Principes d'édition
- Publication type: Book chapter
- Book: Théâtre complet. Tome IV. Tragi-comédies historiques
- Pages: 7 to 10
- Collection: French Theatre Library, n° 91
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PRINCIPES D’ÉDITION
Dans ce volume, nous avons pris pour texte de base la première édition de chaque tragi-comédie. Les variantes textuelles proposées par des éditions postérieures autorisées parues du vivant de l’auteur sont signalées en appendice. À quelques rares exceptions près, nous ne tenons pas compte des contrefaçons parues en Hollande ou dues au contrefacteur prolifique Philippe Charvys de Grenoble.
Nous avons modernisé systématiquement l’orthographe de chaque pièce. Nous avons fait la distinction moderne entre les caractères i/j, u/v, a/à et ainsi de suite, et nous avons inséré des traits d’union quand ils manquent dans des cas tels « peut-être », « avez-vous », « lui-même », etc. Nous avons modernisé « encor » en « encore » toutes les fois que cela s’est avéré possible, mais il reste des dizaines d’exemples de l’ancienne graphie condamnée par Vaugelas aux endroits où le nombre de syllabes serait faussé par la correction1. De même, pour ne pas altérer le nombre de syllabes, le mot « avecque » est conservé avec son ancienne graphie. Nous avons remplacé l’esperluette – utilisée systématiquement sauf au début du vers – par « et ». Les interjections « hé bien » et « ô dieux » (là où le « ô » n’a pas le caractère d’apostrophe) sont modernisées (« eh bien », « oh dieux »).
Les noms propres portent bien sûr des majuscules partout, et nous avons respecté fidèlement l’usage des majuscules sur des substantifs tels « État » et « Empire » là où ils ont une signification politique, et sur « Prince », « Roi », « Seigneur », « Madame » etc. Dans presque tous les autres cas, nous avons supprimé les majuscules au début des mots, les seules exceptions étant – très rarement et après mûre réflexion – des substantifs où la majuscule peut signaler une personnification ou prendre une valeur subjective, tels « Amour », « Fortune », « Nature » et « Raison » ; en général, bien sûr, nous n’avons pas fait ce choix. 8Conformément aux normes de la collection, les caractères majuscules accentués sont marqués.
Un aspect qui déroute quelquefois les lecteurs modernes est la présence fréquente de la diérèse, où l’on compte deux syllabes dans des circonstances où de nos jours nous ne compterions qu’une seule : les exemples les plus courants sont « sion », « tion », « xion » et « ieux » (ou « ieuse »). Ainsi, le mot occasion est censé occuper quatre syllabes, le mot action trois, le mot réflexion quatre. Quoique les mots cieux, dieu(x), lieu(x) et mieux soient des monosyllabes, dans d’autres contextes cette suite de lettres en constitue deux. Ainsi, odieux occupe trois syllabes (mais oh dieux ! n’en occupe que deux) ; de même curieux, glorieux et précieux. Les mots ambitieux, impérieux, ingénieux et injurieux en compte quatre. Afin de ne pas trop alourdir nos notes, nous ne les y signalons pas.
Tout en respectant l’importance des discussions récentes autour de la signification de la ponctuation des éditions du xviie siècle et de ses rapports avec la déclamation baroque des acteurs, nous n’avons relevé aucune preuve d’un système qui indiquerait le jeu des comédiens dans les éditions des pièces qui nous concernent2. D’ailleurs, il ne nous semble pas que Quinault ait contrôlé de près leur composition : ce seraient plutôt les typographes répartis dans plusieurs ateliers qui ont imposé leurs propres choix. Selon les normes de la collection, nous nous sommes crus autorisés à modifier la ponctuation pour respecter l’usage moderne – en règle générale, sans signaler nos changements – tout en respectant celle, originale, quand cela a été possible.
Là où des éditions postérieures autorisées existent, relativement peu de vers sont ponctués de la même façon. Souvent, en corrigeant une ponctuation originale qui pourrait gêner un lecteur d’aujourd’hui, nous avons pu suivre celle de l’édition postérieure.
Dans cette perspective, nous sommes conscients de la théorie qui veut que le nombre de points de suspension indique la longueur de la pause, mais quand on considère que les points de suspension représentent souvent le moment où un personnage interrompt son interlocuteur, il est clair qu’aucune pause n’est demandée. Nous avons donc inséré trois points de suspension à chaque endroit.
9En revanche, les deux-points dans les éditions originales n’indiquent que rarement le début d’une liste, d’une explication ou d’une amplification des paroles qui les précèdent, comme cela serait le cas dans les textes modernes. Nous avons donc remplacé la majorité des deux-points par une ponctuation plus convenable.
