Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Variations et inventions. Mélanges offerts à Peter Schnyder
- Pages : 501 à 515
- Collection : Rencontres, n° 139
Résumés/Abstracts
Pierre Masson, « Gide, l’individualiste engagé »
La période de l’engagement gidien, telle qu’elle s’est manifestée au sein de la NRF, avec ses évolutions sur le plan religieux, politique et nationaliste pendant la Grande Guerre, ne peut se comprendre si l’on ne revient pas d’abord sur les premières années d’existence de cette revue. L’engagement de Gide, à rebours d’un Sartre et des intellectuels des années 1950, est d’abord inscrit dans l’action et ne se transforme qu’après coup, et partiellement, en réflexion théorique.
Gide’s period of engagement as demonstrated in La NRF, with its evolutions at the religious, political, and nationalist level during the First World War, can only be understood if one begins by returning to the first years of this journal’s existence. Gide’s engagement, as opposed to that of Sartre and the intellectuals of the 1950s, first took shape as action and only subsequently, and partially, transformed itself into theoretical reflection.
Frank Lestringant, « “Le Christianisme contre le Christ”. Gide, de l’évangile au communisme »
Gide protestant ? Il l’était, de toute évidence. Même la foi perdue, et reconvertie en foi communiste ; même l’adhésion perdue et transformée en défiance envers tout nouvel engagement. Une chose reste : le souci de témoigner. Et plus encore, la figure inentamée et toujours rehaussée du Christ. Qu’importe alors la foi perdue, les sarcasmes sur la vie éternelle et la défiance de tout dogme. L’essentiel est cette fidélité et ce respect prolongé malgré les vicissitudes.
Was Gide a Protestant? Yes, it seems, even when he lost his faith and converted to Communism; even when his support waned and morphed into defiance against all new forms of engagement. One thing remained: a concern with testimony, and the undamaged and eternally elevated figure of Christ. What do lost faith, sarcastic comments about eternal life, and defiance against all dogma matter? The essential is this loyalty and respect maintained regardless of change.
Éric Marty, « Gide aux marges de l’affaire Dreyfus »
Le titre de cet article ne saurait tout à fait désigner la place réelle que Gide a pu occuper à l’égard de l’événement politique au centre duquel tout le monde – ou presque – a voulu se trouver, et où Gide a pu craindre de se perdre. « Aux marges… » ne définit pas une marginalité subie, mais, tout au contraire, relève de ce qu’on essaiera d’établir comme un choix, c’est-à-dire à la fois une logique, une politique, peut-être même une stratégie. Les marges dont on a idée supposent tout autre chose.
The title of this article cannot completely sum up the place occupied by Gide in relation to the political event that everyone – or nearly everyone – wanted to be at the centre of, and in which Gide might have feared losing himself. “At the margins…” does not refer to a marginality which was suffered but, on the contrary, one which is presented here as a choice: at once a logic, a policy, and even a strategy. The margins we have in mind imply something else entirely.
Luc Fraisse, « La mise en abyme de la mise en abyme dans Les Faux-monnayeurs »
Les Faux-monnayeurs constituent le cas emblématique de la mise en abyme et le Journal des Faux-monnayeurs permet d’entrer in medias res dans le problème, montrant que la duplication en miniature, l’effet de miroitement, en bref l’adaptation des convictions de l’auteur dans les propos et attitudes de ses personnages, engagent avec eux un décalage et un jeu. C’est tout le personnel romanesque qui s’assemble pour tenter d’élucider le travail du romancier dans toutes les phases de son élaboration.
The Faux-monnayeurs constitutes the emblematic case of the mise-en-abyme and the Journal des Faux-monnayeurs allows us to engage in medias res with this problem, demonstrating that the miniature copy, the mirage effect, in short, the adaptation of the author’s convictions into the words and attitudes of his characters, engages them in an act of displacement and a game. The novelistic personnel come together in an attempt to elucidate the novelist’s work in all phases of its elaboration.
