Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Plurivocalité et Polyphonies. Une voie vers la modernité ?
- Pages : 279 à 283
- Collection : Constitution de la modernité, n° 31
Résumés
Rafaèle Audoubert, « Introduction. Plurivocalité et polyphonies, une voie vers la modernité ? »
Il s’agit d’apporter une première définition aux concepts utilisés lors du colloque : polyphonie, ou pluralité de voix orchestrées selon une visée argumentative, et plurivocalité, simple constat de la coexistence des voix. Un rappel du cheminement apporté est proposé, de la question de l’identité à celle des leviers convoqués pour donner à entendre un propos cohérent, décloisonnant la pensée et la création afin de prendre en compte les différents discours, bifurcations et infléchissements.
Jean Goldzink, « Conférence inaugurale. Polyphonie, plurivocalité, polysémie »
Comment considérer les œuvres avec un regard neuf, débarrassé d’une pensée cloisonnée et en s’appuyant sur une étude concrète, qui permette de dépasser l’opinion pour accéder à de véritables débats et bilans ? L’article montre comment la rupture chronologique s’efface au profit d’une évolution, mais aussi d’une stratification de périodes mettant en avant, puis délaissant les jeux polyphoniques, avant de les placer à nouveau dans la lumière.
Vito Avarello, « La polyphonie, un signe de modernité littéraire ? Esquisse d’une approche phénoménologique »
Partant de la polyphonie pour atteindre la polysémie de l’interprétation, l’article montre qu’à travers la prolifération polyphonique des textes, c’est la question profonde du sens qui ne cesse de se poser. À l’interrogation sur la modernité de la polyphonie, il répond par l’image de l’inflexion, le déplacement intellectuel induit par la polyphonie littéraire à l’époque baroque illustrant cet infléchissement vers la période moderne.
280Yves Fournier, « Polyphonie musicale. Discours hétérogènes, discours homogènes ? »
L’article montre l’évolution du positionnement vis-à-vis de la polyphonie vers un autre, il souligne notamment comment certains compositeurs contemporains finissent par se réapproprier des formes polyphoniques, ponctuellement délaissées à partir de la Renaissance, afin de renouveler leur langage musical.
Jean Duchamp, « La polyphonie à la Renaissance, entre contraintes et sens. Un exemple avec la déploration sur la mort d’Érasme (Lyon, Jacques Moderne, 1538) »
Se pose la question de l’essence du langage, dans le cadre d’une certaine modernité qui semble subordonner l’expression musicale à la signification des paroles. Mais cette tentation de classification est finalement résolue par des compositeurs qui rendent à travers des figures musicales des charges expressives présentes dans le texte… au sein d’une modernité dans la modernité, un basculement vers un cheminement en bonne partie nouveau, en rupture avec une évolution générale.
Amina Houara, « Organiser la parole “populaire” et proverbiale. Structure du système polyphonique dans les Évangiles des Quenouilles »
Une tension est soulignée entre la promesse de polyphonie qui peut être celle du texte (dans des récits enchâssés par exemple) et la prégnance des procédés d’encadrement qui visent à lui donner forme et intelligibilité. L’article explicite cette tension comme le signe d’une certaine modernité.
Marc Desmet, « Por las sierras de Madrid de Francisco de Peñalosa et le point médian de la polyphonie en Espagne, entre l’ancien et le nouveau »
C’est un exemple singulier qui est étudié : celui d’une pièce où la transition entre différentes formes polyphoniques annonce un emballement perceptible comme moderne. L’œuvre semble placée sous le signe du basculement, dans sa composition mais également en tant que production artistique, en lien avec le motet à plusieurs textes et aussi avec le quolibet (comme point de non-retour du sens) tout en restant à la marge de chacun.
281Fabrice Quero, « À la croisée des voix et des discours. De quelques coïncidences entre le Diálogo del nacimiento de Torres Naharro, les deux dialogues d’Alfonso de Valdés et le Viaje de Turquía »
Il est montré comment la réinterprétation polyphonique d’un texte lui-même inscrit sous ce sceau peut accompagner un véritable processus de resémantisation de l’œuvre, notamment dans le cas de textes comme celui de Torres Naharro, qui innovent en introduisant dans une aire géographique donnée un courant perçu comme nouveau.
Elena Paroli, « Polyphonie et plurivocité dans la pratique picturale et dans l’écriture de Léonard de Vinci »
Cet article analyse la théorie esthétique de Léonard de Vinci : loin de se fonder sur la fixation sur la toile d’un réel univoque, cette création propose d’y dépeindre une pluralité. La peinture, mais aussi l’écriture deviennent les instruments d’expression de cette infinie variété du monde. Exprimer la diversité, et même réconcilier les contraires : ce sont des possibilités ouvertes par les polyphonies.
