Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Cioran, archives paradoxales. Tome V. Nouvelles approches critiques
- Pages: 237 to 240
- Collection: Encounters, n° 482
Résumés
Aurélien Demars, « Introduction. Foudres de la poésie »
Tiraillé entre tentation et refus de la poésie, Cioran a éprouvé des expériences existentielles en résonnance avec des vers qui ont inspiré certains de ses textes, avant de multiplier les critiques à l’encontre de sa passion première. Devant quel danger poétique Cioran a-t-il reculé ? S’agit-il d’une sorte d’apostasie de la poésie ou plutôt d’un va-et-vient, d’un dialogue ? Ces questions seront déployées avec La Prière d’un Dace (Eminescu) qu’affectionnait spécialement Cioran.
M. Liliana Herrera A., « Du paradis à l’éphémère »
À travers une étude du Bréviaire des vaincus dans sa version roumaine et ses traductions française et espagnole, l’auteur analyse chez Cioran le registre lyrique de la lamentation et de l’éphémère, comme scissions ou charnières dans le passage du roumain au français.
Mihaela-Genţiana Stănişor, « Mutation ontologique et composition pathétique dans Le Livre des leurres »
L’auteur analyse la structure rotative du Livre des leurres, le centre de la rotation étant l’idée de la mort. Cioran mise sur les effets de la souffrance sur l’être et s’y exprime avec lyrisme et virulence, tout en cherchant à trouver des définitions aptes à épater son public, et à se forger une identité paradoxale. Dans ce but, il met en scène un « moi » qui puisse suivre ses évidences existentielles, sous la forme de l’essai et de l’aphorisme.
Joan M. Marín, « Poésie, douleur si belle et dangereuse… »
Le texte aborde les relations entre la poésie et la douleur. La poésie constitue un acte de célébration et de regret de notre chair éphémère. Elle offre une voie 238de transcendance à notre finitude, mais elle est en soi une dangereuse activité à risque. À travers des textes de poètes – Miguel Hernández, Hölderlin, Gabriel Ferrater, Antoni Fornes – et de philosophes – Platon, Feuerbach, María Zambrano – l’article essaie de contextualiser la vision écartelée de la poésie que Cioran offre dans ses œuvres.
Alfredo Abad, « Cioran, poésie et philosophie »
Cioran introduit deux stylistiques dans son travail. L’une, axée sur le lyrisme, où la poésie a une très large influence. L’autre, axée sur un langage critique, guidé par une prose acide où le philosophe tente de se détacher des traces lyriques et poétiques. L’article explore ces deux aspects, souligne leurs particularités, leurs antagonismes possibles et les raisons qui motivent son usage dans le travail de l’auteur roumain à travers son empreinte sceptique.
Pierre Garrigues, « Chassez le « poétique », il revient au galop »
La dénégation de la poésie est liée chez Cioran à son éloge : il oppose poésie et « poésie », forme de vie mais aussi anti-romantisme français, verbeux. Or, il aurait pu être sensible à l’effacement poétique contemporain du sujet, lui-même revendiquant l’anéantissement du « moi ». Fasciné par le « ah ! », il partage les intuitions de Wittgenstein (écrire la philosophie sous forme poétique) et de Giono (l’écrivain est un « escroc »).
Joseph Acquisto, « Cioran, entre la tentation, la poésie et la lucidité »
Toute doctrine de la délivrance supprime la poésie selon Cioran. Le poète demeure alors dans la souffrance mais la transforme ; il s’agit d’une souffrance à cause des mots et « pour eux ». Le poète est par conséquent un « faux nihiliste » qui s’oppose à l’écrivain lucide. Mais selon cette interprétation, en quoi le projet de Cioran se distingue-t-il de la poésie ? Si l’écriture et la poésie ne font qu’un chez Cioran, comment résister à la tentation de la poésie et rester lucide ?