Martine Sagaert, « Les cahiers de comptes de Juliette Gide »
Gide écrivait dans Si le grain ne meurt : « Dans aucune des biographies, […] je ne parviens à trouver la moindre indication sur l’origine maternelle d’aucun grand homme, d’aucun héros. » Aujourd’hui, cette lacune est comblée.
Une entrée du Dictionnaire Gide est consacrée à Juliette Rondeaux-Gide ; elle fait état des cahiers de comptes de la mère d’André Gide. Le présent article revient sur ces documents d’archives, qui intéressent aussi bien l’histoire des femmes que celle des mères.
Gide wrote in Si le grain ne meurt: “Not in one of the biographies, […] do I manage to find the least indication of the maternal origin of a great man, a great hero.” Today, this omission has been rectified. An entry in the Dictionnaire Gide is devoted to Juliette Rondeaux-Gide and refers to the account books of André Gide’s mother. This article returns to these archival documents, which contain much of interest for the history of women as well as the history of mothers.
Peter André Bloch, « Le voyage de noces d’André Gide. Concordances et paradoxes »
En partant du commentaire de La Porte étroite publié pour l’édition allemande des œuvres d’André Gide (éditées par Raimund Theis et Peter Schnyder en 1992), cette contribution revient sur le voyage de noces d’André Gide avec Madeleine, qui dura environ sept mois, à travers la France, la Suisse, l’Italie et l’Afrique du Nord.
Beginning with a commentary of La Porte étroite published for the German edition of André Gide’s works (edited by Raimund Theis and Peter Schnyder in 1992), this contribution returns to André Gide and Madeleine’s honeymoon trip, lasting around seven months, through France, Switzerland, Italy, and North Africa.
Patrick Amstutz, « Le chemin de patience de la poésie »
La poésie – ce chemin de patience – qui exige, en un mouvement cyclique, attente de soi et de l’autre, prise de corps, puis déprise de soi – est avant tout, et pour peu que l’on vise à demeurer au plus près de ce qui s’écrit dans la trame des jours, la sente que l’on creuse dans la trace de sa propre errance.
Poetry – this patient path – which, in one cyclical movement, demands an expectation of the self and the other, a grasping of the body, and an abandoning of the self – is, above all, and even as we try to follow the thread of the passing days and what is written there, the path we make in the traces of our own wanderings.
Jean-Michel Wittmann, « Poésie et vérité : Greco ou le Secret de Tolède, la biographie d’un peintre selon Maurice Barrès »
Greco ou le Secret de Tolède apparaît comme un livre inclassable, appartenant au genre, aux contours essentiellement flous, de l’essai ou du récit de voyage, tout en relevant d’une critique d’art pratiquée avec la liberté que se permet en général l’écrivain. Son projet excède le cadre de la biographie, dans la mesure où Barrès n’entend pas seulement faire revivre le Greco, mais bien en révéler le secret. Autant dire que la quête poétique prend ici le pas sur l’entreprise biographique.
Greco ou le Secret de Tolède appears to be unclassifiable, belonging as it does to the genre of the essay or travel account, with its essentially fluid contours, but also related to art criticism, practiced with the freedom characteristic of the writer. His project exceeds the limits of biography, in the sense that Barrès does not only seek to revive El Greco but to reveal his secret. It is enough to say that the poetic quest overrides the biographic enterprise.
Madeleine Bertaud, « François Cheng observateur, contemplateur et poète des visages »
Tout en n’étant pas autobiographique, Le Dit de Tianyi de François Cheng fournit beaucoup d’éléments de témoignage, il est un « roman de l’artiste ». Observateur des visages, François Cheng s’en est bientôt fait le contemplateur et le poète. Le présent article s’emploie à développer et étayer ce constat, non sans tenter d’expliquer un phénomène qui est loin de s’arrêter à la curiosité, ou même à l’intérêt d’un amateur d’art éclairé.
