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Classiques Garnier

Ongles secs

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers Lautréamont
    2023, n° 5
    . varia
  • Résumé : Dans cette rubrique collective, les chercheurs des Cahiers Lautréamont posent aux lecteurs quelques énigmes qui résistent encore à leurs investigations.
  • Pages : 331 à 332
  • Revue : Cahiers Lautréamont
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406159957
  • ISBN : 978-2-406-15995-7
  • ISSN : 2607-754X
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15995-7.p.0331
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/11/2023
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Lautréamont, Isidore Ducasse, Maldoror, questions, énigmes
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Ongles secs

Un nouveau mystère ! Passé dans une vente aux enchères les 27 et 28 avril 1894 et signalé dans le Catalogue de très beaux livres modernes édité chez Durel la même année, un curieux exemplaire des Chants de Maldoror, « sans date », qui indique « Paris et Bruxelles » là où lédition de 1874 ajoutait « chez tous les libraires ». Il sagit donc sans doute dun exemplaire de lédition originale de 1869. Le bibliophile anonyme détenteur de ce volume est en fait Philippe Olombel fils, fils de Philippe Olombel, manufacturier lainier à Mazamet et qui fut maire de Mazamet de 1860 à 1870. En 1889, le bibliophile demeurait à Paris, au 24, rue Godot-de-Mauroy. Détail anecdotique ou non, la manufacture locale sapprovisionnait en laine en Amérique du Sud et avait notamment quatre succursales à Montevideo. Certains des employés de lusine se rendaient parfois en Argentine ou en Uruguay pour sapprovisionner en laine et en peaux de moutons. Doù vient donc ce rarissime exemplaire de lédition 1869 ? Olombel en a-t-il fait lacquisition en France ? Ou peut-on imaginer une rencontre à Montevideo avec François Ducasse ? Avis aux chercheurs… (Bertrand Combaldieu et Michel Pierssens)

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Éric Nicolas nous signale avoir trouvé en brocante une plaquette déjà connue, le dossier de Louis Planté, agrémenté de quelques coupures ajoutées. Lensemble compile tous les articles parus dans le bulletin de la Société académique des Hautes-Pyrénées et repris ensuite dans La Nouvelle République des Pyrénées. On y apprend que François Alicot et Tristan Derème, quoiquennemis politiques, ont bien échangé sur Isidore Ducasse. Il doit rester des lettres de ces échanges dans les papiers de la famille Alicot. Qui pour les retrouver ?

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Un entrefilet signé Robert Desnos, paru dans Aujourdhui, nous est parvenu. La date nous est inconnue. Une médaille pour qui identifiera et retrouvera la référence bibliographique précise ?

Aujourd hui vous conseille de lire Les Chants de Maldoror par le comte de Lautréamont

Comte, il létait comme moi ou comme un tas dautres qui mettent ce titre sur leur carte de visite. Isidore Ducasse, tel était son nom, naquit à Montevideo, vécut son enfance dans un collège de notre Midi pyrénéen et, après avoir habité rue Vivienne, mourut le 24 novembre 1870 à Paris. Son livre, le seul complet, le seul quil ait publié, est avant tout une leçon de style. Cest un exemple dinspiration dirigée, décriture automatique lucide et cest cet automatisme qui provoque les images inouïes de ce livre et aussi son humour, un humour que lon peut apparenter à Shakespeare, à Swift, à Young et aussi à tout ce qui peut « paraître » ridicule dans le romantisme français. Une œuvre ne vaut que par son influence. Celle dIsidore Ducasse a sauvé la poésie française pour vingt ans à une époque où la « queue » de Mallarmé et Paul Valéry risquaient de lensevelir à jamais dans le linceul de papier vergé des allégories et des images grammaticales.

Le sort dIsidore Ducasse est dêtre balancé sur un océan critique qui tantôt le mettra au fond des vagues, tantôt à leur sommet. Mais chaque fois que la tempête sélèvera et menacera le lyrisme français, il faudra revenir à lui comme à Hugo, comme à Untel ou bien à dautres… Et je nai rien dit ici de sa préface à Poésies. Ce sera pour une autre fois.