Abstracts
- Publication type: Journal article
- Journal: XXI/XX – Reconnaissances littéraires
2022, n° 3. Faut-il en finir avec l’anthropomorphisme ? - Pages: 253 to 260
- Journal: XXI/XX – Reconnaissances littéraires
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Résumés/Abstracts
Thomas Augais, « Pour en finir avec l’anthropomorphisme ? »
Faut-il en finir avec l’anthropomorphisme ? Il apparaît difficile de répondre de manière simple à cette question qui conduit à interroger en profondeur la pensée du vivant qui se fait jour à travers la littérature depuis le début du xxe siècle. La perspective écocritique adoptée ici conduira donc à prendre la mesure des sources qui ont mené au renouveau contemporain de la manière d’envisager les rapports entre langage humain et monde « muet ».
Mots-clés : littérature, xxe-xxie siècles, écocritique, écopoétique, anthropologie, éthologie, biosémiotique.
Thomas Augais, “Should we put an end to anthropomorphism?”
Should we put an end to anthropomorphism? It is difficult to give a simple answer to this question, which leads us to examine in depth the thinking about life that has emerged in literature since the beginning of the 20th century. The ecocritical perspective adopted here will therefore lead us to take the measure of the sources that have led to the contemporary renewal of the way of considering the relationship between human language and the “dumb” world.
Keywords: literature, 20th-21st centuries, ecocriticism, ecopoetics, anthropology, ethology, biosemiotics.
Marie Cazaban-Mazerolles, « Anthropomorphisme, anthropodéni et anthropocentrisme. Aspects théoriques et enjeux littéraires de la fin du xixe siècle à nos jours »
L’article revient sur les débats ayant entouré la notion d’anthropomorphisme appliquée aux créatures naturelles non-humaines, depuis la fin du xixe siècle à nos jours. Examinant ses enjeux épistémologiques mais aussi éthiques et esthétiques, il insiste sur la diversité d’usages que le terme recouvre ainsi que sur l’émergence contemporaine d’une casuistique qui réhabilite certaines de 254ses modalités comme voie susceptible de favoriser des relations plus vertueuses envers les êtres non-humains.
Mots-clés : sciences et littérature, éthologie et littérature, Nature fakers (polémique), anthropomorphisme, anthropodéni.
Marie Cazaban-Mazerolles, “Anthropomorphism, anthropodenial, anthropocentrism. Theoretical aspects and literary issues from the end of the 19th century to the present day”
This paper traces the most salient debates the notion of anthropomorphism has prompted since the end of the 19th century, when applied to non-human natural beings. While scrutinizing its epistemological, ethical and aesthetical implications, it shows how diverse its forms are, and highlights the contemporary emergence of a casuistic perspective that endorses some anthropomorphic modalities as a way to develop more sustainable relationships with non-human beings.
Keywords: sciences and literature, ethology and literature, Nature fakers controversy, anthropomorphism, anthropodenial.
Alice Desquilbet, « Enjeux éthiques et stylistiques de l’anthropomorphisme minéral »
L’anthropomorphisme n’est pas un anthropocentrisme : telle est l’hypothèse que cet article s’efforce d’explorer, en s’intéressant au traitement littéraire de la vie tellurique. En étudiant les enjeux éthiques liés à l’anthropomorphisme minéral, notamment dans des œuvres littéraires congolaises et antillaises, il apparaît que les éléments rocheux peuvent être considérés comme des êtres vivants mais aussi comme des témoins des dominations croisées sur les humains et les non-humains.
Mots-clés : pierres, analogies, mines, éthique, littérature congolaise, littérature antillaise.
Alice Desquilbet, “Ethical and stylistic issues of mineral anthropomorphism”
Anthropomorphism is not anthropocentrism: this is the hypothesis that this article tries to explore, by focusing on the literary treatment of telluric life. By studying the ethical issues of mineral anthropomorphism, particularly in Congolese and Caribbean literary works, it appears that rocky elements can be considered as living beings but also as witnesses of crossed dominations over humans and non-humans.
Keywords: stones, analogies, mining, ethics, Congolese literature, Caribbean literature.