While it is not autobiographical, Le Dit de Tianyi by François Cheng is in certain respects a testimony; it is a “novel of the artist”. An observer of faces, François Cheng soon became their contemplator and poet. This article develops and supports this statement, seeking to explain a phenomenon which surpasses the curiosity and even the interest of an enlightened amateur of art.
Régine Battiston, « Esthétique du paysage. Jacques Chessex le sublimateur »
Derrière les nombreuses thématiques qui caractérisent l’œuvre de Jacques Chessex (la mort, la sexualité, l’errance des destins humains, la culpabilité, la religion, la recherche de Dieu, la transcendance, le mal, le tragique, la fuite
du temps, l’autobiographie), la nature constitue souvent le véritable sujet de son écriture, de ses récits et de ses poèmes. La nature, la femme et la mort reviennent comme des réminiscences à travers toute l’œuvre, dans un enlacement fascinant et troublant.
Behind the numerous themes which characterise the work of Jacques Chessex (death, sexuality, the path of human destinies, culpability, religion, the search for God, transcendence, evil, the tragic, the passing of time, autobiography), it is often nature which is the veritable subject of his writing, from his short-stories to his poems. Nature, women, and death return like reminiscences throughout his œuvre, in a fascinating and troubling embrace.
Ruggero Campagnoli, « Contresonnet pour Peter »
L’auteur de cet article raconte comment L’OuLiPo lui a fait connaître les somptueuses contrerimes de Toulet et l’a ouvert à la gloire renouvelée du sonnet. D’ici naît son contresonnet : sonnet + contrerimes. Le rapport entre vers longs et vers courts a été perfectionné, en choisissant l’alternance entre 9 et 6 syllabes, le chiffre pair étant le chiffre impair renversé. Par rapport au quatrain des contrerimes, le contresonnet est une forme close et, par rapport au sonnet classique, il est hétérométrique et a des vers brefs, ce qui rend son ton plus « léger ».
The author of this article recounts how the OuLiPo introduced him to Toulet’s sumptuous counter-rhymes and the renewed glory of the sonnet. The counter-sonnet emerges from this: sonnet + counter-rhymes. The rapport between long and short verse has been perfected by choosing to alternate between 9 and 6 syllables, the even figure being the reversed odd figure. In relation to the quatrain of counter-rhymes, the counter-sonnet is a closed form and, in relation to the classic sonnet, it is heterometric, with short verse which render its tone ‘lighter’.
Vahé Godel, « Inventaires »
Ces poèmes intitulés Inventaires, sont dédiés à Peter Schnyder et lui rendent hommage.
These poems entitled Inventaires are dedicated to Peter Schnyder and pay homage to him.
Robert Kopp, « Ces infréquentables Goncourt »
Il est un paradoxe des frères Goncourt : peu d’auteurs sont à la fois aussi célèbres et aussi peu lus. En avance sur leur temps, les Goncourt ont connu le sort de beaucoup de précurseurs : leurs inventions ont été attribuées à ceux qui surent les exploiter. Sait-on aujourd’hui qu’ils sont parmi les inventeurs de l’histoire sociale ? Que leur conception de la modernité a permis à Baudelaire de trouver la sienne ? Autant d’innovations qui complètent la liste de celles dont on les crédite habituellement.
The Goncourt brothers are paradoxical: few authors are at once so famous and so little read. Ahead of their time, the Goncourts experienced the same fate as many of their precursors: their inventions were attributed to those who knew how to exploit them. Is it known today, for example, that they were amongst the inventors of social history? Or that their conception of modernity allowed Baudelaire to find his? Numerous innovations complete the list of those they are habitually credited with.
