Résumés et présentations des auteurs
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Adèle d’Affry, duchesse Colonna, « Marcello » (1836-1879). Ses écrits, sa vie, son temps
- Pages: 329 to 335
- Collection: Encounters, n° 175
- Series: Nineteenth century studies, n° 32
RésuméS
et présentations des auteurs1
Maria Antonietta Trasforini, « Être femme artiste au xixe siècle. Entre professionnalisation, réseaux sociaux et batailles mnémoniques »
Maria Antonietta Trasforini est professeure associée de sociologie des processus culturels et sociologie de l’art à l’université de Ferrare (Italie). Ses recherches portent sur la professionnalisation dans les métiers de la culture, en particulier dans l’art et la psychanalyse, les effets de genre dans les mondes de l’art, les publics de l’art dans la culture urbaine, et a ainsi publié de nombreux essais et articles.
Dans un contexte de professionnalisation du monde de l’art, la position de Marcello a un profil unique à l’intersection de mondes sociaux différents. Cet article analyse les avantages et les désavantages de cette position et s’intéresse particulièrement aux aspects spécifiques que sont l’accès légitime à l’espace public et la visibilité sociale, les réseaux et les cercles sociaux de soutien, et enfin les processus de construction de la mémoire historique d’une femme artiste.
Pauline Milani, « Stratégies de légitimation et négociations identitaires des artistes femmes »
Pauline Milani est docteure en histoire contemporaine à l’université de Fribourg. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire des relations culturelles internationales, sur l’histoire du genre, et sur Marcello, en particulier dans ses rapports avec l’Italie. Elle a notamment publié Le Diplomate et l’artiste. Construction d’une politique culturelle suisse à l’étranger (1938-1985) (Neuchâtel, 2013).
Le concept d’exceptionnalité qui fonde le canon artistique renvoie à une vision normative des rapports sociaux et ne permet pas d’expliquer les parcours des femmes artistes. L’analyse des trajectoires artistiques féminines durant le Second Empire permet de réinscrire Marcello dans son temps et dans une 330histoire collective où les contorsions identitaires forment non une exception, mais une stratégie de légitimation souvent nécessaire.
Laurence Bonfigli-Berthier, « Être femme et sculpteur à Paris sous la Troisième République. Quelles stratégies d’accès aux instances du marché ? »
Laurence Bonfigli-Berthier est professeure d’histoire-géographie au lycée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency. Doctorante à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction du professeur Christophe Charles, elle prépare une thèse sous le titre : « Les femmes et la sculpture à Paris sous la Troisième République (1870-1930) : le génie interdit ? ».
Longtemps considérée comme un art masculin, la sculpture sous la Troisième République devient un art ouvert aux femmes. Bien qu’elles ne jouissent pas de la même reconnaissance matérielle et symbolique que les hommes et qu’elles peinent à obtenir le statut d’artiste, les femmes sculpteurs investissent les instances variées du marché de l’art et sont à la recherche de stratégies qui leur permettent de devenir des professionnelles, voire d’accéder à la notoriété.
Delphine Vincent, « Marcello et la musique, la part de l’ombre de l’inspiration ? »
Delphine Vincent est maître d’enseignement et de recherche en musicologie à l’université de Fribourg. Ses domaines de recherche portent sur la « music and moving image » (musique de film, opéra filmé, concert filmé), la musique française et romande (1850-1950), ainsi que la littérature pour flûte. Elle est l’auteur de Musique classique à l’écran et perception culturelle (Paris, 2012).
L’étude interroge le rapport que Marcello a entretenu avec la musique (compositeurs et interprètes) et la vision relativement conventionnelle qu’elle en avait, notamment par l’étude de ses nouvelles à sujet musical et de ses écrits intimes. Elle souligne également la part que la musique a jouée dans sa création et replace dans son contexte historique le choix du pseudonyme « Marcello », lequel souligne le rôle central que la musique tenait dans l’horizon de la duchesse Colonna.
