Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Pré-histoires de l’anthropologie
- Pages : 233 à 235
- Collection : Constitution de la modernité, n° 29
Résumés
Michèle Clément et Pierre Girard, « Introduction »
Dans quelle mesure l’homme peut-il faire l’objet d’un savoir ? Comment est-on passé du concept d’humanitas reposant sur l’exception ontologique à celui d’anthropologie, reposant sur la comparaison et la synthèse ethnologique ? Est-ce par le moyen d’une révolution scientifique qui se serait débarrassée des oripeaux scolastiques et métaphysiques ? L’ensemble des contributions présentées dans ce volume discute ce passage, en interrogeant de manière critique la naissance de l’anthropologie au xviiie siècle.
Frédéric Tinguely, « Dispositifs de relativisation. Le socle hérodotéen de l’anthropologie prémoderne »
La réception d’Hérodote aux xvie et xviie siècles a contribué à l’émergence d’une anthropologie en partie libérée de l’ethnocentrisme. Deux dispositifs de relativisation, repris par Montaigne et quelques autres, ont ici joué un rôle décisif : l’expérience de Darius sur l’attachement des peuples à leurs coutumes (III, 38) et le « monde renversé » constitué par la civilisation égyptienne (II, 35).
Michèle Clément, « Penser ou figurer l’homme à la Renaissance ? Vitruve, Vésale, Dürer : prémisses de l’anthropologie »
Les prémisses de l’anthropologie au xvie siècle, sur un arrière-plan philosophique et théologique stable depuis la scolastique, sont à détecter du côté de la figuration de l’humain : d’allégorique (Bovelles) ou géométrique (Vitruve redécouvert), elle devient naturaliste (autoportrait nu de Dürer). On verra comment l’anthropologie cosmologique s’infléchit progressivement vers une anthropologie positive au fil du xvie siècle.
234Nicole Gengoux, « L’anthropologie du Theophrastus redivivus. Entre philosophie et science humaine »
À partir de la théorie transformée des tempéraments, le matérialisme du Theophrastus redivivus permet une étude scientifique des phénomènes humains, non cartésienne, sans ôter à l’individu sa liberté. Une « mécanique des passions » naît d’un rapport original entre nature et culture, où l’on retrouve une tension propre à l’anthropologie moderne entre éthique descriptive et morale philosophique : l’homme étant un animal, un « moi » dynamique a remplacé l’idée de Nature humaine, l’amour de soi.
Stéphan Vaquero, « La culture du goût chez Baltasar Gracián. Genèse d’une anthropologie sociale universelle »
Le goût chez Gracián permet de penser une normativité anthropologique des relations entre les individus, au sein d’une époque – le Baroque – dont l’une des caractéristiques principales est l’indétermination de la place – du lieu – que chacun occupe vis-à-vis des autres. Le goût n’est plus un attachement irréductible à soi, mais la mesure qui, en l’absence de toute position déterminée, juge de la place qui convient à chacun.
Tristan Vigliano, « Dans quelle mesure peut-on parler d’une anthropologie vivésienne ? »
C’est une lecture fréquente de l’humaniste valencien Juan Luis Vives que de situer son œuvre à la genèse de processus modernes. En étudiant le tableau des ingenia, dans le De disciplinis, puis une brève réflexion sur l’homme par laquelle s’ouvre le livre IV du De veritate fidei christianæ, cette contribution présente un regard différent sur son « anthropologie ».
Arnaud Milanese, « La connaissance de nous-mêmes selon Bacon. De l’homme matériel à l’histoire civile »
La « connaissance de nous-mêmes » est, pour Bacon, cette partie de la philosophie ayant l’homme pour objet. Or, une telle connaissance reste ambiguë dans ses délimitations, ce qu’exemplifie le statut de l’âme humaine : connue par ses effets comme des processus physiologiques ou connue dans l’expérience de l’usage des actes cognitifs. Au final, l’homme ne semble pas constituer un 235domaine de connaissance unifiée, et nécessite d’articuler des disciplines aussi diverses que la médecine et l’histoire civile.
Susanna Gambino Longo, « Un paradigme primitiviste au xvie siècle. Récits italiens de peuples des îles »
Cette contribution étudie des descriptions de lettrés italiens des îles au Nord de l’Europe (les Shetlands), dont les habitants mènent une vie sobre, pacifique et à l’abri des passions et des souffrances. Cette représentation idéalisée, tributaire également d’une modélisation antique des peuples bienheureux aux marges du monde connu, outre les enjeux politiques et religieux qui président à sa diffusion, offre un paradigme de la vie des premiers hommes.
Ariane Bayle, « Du nouveau sur l’homme malade ? Le cas des textes sur la syphilis au xvie siècle »
La « grande vérole » ou syphilis, maladie perçue comme nouvelle en Europe à la toute fin du xve siècle, occasionne une profusion de discours inédits de la part de médecins, mais aussi de voyageurs et d’écrivains. Leurs textes, qui montrent une diversité de réactions, parfois contradictoires, sont un bon prisme pour examiner des changements dans l’anthropologie de la maladie au début de l’époque moderne.
Dominique Brancher, « Anthropologie(s) sous condition. Montaigne et les régimes de vie »
Quels sont les défis de l’anthropologie médicale telle qu’elle s’élabore du Moyen Âge au xvie siècle dans le domaine de l’hygiène ? Tout en examinant l’origine, la fonction et la dénomination des choses non naturelles, facteurs conditionnant la santé que veut contrôler le régime de vie, on verra comment Montaigne ausculte les impensés de ce maillage médical trop dogmatique. Son examen éclaire les enjeux d’une anthropologie plurielle qu’il questionne pour mieux se constituer à travers et contre elle.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-12370-5
- EAN : 9782406123705
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12370-5.p.0233
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/02/2022
- Langue : Français