Théologie pratique et sociologie

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L'A. s'interroge d'abord sur le suicide, rejetant les condamnations por¬ tées au long des siècles par l'Eglise, et explicite ce qui peut aider à choisir la vie malgré l'expérience de l'absurde. Il s'agit de choisir, dans la vie, ce qui oriente vers l'autre et le Tout-autre. Il s'agit aussi (2'' article) de découvrir l'autorisation qui nous est donnée (par tel proche qui fait autorité, par le Dieu de Jésus) à devenir auteur de sa propre vie, et par là-même à devenir auto- risateur pour les autres. Ce qui exige (V chapitre) de se libérer de ces langues de bois qui traduisent l'absence d'authenticité de ceux qui les utilisent et « empêchent leurs vis-à-vis d'accéder à la Parole qui fait vivre au travers des paroles échangées dans la vérité des personnes » (p. 71). Peut-on encore « oser faire confiance » (4^^ article) - cette confiance sans laquelle il n'y a pas de vie bonne - quand on a été trahi ? Un tout petit pas vers l'autre peut suffire pour découvrir une nouvelle capacité de confiance. Dans le 5® article, ΓΑ. affirme la dimension spirituelle de l'affectivité et plaide pour la prise en compte de la vie affective, susceptible de faire accéder à l'expérience de la totalité. Le dernier chapitre traite de l'expérience que Ton peut faire du « corps spirituel », l'A. faisant sienne l'expression que Paul emploie pour dire la résurrection. « Persévérer », en écoutant l'injonction en soi à pour¬ suivre sur son chemin propre et en se rendant disponible aux appels qu'adresse la souffrance d'autrui : telle est l'invitation que TA. laisse à ses lecteurs en conclusion. Cet ouvrage propose une lecture existentielle du message biblique qui veut aider chacun à choisir la vie, en s'approchant de son moi profond, en découvrant le Vivant en lui, en faisant un travail d'unification de son être. Certains entreront volontiers dans cette approche, d'autres seront déroutés ou rebutés par les présupposés ou par la façon de lire les textes bibliques. I. Grellier

THÉOLOGIE PRATIOUE ET SOCIOLOGIE

David Pluss, Matthias D. Wuthrich, Matthias Zeindler (éd.), Ekkîesiologie der Voîkskirche. Theologische Zugànge in reformierter Perspektive, Zurich, Theologischer Verlag Zurich, 2016, 444 pages (Praktische Théologie im reformierten Kontext 14), ISBN 978-3-290-17852-9, 48,90 €. Ce volume examine le terme Voîkskirche revendiqué par les Églises réformées suisses, à une époque où elles ne sont plus majoritaires ni influentes. Le qualificatif français « multitudiniste » oriente vers la définition plus nettement théologique d'Église « pour toutes les nations » à laquelle abou¬ tissent les Éd. dans leurs « perspectives » finales (p. 397) : « transethnique et transculturelle, œcuménique, interreligieuse, ouverte au monde et ancrée localement ». Trente-et-un contributeurs présentent de manière nuancée la vaste diversité que couvre ce concept ecclésiologique (incluant une présentation catholique), dans un parcours historique, systématique et pastoral déployé en sept cha¬ pitres : la réalité contemporaine de la Voîkskirche ; son histoire ; ses réalités juridiques ; diverses propositions ecclésiologiques ; ses programmes et formes

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actuelles en Suisse ; la théologie de la Volkskirche ; son avenir. Une synthèse des trois Ed. conclut par des « perspectives » (et non un système), dans les¬ quelles ils plaident pour une ecelèsiologie multitudiniste forte, non seulement d'une « force capable d'explorer la réalité, mais aussi de potentialités pour une compréhension théologique de l'Église porteuse d'avenir » (p. 395). Un tel ouvrage était nécessaire pour confronter la théologie aux nom¬ breuses études sociologiques qui prédisent souvent le déclin de l'Église multitudiniste. Force est de constater que, du côté de la théologie, bon nombre de nouvelles expérimentations méritent d'être analysées. L'honnêteté par rapport aux réalités de terrain, le souci de fidélité au témoignage croyant, l'ouverture à l'horizon eschatologique sont sensibles dans cet ouvrage érudit, théologiquement nuancé, équilibré dans l'interdisciplinarité et stimulant. r E. Parmentier