Patrick Barbier, « Pauline Viardot. Une autre figure de femme et d’artiste dans l’Europe du xixe siècle »
Patrick Barbier, italianiste de formation et historien de la musique, est professeur à l’université catholique de l’Ouest (Angers). Il est spécialisé dans les rapports 331entre musique et société à l’époque baroque et à l’époque romantique. Membre de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire et président du Centro Studi Farinelli de Bologne, il a publié une dizaine d’ouvrages.
Née en 1821, fille du grand ténor Manuel Garcia et sœur de la Malibran, Pauline Viardot a marqué son siècle. Égérie de Tourguéniev, amie intime de Sand et Chopin, aimée de Berlioz et de Gounod, Mme Viardot a parcouru l’Europe, fréquenté les têtes couronnées et correspondu avec les plus grandes figures des arts, de la littérature et du monde politique. Cette communication pose un regard sur une destinée exceptionnelle de femme et d’artiste contemporaine de Marcello.
Aurélia Maillard Despont, « Marcello épistolière. Bohème et stratège »
Aurélia Maillard Despont est docteure ès lettres et assistante de recherche à l’université de Fribourg. Après l’étude du lien entre critique littéraire et critique d’art au xxe siècle, notamment au travers de l’œuvre de Gaëtan Picon à laquelle elle a consacré l’essai Présence critique de Gaëtan Picon (Paris, 2015), elle prépare désormais l’édition d’une anthologie critique de la correspondance d’Adèle d’Affry.
D’Ada à Marcello en passant par duchesse Colonna, la pluralité des signatures accompagne une écriture épistolaire partagée entre maîtrise et transgression des codes. L’écriture marginale, au propre comme au figuré, s’inscrit dans le prolongement d’un art de la conversation consommé, qui parvient à échapper aux carcans d’une époque et d’un rang au gré d’une séduction qu’attise la distance, distance dans laquelle s’étire à l’envi le dialogue épistolaire.
Pierre-Jean Dufief, « Le réseau épistolaire de la duchesse Colonna. Exploration du fonds Marcello »
Pierre-Jean Dufief, professeur à l’université Paris Ouest – Nanterre – La Défense, a travaillé sur Balzac, sur le roman de 1870 à 1914, et sur l’œuvre des Goncourt. Il a publié des études sur les écritures de l’intime et a édité la correspondance d’Edmond de Goncourt et Alphonse Daudet (Paris, 1996), de Gustave Flaubert et des Goncourt (Paris, 1998), ainsi que la correspondance générale des Goncourt (Paris, 2004).
L’examen de la correspondance voit se dessiner des réseaux : la duchesse Colonna rassemble autour d’elle des admirateurs ; elle se crée un panthéon de figures tutélaires, de grands hommes dignes de son admiration. Par ailleurs, le réseau a aussi des fonctions pratiques : mis au service d’une carrière 332mondaine et artistique, il peut devenir groupe de pression. Les relations souvent contradictoires entretenues parallèlement par la duchesse sont à l’origine de tensions ici analysées.
Brigitte Diaz, « Femmes artistes en correspondance. Autour de George Sand »
Brigitte Diaz, professeur de littérature française du xixe siècle à l’université de Caen – Basse-Normandie, est spécialisée dans l’étude des corpus épistolaires (correspondances, journaux et carnets d’écrivains du xixe siècle). Elle a notamment publié L’Épistolaire ou la pensée nomade (Paris, 2002), et Stendhal en correspondance ou « l’histoire d’un esprit » (Paris, 2003).
Depuis les premiers dialogues avec les personnalités de la scène romantique, comme Marie Dorval et Marie d’Agoult, jusqu’à ceux de la maturité avec Juliette Lambert, George Sand a été au cœur d’un réseau d’échange spirituel, littéraire, amical et féminin dont la correspondance garde la mémoire. Y a-t-il pour autant une spécificité de cette convivialité féminine ? Quels sont ses horizons pratiques et ses enjeux symboliques ? Telles sont les questions auxquelles cette communication répond.
