Introduction Les Nefs des fous : traduction, imitation et contestation
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
2019 – 2, n° 38. varia - Auteur : Renner (Bernd)
- Pages : 389 à 396
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
INTRODUCTION
Les Nefs des fous : traduction, imitation et contestation1
La voulenté des hommes est incongnue / pource ceulx qui vouldront le latin le prendront :
le françoys / rime ou prose ou l’alemant : qui vouldra le sens moral le prendra /
qui vouldra le sens litteral le prendra / comme dit Esopet / qui veult la fleur sy la preigne /
qui veult le fruict sy le preigne / et qui veult le noyau sy le preigne /
et qui veult les hystoires comme gens non litterez les pregnent : et qui veult tout pregne tout2.
Le vaste corpus de la Nef des fous, ce premier succès de librairie européen d’un auteur contemporain de l’âge de l’imprimerie, profite depuis quelques années d’un intérêt critique accru qui va bien au-delà de l’étude de l’original allemand, le Narrenschiff de Sebastian Brant (1494), lequel a longtemps monopolisé l’attention des chercheurs. La version latine, la Stultifera Navis (1497), procurée par Jakob Locher, disciple de Brant, et les traductions en français, anglais et flamand qui suivirent rapidement, toutes basées essentiellement sur le texte latin, n’ont traditionnellement pas été vues comme des imitations (créatrices) selon les critères de la Renaissance, mais plutôt comme des transpositions relativement fidèles du sens et des intentions de l’original. Ceci explique le désintérêt général, jusqu’à un passé récent, pour des études comparatistes poussées du corpus et les commentaires critiques souvent confus3, problématique à laquelle on reviendra et qui sera au centre des 390contributions comparatistes à ce dossier. Au-delà de ces adaptations du Narrenschiff allemand, d’autres textes du corpus, en particulier les Nefs féminines de Josse Bade et de Jehan Drouyn, montrent la popularité et l’ambivalence de cette allégorie fertile au seuil de la Renaissance.
Les années 2000 connaissent enfin un tournant critique considérable avec la publication d’une édition bilingue partielle de la Stultifera Navis accompagnée d’un commentaire détaillé, outil de travail qui rend les chapitres clés facilement disponibles et analyse les mérites propres au texte de Locher, même si l’éditrice, Nina Hartl, se base sur une version qui mélange les deux éditions du texte4. Une nouvelle édition en poche du texte allemand avec les ajouts des éditions de 1495 et 1499 ainsi qu’une introduction critique et des notes substantielles ont été données par Joachim Knape en 2005, améliorant considérablement l’accessibilité au texte original5.
Quant au domaine français, outre le travail pionnier de Michel Foucault, on ne mentionnera que quatre exemples qui montrent la forte ouverture comparatiste récente des études sur la Nef. Les chercheurs s’intéressent désormais de manière approfondie au corpus multilingue et aux complexités linguistiques, culturelles et historiques de ce grand succès populaire de la première modernité6. Il s’agit d’abord d’un ouvrage collectif franco-allemand sur Brant, son époque et La Nef des fols7. On 391pense ensuite renvoyer à la grande fresque de Joël Lefebvre consacrée au comique dans la littérature allemande de la Renaissance, qui tient compte de la contribution essentielle de Locher au succès extraordinaire des Nefs8. Enfin, on mentionnera deux ouvrages fondamentaux procurés par les chercheuses qui ont contribué à ce dossier, à savoir la riche étude comparatiste des différentes versions des Nefs parues en Europe entre 1494 et 1509 par Anne-Laure Metzger-Rambach et l’édition critique de La Nef des folles (1498-1501) de Jehan Drouyn, préparée par Olga Anna Duhl. Cette traduction des Stultiferæ naves de Josse Bade souligne justement la malléabilité et l’indépendance herméneutique qu’avait acquises très vite le topos du catalogue de vices rassemblé sous l’égide de la « nef » en s’inscrivant avant tout dans la tradition de la « querelle des femmes » à travers l’allégorie répandue des cinq sens9.