Jean-Georges Gantenbein, Mission en Europe. Une étude missiologique pour le xxf siècle, Munster, Aschendorff, 2016, 420 pages (Studia œcumenica Friburgensia 72), ISBN 978-3-402-12009-5, 58 €. L'ouvrage, imprimé avec soin dans une belle collection brochée, est issu d'une thèse de doctorat soutenue en 2010 à la Faculté de Théologie pro¬ testante de l'Université de Strasbourg. Il constitue un bon complément au tra¬ vail de Gabriel Monet sur le même thème {L'Église émergente, voir RHPR 95, 2015, p. 232-233), dans la mesure où il interroge davantage les fondements théoriques, théologiques et épistémologiques de la mission et où, surtout, il explore abondamment la littérature germanique et francophone (catholique) consacrée à ce thème. Fortement inspiré par les travaux missiologiques de Jean-François Zorn et son concept de « contextualisation », l'A. se tourne résolument vers la mission non plus au loin mais au près, non plus dans les autres continents mais en Europe. Un premier chapitre traite de critères méthodologiques, avant que l'A. n'explore le contexte « religieux » actuel en Europe - la Érance, le Royaume- Uni, la Roumanie et les nouveaux Lânder allemands ont droit à un traitement privilégié. Trois théologiens « contextuels » (ou « missiologues ») sont ensuite pré¬ sentés et ils resteront les figures de référence pour l'ensemble de l'ouvrage : l'écossais Lesslie Newbigin, le Sud-Africain David J. Bosch et l'Allemand Friedemann Walldorf. L'A. s'attache à définir, avec ces trois penseurs, les « caractéristiques contextuelles » qui, à ses yeux, sont au nombre de dix-sept. On soulignera à ce propos qu'il accorde une attention à l'esthétique aux côtés de l'éthique, présentant au passage l'historien de l'art et anthropologue Hans Belting, ainsi qu'à l'arrivée des médias du numérique. L'A. identifie ensuite les sept critères théologiques dénombrés par ces trois missiologues, auxquels il ajoute sept autres. Là encore, l'esthétique trouve ou retrouve une place, comme pouvant constituer la face complé¬ mentaire (et non opposée comme ce fut si longtemps le cas) d'une théologie de la Parole. Dans un dernier grand chapitre de 90 pages, l'A. fait des propo¬ sitions pour une théologie contextuelle en Europe, qui devrait se situer entre continuité et discontinuité, présence formelle et informelle. Différents critères

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et modèles sont proposés, revalorisant l'eschatologie, la pneumatologie et l'éthique sociale. Deux annexes, une bibliographie abondante de presque 20 pages, un index biblique et la liste de 17 schémas présents dans l'ouvrage viennent clore cette étude. Cet ouvrage sera très utile à l'exploration et à la mise en forme coneep- tuelle de cette nouvelle thématique ecclésiologique que l'on peut appeler, au choix, « missiologie », « théologie contextuelle », « évangélisation », « déve¬ loppement de l'Eglise » ou « (re)eonstruction des communautés ». J. Cottin Reinhold Boschki, Einfuhrung in die Religionspàdagogik, Darmstadt, Wis- senschaftliche Buchgesellschaft, 2008, 168 pages, ISBN 978-3-534- 19613-5, 17,95 €. Ce manuel de pédagogie religieuse, destiné à des étudiants de théologie et de seiences humaines, fait le point sur des lieux et chemins d'aeeès au ehamp disciplinaire concerné par la recherche sur le fait religieux et l'enseignement religieux dans les domaines variés de la catéchèse, la formation des adultes, les cours de religions, les elasses bibliques, etc. L'A., professeur de péda¬ gogie religieuse, de formation d'adultes et d'homilétique à l'Université de Bonn, offre une approche qui repose sur quatre axes : la voie biblique/ historique/théologique ; la voie des sciences sociales/sciences de l'éducation ; les approehes de formation religieuse ; les écoles de didaetique religieuse. Pour chaque approehe, il fait le point sur les enjeux actuels, les eoneepts ear- dinaux, les écoles qui font débat, pour présenter finalement les options majeures. La perspective est œcuménique et bi-disciplinaire (pédagogie et théologie), et chaque ehapitre présente également des fiehes d'auteurs et des définitions de eoneepts. Très précieuses sont en fin de ehaque ehapitre les « options fon¬ damentales » qui récapitulent les apports de chaque perspective d'accès. L'ouvrage est très pédagogique et permet de elarifier les lieux d'aeeès à la diseipline. Il a l'avantage de rappeler les fondamentaux et les auteurs clas¬ siques. Toutefois, les penseurs eontemporains ainsi que les contextes et les référenees à la vie et aux valeurs de la jeunesse se situent dans un eontexte allemand. Ce livre devra donc être complété par une approche francophone, pour laquelle nous ne disposons pour l'heure d'aueun manuel équivalent. f E. Parmentier Richard Gossin, U enfant théologien. Godly Play, une pédagogie de l'imaginaire. Préface de Robert Hurley, Namur - Paris, Lumen Vitae, 2016, 210 pages (Pédagogie eatéchétique 33), ISBN 978-2-87324-525-2, 20 €. L'ouvrage de ΓΑ. qui, non eontent d'être théologien, est aussi pédagogue, eatéchète et eonteur, est bien plus qu'une simple explication de la pédagogie ludique et imaginative du Godly Play. Il esquisse en fait une véritable catéchèse protestante, retraçant à grands traits l'histoire de la catéchèse, de la Bible à aujourd'hui, et faisant le point sur quelques nouveaux paramètres eatéchétiques. Parmi eeux-ci figurent l'attention portée à l'enfant dans sa