Pascaline Nicou, « Pluri-vocalité dans la traduction de Robert Tofte du Roland Amoureux de Boiardo. Une traduction sous le prisme du théâtre de Shakespeare »
Cet article analyse un exemple de traduction où la pluralité des langues régionales dans la version source, des dialectes, des idiolectes, des registres, des genres et des tons reflète une conception toute moderne de l’écriture et du monde, qui réconcilie différentes antithèses de l’Angleterre élisabéthaine : érotisme et amour, amour et religion, humanisme et protestantisme.
Adrián Izquierdo, « “J’en suis l’architecte”. Juste Lipse, Pierre Matthieu et la construction du discours historiographique et politique à la Renaissance »
En passant d’une certaine conception de l’architecture, qui fait dialoguer les styles, à une caractéristique de la littérature, susceptible de faire dialoguer les sources, il est expliqué que lorsque la narration exploite par ce biais une méthode comparative, elle s’offre comme modèle moderne d’abrégé de théorie (politique dans l’exemple choisi), touchant au florilège de remarques aptes à être citées ultérieurement à leur tour.
282Aude Plozner, « Polyphonie narrative et fragmentation du récit dans l’épisode de la Sierra Morena du Quichotte de Cervantès. Un épisode à l’avant-garde du roman policier ? »
Par la méthode de la construction et de la déconstruction, on peut aboutir à la création d’un effet dissonant qui est ensuite aplani au cours du récit. Cet article analyse un passage du Quichotte en se basant sur le concept de « dissonance ». Il apporte une lecture moderne de cet épisode, éclairé par les outils propres au genre policier, où la polyphonie narrative commence par créer le suspense avant de permettre la compréhension de l’histoire, que morcellent puis reconstruisent différentes voix.
Manuel Ángel Candelas Colodrón, « Notas sobre la modernidad de la poesía de Quevedo »
L’expression multiple et le concept de varietas impliquent l’adoption de différents sous-genres poétiques, au sein desquels est à son tour introduite une diversité textuelle nouvelle par laquelle l’auteur se singularise par rapport à ses contemporains. En présentant l’introduction en Espagne de l’ode pindarique, ou de la silve (silva) puisée dans la poésie de Stace, comme des nouveautés dont il peut tirer gloire, Quevedo valorise in fine ces formes de modernité.
Rafaèle Audoubert, « Notes sur la poésie de Francisco de Quevedo. Les polyphonies d’un individualisme universel… et moderne ? »
L’emploi des polyphonies par Quevedo est multiple et étroitement lié à une certaine forme de représentation du « je », particulièrement moderne car elle permet la construction d’une nouvelle forme d’individualisme. La multiplication des voix dans l’expression poétique permet de tenir subtilement un discours contre l’ordre établi, d’instruire moralement, de mettre en garde, de penser et de donner à penser les manifestations et fonctions du mal, dans une visée universalisante.
Gaëlle Le Gal-Grasset, « Dialogue avec le traître. Polyphonie de la métalepse dans Guzmán de Alfarache de Mateo Alemán »
Cet article analyse le cas d’un auteur spolié de son texte, qui se réapproprie son projet scriptural. La plurivocalité se retrouve non seulement dans 283une double temporalité où se place le « je » énonciateur, mais aussi dans un dialogue entre le faussaire et l’auteur original, qui organise ainsi sa revanche. Il met à profit ce positionnement nouveau pour jouer sur la frontière entre fiction et réalité, réaffirmer le caractère inaliénable de l’œuvre littéraire et souligner le rôle central de l’auteur.
Geoffrey Pauly, « Le poète comme cortège de voix. Écrire et réciter la poésie dans l’œuvre de Jacques Roubaud »
L’article montre comment parviennent à cohabiter unité et morcellement du sujet. Chez Jacques Roubaud, la relecture et la réécriture, la citation et la récitation font surgir autant de voix qui accompagnent une résurrection du lyrisme placée sous le signe d’une nouvelle unicité. Sans dessiner de rupture mais en traçant au contraire des ponts d’inflexion en inflexion, la voix poétique se réapproprie les textes des siècles et auteurs qui l’ont précédée dans un but de construction créatrice.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-12593-8
- EAN : 9782406125938
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12593-8.p.0279
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/03/2022
- Langue : Français