Ongles secs
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers Lautréamont
2023, n° 5. varia - Pages : 331 à 332
- Revue : Cahiers Lautréamont
Ongles secs
Un nouveau mystère ! Passé dans une vente aux enchères les 27 et 28 avril 1894 et signalé dans le Catalogue de très beaux livres modernes édité chez Durel la même année, un curieux exemplaire des Chants de Maldoror, « sans date », qui indique « Paris et Bruxelles » là où l’édition de 1874 ajoutait « chez tous les libraires ». Il s’agit donc sans doute d’un exemplaire de l’édition originale de 1869. Le bibliophile anonyme détenteur de ce volume est en fait Philippe Olombel fils, fils de Philippe Olombel, manufacturier lainier à Mazamet et qui fut maire de Mazamet de 1860 à 1870. En 1889, le bibliophile demeurait à Paris, au 24, rue Godot-de-Mauroy. Détail anecdotique ou non, la manufacture locale s’approvisionnait en laine en Amérique du Sud et avait notamment quatre succursales à Montevideo. Certains des employés de l’usine se rendaient parfois en Argentine ou en Uruguay pour s’approvisionner en laine et en peaux de moutons. D’où vient donc ce rarissime exemplaire de l’édition 1869 ? Olombel en a-t-il fait l’acquisition en France ? Ou peut-on imaginer une rencontre à Montevideo avec François Ducasse ? Avis aux chercheurs… (Bertrand Combaldieu et Michel Pierssens)
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Éric Nicolas nous signale avoir trouvé en brocante une plaquette déjà connue, le dossier de Louis Planté, agrémenté de quelques coupures ajoutées. L’ensemble compile tous les articles parus dans le bulletin de la Société académique des Hautes-Pyrénées et repris ensuite dans La Nouvelle République des Pyrénées. On y apprend que François Alicot et Tristan Derème, quoiqu’ennemis politiques, ont bien échangé sur Isidore Ducasse. Il doit rester des lettres de ces échanges dans les papiers de la famille Alicot. Qui pour les retrouver ?
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332Un entrefilet signé Robert Desnos, paru dans Aujourd’hui, nous est parvenu. La date nous est inconnue. Une médaille pour qui identifiera et retrouvera la référence bibliographique précise ?
Aujourd ’ hui vous conseille de lire Les Chants de Maldoror par le comte de Lautréamont
Comte, il l’était comme moi ou comme un tas d’autres qui mettent ce titre sur leur carte de visite. Isidore Ducasse, tel était son nom, naquit à Montevideo, vécut son enfance dans un collège de notre Midi pyrénéen et, après avoir habité rue Vivienne, mourut le 24 novembre 1870 à Paris. Son livre, le seul complet, le seul qu’il ait publié, est avant tout une leçon de style. C’est un exemple d’inspiration dirigée, d’écriture automatique lucide et c’est cet automatisme qui provoque les images inouïes de ce livre et aussi son humour, un humour que l’on peut apparenter à Shakespeare, à Swift, à Young et aussi à tout ce qui peut « paraître » ridicule dans le romantisme français. Une œuvre ne vaut que par son influence. Celle d’Isidore Ducasse a sauvé la poésie française pour vingt ans à une époque où la « queue » de Mallarmé et Paul Valéry risquaient de l’ensevelir à jamais dans le linceul de papier vergé des allégories et des images grammaticales.
Le sort d’Isidore Ducasse est d’être balancé sur un océan critique qui tantôt le mettra au fond des vagues, tantôt à leur sommet. Mais chaque fois que la tempête s’élèvera et menacera le lyrisme français, il faudra revenir à lui comme à Hugo, comme à Untel ou bien à d’autres… Et je n’ai rien dit ici de sa préface à Poésies. Ce sera pour une autre fois.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-15995-7
- EAN : 9782406159957
- ISSN : 2607-754X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15995-7.p.0331
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/11/2023
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
- Mots-clés : Lautréamont, Isidore Ducasse, Maldoror, questions, énigmes