Introduction
- Publication type: Book chapter
- Book: Correspondance. Tome XXI. Juin 1868 – mars 1870
- Pages: i to iii
- Reprint of the edition of: 1986
- Collection: Nineteenth-Century Library, n° 21 – Hors collection
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7
INTRODUCTION
N L'individu nommé George Sand se porte bien, savoure le merveilleux hiver qui règne en Berry, signale des anomalies botaniques intéressantes, coud der robes et der manteaux pour sa belle-fille, des costumes de marionnettes, découpe des décors, habille des poupées, lit de la musique, mais surtout passe des heures avec !a petite Aurore [...]. Il n'y a pas d'être plus calme et plus heureux dans son intérieur que ce vieux trouba- dour retiré der affaires, qui chante de temps en temps sa petite romance à la lune, sans grand souci de bien ou mal chanter, pourvu qu'il dire le motif qui lui trotte par la tête, et qui, le reste du temps, flâne délicieusement. ~ (17 janvier 1869).
Ce début d'une lettre à Flaubert, qu'il faut lire tout en- tière dans ce volume, en donne le ton et la physionomie sou- riante. Reconnaissante envers la vie, heureuse de son Tort, ayant rejeté le pessimisme de sa jeunesse, la George Sand sexagénaire, malgré lec deuils, les chagrins, lec trahisons, !es déceptions qui ont jalonné son existence, N savoure v non seule- ment l'hiver, mais toutes les saisons de ra vieillesse apaisée. Une de cer pièces connaît un four, une autre un demi-succès ? qu'importe !Point ici de ces âcres regrets, de cer pages dérabu- réer, voire désespérées, de cer amertumes jalouses qui émaillent couvent (d'un émail couleur de bile) les écrits des hommes de lettres sur le noir de leur vie, que ne console par le souvenir der succès panés, dédorés et ternis comme de vieux cadres.
Rien ne lu trouble dans son acceptation soumise des événe-
ments contraires elle les accueille avec sa modestie coutu-
mière, avec une humilité sympathique,.. Arrétonr-pour sur ce
mot nul ne fut mieux doué de ce don de sympathie qui
explique tant d'aspecu de sa personnalité. Au long des lettres
8 qu'on va lire, les formuler se succèdent pour en apporter la preuve : a Je Iats rt bien vivre hors de moi... ~ —J'aime tout ce qui caractérise un milieu... ~ — K Il n'y a d'intéressant, dans ma vie à moi, que les autres,.. ~ —J'aime tout ce qui est autour de moi.., H Comment se sentirait-elle finie
L'ouvre, réussie ou manquée, est un résultat de l'effort, main non le seul : « Il n'y a par de travail perdu, du moment qu'on a eu du plaisir à travailler. Ça apprend, et la vie se passe à apprendre.. Ab ! la belle devise ! C'est qu'elle n'est par p enterrée dans la littérature ~, comme son ami Flaubert, vivant K comme un ours empaillé ~ ainsi qu'il l'avoue lui- même, et à qui elle essaie (en vain) d'insuffler sa propre phi- losophie, Nous y devons la continuation de leur savoureux et émouvant dialogue, sur le tan de la discussion cordiale et sans aigreur, k J'aime trop la vie », écrit l'une de Nohant. Et l'au-
tre répond, de Croisset ~ Vivre me semble un métier pour lequel je ne suis par fait. ~ Qu'importe que leurs antinomies surgissent à chaque instant ? k Puisqu'on s'aime comme ç'a, tout va bien. s Jamais ils n'auront la même notion du perfec- tionnement :l'un le place dans l'a'uvre, l'autre dans la vie intérieure de l'artiste.
Il nous faut tout de même apporter une correction à ce qui précède, car il n'est pas vrai gue rien ne cloche, et que George Sund ne re plaigne de rien. Et de quoi se plaint-elle ? Lirez la lettre du 26 novembre 1869 à Louis Ulbach : ~ La corres- pondance est énorme, et c'est là le travail... C'est le fléau, mais qui n'a le sien ? H Et voilà bien une autre antinomie cette correspondance énorme, ri vuriée, ri profonde couvent, si réconfortante en général pour les destinataires, ce fléau fait le bonheur du lecteur d'aujourd'hui, destinataire substitué. Me l'attestent les témoignages qui m'urrivent sans cesse, venus de tous les horizons. Comment ne pas être sensible à ces preuves d'un intérêt croissant et toujours élargi ?Elles m'assurent gue je ne fournis par en vain un travail parfois harassant, s'il ne cesse pas d'être passionnunt ?
