Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Terre(s) promise(s). Représentations et imaginaires
- Pages : 305 à 310
- Collection : Rencontres, n° 506
RÉSUMÉS
Odile Hamot, « Introduction »
Cette introduction replace la question de la terre promise par Dieu à l’origine de l’histoire occidentale. L’espérance qu’elle incarne, formulée à travers les différents épisodes du texte biblique, peut se lire comme un archétype du désir de bonheur et de la dynamique qu’il engage : la traversée, le péril, l’espoir, l’accomplissement et, parfois, la désillusion. La pluralité des significations que revêtent la terre et la promesse offre ainsi place à la diversité des textes recueillis.
Hedwige Rouillard-Bonraisin, « Une Terre “ruisselant de lait et de miel”. Sens et valeurs d’une utopie-uchronie biblique »
La formule biblique surgissant en Exode 3, 18 survient presque exclusivement dans le Pentateuque, excepté deux fois chez Jérémie et, deux fois chez Ézéchiel. Elle pose maints problèmes de sens, tant herméneutique, que spatial, voire spatio-temporel. Cette étude en interroge les déclinaisons et métamorphoses successives, au fil des traditions et des traductions.
François Roudaut, « Terre promise et éloge de terres idéales. De la Bible à quelques poètes théologiens du xvie siècle, en France »
Au confluent de commentaires catholiques des xve, xvie et xviie siècles sur Exode, III, 8, et de la poésie latine d’Ovide et de Virgile, la « figure » de la terre promise, renouvelée par l’apport des Italiens, au premier rang desquels Pétrarque, se retrouve sous la plume de poètes théologiens français comme Pontus de Tyard ou Le Fèvre de La Boderie, mais aussi de poètes de la Renaissance, parmi lesquels Joachim du Bellay, en concurrence avec l’âge d’or d’une part et l’Arcadie d’autre part.
306Sophie Lefay †, « Sur quelques utopies agricoles au xviiie siècle »
L’étude s’attache à la recomposition de l’image de la terre promise dans les utopies agricoles qui se retrouvent sous la plume de trois auteurs diversement connus (Rétif de la Bretonne, Claude-Adrien de Lezay-Marnésia, Victor Hupay de Fuveau), et aux profils sociaux et littéraires variés : les Géorgiques de Virgile, s’y allient à la terre de Chanaan, dans une valorisation de l’agriculture où la formule « Terre Promise » reçoit parfois un sens bien plus littéral que spirituel.
Sylviane Albertan-Coppola, « La Terre promise dans l’Histoire générale des Voyages de l’abbé Prévost. Le cas des Antilles »
À la croisée de l’histoire des religions et de la littérature de voyage, l’étude interroge, dans l’Histoire générale des Voyages, à travers le traitement de ce genre du déjà vu que sont les relations de voyages par un Prévost traducteur, correcteur et réducteur des textes viatiques, l’image que les voyageurs européens en Amérique et particulièrement aux Antilles ont pu se faire des terres découvertes et le lien que leur perception entretient avec la représentation biblique de la terre promise.
Christian Doumet, « Isle joyeuse, Cythère et Arcadie »
L’étude interroge la fonction imaginaire de ces terres promises, antiques ou anciennes, dans certaines œuvres poétiques, picturales et musicales du xixe et du xxe siècles afin de mieux cerner ce qu’indique la référence à ces lieux mythiques, à cette géographie imaginaire, quant à la signification des processus artistiques. La terre promise, dans cette étude, s’assimile à une utopie désormais entendue, non plus comme la postulation d’un monde possible mais comme celle d’un souverain impossible.
Dominique Millet-Gérard, « “Terre d’or”. Variations mythologiques et poétiques sur la Terre Promise à l’époque symboliste »
Le motif de de la Terre Promise, enrichi par les rêveries issues de récits de voyages, est particulièrement présent, sous différentes formes, dans les vingt dernières années du xixe siècle. Un recueil poétique d’Henri de Régnier, Épisodes, paru en 1888, en offre l’illustration, à travers la « Terre d’Or », image fédératrice d’un lieu utopique où se retrouvent le lait et le miel bibliques, le 307décor et les personnages de la pastorale, la lumière messianique, ainsi que d’un renouvellement du langage poétique.
Odile Hamot, « Saint-Pol-Roux, pèlerin de Chanaan »
Héritière du néo-catholicisme romantique, la Terre Promise qui apparaît dans l’œuvre et la réflexion de Saint-Pol-Roux, à la fois littéraire, ontologique et eschatologique, annonce, dans une réinterprétation hardie des Écritures, le terme fabuleux de la littérature, de l’écriture et du monde. Le poète, figure de l’homme par excellence, se définit alors comme un être de l’exil et de l’exode, un pèlerin « magnifique » perpétuellement en route vers Chanaan.
Inna Nekrassova, « Les Images de la terre promise dans la dramaturgie russe »
Deux pièces, L’Orage d’Alexandre Ostrovski, paru en 1859, et Le Mystère bouffe de Vladimir Maïakovski, daté de 1918, servent de fondement à cette approche du théâtre russe. Dans ces œuvres, contrairement à ce que l’on trouve le plus souvent dans la littérature spirituelle russe, la terre promise revêt une signification volontiers négative ou provocatrice où se dénoncent l’opposition entre les visions réalistes et religieuses ou encore les illusions de l’utopie communiste.
