Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Une piété lotharingienne. Foi publique, foi intériorisée (xiie-xviiie siècles)
- Pages : 345 à 349
- Collection : Rencontres, n° 530
- Série : Histoire religieuse, n° 4
Résumés
Catherine Guyon et Bruno Maes, « Introduction. Une piété lotharingienne ? »
Le concept d’axe lotharingien défini par Michel Parisse, prolongé par celui de dorsale catholique de René Taveneaux, a souvent été repris par les historiens, mais n’a jamais été démontré. S’il correspond à des voies de circulation naturelles en Europe et à de petits États issus du démembrement de la Lotharingie carolingienne revendiquant leur catholicisme, a-t-il pour autant manifesté une réelle spécificité sur le plan religieux et permis la diffusion de dévotions et de pratiques cultuelles ?
Ghislain Tranié, « La religieuse, figure de la culture catholique dans la Lorraine des xvie-xviie siècles »
Dans la Lorraine des xvie-xviiie siècles, la religieuse est un symbole de la Réforme catholique, un miroir de la dévotion catholique accessible à toutes et à tous, et une figure populaire, associée à l’affirmation d’une identité lorraine par la catholicité. Parce qu’elle fournit un idéal-type diffusé par l’image et l’écrit, la religieuse permet en même temps de modeler la société autour d’une morale sociale chrétienne, à opposer aux désordres induits par la sorcière, la possédée et l’hérétique.
Özkan Bardakçi, « De la “Longue Guerre de Hongrie” à la “Petite guerre” de Hongrie. Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, et Charles V de Lorraine, deux figures de l’“esprit de croisade” dans les confins de la Chrétienté »
L’étude comparative de l’esprit de croisade dans les frontières austro-ottomanes au cours de la Longue Guerre de Hongrie (1593-1606) et de la Petite guerre de Hongrie (1660-1664) révèle un impact essentiel mais très différent dans la fabrication des discours politiques et de la geste de croisade. L’esprit de croisade chez deux nobles lorrains apparaît comme une forme de dévotion qui combat les armées ottomanes aux confins de la Chrétienté.
346Claude Grimmer, « La fondation de Charleville en la souveraineté d’Arches. Fer de lance d’une Europe chrétienne (1606-1626) »
En 1606, Charles de Gonzague, duc de Nevers, décide la fondation d’une ville dans la seule principauté dont il est prince, à la frontière de la France : Charleville. Son urbanisme, ses nombreuses congrégations et leurs couvents, la gestion de la population par un règlement « moral » et, en 1623, la construction de l’hôpital de la Milice chrétienne rappellent à tous que c’est une ville au service d’une idéologie portant l’esprit de la contre-réforme face à la souveraineté protestante de Sedan.
Bruno Maes, « Forger l’homme dévot. Les livrets de pèlerinage des Pays-Bas catholiques et de la France du Nord au xviie siècle »
Le début du xviie siècle marque l’avènement de nouveaux livrets de pèlerinage. À la suite du concile de Trente, et à l’époque baroque, ces ouvrages souvent rédigées par les jésuites, diffusent une nouvelle culture différente de celle du xvie siècle, plus humaniste avec une présentation plus claire tant dans l’aspect matériel du livret que dans le fond. Dans ce renouveau des pèlerinages, où les élites fréquentent les sanctuaires, ils ont un grand impact sur les populations.
François Wallerich, « Les hosties miraculeuses des Flandres à l’Italie du Nord. Des témoins de l’essor précoce de la dévotion eucharistique dans l’espace lotharingien ? (vers 1170 – vers 1270) »
Le culte aux hosties miraculeuses semble s’être développé précocement dans l’espace lotharingiens. Les sources permettent de souligner l’importance des évêques dans l’encadrement du phénomène et des cisterciens dans sa diffusion. On cherche à comprendre ce développement en le reliant notamment à la présence hérétique et on s’interroge sur un éventuel lien entre les honneurs rendus dès la fin du xiie siècle à ces hosties et l’adoption précoce de la Fête-Dieu dans ces mêmes régions.
Anne Adrian et Magali Briat-Philippe, « La mise au tombeau du Christ. Perspectives croisées, de la Lorraine à la Savoie »
Les plus anciennes des Mises au Tombeau, groupes statuaires répandus entre 1420 et 1540 en Europe occidentale, sont apparues dans l’arc lotharingien, 347entre Pays-Bas du Sud, Lorraine, Bourgogne et Savoie. C’est le cas de celles de Pont-à-Mousson et de Bourg-en-Bresse. Au-delà de la diversité des styles, des spécificités iconographiques se font jour : En Lorraine, la présence des anges porteurs des arma Christi, en Savoie et en Bourgogne, une attention particulière pour le Suaire et la Madeleine.
Paolo Cozzo, « Les cultes de la Passion comme vecteurs d’identité politiques dans le Piémont de l’époque moderne. Le cas de l’ancien marquisat de Saluces »
La conquête du marquisat de Saluces par le duché de Savoie à la fin du xvie siècle fut accompagnée d’un effort d’implantation des cultes plus représentatif de la dignité de la Maison ducale qui fit entrer le culte du Saint-Suaire dans ce nouveau domaine. La tradition de dévotions de la Passion de Christ y était déjà fortement enracinée, c’est pourquoi la stratégie fut plus difficile à réaliser, en raison également du sentiment identitaire que ces cultes christiques continuaient d’alimenter.