Au fil de leurs observations critiques approfondies, les deux chercheuses insistent justement, parmi une pléthore de sujets (théorie des genres, édification et prédication ou bien procédés rhétoriques), sur la spécificité de la « traduction » renaissante, soulignant justement la notion des « Belles Infidèles » qui caractérise l’art de traduire à l’époque qui nous intéresse10. Anne-Laure Metzger-Rambach insiste à raison sur « le transfert et l’évaluation du sens du texte source », sur l’adaptation qu’effectue chaque traducteur-imitateur à « une esthétique » spécifique aux circonstances particulières de chaque version individuelle et enfin sur l’objectif ultime des imitateurs de faire « œuvre nouvelle11 ». Olga Anna Duhl, pour sa part, abonde dans le même sens en mettant en lumière la radicalité de l’entreprise de Drouyn dans sa traduction du texte source de Bade, qui certes appartient à l’univers des Nefs, mais que l’auteur ne fait même plus semblant de traduire, ce qui semble 392l’inciter à s’accorder carte blanche dans les domaines de l’amplificatio et de la dispositio : « Et Drouyn de s’exécuter le premier en vulgarisant le texte de Badius de manière si radicale que La Nef des folles n’a plus l’allure d’une traduction ni même d’une adaptation mais plutôt celle d’une création personnelle12 ». On retrouve là une variante extrême du concept de translatio, véritable transfert culturel et linguistique d’un texte source dans une langue et un contexte différents, qui finit par définir la « traduction » renaissante comme une entreprise d’imitation créatrice, de véritable transposition ou de « digestion », comme Du Bellay le proclamera au milieu du siècle dans son célèbre manifeste. Dans le domaine franco-allemand, cette entreprise verra son apogée dans l’adaptation du Gargantua par Johann Fischart (Geschichtklitterung, 1575-1590)13. Par conséquent, le travail de création des « auteurs en second », selon l’heureuse formule d’A.-L. Metzger-Rambach, constitue une des pistes de recherche les plus fécondes de ce vaste corpus paneuropéen et reçoit de plus en plus d’attention critique ces dernières années, comme l’illustrent les ouvrages et projets récents qu’on vient de mentionner.
Dans le large champ d’études ouvert par ce chef-d’œuvre original et influent, touchant par exemple au rapport entre image et texte, à la notion du genre ou bien à l’histoire de l’art, du livre et de l’imprimerie, les questions de moralisation, d’édification et de didactique forment un cadre conceptuel général qui reste au centre des préoccupations des spécialistes des Nefs ; mais, là aussi, les approches et intérêts ne cessent de se diversifier et de s’élargir. Dans sa contribution à ce dossier, O. A. Duhl prolonge les réflexions entamées dans son édition de La Nef des Folles et se penche notamment sur la notion de prédication qui, dans le cadre de 393l’allégorie des cinq sens, aboutit à l’imitation libre ou bien créatrice et intègre l’approche épistémologique de Drouyn dans une vaste et riche tradition, en soulignant les dettes des auteurs du corpus qu’énumère Locher dans son paratexte, au-delà des grands noms de la tradition littéraire et philosophique. En l’occurrence, O. A. Duhl met en valeur le cadre religieux de plus en plus problématique qui informe le corpus des Nefs et qui annonce, sur le plan moral, les bouleversements de la Réforme. Folie et rhétorique se croisent dans cette lecture qui, en plus de ses propres mérites (approche philologique ; mise en contexte de la tradition des Nefs), s’avère complémentaire des observations sur la satire qui sont au centre des deux autres contributions14.
Sans vouloir tomber dans le piège de la généralisation, on constate donc que, dans un premier temps, la critique récente prend davantage en considération les divergences entre les différentes versions, notamment dans le contexte du développement des littératures nationales en vernaculaire et des paramètres culturels différents. Ensuite, elle examine les sources variées dans lesquelles ont puisé les auteurs et enfin, les spécialistes cherchent à documenter l’étendue et la complexité des influences qu’ont exercées les Nefs sur la littérature européenne15, bien au-delà des liens bien établis entre les Nefs et l’Éloge de la Folie. Le chef-d’œuvre érasmien de l’éloge paradoxal satirique conféra ses lettres de noblesse au concept de la folie au début du seizième siècle, certes, mais le monologue complexe de l’humaniste rotterdamois, quoique fort endetté à d’autres modèles influents tels les paradoxes du rhéteur grec Lucien de Samosate, semble difficilement concevable sans le travail préliminaire de Brant et de ses imitateurs. L’ambiguïté fort élaborée de la folie érasmienne, absente des Nefs qui limitent la folie à ses seules connotations négatives de vice, de péché et de crime, constitue une des différences majeures 394entre les deux conceptions, au point de marquer un véritable tournant conceptuel, qui illustre la varietas épistémologique et herméneutique qui caractérisera dorénavant le mode satirique.