Marie Joqueviel-Bourjea, « La guêpe et l’orchidée »
« La plupart des chercheurs et des spécialistes sont aujourd’hui préoccupés par cette situation, plus ou moins claire, d’alliance entre peinture et poésie. » Le constat qu’opère Marcelin Pleynet en 1998 aurait de quoi décourager tout chercheur qui souhaiterait explorer des contrées inédites – s’il n’était précisé que cette alliance s’avère « plus ou moins claire ». C’est ce « plus ou moins » qui justifie la quantité et la diversité d’approches qui n’épuisent en rien leur objet, immense et polymorphe.
“The majority of researchers and specialists today are preoccupied with the situation of the more or less clear alliance between painting and poetry”. This statement made by Marcelin Pleynet in 1998 would be enough to discourage researchers hoping to explore this new territory – if it wasn’t for the qualification “more or less clear”. This “more or less” justifies the quantity and diversity of approaches which do not begin to exhaust this immense and polymorphous subject.
Serge Bourjea, « Ichnographies de la Mémoire : de Valéry à Proust, de Freud à Aby Warburg »
Le projet d’Ovide chez les Scythes de Valéry semble répondre à la volonté de frayer à nouveau les voies de La Jeune Parque, de rappeler à la mémoire
les mouvements (sensibles et spirituels) qui ont engendré le poème, comme s’il s’agissait de se l’expliquer à soi-même – sinon de le justifier aux yeux des détracteurs. Empruntant le terme à Michel Serres, on nommera « ichnographie » ce geste de retournement destiné à retrouver les vestiges d’une création, de manière à se replacer dans le sens et selon l’esprit de ce qui l’a promue.
Valéry’s project Ovide chez les Scythes seems to respond to a desire to open up the paths of La Jeune Parque again, to recall the (physical and spiritual) movements which engendered the poem as if it was a question of explaining it to himself – if not of justifying it in the eyes of its detractors. Borrowing the term from Michel Serres, we adopt the word “ichnography” to label this action of reversal which is destined to rediscover the vestiges of a creation in such a way as to return to the sense and spirit of what initiated it.
Tania Collani, « Le fleuve de Babel rêve d’Ophélie et de Narcisse. Une lecture de Babylone de René Crevel »
Dans un article de 2006 consacré à « Babel en la poésie du xixe siècle », Peter Schnyder soulignait de quelle manière le désastre de Babel est réécrit, par une grande partie de la littérature moderne, comme « un événement positif, un moment qui fonde une liberté nouvelle ». En préférant la diversité à l’uniformité, en s’ouvrant à l’incompréhension de la critique, à l’expérimentation formelle, à la « crise du vers » et de la prose, la poésie du xixe siècle reproduit et réactualise Babel.
In an article of 2006 dedicated to “Babel in nineteenth-century poetry”, Peter Schnyder emphasised the extent to which the disaster of Babel has been rewritten by a large portion of modern literature as a “positive event, a moment which founded a new freedom”. By preferring diversity to uniformity, opening up to critical comprehension, formal experimentation, and the ‘crisis in verse’ and prose, nineteenth-century poetry reproduced and renewed Babel.
Anna Soncini Fratta, « Les gladiateurs reviennent. Maria Maïlat et la violence en spectacle »
Les textes importants mettent en évidence les problèmes et les angoisses d’une époque. C’est le cas de l’œuvre de Maria Maïlat, et surtout de l’un de ses romans, La Grâce de l’ennemi. Édité en 1999, ce roman semble vouloir affirmer que la civilisation des mœurs n’existe pas et que la violence,
désormais constante dans la société, a enlevé à l’homme tout point de repère et a produit un lien entre les aspects incompatibles de la vie, dont le titre suggère l’importance.
Important texts illustrate the problems and fears of an epoch. This is the case with the œuvre of Maria Maïlat and above all one of her novels, La Grâce de l’ennemi. Published in 1999, this novel, it seems, seeks to affirm that the civilisation of manners does not exist and that violence, from now on a constant in society, has taken all points of reference away from humanity and produced a link between incompatible aspects of life, the significance of which is suggested in the title.