Nicolas Sarzeaud, « Marguerite d’Autriche et la diffusion du culte du Saint-Suaire dans la première moitié du xvie siècle »
Apparu en Champagne au xive siècle, le culte du Saint-Suaire croît depuis Chambéry dans le premier tiers du xvie siècle sur l’axe Flandres-Alpes. Les logiques qui l’expliquent sont d’abord la piété personnelle et publique de Marguerite d’Autriche, duchesse de Savoie et régente des Pays-Bas bourguignons, à l’origine d’une série de copies disséminées dans les réseaux Habsbourgs, les crises dues au protestantisme et les vagues de peste incitant les cités de cet espace à s’en remettre à la relique.
Catherine Guyon, « Saint Nicolas, un saint lotharingien au Moyen Âge ? »
Ayant un grand succès en Orient et en Occident, le culte de saint Nicolas de Myre est attesté dans l’axe lotharingien dès le xie et se répand aux xive-xve siècles. Il revêt les attributions classiques du saint évêque protecteur des marchands, des malades, des enfants, des voyageurs, avec quelques particularités. À la veille de la Réforme, son succès est plus marqué au Nord qu’au Sud où il subit la concurrence des saints Bernard de Menthon, Nicolas de Flue et Nicolas de Tolentin.
348Frédéric Tixier, « Sainte Agathe de Catane à la conquête de la Lorraine. De la dévotion aux représentations (Moyen Âge – époque moderne) »
Connu dès le ve siècle, le culte de sainte Agathe, vierge martyrisée en 251 à Catane, rayonne depuis la Sicile parallèlement à la diffusion de ses images, qu’il s’agisse de son martyre ou bien de ses « portraits » tenant en mains les instruments de son supplice. À partir du xiiie siècle, sa dévotion semble s’être renforcée sur l’ensemble de l’espace lotharingien, avec l’arrivée de marchands italiens, mais aussi par son association avec l’une des onze mille compagnes de sainte Ursule de Cologne.
Nicolas Balzamo, « Les légendes de fondation des sanctuaires mariaux de l’espace lotharingien. Analyse comparée »
Existait-il un imaginaire religieux spécifique à l’espace lotharingien ? Cette étude entend répondre à cela en examinant les légendes de fondation des sanctuaires mariaux de Lorraine, Franche-Comté, Savoie et Piémont. Il s’agit, dans un premier temps, de dégager les caractères structurels de ces récits ainsi que leurs thématiques récurrentes, pour ensuite comparer ces données avec celles qu’offrent des corpus analogues relatifs à d’autres zones géographiques (royaume de France et Sicile).
Isabelle Bernard-Lesceux, « Notre-Dame de Luxembourg, naissance et diffusion. xviie et xviiie siècles »
Née au xviie siècle sur fond de Contre-Réforme, la dévotion à Notre-Dame de Luxembourg s’est rapidement répandue : d’abord vénérée dans la ville de Luxembourg, elle apparaît dans tout le duché dans un climat de peste et de guerres. Pèlerinages, guérisons miraculeuses, élection comme Patronne de la ville en 1666 puis du Duché de Luxembourg et Comté de Chiny en 1678 : autant d’étapes qui construisent durablement ce culte même après le départ des jésuites en 1773.
Jean-François Ryon, « Notre-Dame Libératrice, une réponse au vœu de Louis XIII ? »
Cette piété comtoise née à Salins-lès-Bains en pleine guerre de Dix Ans, provient d’un érudit local qui a élaboré une image en 1642 et d’un livret édité 349en 1644. Le rôle de Dieu est avant tout individuel, méconnaissant l’utilité collective d’une politique basée sur l’intérêt de l’État. Dans l’image salinoise de la représentation du vœu de Louis XIII, on ne trouve que le pouvoir de la Vierge Marie, reine du ciel, qui par son soutien indéfectible, intercède auprès du Créateur.
Jean-François Ryon et Sylvie de Vesvrotte, « Les représentations mariales en Franche-Comté du concile de Trente à la Révolution »
Face aux territoires protestants, la Franche-Comté connaît une dévotion mariale importante, tant en images qu’en sculptures conservées et réalisées à l’époque moderne. Les plus représentatives sont les statues de la Vierge à l’Enfant et les tableaux de la remise du Rosaire. La présence de Notre-Dame de Montaigu et de Notre-Dame d’Einsiedeln montre les liens de la région avec le monde extérieur, alors que Notre-Dame Libératrice peine à rayonner en dehors du pays.
Philippe Martin, « Conclusions »
La conclusion de ce volume en reprend les grandes lignes de force. En partant des travaux de René Taveneaux, elle s’interroge sur la notion de dorsale catholique : réalité qui englobe l’ensemble de l’expérience religieuse ou phénomène ponctuel ? Si elle existe à certains moments ou pour certains éléments, elle n’impose pas une piété ou une approche spirituelle communes. Elle demeure un espace particulièrement vivant où s’épanouissent d’innombrables manières de vivre sa foi.
- Thème CLIL : 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
- ISBN : 978-2-406-12218-0
- EAN : 9782406122180
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12218-0.p.0345
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/03/2022
- Langue : Français