C’est dans cette perspective que l’intérêt renouvelé pour la satire de la Renaissance se reflète alors dans la critique récente consacrée aux Nefs, critique qui cherche désormais à définir le rôle et la fonction de ce qu’Horace appela la musa pedestris de manière plus nuancée, notamment à travers l’étude des divergences culturelles qui distinguent notre corpus, facteur déterminant pour la satire16. La critique puise surtout dans l’étude de l’influence des maîtres latins de la satura et d’autres sources d’inspiration satirique sur la littérature militante et sériocomique de la première modernité, ce qui renforce le cadre théorique de l’analyse des différences considérables entre les multiples Nefs17. Rappelons que c’est bien Jakob Locher, après tout, qui opta, le premier, pour la désignation de satire pour les Nefs, et ce à trois reprises, se distinguant explicitement de Brant à cet égard. Il ajouta ensuite une histoire abrégée de la satire (allant de l’ancienne comédie grec à Brant, en passant notamment par les représentants de la satura ainsi que Dante et Pétrarque) dans ses pièces liminaires introductives, historique de la satire repris par les imitateurs, ce qui indique les priorités épistémologiques des imitateurs18. Dans le dossier à suivre, l’approche satirique est analysée, sous des angles différents, dans les contributions d’A.-L. Metzger-Rambach (pour la première traduction en prose de La Nef des fols du monde par J. Drouyn, Lyon, 1498) et de B. Renner (surtout pour Locher). L’initiative de Locher se place dans son intention générale d’insister sur l’utilité du texte pour les lecteurs qui ignoreraient l’allemand et auraient grand besoin de la cure salvatrice administrée par une Nef rendue accessible à tous les peuples19 ; elle privilégie également le volet sérieux de l’utile 395dulci mixtum horatien, conformément à l’orientation plus austère de la Stultifera Navis par rapport à la couleur locale comique du Narrenschiff (B. Renner) ou bien le rire libérateur qui fait passer la leçon didactique dans les Stultiferæ naves (O. A. Duhl). En faisant appel à différentes traditions dans son paratexte, l’éditeur d’Horace en Allemagne annonce ainsi le concept du « mélange » et, par conséquent, la dissociation de la satire proprement dite de critères strictement génériques, lesquels postulaient traditionnellement la seule autorité de la prestigieuse satura romaine. Celle-ci sera désormais une variante parmi plusieurs, quoique toujours la plus prestigieuse20. C’est cette libéralisation du concept de satire qui sera ensuite exploitée par les imitateurs de Locher. L’influence fondamentale de la Stultifera Navis sur les versions suivantes, surtout les deux imitations françaises en prose qui sont discutées dans deux des trois contributions à ce dossier, se révèle déterminante dans le processus esquissé, car il facilite l’entrée de la satire dans les domaines du vernaculaire et de la prose. De quoi renforcer son nouveau statut de mélange (que J. Nicot donnera ensuite d’ailleurs comme synonyme de « satyre » dans son célèbre dictionnaire) et ses qualités parasitaires, tout en rendant ses leçons morales accessibles à un public plus large21.
Notre dossier cherche donc à se pencher sur des questions qui préoccupent les spécialistes des Nefs et espère contribuer aux recherches actuelles en approfondissant certaines réflexions fondamentales, voire en ouvrant de nouvelles pistes : l’examen minutieux des sources et contextes dans lesquels puisent les Nefs et toutes leurs variantes ainsi 396que, plus concrètement, le rôle du concept de prédication dans les traditions et courants humanistes de l’époque (O. A. Duhl) ; l’usage et les implications du terme et du concept de la satire dans la première traduction en prose de La Nef des fous (A.-L. Metzger-Rambach) ; la variété, les facettes et les oscillations du mode satirique entre Horace et Juvénal, d’une part, et entre cure constructive et austérité destructive, d’autre part (B. Renner). Ce sont les différents volets d’une esthétique du movere qui réunissent les trois lectures rassemblées dans ces pages et soulignent le statut particulier du corpus des Nefs à l’aube de cette période charnière qu’est la première modernité.
Bernd Renner
City University of New York
1 Nous remercions Romain Menini pour sa relecture de ces pages et les lecteurs anonymes pour leurs commentaires utiles sur les trois articles de ce dossier.