Frédérique Toudoire-Surlapierre, « Comparer en littérature ? Fondement d’une réflexion, genèse d’une amitié »
« Reconnaître quelqu’un, c’est comparer une perception présente à un souvenir », déclare Ricœur dans Soi-même comme un autre. En associant reconnaissance et comparaison, il redonne du crédit à cette dernière, en lui conférant deux tropismes précisément constitutifs de la personnalité de Peter Schnyder : la reconnaissance et les humanités, de sorte que cet article se propose aussi comme un « parcours de la reconnaissance » pour reprendre une expression de Ricœur dans un ouvrage du même nom.
“To recognise someone is to compare a current perception with a memory”, declares Ricœur in Soi-même comme un autre. By associating recognition and comparison, he gives credit to the latter by conferring on it two tropisms precisely constitutive of the personality of Peter Schnyder – recognition and the humanities – in such a way that the article also presents itself as a “course of recognition”, to adopt an expression used by Ricœur in a work of the same name.
Éric Lysøe, « Fantaisie sur trois airs suisses »
Lorsqu’il arrivait à l’auteur de cette composition musicale de prendre la suite du cours de Peter Schnyder dans l’amphithéâtre « Weiss », il n’était pas rare d’entendre quelques mesures lumineuses de Chopin ou, plus rarement, de Schumann ou de Mendelssohn. Profitant de la présence d’un piano, le professeur donnait ainsi concert à une assemblée de chaises vides. Cette fantaisie sur trois airs suisses a été composée en souvenir de ces conjonctions éphémères.
When the author of this musical composition came to take over from Peter Schnyder’s lesson in the ‘Weiss’ amphitheatre, it was not unusual to hear some luminous bars of Chopin or, more rarely, Schumann or Mendelssohn. Profiting from the presence of a piano, the teacher was giving a concert to an assembly of empty chairs. This fantasy on three Swiss airs was composed in memory of these ephemeral conjunctions.
Georges Fréris, « Le mythe du roi Candaule : fiction prétexte de cas personnels »
En s’intéressant à l’évolution des mythes littéraires, il est possible de constater que, même sous l’angle des mythes littéraires, la littérature néohellénique est absente. C’est pourquoi cet article compare deux pièces de théâtre inspirées du même mythe du roi Candaule : Le Roi Candaule de Gide (1901) et La Femme de Candaule de Marguerite Libéraki (1954), pour la simple raison qu’elles sont les deux dernières importantes tentatives littéraires, en Europe, de renouvellement de ce mythe littéraire.
By focusing on the evolution of literary myths, it is clear that, even from this perspective, neo-Hellenic literature is absent. This is why this article compares two pieces of theatre inspired by the same myth of the king Candaule: Le Roi Candaule by Gide (1901) and La Femme de Candaule by Marguerite Libéraki (1954). It does so for the simple reason that these are the two last important literary attempts in Europe to renew this literary myth.
Greta Komur-Thilloy et Pierre Thilloy, « Rencontres »
Si jouer du piano à quatre mains est une tradition ancienne, il n’en va pas de même d’écrire à quatre mains, surtout lorsqu’il s’agit de réunir des témoignages de deux personnes venant de deux mondes différents. Le présent texte, à quatre mains, qui véhicule un double je/jeu, tâchera de décrire l’éclosion d’une riche rencontre entre un moi-universitaire / linguiste-musicienne (Greta Komur-Thilloy), un moi-compositeur (Pierre Thilloy), et un lui-universitaire / littéraire-musicien (Peter Schnyder).
If four-handed piano playing is an ancient tradition, the same cannot be said of four-handed writing, particular when it is a question of reuniting the testimonials of two people coming from two different worlds. This four-handed text, the vehicle for a je/ jeu double, attempts to describe the blooming of a rich encounter between a linguistic-musician/ university-me (Greta Komur-Thilloy), a composer-me (Pierre Thilloy), and a literary-musician/ university-him (Peter Schnyder).