A ceux qui m'associent ainsi à leur amitié pour George Sand, aux propriétaires d'autographes qui ont la complaisance de me les communiquer, aux lecteurs fidèles qui m'apportent, soit une ruggession, soit une piste, Toit une correction (nul n'est
9 sans pëché), et se font ainsi mes collaborateurs, je dis ici ma gratitude
— Mesdames Arizolli, Barrelet-Clémente!, Joyce Carleton, Maria Ullrichova, Barbara Wright, Claudine Yuen ;
MM. Jean Anatole, Philippe Andrès, Jean-Paul Avtsseau, Ingo Fellrath, J. J.-C. Garreta, Jacques Grandjonc, Alain Ni- colas, Henri Péquignot, Pierre Rangdé, Hamy Redman, Jean- Luc Trassaert, Vuagnoux.
f y ajoute un remerciement collectif à tous ceux qui ont bien voulu m'écrire à l'occasion de manifestations récentes me concernant, et auxquels je n'aurais pu répondre encore, la pré- paration de ce volume étant la cause principale du retard.
Georges LUBIN
Ce tome XXI contient au total 1259 numéros, dont 421 en déftcit, 837 lettres ou billets et un traité.
La vériftcation du texte sur autographes, micraftlms ou photocopies a porté sur 737 lettres, toit près de 90 %. Les inédits complets (645), les inédits partiels (47) représentent plus de 82 % du total.
On voudra bien excuser une erreur matérielle qui s'est pro- duite au tome XX. Pendant que s'établissaient les divers In- dex (Index particulier à George Sand, Index des noms cités, Index géographique) d'après un jeu d'épreuves paginées, un malheureux remaniement de pagination s'est produit à mon insu, dont le résultat est un décalage de 2 unités à partir de !a page 657. Pour donner un exemple, au nom de PAILLERON
(Marie-Louise), l'Index donne 320, 609, 676. Les deux
premiers nombres sont corrects, mais le dernier doit être lu 674
(6 76 moins 2).
N L'individu nommé George Sand se porte bien, savoure le merveilleux hiver qui règne en Berry, signale des anomalies botaniques intéressantes, coud der robes et der manteaux pour sa belle-fille, des costumes de marionnettes, découpe des décors, habille des poupées, lit de la musique, mais surtout passe des heures avec !a petite Aurore [...]. Il n'y a pas d'être plus calme et plus heureux dans son intérieur que ce vieux trouba- dour retiré der affaires, qui chante de temps en temps sa petite romance à la lune, sans grand souci de bien ou mal chanter, pourvu qu'il dire le motif qui lui trotte par la tête, et qui, le reste du temps, flâne délicieusement. ~ (17 janvier 1869).
Ce début d'une lettre à Flaubert, qu'il faut lire tout en- tière dans ce volume, en donne le ton et la physionomie sou- riante. Reconnaissante envers la vie, heureuse de son Tort, ayant rejeté le pessimisme de sa jeunesse, la George Sand sexagénaire, malgré lec deuils, les chagrins, lec trahisons, !es déceptions qui ont jalonné son existence, N savoure v non seule- ment l'hiver, mais toutes les saisons de ra vieillesse apaisée. Une de cer pièces connaît un four, une autre un demi-succès ? qu'importe !Point ici de ces âcres regrets, de cer pages dérabu- réer, voire désespérées, de cer amertumes jalouses qui émaillent couvent (d'un émail couleur de bile) les écrits des hommes de lettres sur le noir de leur vie, que ne console par le souvenir der succès panés, dédorés et ternis comme de vieux cadres.