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capacité créatrice, sensitive et aussi théologique, la valorisation des sens et de la créativité, l'appel à l'imagination - en parfaite symbiose avee la nar¬ ration biblique. Le Godly play - que l'on peut traduire en français de différentes façons : « Jeu en Dieu », « Dieu en/Jeu », « Jeu de Dieu », « Jeu avee Dieu » - est une méthode pédagogique qui favorise le jeu et la créativité de l'enfant de 3 à 12 ans, sur la base d'une narration (biblique), d'ateliers créatifs et d'un accompagnement spécifique - l'accueil, ainsi que le partage, sont des moments importants, valorisés eomme tels. Il a été mis au point par un pédagogue amérieain, Jerome Berryman, lequel a travaillé en Italie avee Sofia Cavaletti, dans une école fondée sur la pédagogie de Maria Montessori. Il repose sur les principes suivants : l'enfant crée, l'adulte suit ; l'enfant (doué d'une « capa- eité spirituelle » naturelle) est autant le pédagogue de l'adulte que l'inverse ; l'enfant est Imaginatif et créatif, et e'est à partir du jeu et d'aetivités pratiques et plastiques qu'il va découvrir de manière plus active la présence de Dieu dans sa vie. Avant d'arriver au Godly Play puis à quelques exemples pratiques, l'A. propose deux développements. Le premier a trait à l'apport des sciences humaines, qui ont aidé à ee tournant ludique et pédagogique. La psychologie eonstructiviste (ou du développement) est eonvoquée, ainsi que les « penseurs de l'imaginaire » (G. Durand, Paul L. Harris, P. Ricœur) et, in fine, quelques théologiens contemporains. Le second développement important consiste en une histoire de la catéehèse chrétienne, protestante en partieulier, mettant en évidenee un rétréeissement progressif (qui n'avait pas eours dans la caté¬ ehèse baptismale, initiative et mystagogique des premiers sièeles) en une dimension purement cérébrale et doctrinale, au détriment de l'émotion, de la créativité et du langage des sens : une catéchèse devenue « hémiplégique », à laquelle l'A. oppose une catéchèse du jeu et de l'imaginaire. L'ensemble est éclairant. On pourrait toutefois se demander si toutes les pédagogies ritualistes, bibliques et narratives anciennes annoncent vraiment la pédagogie du Godly Play, et si eelle-ci n'est pas en fait déjà présente sous d'autres formes dans d'autres pédagogies eatéehétiques. Mais e'est là affaire de sensibilité. On regrettera les passages parfois abrupts d'une éeriture narrative aux traitements plus argumentatifs et déductifs. On se perd également un peu dans les exemples rapportés de séances de Godly Play (le récit des p. 19-23, repris en fin de volume) ou dans le nombre de pédagogues et psychologues eités. Mais l'ensemble reste de haute tenue, solide et bienvenu, d'autant qu'il prend plaee au milieu du désert de la production catéchétique protestante contemporaine. J. Cottin Martin Rothgangel, Michael Kueh, Georg Raatz (éd.), Kleiner Evangelischer Erwachsenenkatechismus, 4. vollstândig ûberarbeitete Auflage, Gûtersloh, Gûtersloher Verlagshaus, 2015, 495 pages, ISBN 978-3-579-08527-2, 18,99 €. Signe du suecés des « eatéehismes d'adultes », eelui-ci, à l'initiative des Eglises luthériennes d'Allemagne, en est à sa quatrième édition, entièrement

