La fin de l’extase mystique désigne le processus historique par lequel se constitue la marginalité de l’extase entre 1601 et 1675. Cette marginalisation se donne à observer dans la façon dont des pratiques spirituelles, théologiques et sociales travaillent à négocier l’acceptabilité de l’extase dans des discours portant sur elle. Le socle de cette histoire poétique sera lexical (chapitre « Le complexe lexical de l’extase ») : il permettra de voir comment le vocabulaire de l’extase mystique est devenu hors d’usage. On observera ensuite comment l’humanisation théologique, spirituelle et philosophique de l’extase conduit à obscurcir son sens en le rendant équivoque (chapitre « De l’extase divine à l’extase humaine »). On étudiera enfin la mise à l’épreuve de l’extase mystique par le discernement spirituel, qui la conduit à se dissimuler et se réinventer sous des formes acceptables (chapitre « L’extase mystique à l’épreuve du discernement spirituel »). Ces trois points permettront de voir la mise en place d’une sémiologie de l’extase caractérisée par l’excès ou le défaut : jamais à la bonne place ni dans la juste mesure, l’extase apparaîtra comme ce qui ne peut pas ne pas être en trop autrement qu’en se dissimulant.