Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: «¿A qué fui yo nasçido? ». Présences de Job dans les mondes ibériques, du Moyen Âge à l’époque moderne
- Pages: 387 to 391
- Collection: Encounters, n° 524
Résumés
Pénélope Cartelet et Michèle Guillemont, « Introduction »
Après un rappel de la complexité textuelle, esthétique et exégétique du Livre de Job dans la sphère chrétienne, puis de l’influence décisive de la monumentale Expositio in Librum Iob, sive Moralia in Iob de Grégoire le Grand (540-604) sur la réception occidentale de ce livre sapiential de l’Ancien Testament, quelques points de repère sont posés sur sa transmission profuse et multiforme au bas Moyen Âge et à l’époque moderne dans les mondes ibériques, éclairée par les contributions de ce volume.
Hugo O. Bizzarri, « Algunos problemas en torno a la traducción del Libro de Job de Pero López de Ayala »
L’aspect sans doute le plus énigmatique de cette traduction est pour quel motif le chancelier la réalisa. Sa littéralité explique que les critiques ne s’y soient pas intéressés. Elle est mentionnée comme un appendice de la production de Pero López de Ayala. Une lecture attentive, une comparaison avec la version latine de la Bible et la traduction du Livre de Job des Morales de saint Grégoire peuvent éclairer sous un nouveau jour le sens et l’interprétation qu’Ayala donna à ce texte biblique.
Pénélope Cartelet, « Job au miroir de la cuaderna vía. Du Libro de miseria de omne au Libro rimado de Palacio de Pero López de Ayala »
L’influence du Livre de Job est centrale dans deux œuvres castillanes, unies par leur composition au cours du xive siècle et le choix de la strophe de cuaderna vía. Le prisme jobien permet ainsi, grâce à une étude parallèle de l’anonyme Libro de miseria de omne et du Libro rimado de Palacio de Pero López de Ayala, de mettre en lumière les intentions respectives de chaque auteur, les techniques d’adaptation et de versification, ainsi que la place occupée par Job dans chacun de ces poèmes.
388Sophie Hirel, « Job et Ayala. Récupération poétique et politique du thème jobien dans le Rimado de Palacio de Pero López de Ayala »
Ce travail ne prétend pas apporter quelque réponse exhaustive mais lance des propositions de réflexion sur le sens politique et la portée esthétique de la figure jobienne dans le Rimado de Palacio. La thèse défendue est double : l’auteur adopte dans cette récupération de l’histoire biblique un point de vue centré autour de la morale et aussi autour de la politique. Cette versification peut être lue en divers endroits comme une déclaration d’intention d’un auteur fier de sa production poétique.
Virginie Dumanoir, « Échos et relectures du Livre de Job dans la poésie castillane profane des chansonniers, au temps des rois Trastamare »
La lecture des chansonniers castillans, qui compilent des œuvres écrites entre 1360 et 1520, permet de réunir, autour de la figure de Job, un corpus limité, quoique représentatif de l’appropriation d’un motif religieux par les plumes courtoises, dans le contexte spécifique de la cour des rois Trastamare. La figure de Job y est présente dans l’environnement attendu du poème dévot, dans la réécriture amoureuse, le jeu courtois pour les dames, sans négliger le placet courtisan et l’éloge funèbre.
Pauline Renoux-Caron, « Job dans la spiritualité hiéronymite »
L’ordre de saint Jérôme, fondé en 1377, a une existence strictement péninsulaire et un lien très privilégié avec la monarchie espagnole. Sa spiritualité ascétique et biblique est clé pour comprendre l’originalité de son regard sur le personnage de Job. Celui-ci, dans sa dimension politique, apparaît comme la marque d’un ordre qui a grandi à l’ombre des rois et, dans sa dimension scripturaire, révèle une volonté appuyée de récupérer, pour mieux le christianiser, l’héritage vétéro-testamentaire.
Fabrice Quero, « Le Livre de Job dans l’œuvre d’Antonio de Guevara. Topos, ethos et poétique »
Cette réflexion porte sur les résonnances du Livre de Job avec la philosophie politique d’Antonio de Guevara, par-delà l’évidente parenté avec la spiritualité franciscaine. Pour ce faire, on proposera, dans une approche statistique et 389analytique à la fois, une étude détaillée de l’ensemble des occurrences du texte biblique et du personnage éponyme dans l’œuvre de l’évêque de Mondoñedo, pour elles-mêmes et en contexte, afin de dépasser le très fort caractère topique de la référence à Job.