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revue. Il se présente comme une sorte de dogmatique protestante (luthérienne) pour adultes. Le langage est simple, les termes teehniques peu nombreux ou bien expliqués. Ne contenant que très peu de notes - 55, pour un ouvrage de presque 500 pages ; on remarquera que les références à des sites internet sont désor¬ mais monnaie courante -, l'ouvrage comporte un glossaire, ainsi qu'un index biblique développé. Aucune indieation liée à une théologie d'obédience réformée n'est fournie. On ne regrettera toutefois pas que la Bible soit privilégiée par rapport aux sources réformatrices. Le plan, divisé en sept parties, témoigne aussi de l'avaneée du dialogue interreligieux et de la séeularisation. Ainsi, la partie 1 (« Dieu ») est la plus développée et comprend sept sous-parties (« Dieu se révèle », « La Bible », « Le Dieu créateur », « L'action de Dieu dans l'histoire », « Le Dieu des juifs et des ehrétiens », « Dieu et les religions », « Dieu eontesté »). Viennent ensuite « 2. L'humain », « 3. Jésus-Christ », « 4. Vivre dans le monde : l'éthique », « 5. Le Saint-Esprit », « 6. Vivre dans l'Église » (partie la plus développée après « Dieu », avec cinq sous-parties : « L'Église », « Parole et sacrement », « Les aetes d'Église [easuels] », « Le service de l'Église », « La pratique de la foi »), « 7. Le but ultime : la vie éternelle ». On aurait souhaité des rubriques plus développées pour « L'Esprit-Saint », dont on s'étonne que le chapitre correspondant n'arrive qu'après l'éthique et qu'il soit à ce point séparé de la doetrine de Dieu. De même, le rapport avee le monde n'est envisagé que d'un point de vue éthique - pas d'esthétique donc, le rapport avec la culture est absent : « l'art» (6.5.4.) n'est présenté que comme sous-partie de la « pratique de la foi » (6.5.). Rien, ou si peu, sur les médias, la communication, l'œcuménisme, la nécessaire reconstruction des Églises (Gemeindeaufbau). Pédagogique dans la forme, l'ouvrage reste très classique pour ce qui a trait au fond. J. Cottin

Nicole Deheuvels, Christophe Paya (dir.). Famille et conjugalité. Regards chrétiens pluridisciplinaires, Charols - Carrières-sous-Poissy, Excelsis - La Cause, 2016, 528 pages (Ouvrages de référence), ISBN 978-2-7550- 0281-2, 39 €. Famille et conjugalité connaissent aujourd'hui des transformations impor¬ tantes, et il n'est pas étonnant que ces thématiques soient à l'ordre du jour dans beaucoup de lieux. Elles sont souvent déclinées au pluriel - familles, conju- galités - pour prendre acte de la grande diversité que l'on trouve en ce domaine. f Les Ed. ont, quant à eux, fait le choix du singulier. Certes, ils n'ignorent pas « l'évolution des modèles et des comportements » (p. 1), et ce sont des regards pluriels qui sont proposés, à travers des approches disciplinaires diverses - comme l'indique le sous-titre. 11 n'empêche que ce singulier - qui n'est pas explicité par les Éd. - conduit à interroger le projet : s'agit-il de discerner, au-delà de la pluralité des réalités, quelque chose, de l'ordre de la nature, qui serait intemporel et universel ? L'ouvrage est divisé en cinq grandes parties. Dans une démarche de type déductif, la première est consacrée à la notion de famille dans la Bible et la