2 J. Drouyn, La Nef des folz du monde, Lyon, G. Balsarin, 1498, fol. aiir. Amplification de l’idée de Jakob Locher qui, dans son propre prologue à sa Stultifera Navis, soulignait l’utilité de la traduction et de l’allégorisation d’un texte salvateur pour justifier sa version latine du Narrenschiff de son maître Sebastian Brant.
3 Dans le célèbre chapitre 1, « Stultifera navis », de son Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1972, M. Foucault se réfère systématiquement au Narrenschiff de Brant tout en citant la version latine de Locher, bel exemple de la confusion critique autour de ce corpus varié. Voir J. Kurscheidt, « Le Narrenschiff de Sébastien Brant à l’épreuve du filtre foucaldien », Babel, 25, 2012, p. 149-169.
4 N. Hartl, Die ‘Stultifera Navis’. Jakob Lochers Übertragung von Sebstian Brants ‘Narrenschiff’. Band 1.1 : Untersuchung und Kommentar ; Band 1.2 : Teiledition und Übersetzung, Münster, Waxmann, 2001. Une équipe de l’université de Würzburg est en train de travailler sur une nouvelle édition critique qui distinguera entre les deux éditions locheriennes, outils de travail des plus précieux compte tenu du rôle central du texte latin.
5 Sebastian Brant, Das Narrenschiff, éd. J. Knape, Stuttgart, Reclam, 2005. Voir aussi la bibliographie extensive du volume qui documente la richesse des études consacrées avant tout au texte allemand.
6 Le dynamisme des études consacrées au corpus des Nefs – enfin conçu dans une perspective européenne – s’est manifesté récemment dans un grand colloque bilingue : « Les Nefs des folz en Europe », organisé par Anne-Laure Metzger-Rambach et Brigitte Burrichter à l’université de Bordeaux les 31 mai et 1er juin 2018, dont les actes à paraître feront date. On renvoie aussi à deux versions françaises modernes du texte de Brant : une adaptation de M. Horst, s.l., La Nuée bleue, 1977, et une traduction par N. Taubes, Paris, Corti, 1997.
7 G.-L. Fink (dir.), Sébastien Brant, son époque et La Nef des fols / Sebastian Brant, seine Zeit und das Narrenschiff, Strasbourg, Université de Strasbourg, 1995.
8 J. Lefebvre, Les fols et la folie. Le comique dans la littérature allemande de la Renaissance, Paris, Klincksieck, 2003.
9 A.-L. Metzger-Rambach, « Le texte emprunté ». Étude comparée du Narrenschiff de Sebastian Brant et de ses adaptations (1494-1509), Paris, Champion, 2008 ; O. A. Duhl (éd.), La Nef des folles selon les cinq sens de nature, Paris, Garnier, 2013. Pour l’arrière-plan de la querelle, voir A. Dubois-Nayt, N. Dufournaud et A. Paupert (dir.), Revisiter la « querelle des femmes ». Discours sur l’égalité/inégalité des sexes, de 1400 à 1600, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2013.
10 Sur ce point, voir les commentaires d’A.-L. Metzger-Rambach, « Le texte emprunté », p. 15-16 ; voir aussi son chapitre 4, p. 113-133, « L’Art et la manière de traduire ». Pour une approche récente, voir D. Claivaz, « Ovide veut parler ». Les négociations de Clément Marot traducteur, Genève, Droz, 2016.
11 Metzger-Rambach, « Le texte emprunté », p. 17.
12 Duhl, La Nef des folles, p. 45. Voici une belle caractérisation de la conception de la traduction, confirmée par maints spécialistes, par exemple Claudio Galderisi, « D’une translatio à l’autre », dans Cl. Galderisi et G. Salmon (dir.), Translatio médiévale, Perspectives médiévales, supplément au numéro 26 [Actes du colloque de Mulhouse, 11-12 mai 2000], Paris, 2000, p. 8 : « La translatio […] au sens de rencontre entre langues et littératures, entre registres et styles, la translatio au sens de conjointure de cultures […]. Mais la translatio au sens aussi d’ouverture sur deux mondes, une ouverture qui a fait du translateur d’emblée un écrivain ». Au sujet de la traduction, voir surtout G. P. Norton, The Ideology and Language of Translation in Renaissance France and Their Humanist Antecedents, Genève, Droz, 1984. Pour la question de l’auteur et de la paternité d’un texte, fondamentale à l’époque, voir F. Barbier, « Gutenberg et la naissance de l’auteur », Gutenberg-Jahrbuch, 2008, p. 109-127.
