Après avoir étudié l’errance aux sens géographique et identitaire, nous nous intéresserons dans cette partie à ce que l’on peut considérer comme une forme d’errance linguistique chez les auteurs et autrices de notre corpus, qui sont tous plurilingues. Nous nous pencherons tout d’abord sur le choix de la langue d’écriture, dans lequel des raisons aussi bien historiques, économiques que personnelles entrent en jeu. Ensuite, nous analyserons les procédés déployés au sein de ces romans pour décoloniser la langue d’écriture dans une visée à la fois politique et esthétique. Enfin, nous examinerons plus précisément le processus d’hybridité linguistique à l’œuvre dans ces textes à travers la pratique de l’hétérolinguisme. De fait, l’oscillation entre plusieurs langues participe d’une véritable poétique de l’errance dans ces œuvres de « l’intranquillité littéraire1 »
1 Lise Gauvin, « Écriture, surconscience et plurilinguisme : une poétique de l’errance », in : Christiane Albert (dir.), Francophonie et identités culturelles, Paris, Khartala, 1999, p. 13.