Christophe Schuwey, « Adèle d’Affry et Alexandre Apponyi. Un roman épistolaire »
Christophe Schuwey est doctorant en cotutelle entre les universités de Fribourg et de Paris-Sorbonne, auprès des professeurs Claude Bourqui et Georges Forestier. Sa thèse porte sur les stratégies de publication de Jean Donneau de Visé (1639-1710). Il s’intéresse plus largement à la question des supports éditoriaux au xviie siècle, et particulièrement au Mercure galant sur lequel il a publié plusieurs articles.
La correspondance entre Adèle d’Affry et Alexandre Apponyi (1866-1869) présente un intérêt remarquable. Ces lettres qui mêlent une carrière politique en devenir à une relation amoureuse ambiguë entretiennent, dans leur style comme dans leur progression narrative, des similitudes fortes avec le genre du Bildungsroman. Par le biais d’une approche tant narratologique que thématique, l’interpénétration d’un modèle littéraire fictionnel dans une correspondance réelle se verra interrogée.
333Simone de Reyff, « Portrait d’Adèle d’Affry en bas bleu ? »
Simone de Reyff a enseigné la littérature de la première modernité à l’université de Fribourg. Spécialiste de la poésie du xvie siècle et de l’œuvre de Marguerite de Navarre, elle a également étudié les formes théâtrales du Moyen Âge aux débuts de la modernité. Initiatrice des travaux portant sur les archives familiales fribourgeoises, elle a édité avec Fabien Python Marcello. Les cahiers d’Adèle (Fribourg, 2014).
La méfiance de la duchesse Colonna à l’endroit de tout ce qui ressemble à un bas bleu laisse entendre qu’elle ne se sent pas totalement à l’abri d’une telle étiquette. De nombreux témoignages de sa curiosité intellectuelle, mais aussi de sa discipline d’autodidacte, invitent en effet à la placer au nombre des femmes d’esprit de sa génération, ardentes à conquérir l’espace du savoir. Au petit détail près, peut-être, que l’acquisition des connaissances n’est pas pour elle une fin en soi.
Jean-Marc Hovasse, « “La parole, la musique, l’amour !” Les cahiers d’Adèle (d’Affry) et le journal d’Adèle Hugo »
Jean-Marc Hovasse est directeur de recherche CNRS à l’Institut des textes et manuscrits modernes où il est responsable de l’axe « Autobiographie et correspondances ». Spécialiste de Victor Hugo, il a édité (seul ou avec la collaboration de Guy Rosa) plusieurs de ses œuvres, il écrit sa biographie en trois tomes, et a également dirigé plusieurs collectifs sur l’épistolaire.
Adèle d’Affry et Adèle Hugo, fille de Victor Hugo, ont le même prénom, six ans d’écart, et presque la même durée de vie publique. Bravant les interdits de leur société, elles ont toutes deux voulu être artistes, avec des réussites certes très différentes. Mais ce qui permet de regarder leurs vies strictement parallèles (du moins sans autre intersection que des connaissances communes comme Clésinger), c’est le journal de l’une et les cahiers de l’autre, disponibles plus d’un siècle après leurs morts.
Geneviève Haroche-Bouzinac, « Un carnet de voyage d’Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842) »
Geneviève Haroche-Bouzinac, professeur à l’université d’Orléans, travaille sur l’étude des correspondances, sur les politesses et les mémoires d’Ancien Régime. Auteur de plusieurs ouvrages sur les correspondances, dont Voltaire dans ses lettres de jeunesse 1711-1733 (Paris, 1992) et L’Épistolaire (Paris, 1995), elle a également édité les mémoires de Louise Élisabeth Vigée Le Brun (Paris, 2015).
334La présentation d’un carnet de voyage inédit de Louise Élisabeth Vigée Le Brun sera l’occasion de souligner l’importance des contingences dans le destin de l’artiste. Réceptacle des bilans, des projets, des choses vues, où notes morales voisinent avec listes d’achats et croquis, ce carnet documente le voyage autant que le travail de l’artiste. Ni journal personnel, ni journal de voyage, il porte en outre les traces, bien que peu élaborées, d’une écriture pour soi.
