Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Paysages littéraires. Nature, écologie, écocritique dans les littératures caribéennes
- Pages : 161 à 163
- Collection : Rencontres, n° 564
- Série : Littérature générale et comparée, n° 37
Résumés
Pauline Amy de la Bretèque et Natacha d’Orlando, « Introduction »
L’introduction revient sur les enjeux politiques, historiques et poétiques de la représentation des paysages caribéens. Elle propose une brève généalogie des imaginaires de la nature dans l’archipel, entre édenisation du Nouveau Monde, naturalisation de ses habitants, exploitation de ses ressources et « éro-touricisation » (Preciado, 2019) de ses beautés. Ces imaginaires mettent l’écrivain caribéen au défi d’une parole du paysage qui ne soit ni purement dysphorique ni vainement laudative.
Cécile Chapon, « Les déclinaisons de la “parole du paysage” dans l’œuvre d’Édouard Glissant. De la démesure à l’ancrage, du poétique au politique »
Il s’agit d’analyser comment le paysage caribéen devient au fil de l’œuvre d’Édouard Glissant non seulement le principe d’une poétique, mais aussi le ferment d’un nouvel imaginaire du monde aux implications politiques. D’abord, le paysage se constitue en archive alternative, contrastant avec les usages européens. Puis, la rêverie géographique et sonore sur ce qui relie les lieux du monde aboutit à une pensée de la communauté, où la préservation de la diversité est condition du devenir collectif.
Eva Baehler, « Du figuier maudit à la fleur de fougère. Patrick Chamoiseau et l’histoire naturelle des “isles françoises de l’Amérique” »
Au tournant du xviiie siècle, les voyageurs se sont efforcés d’inventorier la nature américaine selon une perspective exotique qui a durablement marqué les représentations du paysage antillais. Or dans certains de ses romans, plutôt que de s’en distancier complètement, l’écrivain martiniquais contemporain Patrick Chamoiseau compose avec la « chronique coloniale » pour élaborer une « poétique de l’émerveille ».
162Pauline Amy de la Bretèque, « Tempête dans une calebasse. Les vents de la créolisation dans Gardening in the Tropics d’Olive Senior »
Dans la poésie de Senior, les événements historiques s’articulent aux catastrophes naturelles ainsi qu’à une épistémologie de la nature. La forme de calebasse que revêt le poème d’introduction cristallise les tensions évoquées dans le recueil. Cet article étudie la représentation de ces tensions, de ces vents contraires qui donnent lieu à une créolisation culturelle. Il trace ainsi un parallèle entre le renouvellement incessant de la nature et la créolisation qui a lieu dans la Caraïbe.
Orane Onyekpe-Touzet, « Un langage pour écrire la nature dans Lucy de Jamaica Kincaid (1990) et L’Empreinte à Crusoé de Patrick Chamoiseau (2012) »
Dans Lucy de Kincaid et L’Empreinte à Crusoé de Chamoiseau, les représentations de la nature renvoient à l’histoire des dominations et à des questions de rapport au monde en tant qu’Autre. Ce chapitre conduit une étude comparée de ces deux textes autour du lien entre langage et rapport à la nature. Ainsi, il se penche à l’aide de l’écopoétique postcoloniale et des philosophies de Glissant et de Merleau-Ponty, sur les « poéthiques » (Lloze : 2017) de la nature qui s’en dégagent.
Giuseppe Sofo, « Le tremblement de la pensée et de l’écriture caribéenne »
Cet article vise à une compréhension du « tremblement » de l’écriture caribéenne qui traverse la littérature consacrée au tremblement de terre haïtien de 2010, pour considérer la relation entre le langage et la création littéraire dans l’archipel et la nature des îles, et pour aller vers une compréhension plus profonde de la valeur de la fragmentation et de ce « tremblement » de l’archipel qui n’est pas seulement géologique, mais qui appartient aussi à sa pensée et à sa parole.
Charlotte Laure, « “La liberté pousse dans la forêt”. Enracinement d’une généalogie marronne dans Monsieur Toussaint d’Édouard Glissant »
Cet article s’intéresse aux paysages haïtiens évoqués dans la pièce Monsieur Toussaint d’Édouard Glissant. Ces paysages sont marqués à la fois par les violences 163esclavagistes et les luttes de résistance des esclaves marrons. Présentés sous forme de fragments, ils offrent des moyens de se dissimuler tout autant que des réseaux de signes permettant de communiquer. Ainsi la pièce ne célèbre pas le seul héros éponyme mais constitue une généalogie de résistances dont il est l’héritier.
Caroline Soukaï, « “À toute géographie torturée” : pour une mise en abyme des mémoires empêchées. Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau »
Le paysage dans les œuvres d’Édouard Glissant et de Patrick Chamoiseau s’impose comme un personnage actif, réceptacle mais surtout témoin des Histoires qui ont marqué le lieu fondamental : l’île. Ce lieu, à partir duquel se déploie la praxis poétique, exhibe la mémoire raturée qu’il s’agit d’énoncer. Glissant et Chamoiseau, par l’exploration des traces tourmentant leur paysage insulaire, instaurent cette « géographie torturée » en tant qu’instance à l’origine de la mythologie antillaise.
Carla C. Francisco, « La sucrerie paysagère. Les illustrations d’Histoires générales des Antilles, de Jean-Baptiste Du Tertre, et l’engenho brésilien de Frans Post (1650-1670) »
Cet article propose une analyse de l’illustration de la sucrerie insérée dans l’Histoire Générale des Antilles (1667), de Jean-Baptiste Du Tertre et de l’œuvre du peintre néerlandais, Frans Post, Un moulin à sucre tourné par une petite rivière (ca. 1650). L’objectif de l’article est d’observer comment la représentation de la sucrerie et de la figure de l’esclavisé constitue des éléments de lisibilité et de reconnaissance politique du paysage colonial dans la culture visuelle atlantique.
Pauline Amy de la Bretèque et Natacha d’Orlando, « Conclusion »
La conclusion de cet ouvrage revient sur la manière dont les différents chapitres contribuent à l’exploration des enjeux esthétiques, politiques et historiques des représentations des paysages caribéens. Elle examine ensuite l’apport écocritique de ce volume au sein des études caribéanistes. Elle propose enfin une ouverture sur de futures réflexions qui verront peut-être le jour à la suite de cet ouvrage.
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- ISBN : 978-2-406-14389-5
- EAN : 9782406143895
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14389-5.p.0161
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/03/2023
- Langue : Français