Christian Gardair, « Pour Peter Schnyder »
Pour rendre hommage à cet ami fidèle qu’est Peter Schnyder, une série de douze plaquettes lui est offerte, afin de conserver, profondément scellée, toute l’intimité des heures, des années, des découvertes et des rencontres d’exception. L’amitié et les paroles de Peter Schnyder éclairent et ouvrent l’esprit de façon à toujours y faire surgir l’inattendu.
To pay homage to the faithful friend that is Peter Schnyder, a series of twelve plaquettes are offered to him in order to preserve, firmly sealed, all the intimacy of those exceptional hours, years, discoveries, and encounters. The friendship and the words of Peter Schnyder illuminate and open up the spirit in a way that always produces the unexpected.
Jean-René Ladmiral, « L’Esthétique de la traduction et ses prémisses musicales »
La présente étude reprend, pour l’essentiel, le texte d’un article sur la traduction des livrets d’opéra. Le paradigme de la musique est déjà un hommage tacite à l’une des facettes peut-être moins connue de la riche personnalité de Peter Schnyder que sont sa sensibilité et sa culture musicales. Puisse cette esquisse trouver grâce aux yeux de Peter Schnyder.
In essence, this study returns to the text of an article on the translation of librettos. The musical paradigm is already a tacit homage to what is perhaps one of the least known facets of Peter Schnyder’s rich personality: his musical sensitivity and culture. Let this sketch find favour with Peter Schnyder.
Enrico Monti, « Traduire la métaphore littéraire : entre théorie et pratique »
Ce texte se penche sur la problématique de la traduction des métaphores, en insistant sur l’importance d’une étude contextuelle de cette figure de style. On commence par esquisser un panorama du débat traductologique dans ce domaine, avant d’analyser quelques exemples de traduction de métaphores délibérées dans un texte littéraire, en s’appuyant sur un corpus parallèle (deux traductions françaises et deux traductions italiennes) du roman Trout Fishing in America (1967) de Richard Brautigan.
This text focuses on the question of translating metaphors, and insists on the importance of a contextual study of this figure of speech. We begin by sketching out a panorama of the traductological debates in this area before moving on to analyse some
examples of deliberate metaphor translation in a literary text, supported by a parallel corpus (two French translations and two Italian translations) of the novel Trout Fishing in America (1967) by Richard Brautigan.
Fritz Nies, « Interdiction d’avoir trop d’esprit ? Les secrétaires-traducteurs de l’Ancien Régime »
En lisant le mot secrétaire, il est difficile de supposer une affinité entre ce travail servile et le métier de traducteur littéraire. Car ce dernier, qui transpose des textes dans une langue structurée autrement que la langue de départ, a besoin d’une bonne quantité d’imagination créatrice. Il doit avoir du talent pour forger des mots, être capable de rendre compréhensibles des emprunts lexicaux, d’inventer de nouvelles tournures et métaphores ou, pour les textes versifiés, de nouvelles rimes.
When faced with the word secrétaire, it is difficult to imagine any affinity between this servile work and the profession of the literary translator. The latter, who transposes texts into a language structured differently from their original language, needs a great deal of creative imagination. The translator must have a talent for forging words and be capable of making lexical borrowings understandable, of inventing new turns of phrase and metaphors, and even, in the case of texts in verse, new rhymes.
Jerzy Brzozowski, « Les procédés de la traduction intersémiotique dans le cinéma espagnol contemporain »
L’adaptation d’un roman pour le cinéma commence par les démarches liées à la condensation du texte. Comme règle générale, tout en admettant qu’un roman possède un potentiel dramatique (une trame solide, une histoire intéressante, des dialogues poignants qu’on peut emprunter tels quels), même dans ces cas, une partie de la narration se prête mal aux procédés de la monstration, terme qui désigne l’essence de la traduction intersémiotique, le transcodage de l’écrit en une série d’images mouvantes.