Un autre problème pour le lecteur moderne réside dans l’usage des points d’interrogation là où on attendrait plutôt un point d’exclamation ou peut-être tout simplement un point. Nous avons donc remplacé, par des signes de ponctuation plus convenables, les points d’interrogation toutes les fois que cela nous a paru nécessaire. De même, nous avons inséré des points d’exclamation là où, le plus souvent, les textes originaux ne font suivre les interjections « ah », « hélas » et « quoi » que d’une virgule. De temps en temps quand le mot « quoi » est plutôt une question, nous avons choisi un point d’interrogation. Il est vrai que la distinction n’est pas toujours claire.
En effet, dans d’autres contextes aussi, les virgules sont parfois des signes de ponctuation trop faibles pour qu’elles guident utilement le lecteur moderne, surtout aux fins de vers. Il n’est pas toujours clair qu’il faille les modifier, mais nous en transformons beaucoup en points-virgules, voire en points.
Au total, nous avons modifié entre deux cents (pour Stratonice) et cinq cents signes de ponctuation (pour Amalasonte) dans chacune de ces pièces, y compris quelques ajouts placés là où ne figurait aucune ponctuation dans l’original et la suppression de plusieurs signes de ponctuation intempestifs (pour la plupart des virgules et souvent aux fins de vers), mais sans compter les corrections apportées obligatoirement aux fins de répliques se terminant par une virgule ou un point-virgule.
Sauf pour les éditions récentes d’Amalasonte et de Stratonice que nous signalons en lieu voulu, les lecteurs modernes de Quinault ont dû se contenter jusqu’ici, comme pour la plupart de ses pièces, soit de contrefaçons (surtout celles publiées aux Pays-Bas), soit des trois éditions collectives du xviiie siècle. Nous en donnons la liste ci-dessous pour mémoire ; notons en passant qu’elles suppriment systématiquement les dédicaces et les privilèges des éditions originales.
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1715 |
Le Théâtre de M r Quinault. Contenant ses Tragedies, Comedies, et Opera. Derniere Edition, augmentée de sa Vie, d’une Dissertation sur ses Ouvrages, & de l’origine de l’Opera. Le tout enrichi de Figures en taille-douce. 5 vol, A Paris, chez Pierre Ribou, seul libraire de l’Académie Royale de Musique, MDCCXV. |
Le t. II contient Amalasonte (p. 307-390), Le Feint Alcibiade (p. 233-306), Le Mariage de Cambise (p. 1-74) et Stratonice (p. 75-150) ; le t. III contient Agrippa (p. 1-72).
1739 |
Le Théâtre de Mr Quinault. Contenant ses Tragedies, Comedies, et Opera. Nouvelle Edition, enrichie de Figures en taille-douce. 5 vol, A Paris, par la Compagnie des Libraires, MDCCXXXIX. |
Le t. II contient Amalasonte (p. 333-419), Le Feint Alcibiade (p. 253-331), Le Mariage de Cambise (p. 1-81), Stratonice (p. 83-165) ; Le t. III contient Agrippa (p. 1-77).
1778 |
Théâtre de Quinault. Contenant ses Tragedies, Comedies et Opera. Nouvelle Édition, augmentée de sa Vie, d’une Dissertation sur ses Ouvrages, et de l’origine de l’Opera. 5 vol, A Paris, chez les Libraires associés, MDCCLXXVIII. |
Le t. II contient Amalasonte (p. 407-502), Le Feint Alcibiade (p. 329-406), Le Mariage de Cambise (p. 79-158), Stratonice (p. 159-238) ; le t. III contient Agrippa (p. 97-174).
On trouve aussi cette même édition parue chez une autre libraire, à savoir, la Veuve Duchesne. Cette version de l’édition de 1778 a été réimprimée à Genève par Slatkine en 1970, 5 vol en 1 vol.
Pour de plus amples renseignements sur les éditions collectives du xviiie siècle, voir William Brooks, Bibliographie critique du théâtre de Quinault, p. 15-17.
1 On trouve çà et là, même dans les éditions autorisées, la forme « encore » aux endroits où elle fausse le rythme. Nous avons corrigé silencieusement.
2 Les analyses d’Alain Riffaud dans son ouvrage consacré à La Ponctuation du théâtre imprimé au xviie siècle invitent à la prudence dès qu’il s’agit de déterminer les liens entre ponctuation des textes imprimés et déclamation.
- CLIL theme: 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- ISBN: 978-2-406-12932-5
- EAN: 9782406129325
- ISSN: 2261-575X
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12932-5.p.0007
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-20-2022
- Language: French