Claire Bouvier, « Présence de Job dans le Tratado de la Tribulación (1589-1593) de Pedro de Ribadeneyra S. I. »
Ce traité apparaît à bien des égards comme une tentative de réponse à l’échec cuisant de Philippe II contre l’Angleterre protestante. Sa structure est en effet spéculaire : les tribulations générales (la propagation de l’hérésie) apparaissent telle la conséquence de péchés particuliers que l’homme doit combattre grâce aux tribulations individuelles. La figure de Job permet à Pedro de Ribadeneyra de mener une réflexion ascétique et politique sur les calamités du temps pour réformer la República.
Marion Vidal, « “Conservando, cuanto es posible, el aire hebreo”. Le Livre de Job traduit par fray Luis de León »
La Exposición del Libro de Job est la dernière traduction de fray Luis de León, qu’il achève avant de mourir, en 1591. Plus que d’une simple « traduction », il s’agit d’une réélaboration poétique, qui puise à la source de l’originel hébraïque. Avec la rigueur du biblista du Siècle d’Or, amant de la philologie et partisan du retour à la veritas hebraica, fray Luis décortique le Livre de Job pour en exposer toute la polysémie. Le résultat est un texte fort éloigné de la Vulgate de saint Jérôme.
Sarah Voinier, « Le Roi Catholique, nouveau Job dans les oraisons funèbres des Habsbourg »
À travers les oraisons funèbres prononcées à la mort de Philippe II et de ses successeurs, trois types de convocation de la figure de Job apparaissent : l’exemple édifiant de Job, sa parole à partir de la citation directe de son Livre, la sagesse de Job qui inspire les prédicateurs chrétiens dans la relation des derniers jours du défunt. De ces trois modalités découle la comparaison entre le Roi catholique et Job dans un puissant raccourci temporel visant à cristalliser l’identification.
390Michèle Guillemont, « Le Livre de Job dans l’œuvre de Mateo Alemán »
À la charnière du xviie siècle, on remarque un regain de publications ibériques autour du Livre de Job (traduction, paraphrases, gloses et commentaires). Cette effervescence atteignit la production textuelle de Mateo Alemán, laïque pétri de culture biblique toujours attentif aux questions politico-religieuses de son temps. Si la matière jobienne semble, en apparence, réduite à quelques topiques, elle évolue vers une problématique plus complexe, en particulier dans l’écrit ultime de cet auteur.
Raquel Barragán Aroche, « Sor Juana, ¿el Job de las mujeres? Del padecer a la defensa del conocimiento »
L’article analyse les fonctions et les typologies de la figure de Job dans l’œuvre de sœur Juana Inés de la Cruz (ainsi, dans sa défense du droit à la connaissance de sa Carta Atenagórica), en les reliant à la définition esthétique de la vie de la nonne mexicaine, comme l’anticipe le sonnet qui lui fut adressé à sa mort et s’ouvre sur le vers « ¿No llora Job, cuando prudente y santo? ». On cherchera à comprendre les variations de ce motif en le considérant dans le contexte de la Nouvelle-Espagne.
Alma Delia Miranda, « Resonancias del Libro de Job en los siglos xvi y xvii en Portugal »
Parcourir les œuvres canoniques en vers et en prose du Portugal des xvie et xviie siècles, à la recherche des résonnances du Livre de Job, laisse percevoir une présence discrète. Celle-ci se manifeste dans presque tous les témoignages, sous la forme d’un topique, dont on se propose de suivre ici la trajectoire, afin d’expliquer la portée et la fonction de la présence de Job dans les textes, notamment en prose, et tout particulièrement dans certains sermons du père António Vieira.
Cécile Vincent-Cassy, « Saint Job à l’Escorial, de Charles Quint à Charles II »
Charles II fit venir le tableau de Job sur son fumier pour le lieu où Philippe II mourut dans d’atroces souffrances, tel un nouveau Job. Voulait-il montrer qu’il perpétuait, dans sa propre existence faite aussi de maladies, le destin de sa lignée ? C’est une hypothèse ici confrontée à un long « contexte 391iconographique ». En effet, des éléments permettent de concevoir le lien qui, à l’Escorial, unit saint Job à la Maison d’Autriche depuis Charles Quint, dans son entreprise de sanctification.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-12164-0
- EAN: 9782406121640
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12164-0.p.0387
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-29-2021
- Language: French