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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Pré-histoires de l’anthropologie
  • Pages : 233 à 235
  • Collection : Constitution de la modernité, n° 29
  • Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
  • EAN : 9782406123705
  • ISBN : 978-2-406-12370-5
  • ISSN : 2494-7407
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12370-5.p.0233
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 16/02/2022
  • Langue : Français
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Résumés

Michèle Clément et Pierre Girard, « Introduction »

Dans quelle mesure lhomme peut-il faire lobjet dun savoir ? Comment est-on passé du concept dhumanitas reposant sur lexception ontologique à celui danthropologie, reposant sur la comparaison et la synthèse ethnologique ? Est-ce par le moyen dune révolution scientifique qui se serait débarrassée des oripeaux scolastiques et métaphysiques ? Lensemble des contributions présentées dans ce volume discute ce passage, en interrogeant de manière critique la naissance de lanthropologie au xviiie siècle.

Frédéric Tinguely, « Dispositifs de relativisation. Le socle hérodotéen de lanthropologie prémoderne »

La réception dHérodote aux xvie et xviie siècles a contribué à lémergence dune anthropologie en partie libérée de lethnocentrisme. Deux dispositifs de relativisation, repris par Montaigne et quelques autres, ont ici joué un rôle décisif : lexpérience de Darius sur lattachement des peuples à leurs coutumes (III, 38) et le « monde renversé » constitué par la civilisation égyptienne (II, 35).

Michèle Clément, « Penser ou figurer lhomme à la Renaissance ? Vitruve, Vésale, Dürer : prémisses de lanthropologie »

Les prémisses de lanthropologie au xvie siècle, sur un arrière-plan philosophique et théologique stable depuis la scolastique, sont à détecter du côté de la figuration de lhumain : dallégorique (Bovelles) ou géométrique (Vitruve redécouvert), elle devient naturaliste (autoportrait nu de Dürer). On verra comment lanthropologie cosmologique sinfléchit progressivement vers une anthropologie positive au fil du xvie siècle.

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Nicole Gengoux, « Lanthropologie du Theophrastus redivivus. Entre philosophie et science humaine »

À partir de la théorie transformée des tempéraments, le matérialisme du Theophrastus redivivus permet une étude scientifique des phénomènes humains, non cartésienne, sans ôter à lindividu sa liberté. Une « mécanique des passions » naît dun rapport original entre nature et culture, où lon retrouve une tension propre à lanthropologie moderne entre éthique descriptive et morale philosophique : lhomme étant un animal, un « moi » dynamique a remplacé lidée de Nature humaine, lamour de soi.

Stéphan Vaquero, « La culture du goût chez Baltasar Gracián. Genèse dune anthropologie sociale universelle »

Le goût chez Gracián permet de penser une normativité anthropologique des relations entre les individus, au sein dune époque – le Baroque – dont lune des caractéristiques principales est lindétermination de la place – du lieu – que chacun occupe vis-à-vis des autres. Le goût nest plus un attachement irréductible à soi, mais la mesure qui, en labsence de toute position déterminée, juge de la place qui convient à chacun.

Tristan Vigliano, « Dans quelle mesure peut-on parler dune anthropologie vivésienne ? »

Cest une lecture fréquente de lhumaniste valencien Juan Luis Vives que de situer son œuvre à la genèse de processus modernes. En étudiant le tableau des ingenia, dans le De disciplinis, puis une brève réflexion sur lhomme par laquelle souvre le livre IV du De veritate fidei christianæ, cette contribution présente un regard différent sur son « anthropologie ».

Arnaud Milanese, « La connaissance de nous-mêmes selon Bacon. De lhomme matériel à lhistoire civile »

La « connaissance de nous-mêmes » est, pour Bacon, cette partie de la philosophie ayant lhomme pour objet. Or, une telle connaissance reste ambiguë dans ses délimitations, ce quexemplifie le statut de lâme humaine : connue par ses effets comme des processus physiologiques ou connue dans lexpérience de lusage des actes cognitifs. Au final, lhomme ne semble pas constituer un 235domaine de connaissance unifiée, et nécessite darticuler des disciplines aussi diverses que la médecine et lhistoire civile.

Susanna Gambino Longo, « Un paradigme primitiviste au xvie siècle. Récits italiens de peuples des îles »

Cette contribution étudie des descriptions de lettrés italiens des îles au Nord de lEurope (les Shetlands), dont les habitants mènent une vie sobre, pacifique et à labri des passions et des souffrances. Cette représentation idéalisée, tributaire également dune modélisation antique des peuples bienheureux aux marges du monde connu, outre les enjeux politiques et religieux qui président à sa diffusion, offre un paradigme de la vie des premiers hommes.

Ariane Bayle, « Du nouveau sur lhomme malade ? Le cas des textes sur la syphilis au xvie siècle »

La « grande vérole » ou syphilis, maladie perçue comme nouvelle en Europe à la toute fin du xve siècle, occasionne une profusion de discours inédits de la part de médecins, mais aussi de voyageurs et décrivains. Leurs textes, qui montrent une diversité de réactions, parfois contradictoires, sont un bon prisme pour examiner des changements dans lanthropologie de la maladie au début de lépoque moderne.

Dominique Brancher, « Anthropologie(s) sous condition. Montaigne et les régimes de vie »

Quels sont les défis de lanthropologie médicale telle quelle sélabore du Moyen Âge au xvie siècle dans le domaine de lhygiène ? Tout en examinant lorigine, la fonction et la dénomination des choses non naturelles, facteurs conditionnant la santé que veut contrôler le régime de vie, on verra comment Montaigne ausculte les impensés de ce maillage médical trop dogmatique. Son examen éclaire les enjeux dune anthropologie plurielle quil questionne pour mieux se constituer à travers et contre elle.