255Khalil Khalsi, « Devenirs de l’anthropomorphisme dans Croire aux fauves de Nastassja Martin. Une cosmologie en miroir »
Le récit Croire aux fauves de Nastassja Martin mobilise l’anthropomorphisme pour esquisser une intersubjectivité humain-animal. Il analyse d’abord les conjonctions sémantiques et ontologiques qui s’élaborent dans l’écriture. Ensuite, il démontre comment l’anthropomorphisme projectif débouche sur un autre, réciproque, pour suggérer une communauté de devenir interspécifique. Enfin, l’on voit comment l’autrice emprunte à d’autres ontologies pour créer un récit des origines.
Mots-clés : intersubjectivité interspécifique, ontologie, perspectivisme cosmologique, récit des origines, Nastassja Martin.
Khalil Khalsi, “Futures of anthropomorphism in Croire aux fauves by Nastassja Martin. A mirrored cosmology”
Nastassja Martin’s Croire aux fauves uses anthropomorphism in order to draw a human-animal intersubjectivity. First, it examens the semantic and ontological conjunctions that are developed through writing. Then, it demonstrates how projective anthropomorphism leads to another, reciprocal, and how this points towards a becoming of interspecific community. Finally, it looks upon the way the author borrows from other ontologies to invent a story of origins.
Keywords: interspecific intersubjectivity, ontology, cosmological perspectivism, story of origins, Nastassja Martin.
Anne Gourio, « Christian Dotremont et les “calligraphies de la nature” »
Cet article se propose d’étudier les relations qu’entretient la forme du logogramme, inventée par Christian Dotremont, et les signes naturels qui l’ont inspirée. En s’attachant à la genèse et aux conditions d’émergence du logogramme dans les textes consacrés à la découverte de la Laponie, il entend dévoiler les limites d’une conception mimétique et anthropomorphique du poème, et mettre à nu, au contraire, les points de jonction entre expressivité naturelle et langage humain.
Mots-clés : Christian Dotremont, logogramme, langage naturel, signes indiciels, anthropomorphisme.
Anne Gourio, “Christian Dotremont and the ‘nature calligraphies’”
This article proposes to study the relations between the shape of the logogram invented by Christian Dotremont and the natural signs that inspired it. By focusing 256on the genesis and the conditions of emergence of the logogram in the texts devoted to the discovery of Lapland, it intends to reveal the limits of a mimetic and anthropomorphic conception of the poem and to expose on the contrary the junction points between natural expressiveness and human language.
Keywords: Christian Dotremont, logogram, natural language, index signs, anthropomorphism.
Thomas Vercruysse, « Valéry et le versant biologique du structuralisme. Par-delà Physis et Technè »
Valéry entendait proposer une « morphologie générale » dans laquelle la poétique des formes de l’esprit prendrait pour modèle des formes naturelles. La création poétique, ou plutôt « poïétique » est ainsi pensée à l’aune de la production physiologique. Un certain versant du structuralisme, parfois assumé par Barthes, conçoit aussi la création littéraire en l’alignant sur le vivant, séparant les destins de la poétique et de l’anthropomorphisme.
Mots-clés : poétique, morphologie, physiologie, énantiodromie, autotélicité.
Thomas Vercruysse, “Valéry and structuralism’s biological side. Beyond Physis and Technè”
Valéry intended to propose a “general morphology” in which the poetics of the forms of the spirit would take for model natural forms. The poetic creation, or rather “poietic” is thus thought in the measure of the physiological production. A certain side of structuralism, sometimes assumed by Barthes, also conceives the literary creation by aligning it on the living, separating the destinies of the poetic and the anthropomorphism.
Keywords: poetics, morphology, physiology, enantiodromy, autotelicity.
François Moll, « “Toutes les chances sont plutôt pour la continuité”. Roger Caillois sur l’anthropocentrisme »
Roger Caillois peut être considéré comme l’héritier d’une pensée analogique qui est une pensée scientifique, philosophique et poétique de la nature. Il élabore, à travers les cases de son échiquier, au fil de ses essais comme de ses poèmes, une déontologie poétique sévère et exigeante qui évoque une certaine forme d’écopoétique. La nature forme l’horizon de ce discours unitariste qui, publiant la cohérence du monde, de l’imagination et du poème, tente d’assurer au poète son droit à l’écriture.
Mots-clés : Caillois, poésie, écopoétique, nature, analogie.