Stéphane Barsacq, « Cioran, Hamlet, Yorick & Cie »
Il s’agit de rappeler que Cioran, bien qu’éloigné formellement de la poésie, a été proche, non seulement de grands poètes, mais a également eu un rapport 239à la langue qui le place, par la hauteur de sa pratique et de ses vues, parmi la cohorte des poètes de l’esprit : il est l’inventeur d’un lyrisme « étranglé », dans la tradition d’Ovide, Leopardi ou Baudelaire. Peut-être conviendrait-il d’ajouter le nom de Shakespeare.
Monica Garoiu, « Cioran, lecteur de Baudelaire »
Dans cette étude comparative, nous tenterons d’illustrer les rapprochements thématiques et conceptuels entre l’œuvre de Baudelaire et celle de Cioran. Notre analyse portera en particulier sur le spleen baudelairien et l’ennui cioranien, sur les concepts d’« Héautontimorouménos » et de haine contre soi, ainsi que sur « la physiologie » et « les troubles des organes » (Cioran), parmi d’autres.
Carmen Pistea, « Cioran et Emily Dickinson ou comment reconnaître la « vraie » poésie. Avoir une “sensation du monde” »
À travers les conceptions d’Emily Dickinson et de Marina Tsvetaeva sur la poésie, nous verrons comment Cioran s’approche de la création lyrique et s’en éloigne, et comment il peut être considéré comme un poète du sentir. Enfin, la fascination de Cioran pour Emily Dickinson nous portera au-delà de la solitude et du « je » du poète vers l’essentiel recelé par le silence.
Aurélien Demars, « L’ineffable de la poésie selon Cioran »
À quoi bon écrire et lire des poèmes quand on affirme comme Cioran l’inanité du sens ? La poésie serait-elle condamnée au silence ? À travers les rapports entre poésie et silence, dans le Précis de décomposition et La Tentation d’exister, il s’agit d’analyser les tensions entre penseur, prosateur et poète chez Cioran, par contraste avec ses objections contre Heidegger et Sartre.
Ger Groot, « Échapper à la lucidité. Cioran et la tentation de l’âme nationale »
Dans ses écrits, Cioran a souvent recours à des opinions reçues sur le caractère des peuples. De ses pensées sur l’histoire, il en résulte parfois une image apocalyptique de l’avenir de l’Europe. Cette prédiction ne s’est pas réalisée, l’histoire se meut dans une autre direction. Cioran semble être victime d’un romantisme, peut-être pour échapper à une lucidité trop manifeste.
240Ger Leppers, « Deux visiteurs bataves chez Cioran »
Le présent texte vise à apporter des éléments supplémentaires à l’article « Cioran en Hollande », paru dans Cioran, Approches critiques, vol. I (Sibiu / Leuven, 1998) et dans lequel Eugène van Itterbeek a dressé l’inventaire des premières réactions aux textes du penseur roumain aux Pays-Bas.
Constantin Zaharia, « L’école des moralistes »
L’influence des moralistes français sur Cioran est indéniable. Elle se manifeste à deux niveaux : d’une part, par la pratique des formes brèves (aphorisme, sentence, etc.), mais également du fragment auto-suffisant, comme totalité en situation de non communication avec son contexte immédiat. D’autre part, les moralistes ont été pour Cioran un modèle de style, mais aussi un révélateur de civilisation.
Constantin Zaharia, « La littérature comme récit de soi »
Le parcours de Cioran est moins linéaire qu’on ne le croit. Écrivain roumain avant l’adoption du français, il apparaît sous deux identités, l’une roumaine, l’autre française, ce qui n’est facile d’accès qu’au lecteur qui maîtrise les deux langues. Le livre de M.-G. Stănişor, La Moïeutique de Cioran, analyse les étapes et les évolutions d’écriture chez Cioran, des années 1940 jusqu’aux productions tardives.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-10868-9
- EAN: 9782406108689
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10868-9.p.0237
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-08-2021
- Language: French