13 Une anthologie bilingue des textes de Rabelais et Fischart, en cours de préparation pour la Librairie Droz, montrera les implications et complexités de la traduction renaissante.
14 Voir aussi O. A. Duhl, Folie et rhétorique dans la sottie, Genève, Droz, 1994.
15 Les travaux critiques sur ces points sont trop nombreux pour être énumérés ici ; voir les bibliographies de J. Knape, éd. citée, d’A.-L. Metzger-Rambach et O. A. Duhl dans leurs ouvrages cités. À titre d’exemple, on ne mentionnera que B. Quilliet, « Le Narrenschiff de Sebastian Brant, ses traducteurs et ses traductions au xve et xvie siècle », Culture et marginalités au xvie siècle, Paris, Klincksieck, 1973, p. 111-124, les remarques de J. Lefebvre sur le didactisme, les sources et la postérité du Narrenschiff dans Les fols et la folie, p. 127-144, 159-169, et les travaux de Mireille Huchon sur les liens entre la Nef française de 1530 et Rabelais, dernièrement « Rabelais et la satire de la Nef des folz de 1530 », B. Renner (dir.), La Satire dans tous ses états, Genève, Droz, 2009, p. 77-92 (avec les renvois à ses autres travaux à ce sujet dans les notes).
16 Pour un aperçu succinct de l’orientation satirique de la Nef allemande, voir la synthèse de B. Könneker, Satire im 16. Jahrhundert. Epoche – Werke – Wirkung, Munich, C. H. Beck, 1991, et sa riche bibliographie pour les travaux précédents. Voir aussi la note 7 dans notre contribution à ce dossier.
17 Parmi la multitude d’études, nous pensons notamment au travail pionnier de J. Brummack, « Zu Begriff und Theorie der Satire », Deutsche Vierteljahrsschrift für Literaturwissenschaft und Geistesgeschichte, 45, Sonderheft Forschungsreferate, 1971, p. 275-377.
18 Il s’agit des pièces numérotées VI, XI et XIII dans Hartl, Die ‘Stultifera Navis’, t. 1.2.
19 Stultifera Navis, t. 2, p. 40 : Cum vero Narragonia seu Navis fatuorum (quam non inepte satyram appellare possumus) omnibus gentibus pernecessaria sit, operae pretium esse duxi, ut eam in carnem verterem Latinum, quo exteris quoque nationibus (quibus nullum est linguae nostrae commercium) prodesset. […] Est quippe praesens liber cum ad salubrem sapientiae commoditatisque doctrinam, tum ad dementiae stultitiaeque vanitatem expurgandum editus [Puisque la Narragonie ou la Nef des fous (que nous pouvons bel et bien appeler une satire) est de première nécessité pour tous les peuples, je crus qu’il valait la peine de la transposer en un poème latin pour qu’elle puisse aussi être utile à des nations étrangères (qui ne pratiquent pas notre langue). […] Ce livre fut édité, d’une part, pour l’enseignement salutaire de la sagesse et de l’utilité, mais surtout, d’autre part, afin d’expurger la vanité de la folie et de la sottise]. Notre épigraphe, supra, montre dans quelle mesure les traducteurs vernaculaires se sont servis de l’argument tout en s’aventurant explicitement sur le terrain herméneutique.
20 Voir l’Anthologie de la satura renaissante par F. Fleuret et L. Perceau, Les Satires françaises du xvie siècle, 2 vol., Paris, Garnier, 1922.
21 Même si Brant en reste quasiment absent, la grande somme de P. Debailly, La Muse indignée, tome 1 : La satire en France au xvie siècle, Paris, Classiques Garnier, 2012, fournit le vaste arrière-plan qui a informé la satire des Nefs. Pour le concept du « mélange », caractéristique de la satire humaniste, voir l’« Avant-propos » dans La Satire dans tous ses états, p. 7-22, et B. Renner, « From Satura to Satyre : François Rabelais and the Renaissance Appropriation of a Genre », Renaissance Quarterly, 67/2, 2014, p. 377-395.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10454-4
- EAN : 9782406104544
- ISSN : 2273-0893
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10454-4.p.0389
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/04/2020
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
- Mots-clés : Nef des Fous, Sebastian Brant, traduction, imitation, translatio, prédication, satire, Humanisme, movere