257François Moll, “‘All the chances are rather for continuity’. Roger Caillois about anthropocentrism”
Roger Caillois can be considered as the heir to an analogical thought, which is a scientific, philosophical and poetic thought of nature. He develops, through the squares of his chessboard, through his essays as well as his poems, a strict and demanding poetic ethics which calls to mind some form of ecopoetics. Nature forms the horizon of this unitarian statement that, asserting the coherence of the world, the imagination and the poem, tries to assure the poet his right to writing.
Keywords: Caillois, poetry, ecopoetics, nature, analogy.
Michel Collot, « Le sentiment de la nature, hier et aujourd’hui »
Cet essai constate l’émergence d’un nouveau sentiment de la nature, qui anime certaines pratiques sociales et de nombreuses démarches artistiques et littéraires contemporaines. Il le définit comme une « écosensibilité », dont il présente les multiples dimensions (sensorielle, affective, éthique, esthétique), les enjeux philosophiques et l’expression littéraire, à travers quelques exemples empruntés au Nature Writing et à l’ecopoetry américaine.
Mots-clés : lyrisme, romantisme, écopoétique, esthétique, Nature Writing.
Michel Collot, “The feeling of nature, yesterday and today”
This essay observes the emergence of a new feeling for nature, which animates certain social practices and numerous contemporary artistic and literary approaches. He defines it as “ecosensitivity” whose multiple dimensions (sensory, affective, ethical, aesthetic), philosophical issues and literary expression he presents through a few examples borrowed from Nature Writing and American ecopoetry.
Keywords: lyricism, romanticism, ecopoetics, aesthetics, Nature Writing.
Bertrand Guest, « Les signes d’un peuple fantôme. Égards poétiques pour l’insecte »
Cet essai propose une mise en parallèle des rencontres poétiques avec les insectes (fictives ou non-fictionnelles), et des savoirs écologiques qu’ils recèlent, tels que la littérature les recueille du xxe siècle à nos jours. Plus encore avec l’extinction qui menace entretemps nombre d’espèces, leurs modes d’apparition singuliers engagent une phénoménologie sensible, qui entrevoie 258les signes émis par les bêtes dont elle prend le parti, reconfigurant le débat sur l’anthropomorphisme.
Mots-clés : Bergounioux, biosémiotique, enfance, fantasme, message, papillon, Raffles, Sebald, Umwelt.
Bertrand Guest, “The signs of a ghost people. Poetic regards for the insect”
This essay proposes a parallel of poetic encounters with insects (fictional or non-fictional), and of the ecological knowledge that they conceal, such as literature collects them from the 20th century to our days. Even more so with the extinction that threatens many species in the meantime, their singular modes of appearance engage a sensitive phenomenology, which glimpses the signs emitted by the beasts whose side it takes, reconfiguring the debate on anthropomorphism.
Keywords: Bergounioux, biosemiotics, childhood, phantasm, message, moth, Raffles, Sebald, Umwelt.
Irène Gayraud, « Éc(h)opoétiques à l’écoute des oiseaux. Gabriela Mistral, Philippe Jaccottet, Fabienne Raphoz »
Les poétiques de Gabriela Mistral, Philippe Jaccottet et Fabienne Raphoz, de par l’importance du sens de l’ouïe et des liens sonores et conversationnels entre humains et non-humains dans leurs expériences, peuvent être définies comme des éc(h)opoétiques à l’écoute du monde. L’écoute des sons naturels est prégnante dans leur poésie, mais l’écoute des oiseaux est paradigmatique d’un rapport au monde passant par le corps sensible, et fondé sur la réciprocité entre humain et non-humain.
Mots-clés : écoute, poésie, oiseaux, Philippe Jaccottet, Gabriela Mistral, Fabienne Raphoz.
Irène Gayraud, “Ec(h)opoetic listening to birds. Gabriela Mistral, Philippe Jaccottet, Fabienne Raphoz”
The poetics of Gabriela Mistral, Philippe Jaccottet and Fabienne Raphoz, through the sense of hearing and the auditive and conversational links between humans and non-humans in their experiences, can be defined as ec(h)opoetics. Listening to natural sounds is significant in their poetry, but the act of listening of birds is paradigmatic of a relation with the world passing through the sensitive body, and based on reciprocity between human and non-human.
Keywords: listening, poetry, birds, Philippe Jaccottet, Gabriela Mistral, Fabienne Raphoz.