Adapting a novel for cinema starts with the tasks linked to condensing the text. As a general rule, while it is acknowledged that a novel will possess dramatic potential (a solid structure, an interesting plot, poignant dialogues that can be used as they are), a large part of the narrative will not lend itself easily to the processes of monstration, a term which designates the essence of intersemiotic translation, the transcoding of writing into a series of moving images.
Elżbieta Skibińska et Marcin Cieński, « La poésie peut-elle abolir les murs, et le Mur en particulier ? La poésie américaine en Pologne (1970-1990) : entre traduction et inspiration »
Si l’on essaie d’observer la réception de la poésie américaine en Pologne en termes d’esthétique ou d’édition, on s’apercevra que ces aspects ont été déterminés par des événements et des phénomènes de nature politique. Avec le recul de vingt-cinq années écoulées depuis la chute du communisme en Pologne, soit depuis 1989, on voit de plus en plus clairement aujourd’hui combien les conditions politiques ont marqué la littérature et la culture polonaises.
If we observe the reception of American poetry in Poland in terms of aesthetics or publishing, it is clear that these aspects have been determined by events and phenomena of a political nature. With the hindsight of the twenty-five years which have passed since the fall of Communism in Poland, that is, since 1989, we see with ever-increasing clarity the extent to which political conditions affected Polish literature and culture.
Maryla Laurent, « Traduction de Tadeusz Różewicz, Świt dzień i noc z czerwoną różą / Un matin une journée et une nuit avec une rose »
Rose fut le prénom de l’aimée de Różewicz ; elle fut assassinée par les nazis. Dès lors, une quête permanente d’expression de la réalité innommable hanta le poète et « Rose », « fleur que l’on dépose au creux de la main et jeune fille que l’on dépose en terre », fonctionna comme une synecdoque de l’holocauste. Dans ce texte tardif du poète, la femme est celle qui offre la rose dont la beauté inquiétante se refuse au poète. L’univers poétique et le monde réel ne peuvent pas se rejoindre.
Rose was the first name of Różewicz’s lover; she was assassinated by the Nazis. From that moment on, a permanent quest to express unspeakable realities haunted the poet, and “Rose”, “the flower that one places in the hollow of the hand and the young girl one lays in the ground”, came to function as a synecdoche for the Holocaust. In this poet’s late text, it is the woman who offers the rose whose disturbing beauty the poet is denied. The poetic universe and the real world cannot meet.
André Schnyder, « Zerstreute Erinnerungen »
Ce texte témoigne du lien singulier que son auteur entretint avec Peter Schnyder au fil d’un riche parcours scolaire et professionnel, à l’instar de
l’aphorisme illustre que Montaigne écrivit dans ses Essais en hommage à son ami La Boétie : « Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu’accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité [...]. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant : “parce que c’était lui parce que c’était moi”. »
This text testifies to the singular bond maintained between the author and Peter Schnyder over the course of a rich academic and professional trajectory, in line with the illustrious aphorism Montaigne wrote in homage to his friend La Boétie in the Essais: ‘In fact, what we ordinarily call friends and friendships are but acquaintances and familiarities, forged by some occasion or for some use […]. If one presses me to say why I loved him, I feel that it can only be expressed by replying: “because it was him, because it was me”’.
Daniel Cohen, « Peter Schnyder, passeur des Gide »
Ce récit, extrait de l’ouvrage Lire (Paris, 2015), livre une volée de souvenirs marqués par la découverte de l’œuvre de Gide puis par la rencontre de ses critiques et de ses proches que sont notamment Peter Schnyder et Catherine Gide, l’unique fille de l’écrivain. Cette rencontre littéraire prend corps dans l’exploration de l’environnement personnel de l’auteur des Nourritures terrestres. Quelques rappels historiques jalonnent ce témoignage intime qui dévoile un regard enthousiaste d’abord, déçu parfois, mais toujours fervent : un regard de lecteur.