Kathleen Gyssels, « Rastafarisme et sionisme dans le cycle schwarz-bartien »
C’est à travers la double question du rastafarisme et du sionisme qui innerve certains romans du couple d’André et de Simone Schwarz-Bart qu’est approché le thème de la terre promise. La mélancolie et l’aspiration à regagner le pays perdu qui existe au fond de l’imaginaire antillais trouvent un écho dans l’imagerie biblique de l’exode et du pays promis, valorisé par le judaïsme. Ainsi, Ti Jean L’Horizon de Simone entre en consonance avec Le Dernier des Juifs d’André.
Colette Maximin, « L’Inceste comme métaphore ou une vision critique de la terre promise dans trois romans de la région amazonienne »
Pour parler des sociétés du Nouveau Monde mais aussi de leur matrice européenne, Pauline Melville, David Dabydeen et Milton Hatoum ont su 308combiner les diverses composantes du mythe de la terre promise avec la thématique de l’inceste, forme suprême de la transgression qui introduit fragilité et précarité dans les structures créées par les colons des Amériques. En outre, le thème de l’inceste apporte un cinglant démenti à l’utopie portée par le mythe de la terre promise.
Jean Godefroy Bidima, « Terres promises. Usages et mésusages du théologico-politique »
L’approche théologico-politique du thème de la terre promise permet d’interroger, d’un point de vue philosophique, la situation actuelle du continent africain, de sonder les régimes de croyance, l’appareil de représentation qui mobilisent les élans et les poussées. Les messianismes africains coloniaux, les catéchismes du « développement » post-indépendance mais encore les relations fiduciaires ou les enjeux des frontières aident à mieux comprendre cette liaison théologico-politique.
Bénédicte Boisseron, « La Promesse post-raciale dans l’Amérique d’Obama »
La promesse d’accéder un jour à une terre, un pays rêvé a semblé se réaliser lors de l’élection présidentielle de Barack Obama en 2008, dans ce qu’on a appelé l’Amérique post-raciale qui se voulait nettoyée de son histoire de ségrégation raciale. Cette étude tente de penser l’impossible, c’est-à-dire le lendemain de la terre promise et soulève les questions du post-racial en tant que promesse, idylle et/ou désillusion d’une créolisation qui se voulait enfin accomplie.
Mylène Terro, « La Terre promise portoricaine, entre mythe et réalité »
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Porto Rico voit s’imposer sur la scène politique Luis Muñoz Marín, le maître à penser du Parti Populaire Démocratique, comme l’homme providentiel destiné à mener l’île sur la voie de la modernisation. Entre discours officiels et propagande médiatique, se construit un modèle « populaire » de l’État idéal dont les contradictions se feront rapidement jour : la terre promise aux portoricains sera en définitive souvent synonyme de désillusions et d’exil.
309Monique Boisseron, « Terre promise et raison d’État. Une équipée martiniquaise en territoire dominicain »
Cette étude examine le destin d’un groupe de quelques centaines de Martiniquais, victimes de chômage sur leur île en pleine crise économique et attirés, en 1956, en République dominicaine par le discours politique officiel du Gouvernement français, ventant la prospérité matérielle d’une nouvelle terre promise antillaise, « Terre promise » de papier qui ne fut en réalité qu’un rêve préfabriqué, « vendu » à quelques centaines de désespérés.
Francine Kaufmann, « La Terre de la promesse biblique dans les sources rabbiniques et dans l’imaginaire juif »
C’est dans la littérature rabbinique, fondée essentiellement sur l’exégèse biblique, que se forge un imaginaire riche et complexe autour de la notion de Terre, donnée à Israël pour y mettre en œuvre la Torah, nombril du monde et Résidence divine, où, suivant les exégètes, s’incarne mieux qu’ailleurs la sainteté. La place centrale de la Terre d’Israël dans le rituel, la vie, la littérature du peuple juif est étudiée dans cette anthologie raisonnée des textes rabbiniques sur Eretz Israël.
Francienna Bory, « L’Errance des huguenots français jusqu’en terre guadeloupéenne au xviie siècle »
Cette contribution s’intéresse à un aspect peu étudié de l’histoire de la Guadeloupe : l’arrivée sur ces terres à sucre de huguenots fuyant les persécutions et en quête d’une terre d’accueil qui deviendra, non sans peines et tribulations, pour nombre d’entre eux, une « terre promise », prospère. Ces familles protestantes sont devenues, quelques siècles après leur arrivée, des piliers de l’économie de l’île.
Nathalie Bouchaut, « Étendre Sion au monde entier. La notion de terre promise chez les “Saints des Derniers Jours” »
Depuis 1982, date de son apparition en Guadeloupe, la foi mormone réfléchit la notion de terre promise. Fondée sur la doctrine du rassemblement d’Israël et de la terre promise spirituelle, « Sion », – « Là où vivent ceux qui ont le cœur pur » – la Terre Promise des « Saints des Derniers jours » ou « Mormons » n’est pas nécessairement un lieu précis, mais bien plutôt un idéal de vie chrétienne.
310Pamela Millet-Mouity, « La Terre promise à rebours et le néo-pentecôtisme d’excellence »
L’étude examine la façon dont la notion de terre promise est repensée dans le néo-pentecôtisme professé par Impact Centre Chrétien, une église francilienne composée majoritairement d’Africains et de Caribéens relevant des classes moyennes et supérieures. La terre promise se conçoit pour eux à rebours des stéréotypes ordinairement véhiculés et engage le retour vers leur « terre d’origine », dans une vision, à la fois volontariste et fantasmatique qui déconstruit le schéma Nord/Sud.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-11351-5
- EAN : 9782406113515
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11351-5.p.0305
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/06/2021
- Langue : Français