259Laurent Demanze, « “Une communauté à parts égales”. Remarques sur la présence animale dans la littérature contemporaine »
Peut-on s’identifier à un animal, c’est-à-dire penser et parler à sa place ? Cet article montre, à partir de trois exemples, comment Olivia Rosenthal, Jean-Loup Trassard et Jean-Christophe Bailly constituent leurs textes comme des exercices d’identification : des tentatives pour s’approcher de la figure animale, pour s’en tenir au plus proche, tout en ménageant l’écart d’une dissemblance. Les ratés de l’identification permettent alors de laisser à l’animal la part entière de son secret.
Mots-clés : identification, écopoétique, littérature contemporaine, Olivia Rosenthal, Jean-Loup Trassard, Jean-Christophe Bailly.
Laurent Demanze, “‘A community of equals’. Remarks on the presence of animals in contemporary literature”
Can we identify with an animal, that is to say, think and speak in his place? This article shows from three examples taken from Olivia Rosenthal, Jean-Loup Trassard and Jean-Christophe Bailly, how these writers constitute their texts as identification exercises: the text is an attempt to approach the animal figure, to stick to the nearest, while leaving the gap of a dissimilarity. The failures of identification are then understood as a way to let the animal’s full of his secret.
Keywords: identification, ecopoetics, contemporary literature, Olivia Rosenthal, Jean-Loup Trassard, Jean-Christophe Bailly.
Thierry Roger, « L’arbre qui plantait des hommes. Giono, condition végétale, condition sociale »
Cet article parcourt l’œuvre de Giono de 1929 à 1954, à partir des acquis de l’« anthropologie de la nature » (Philippe Descola), et de l’histoire de l’écologie politique (Gorz, Illich). Cette relecture d’un Giono dégagé du soupçon vichyste comme de la régression nostalgique cherchera à montrer que cette pensée archétypale de l’idée de « nature », sous le signe de Pan, nourrit notre présent « écocritique », non comme un simple « environnementalisme », esquissant une théorie critique des besoins.
Mots-clés : écocritique, écopoétique, mythologie des arbres, écologie sociale, utopie, travail, anthropologie de la nature, anthropocentrisme versus écocentrisme.
260Thierry Roger, “Tree who planted men. Giono, vegetal condition, social condition”
This paper covers Giono’s work from 1929 to 1954, based on the achievements of the “anthropology of nature” (Philippe Descola), and on the history of political ecology (Gorz, Illich). This reinterpretation of a Giono freed from Vichy suspicion and nostalgic regression, will seek to show that this archetypal thought of the idea of “nature”, placed under the sign of Pan, nourishes our present “ecocriticism”, not a simple “environmentalism”, but the outline of a critical theory of needs.
Keywords: ecocriticism, trees in mythology, social ecology, utopia, working, anthropology of nature, anthropocentrism versus ecocentrism.
Judith Sarfati Lanter, « “Qui sera ce nous ?” Un récit des choses terrestres : Voyages en sol incertain de Matthieu Duperrex »
La prise de conscience de la catastrophe écologique suscite une attention empathique envers les formes de vie non humaines, au moment où (et parce que) point la possibilité de leur extinction. De nouveaux récits, en anthropologie, en philosophie ou en littérature, s’attachent ainsi à des êtres de nature et à des milieux parfois animisés, témoignant du tournant ontologique suscité par la crise bioclimatique, comme le montrera Voyages en sol incertain de Matthieu Duperrex.
Mots-clés : animisme, ontologie, non humains, Matthieu Duperrex, crise bioclimatique, catastrophe.
Judith Sarfati Lanter, “‘Who will we be?’ A tale of earthly things: Voyages en sol incertain by Matthieu Duperrex”
The awareness of the ecological catastrophe has given rise to an empathetic attention to non-human life forms, at a time when (and because) the possibility of their extinction is looming. New narratives, in anthropology, philosophy or literature, are thus attached to beings of nature and to environments that are sometimes animated, testifying to the ontological shift brought about by the bioclimatic crisis, as Matthieu Duperrex’s Voyages en sol incertain will show.
Keywords: animism, ecopoetics, ontology, non humans, Matthieu Duperrex, bioclimatic crisis, catastrophe.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-14195-2
- EAN: 9782406141952
- ISSN: 2740-7713
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-14195-2.p.0253
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 10-12-2022
- Periodicity: Annual
- Languages: French, English