This tale, an extract from Lire (Paris, 2015), releases a flood of memories marked by the discovery of Gide’s œuvre, then by the encounter with his critiques and loved-ones, notably Peter Schnyder and Catherine Gide, the only daughter of the writer. This literary encounter takes shape in the exploration of the personal environment of the author of Nourritures terrestres. Some historical reminders punctuate this personal testimony which reveals an initially enthusiastic, sometimes disappointed, but always fervent regard: the regard of the reader.
Jean-Pierre Prévost, « Mon ami Peter Schnyder »
Cet hommage à Peter Schnyder dépeint la rencontre entre un cinéaste et un homme présenté d’abord comme un professeur spécialiste de l’œuvre de Gide, auteur de nombreux essais et articles. Au-delà de cette estimable désignation, ce texte tend à décrire une personnalité singulière, remarquable
par sa chaleur, sa bienveillance et son intelligence dans la conduite d’une multitude de projets, notamment cinématographiques.
This homage to Peter Schnyder depicts the meeting between a filmmaker and a man presented at first as a professor, specialising in the work of Gide, the author of numerous essays and articles. Beyond this commendable designation, the text seeks to describe a singular personality, remarkable for its warmth, benevolence, and skill, as demonstrated in a multitude of projects, notably cinematographic.
Ambre Fuentes, « L’épatant Peter Schnyder »
Cet hommage rendu à Peter Schnyder dresse un portrait admiratif du professeur non sans avoir, au préalable, été l’objet d’hésitations. Car il est difficile de s’autoriser à donner quelque chose de Peter Schnyder qu’il n’ait pas déjà donné. D’abord il n’approuverait peut-être pas le projet, par souci de discrétion : « Please, rien sur moi. ». Et ensuite le mystère autour de son personnage demeure intact. Qui est cet homme qui accueille naturellement l’autre dans son monde ?
This homage to Peter Schnyder paints a portrait which is full of admiration for the professor, but which was, nonetheless, subject to hesitations at the beginning. It is difficult to permit oneself to give something of Peter Schnyder that he has not already given. Firstly, he might not approve of the project, afraid of indiscretion: ‘Please, nothing about me’. And the mystery surrounding this character remains intact. Who is this man who naturally welcomes the other into his world?
Juliette Solvès, « Petits et grands feux »
Ce texte poétique, intitulé Petits et grands feux, rend un hommage personnel et ardent au professeur Peter Schnyder.
This poetic text, entitled Petits et grands feux, pays a personal and ardent homage to the professor Peter Schnyder.
Peter Schnyder, « Léon Deubel, une victime de sa poésie ? »
Le poète belfortain Léon Deubel, né en 1879, est mort à 34 ans. Il avait tout pour devenir un grand poète, mais un malentendu entre lui et sa poésie – ou plutôt une hypertrophie de son idéal poétique à un moment où la rigueur
formelle n’était plus un impératif – ne lui a pas permis de porter son talent à son point de maturité. Ce poète influencé par Laforgue, Verlaine, Baudelaire, Mallarmé ou par Albert Samain, Jean Moréas et la poésie anglaise, mérite l’attention pour plusieurs raisons, développées dans ces pages.
The Belfort poet Léon Deubel, born in 1879, died at the age of 34. He had the potential to become a great poet, but a misunderstanding between him and his poetry – or rather, a hypertrophy of his poetic ideal at a time when formal rigour was no longer an imperative – meant his talent was unable to mature fully. This poet influenced by Laforgue, Verlaine, Baudelaire, and Mallarmé, as well as by Albert Samain, Jean Moréas, and English poetry, deserves our attention for the many reasons which are developed in the course of these pages.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-4816-4
- EAN : 9782812448164
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4816-4.p.0501
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 18/09/2015
- Langue : Français