Conclusion de la deuxième partie
- Publication type: Book chapter
- Book: Des aliments en quête d’acteurs. L’École nationale des industries agricoles (1880-2014)
- Pages: 383 to 384
- Collection: History of Technology, n° 23
Conclusion
de la deuxième partie
Cette période de la guerre et de l’après-guerre est incontestablement la période faste de l’histoire de l’école. Paradoxalement, la Deuxième Guerre mondiale a eu des conséquences favorables pour l’école : elle a en effet souligné l’importance, à la fois de l’alimentation et de l’approvisionnement énergétique.
Il est à noter que c’est la profession qui est à l’origine de la reconnaissance de l’adéquation, au moins partielle, de l’école à répondre à un besoin dont la Deuxième Guerre mondiale avait souligné le caractère vital : se nourrir. Tout particulièrement lors des congrès internationaux des industries agricoles, a été affirmé la profonde unité des industries alimentaires qui ont toutes pour objet de transformer des produits d’origine biologique. L’école a été, de fait, le lieu essentiel où, en France, les premières concrétisations pédagogiques de cette unité ont été ébauchées. La loi du 13 janvier 1954 lui a, en conséquence, accordé la reconnaissance institutionnelle à étendre son enseignement à l’ensemble des industries alimentaires.
Des secteurs porteurs d’avenir tels que l’ingénierie pétrolière ou l’industrie des antibiotiques s’ouvrent aux ingénieurs des industries agricoles et alimentaire formés pendant cette période et permettent à certains d’accéder à des carrières exceptionnellement brillantes. Un enseignement nouveau, le génie industriel appliqué aux industries alimentaires émerge et va se révéler très fécond.
C’est ainsi que la communauté ENIAA a été encline à concevoir ce que nous avons appelé le projet d’école centrale des industries alimentaires. Ce projet ne se réalisera finalement pas. Mais incontestablement, surtout par comparaison avec les premières décennies du xxe siècle, l’école fait preuve d’un dynamisme affirmé.
384Pourtant l’ENIAA et les ingénieurs qui en sont issus ressentent comme un inconfort, voire une injustice, les conditions plus que précaires de leur installation en région Île-de-France. Une implantation partielle en région parisienne est enfin obtenue mais ne s’est pas encore concrétisée. Par ailleurs, cette limitation de l’activité de l’établissement en Île-de-France est cependant ressentie par les ingénieurs ENIAA comme un coup d’arrêt imposé à l’expansion de l’école.
Malgré tous ces aspects favorables, l’ENIAA reste une école en quête d’un toit.
Compte tenu des conditions matérielles particulièrement difficiles dans lesquelles s’est déroulé l’enseignement à l’ENIA de 1940 à 1960, on peut qualifier cette période d’« Exode ». Mais alors que pour beaucoup de Français cet exode qui commence en mai 1940 sera bref et tragique, pour l’ENIAA il sera long et glorieux.