Chapitre vi, xi, « De la foi et de la vie intérieure », p. 304.

63 Note du chapitre i, i, « De lanticipation dans la connaissance par les sens », p. 41.

64 Michel Murat, « Le style didées », art. cité, p. 193-195.

65 Henri Mondor, Alain, op. cit., p. 123.

66 Julien Gracq, dans lémission « Lettres ouvertes », animée par Roger Vrigny, France-Culture, 3 mai 1989.

67 Id., En lisant, en écrivant, op. cit., p. 188.

68 Alain, Histoire de mes pensées, op. cit., p. 178.

69 Maurice Blanchot, « La pensée dAlain », art. cité, p. 344.

70 Ibid., p. 347.

71 Ibid.

72 Sorbonne Université.