Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Rencontres facétieuses entre France et Italie. Pour une généalogie du rire européen
- Pages : 259 à 262
- Collection : Rencontres, n° 501
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 116
RÉSUMÉS
Dominique Bertrand, « Avant-propos »
La suite de publications facétieuses témoigne de la vitalité des travaux collaboratifs menés en collaboration entre l’université Clermont Auvergne et Sorbonne Université et de la dynamique facétieuse qui s’est mise en place depuis les années 2010 pour éclairer une constellation essentielle dans l’histoire européenne du rire dans la première modernité.
Dominique Bertrand, « “Rencontres” entre France et Italie. Le sel de la facétie à l’épreuve de l’altérité »
La circulation des modèles facétieux importés d’Italie a contribué à un nouvel ethos du rire indissociable de la dynamique européenne de civilisation des mœurs : si l’idéal urbain de la parole facétieuse vise une pacification des relations sociales, sa diffusion en France s’est heurtée à des difficultés philologiques, à la source de détournements et d’altérations des usages mais aussi de polémiques identitaires ravivées dans un contexte de conflits pour l’hégémonie politique.
Nora Viet, « Les motti du Decameron sous la plume des traducteurs français (1411-1545). Prémices de la facétie humaniste en Europe »
Le Decameron de Boccace assume dans l’histoire de la facétie une fonction matricielle. Cet article propose d’éclairer la gestation du genre en France à la lumière des premières traductions du recueil de Boccace : Laurent de Premierfait, 1411-1414 ; Antoine Vérard, 1485 ; Antoine Le Maçon, 1545.
260Paola Cifarelli, « “Pour cause de joyeuseté”. Transformations et hybridations du genre facétieux dans deux traductions de Guillaume Tardif »
Guillaume Tardif et son atelier ont édité dans les années 1483-1498 une « trilogie facétieuse » représentative de la diversité des réalisations italiennes comportant des Facetiae de Poggio, la mise en français du recueil ésopique traduit par Lorenzo Valla et des apophtegmes tirés de Pétrarque et de Diogène Laërce. Ce travail de passeur assure une promotion politique de la pratique facétieuse autant qu’une forme de « défense et illustration de la langue française » avant l’heure.
Anna Fontes-Baratto, « Des Confabulationes aux Cent Nouvelles nouvelles. Réécriture et transposition »
Un hiatus culturel semble à l’origine de l’entropie des enjeux sociaux des facéties du Pogge dans le recueil bourguignon anonyme des Cent Nouvelles nouvelles publié en 1486. Il apparaît impossible de transposer dans la noble cour de Bourgogne la dynamique assumée par les motti et les beffe dans la société toscane depuis l’époque du Décaméron qui a promu l’art de la parole et de la répartie comme moyen de régler les conflits à l’intérieur de la cité.
Louise Amazan, « La singulière expérience d’une facétie transnationale. Le recueil des Facecies et motz subtilz (Lyon, 1559) »
L’édition bilingue des Facecies, et motz subtilz, d’aucuns excellens espritz et tresnobles seigneurs (Lyon, 1559) qui met sur un plan équivalent des textes français et italiens, est un hapax qui témoigne d’échanges exceptionnels propres à une ville carrefour. Cette compilation offre une extension du corpus facétieux privilégiant les réparties mémorables à la narration dans la lignée du Pogge et en faisant entrer sur la scène littéraire les Detti piacevoli de Politien.
Bernd Renner, « Facétie et paradoxe, un ridentem dicere verum érudit ? »
Dans la perspective de l’échange culturel entre la France et l’Italie, plus particulièrement dans le registre facétieux, le genre du paradoxe, illustré par les Paradossi d’Ortensio Lando (1543) – dont la traduction française est attribuée à Charles Estienne (1553) – ouvre sur l’analyse de deux variantes de l’approche paradoxale : une facétie plus directe et une variante rhétorique plus subtile.
261Nicolas Kiès, « Des detti aux brocards. La réappropriation du lexique facétieux dans la traduction du Courtisan par Chappuys (1580) »
La traduction du Courtisan par Chappuys (1580), parue quarante ans après l’édition attribuée à Jacques Colin, se veut plus fidèle en maintenant l’italianisme « facétie » : elle ne résout pas les difficultés du métalangage facétieux, superposant à la taxinomie italienne un vocabulaire français aussi flou et fluctuant qui accentue le potentiel hostile de la raillerie et renvoie à ses usages transgressifs dans des espaces de sociabilité marginaux, moins policés que la cour idéale d’Urbino.
Bruno Roche, « Le Mascurat de Gabriel Naudé ou le détournement libertin du rire transalpin »
Le panorama du burlesque transalpin brossé dans le Mascurat fournit à Naudé l’occasion de forger sa propre définition du rire en réfléchissant aux moyens de métamorphoser les facéties italiennes en attaques libertines contre les dogmes chrétiens et la crédulité populaire qui les fortifie.
Elsa Veret, « Les énigmes des Piacevoli notti de Straparola. Traductions et réemplois avoués et inavoués entre 1576 et 1638 »
Les énigmes invitant à des interprétations obscènes jouent un rôle essentiel dans les Piacevoli Notti de G. F. Straparola. Cet article traite de leur transposition par Pierre de Larivey en français ainsi que de leur circulation entre 1576 et 1638. L’histoire éditoriale prouve la variabilité de l’étiquetage de ces textes conçus pour « décevoir », associés tantôt au facétieux tantôt au satyrique et révèle l’ambivalence de la culture galante française à l’égard du modèle italien.
Florence Bistagne, « “Graecia capta ferum victorem cepit”. Français et Aragonais au Royaume de Naples (1442-1503) »
L’auteur du De Sermone, Giovanni Pontano, qui a joué un rôle politique éminent, s’est impliqué dans l’actualité politique et diplomatique brûlante du royaume de Naples dirigé par des dynasties étrangères. En contradiction avec sa théorie de la conversation facétieuse comme éthique de l’otium récréatif, son De Fortuna laisse affleurer un rire ethnique enclin à caricaturer les Français tout en dédramatisant la violence xénophobe.
262Giovanni Ricci, « Moqueries anti-françaises au xviie siècle. La politique européenne vue par un graveur italien »
Avec son immense production, le graveur italien Giuseppe Maria Mitelli (1634-1718) nous introduit dans l’imagerie des moqueries politiques et ethniques au temps de l’absolutisme. La veine satirique de l’auteur saisit les contradictions du pouvoir, surtout au sujet de sa cible principale, la France impérialiste de Louis XIV. L’originale articulation du graphique et du verbal, qui laisse entendre sans expliciter, permit à l’auteur une liberté expressive inimaginable avec d’autres moyens.
Domna Moyseos, « Les contes facétieux de Chypre. Des rapports interculturels en évolution »
Les contes facétieux de Chypre manifestent les rapports interculturels entre le peuple chypriote et la culture française et italienne. La facétie y devient un jeu de récréation qui ne permet pas d’identifications absolues, tout en révélant une tendance satirique et ironique envers tout ce qui caractérise l’homme dans chaque société, à chaque époque.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-11000-2
- EAN : 9782406110002
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11000-2.p.0259
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 21/07/2021
- Langue : Français