Rien ne lu trouble dans son acceptation soumise des événe-
ments contraires elle les accueille avec sa modestie coutu-
mière, avec une humilité sympathique,.. Arrétonr-pour sur ce
mot nul ne fut mieux doué de ce don de sympathie qui
explique tant d'aspecu de sa personnalité. Au long des lettres
8 qu'on va lire, les formuler se succèdent pour en apporter la preuve : a Je Iats rt bien vivre hors de moi... ~ —J'aime tout ce qui caractérise un milieu... ~ — K Il n'y a d'intéressant, dans ma vie à moi, que les autres,.. ~ —J'aime tout ce qui est autour de moi.., H Comment se sentirait-elle finie
L'ouvre, réussie ou manquée, est un résultat de l'effort, main non le seul : « Il n'y a par de travail perdu, du moment qu'on a eu du plaisir à travailler. Ça apprend, et la vie se passe à apprendre.. Ab ! la belle devise ! C'est qu'elle n'est par p enterrée dans la littérature ~, comme son ami Flaubert, vivant K comme un ours empaillé ~ ainsi qu'il l'avoue lui- même, et à qui elle essaie (en vain) d'insuffler sa propre phi- losophie, Nous y devons la continuation de leur savoureux et émouvant dialogue, sur le tan de la discussion cordiale et sans aigreur, k J'aime trop la vie », écrit l'une de Nohant. Et l'au-
tre répond, de Croisset ~ Vivre me semble un métier pour lequel je ne suis par fait. ~ Qu'importe que leurs antinomies surgissent à chaque instant ? k Puisqu'on s'aime comme ç'a, tout va bien. s Jamais ils n'auront la même notion du perfec- tionnement :l'un le place dans l'a'uvre, l'autre dans la vie intérieure de l'artiste.
Il nous faut tout de même apporter une correction à ce qui précède, car il n'est pas vrai gue rien ne cloche, et que George Sund ne re plaigne de rien. Et de quoi se plaint-elle ? Lirez la lettre du 26 novembre 1869 à Louis Ulbach : ~ La corres- pondance est énorme, et c'est là le travail... C'est le fléau, mais qui n'a le sien ? H Et voilà bien une autre antinomie cette correspondance énorme, ri vuriée, ri profonde couvent, si réconfortante en général pour les destinataires, ce fléau fait le bonheur du lecteur d'aujourd'hui, destinataire substitué. Me l'attestent les témoignages qui m'urrivent sans cesse, venus de tous les horizons. Comment ne pas être sensible à ces preuves d'un intérêt croissant et toujours élargi ?Elles m'assurent gue je ne fournis par en vain un travail parfois harassant, s'il ne cesse pas d'être passionnunt ?
A ceux qui m'associent ainsi à leur amitié pour George Sand, aux propriétaires d'autographes qui ont la complaisance de me les communiquer, aux lecteurs fidèles qui m'apportent, soit une ruggession, soit une piste, Toit une correction (nul n'est
9 sans pëché), et se font ainsi mes collaborateurs, je dis ici ma gratitude
— Mesdames Arizolli, Barrelet-Clémente!, Joyce Carleton, Maria Ullrichova, Barbara Wright, Claudine Yuen ;
MM. Jean Anatole, Philippe Andrès, Jean-Paul Avtsseau, Ingo Fellrath, J. J.-C. Garreta, Jacques Grandjonc, Alain Ni- colas, Henri Péquignot, Pierre Rangdé, Hamy Redman, Jean- Luc Trassaert, Vuagnoux.
f y ajoute un remerciement collectif à tous ceux qui ont bien voulu m'écrire à l'occasion de manifestations récentes me concernant, et auxquels je n'aurais pu répondre encore, la pré- paration de ce volume étant la cause principale du retard.
Georges LUBIN
Ce tome XXI contient au total 1259 numéros, dont 421 en déftcit, 837 lettres ou billets et un traité.
La vériftcation du texte sur autographes, micraftlms ou photocopies a porté sur 737 lettres, toit près de 90 %. Les inédits complets (645), les inédits partiels (47) représentent plus de 82 % du total.
On voudra bien excuser une erreur matérielle qui s'est pro- duite au tome XX. Pendant que s'établissaient les divers In- dex (Index particulier à George Sand, Index des noms cités, Index géographique) d'après un jeu d'épreuves paginées, un malheureux remaniement de pagination s'est produit à mon insu, dont le résultat est un décalage de 2 unités à partir de !a page 657. Pour donner un exemple, au nom de PAILLERON
(Marie-Louise), l'Index donne 320, 609, 676. Les deux
premiers nombres sont corrects, mais le dernier doit être lu 674
(6 76 moins 2).
- CLIL theme: 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
- ISBN: 978-2-406-08491-4
- EAN: 9782406084914
- ISSN: 2258-8825
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-08491-4.p.0007
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-13-2018
- Language: French