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théologie chrétienne, la parole étant donnée ici, à côté d'auteurs protestants, à un théologien catholique (Xavier Lacroix). Notons certaines redites, le ehapitre « Théologie » pris en charge par un théologien protestant reprenant le parcours biblique déjà fait auparavant. Vient ensuite une partie intitulée « Histoire et sociologie de la famille », avec des articles qui touchent à des thèmes divers : le droit de la famille, l'adoption, les eélibataires, l'homo¬ sexualité, les eouples et familles interculturels... L'approche peut être effectivement historique ou sociologique, mais aussi théologique. C'est ainsi que l'article « Femmes », en lui-même fort intéressant, relit les probléma¬ tiques aetuelles davantage à la lumière des textes bibliques et d'un parcours thèologique que dans une perspeetive soeiologique qui manque un peu. Sous le titre « Couples et familles : les défis aujourd'hui », la troisième partie traite de réalités diverses : les choix amoureux et les étapes du couple, la fidélité, la parentalité (déclinée en deux articles différents pour distinguer « l'être mère » et « l'être père »), la plaee de l'argent ou celle des èerans, les relations intergénérationnelles, le vieillissement, etc. Suit une partie consacrée aux « Familles en souffrance », qui aborde les conflits conjugaux, les familles recomposées, les violenees familiales, les troubles de l'attachement, etc. ; « des souffrances que les ehrétiens doivent pouvoir écouter et aceompagner » était-il dit dans l'introduetion ; et certains de ees chapitres proposent effective¬ ment des analyses et des outils d'ordre psychosociologique pour comprendre ces situations et les éclairer du regard d'accueil de l'Évangile. D'autres en revanehe (notamment celui eonsaeré au divorce et au remariage) se contentent d'un pareours biblique, eomme si une leeture direete des textes pouvait suffire à comprendre et à résoudre les questions d'aujourd'hui. La cinquième et dernière partie, enfin, traite de la façon dont l'Église (au singulier) se rend présente dans la vie des couples et des familles, avee des chapitres sur la pré¬ paration au mariage, sur la transmission de la foi, sur l'aceompagnement... Cet ouvrage rassemble une quarantaine d'auteurs pour une cinquantaine de contributions. Il est présenté sur la quatrième page de couverture comme un « dictionnaire », et même si ee n'est pas l'ordre alphabétique qui préside à sa strueturation, il semble avoir été pensé pour être consulté comme un dictionnaire plutôt que lu in extenso comme un essai. Ce que permet l'index assez développé qui clôt l'ouvrage. Les A. sont divers quant à leurs professions : théologiens et pasteurs (de différentes confessions, même si bon nombre d'entre eux sont liés aux cou¬ rants évangéliques) dominent, mais on trouve aussi des conseillers conju¬ gaux, des thérapeutes, des psychologues, une sociologue, une juriste, etc. Cette pluralité est bienvenue bien qu'elle ne suffise pas à instaurer une véritable interdisciplinarité - démarche bien diffieile, reconnaissons-le ! Si certains textes arrivent à mettre les différentes approches en dialogue, d'autres se contentent d'une seule perspective ou d'une juxtaposition. Le statut donné aux textes bibliques et l'herméneutique mise en œuvre seraient par ailleurs à interroger : la Bible est souvent lue comme donnant directement des indica¬ tions normatives pour notre époque, sans que soient réellement prises en compte les différences de contexte et de questionnements. Une belle initiative, mais un résultat assez déeevant, même si certains articles sont bienvenus. /. Grellier

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Pierre-Yves Brandt, Jacques Besson (éd.), Spiritualité en milieu hospitalier, Genève, Labor et Fides, 2016, 183 pages (Psychologie et spiritualité), ISBN 978-2-8309-1586-0, 19 €. L'aumônerie d'hôpital connaît actuellement des transformations profondes dans les soeiétés oceidentales, l'aumônerie eonfessionnelle d'hier tendant à laisser place à un accompagnement spirituel indépendant des religions. Les raisons en sont diverses : les évolutions religieuses avec le recul des institu¬ tions religieuses au profit d'une spiritualité hors religion ; la pluralisation religieuse de ees soeiétés ; l'intérêt des ehereheurs pour les effets possibles de la spiritualité sur la santé des patients. Le présent ouvrage, fruit d'un colloque qui s'est tenu à Lausanne en 2014, analyse ces mutations, en s'appuyant surtout sur la situation suisse, mais aussi sur des exemples roumains ou italiens, et il interroge la façon dont la dimension spirituelle et religieuse peut être intégrée dans des contextes divers (par les pays, les types d'hôpitaux ou les spécialités médicales) ; une place particulière est accordée au domaine des soins palliatifs. La diversité des eontributeurs sollieités témoigne de la volonté d'adopter une approche interdisciplinaire : médeeins de diverses spéeialités, psychologues et psy¬ chiatres, théologiens et chercheurs en sciences des religions, anthropologues ont en effet uni leurs compétences pour proposer une approche à la fois théorique et pratique. La première partie analyse les différentes façons dont la spiritualité peut trouver place à l'hôpital selon les divers modèles d'institutions hospitalières et de soin. Après un chapitre général qui présente ees différents modèles et analyse la plaee des aumôniers ainsi que les compètenees spéeifiques qui leur sont nécessaires dans chacun des modèles, viennent les contributions de deux médecins qui soutiennent des thèses assez différentes sur ces questions. Une deuxième partie est eonsaerèe à des études de cas : l'accompagnement du deuil périnatal dans un hôpital du Valais autrefois tenu par des religieuses ; les représentations que soignants et patients se font de l'assistance spirituelle dans la Roumanie postcommuniste ; les conceptions des différentes religions eoneernant le don d'organes et la transplantation, et la façon dont elles sont prises en compte - ou non - dans les hôpitaux italiens. La troisième partie s'intéresse à la place faite au spirituel dans le domaine des soins palliatifs qui a été à l'avant-garde de la réintégration de la spiritualité dans la prise en eharge des patients ; une contribution interroge le rôle des médeeins dans cet accompagnement, une autre analyse la relation entre religiosités alternatives et pratiques médicales alternatives, la dernière propose une étude empirique du lien entre soins palliatifs, spiritual care et religiosités alternatives. A travers les nombreuses situations présentées, cet ouvrage montre bien les évolutions en cours quant à la place faite aux aumôniers et à la compré¬ hension de leur rôle. Si l'introduction permet de bien situer les enjeux, on peut regretter l'absenee d'une eonelusion qui aurait mis en évidenee proxi¬ mités et différences en tentant d'en dévoiler les ressorts. /. Grellier

