Préface Message de salutation
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Actualités de Louis Meigret, humaniste et linguiste
- Auteur : Hausmann (Franz Josef)
- Pages : 7 à 8
- Collection : Rencontres, n° 480
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 111
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Préface
Message de salutation
Chers Collègues,
les organisatrices de ce colloque, à qui je rends hommage pour cette magnifique réunion de « meigrétologues », m’ont invité à vous adresser un mot de salutation, et je le fais avec grand plaisir. Je suis honoré qu’il soit fait allusion à mes travaux dans l’appel à contributions. Aussi n’est-il peut-être pas inintéressant d’expliquer dans quelles conditions est née mon éphémère contribution à la « meigrétologie ».
En effet, le Colloque « Actualités de Louis Meigret, humaniste et linguiste » me rappelle des souvenirs vieux de quarante ans. Fin 1976, j’étais depuis sept ans assistant de Hans Helmut Christmann, d’abord à Sarrebruck, depuis 1974 à Tübingen. J’avais publié quelques livres et articles et pouvais me considérer comme sortant du rodage. J’avais à ma disposition les bibliothèques incomparables de l’endroit et, grâce à la largesse de mon maître, un auxiliaire. Et j’avais le temps, car mon enseignement ne dépassait pas deux heures par semaine et Christmann avait peu besoin de moi ou plutôt avait scrupule à freiner l’épanouissement de ses élèves, son souci majeur.
C’est dans cette situation qu’il me manquait le sujet de recherche pour un livre à mettre en haut du lot de travaux sur lequel il était prévu que je passe l’habilitation (sur dossier). Le mérite de l’idée initiale revient entièrement à Christmann. Comme je n’étais pas trop porté sur l’ancien français, tout en désirant élargir l’horizon au-delà du 18e siècle, il m’a proposé de transcrire la Grammaire de Meigret dont Wendelin Foerster avait fait en 1888 une édition à peine plus lisible que l’original. Et c’est là que j’ai découvert d’abord la Grammaire qui, manifestement, était en attente d’une époque qui saurait l’apprécier à sa juste valeur, et ensuite cet extraordinaire personnage, Louis Meigret, dans son siècle non moins ahurissant. L’année 1977, je l’ai vécue comme une aventure intellectuelle 8sans pareil, plongé dans un univers traversé par un souffle fascinant, où on discutait orthographe, grammaire et religion en s’invectivant comme des chiffonniers.
Et c’est ainsi que mes deux livres concernant Meigret ne sont pas du tout, comme il l’aurait mérité, les fruits d’un long mûrissement, mais ce sont des produits éruptifs, issus d’une extrême concentration sur le sujet pendant douze mois de la part d’un chercheur enthousiaste, mais pressé et qui, d’ailleurs, était d’autant plus enclin à admettre certaines faiblesses et limites de son travail qu’il croyait pouvoir reprendre le sujet ultérieurement, quasi une vie durant.
Or, le sort en a décidé autrement. C’est, en été 1981, la nomination à une chaire d’une orientation très différente qui m’a coupé du 16e siècle, tout en me lançant pour une décennie dans une aventure nouvelle.
La critique française (Nina Catach, Colette Demaizière, Luce Guillerm, Jean-Claude Chevalier et d’autres) a, somme toute, accueilli mes volumes avec bienveillance. Quant à la critique allemande, elle a voulu insister sur l’importance (peu évidente chez moi) de Nebrija comme source de Meigret, un sujet sur lequel j’aurais aimé me repencher. Mais c’était déjà trop tard. J’avais quitté le navire. Je n’étais plus dans la course.
Aujourd’hui, je suis heureux que d’autres soient montés à bord et que Meigret, au bout de quarante ans, passionne encore, ou à nouveau, des plus jeunes que moi. L’idée me plaît de pouvoir montrer à Christmann, trop tôt disparu, le volume de ce Colloque en lui disant : Merci, maître, pour votre généreux et magistral pilotage. Voyez comme d’autres après nous se sont saisis de la barre et que le bateau avance toutes voiles dehors !
Chers Collègues, Meigret dit dans la préface au Polybe : « Toutes choses tant bonnes et excellentes que tu voudras, se trouvent sans leur grâce mornes et peu agréables ». C’est cette grâce, je n’en doute pas, qui va habiter le Colloque et que, de toute manière, je vous souhaite en abondance.
Franz Josef Hausmann
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10414-8
- EAN : 9782406104148
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10414-8.p.0007
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 29/03/2021
- Langue : Français