France Marchal-Ninosque, « Adèle d’Affry devant le xviiie siècle. Entre déni et fascination »
France Marchal-Ninosque, agrégée et normalienne, est professeur à l’université de Franche-Comté. Spécialiste de l’histoire des idées au xviiie siècle et des formes dramatiques de l’Ancien Régime, elle est l’auteur de nombreuses publications en histoire littéraire moderne et contemporaine.
Cet article montre qu’Adèle d’Affry s’appuie dans ses nouvelles de jeunesse sur une écriture modelée par les influences du siècle précédent, siècle qui a pourtant tué son roi et la foi (ce qui devait déplaire à l’aristocrate qu’elle était). Mais le tropisme pour le siècle où régna le « système du libertinage », mis au service d’une condamnation morale des vices de la société du paraître, ne pouvait par ailleurs que plaire à l’artiste qu’elle était aussi.
Catherine Mariette, « Adèle d’Affry et le modèle du roman sentimental. Héritage, détournement, dérision »
Catherine Mariette est professeur de littérature française à l’université Grenoble-Alpes. Spécialiste du xixe siècle, elle travaille essentiellement sur Stendhal, George Sand et la littérature féminine. Elle a notamment publié, en collaboration avec Damien Zanone, La Tradition des romans de femmes. xviiie-xixe siècles (Paris, 2012).
Le roman sentimental traverse sous le Second Empire une période de déclin et les fictions d’Adèle d’Affry l’illustrent bien : même si les thèmes de l’amour, du sentiment et du mariage qui forment les principaux ingrédients du roman sentimental y sont présents, le modèle est, le plus souvent, détourné, ironisé, parodié. Dans les dernières esquisses romanesques cependant, cette tonalité ironique fait place à une représentation assez mélancolique de l’amour. Comédie ou tragédie de l’amour ?
335Damien Zanone, « Ironie et lyrisme, deux principes de la fiction chez Adèle d’Affry »
Damien Zanone est professeur à l’université catholique de Louvain (Belgique). Il travaille sur la littérature du xixe siècle, en particulier sur l’écriture autobiographique et sur le roman. Il a ainsi publié un ouvrage sur le genre des mémoires dans cette période (Écrire son temps. Les Mémoires en France de 1815 à 1848, Lyon, 2006) ainsi que plusieurs éditions critiques d’œuvres de George Sand.
Omniprésente dans les premiers écrits, l’ironie s’efface et laisse dans les romans une place grandissante aux énoncés lyriques. Cette trajectoire se repère dans les nouvelles elles-mêmes qui semblent vouloir échapper à l’ironie. La présente étude poursuit l’hypothèse qu’il en va du sens de la quête morale poursuivie par Adèle d’Affry dans son aventure d’écriture : par narrateur et personnages interposés, l’auteur essaie de se délivrer de l’aliénation sociale pour faire entendre une voix singulière.
Mélanie Kaeser, « La scène sociale dans les “nouvelles de la mondanité” d’Adèle d’Affry »
Mélanie Kaeser, docteure en neurosciences et psychologue, est chercheuse à l’université de Fribourg. Ses recherches portent sur la neuroplasticité ainsi que sur des approches thérapeutiques favorisant la récupération fonctionnelle suite à une lésion cérébrale. En parallèle, elle termine un cursus en littérature française, et a ainsi coédité avec Michel Viegnes Écrits de fictions d’Adèle d’Affry (Fribourg, 2014).
Les trois « nouvelles mondaines » d’Adèle d’Affry illustrent admirablement le propos du sociologue Erving Goffman qui, par son appréhension de la vie sociale comme un théâtre – avec ses acteurs, son public et ses coulisses –, nous montre que derrière le jeu parfois tortueux des acteurs de la scène sociale se trouve un enjeu existentiel qui dépend de la reconnaissance et du respect de la face au regard de l’autre.
1 Le recours aux formes féminines des titres et fonctions a été laissé à l’appréciation des contributrices.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-06182-3
- EAN: 9782406061823
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06182-3.p.0329
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 06-23-2017
- Language: French