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Anne-Sophie Lamine (dir.), Quand le religieux fait conflit. Désaccords, négo¬ ciations ou arrangements, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 239 pages (Seienees des religions), ISBN 91^-2-1535-2^69-1, 16 €. Cet ouvrage prend en compte la spécificité sociale des conflits dans lesquels le facteur religieux joue un rôle majeur, à travers le regard de sociologues. Les eontributions exposent les différentes faeettes de ces conflits, rappelant le lien eomplexe qui se tisse entre énoneiations des identités individuelles et collectives, d'une part, et religion de l'autre. Elles analysent à partir de divers terrains d'étude la façon dont se jouent les conflits liés au religieux que l'on reneontre à trois niveaux : celui de la régulation publique du religieux, eelui des eonflits entre groupes et celui des conflits internes à un groupe. Les contributions sont regroupées en quatre sections. La première s'intéresse à la place des pouvoirs publics et des instances de régulation du religieux dans ce type de conflits. La deuxième met en évidence les nom¬ breux ajustements pragmatiques requis par la gestion du fait religieux dans les établissements et services publics. La troisième rassemble des analyses ciblées de conflits suscités par la diversité interne d'une communauté reli¬ gieuse ou par des tensions entre groupes religieux. La dernière partie porte sur des conflits dont la dimension religieuse n'est pas donnée d'emblée et tente de cerner la manière dont ils mettent en évidenee les frontières symbo¬ liques de la société. La diversité des niveaux d'analyse, des lieux et des modalités traités permet à l'ouvrage de rendre justice à l'étendue et à la eomplexité de la question. Les différentes eontributions mobilisent de nombreuses ressourees théoriques, combinant même parfois deux approches, et les angles d'étude sont très divers. L'analyse porte sur les conflits et leurs modes de gestion, mais surtout sur la contribution du facteur religieux à ees différentes dyna¬ miques eonflictuelles. La eonclusion cerne les lieux d'émergence des conflits liés au religieux et évoque les analyses sociologiques utilisables : décrire les conflits, en distinguant conflits de valeurs et conflits d'intérêts et, au-delà, de visions du monde ; différencier les formes de eonflits. Ces approches per¬ mettent d'analyser les eonflits en termes de stratégies et de groupes d'intérêt, en termes de frontières symboliques et sociales entre les groupes, et enfin en termes d'interactions socialisantes. La leeture de cet ouvrage n'est pas toujours agréable : certaines eontri¬ butions sont un peu touffues ou abusent du jargon universitaire. La eohérenee de l'ouvrage, malgré les riches et solides théorisations qu'offrent l'introduction et la conclusion, lui est donnée par son objet plus que par une perspective d'ensemble. Il fournit eependant une illustration de la variété et de la eomplexité des rapports aux normes religieuses, ce qui eonstitue un apport très appréciable. Il enrichit également la question des conflits religieux par son approehe toute en nuanees, ee qui mérite d'être salué. A.-L. Zwilling

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