Chronologie Karl Gutzkow (1811-1878) et son temps
- Publication type: Book chapter
- Book: Passé et Présent. 1830-1838
- Pages: 11 to 16
- Collection: World Literature, n° 48
Chronologie
Karl Gutzkow (1811-1878) et son temps
1811 |
Le 17 mars, naissance à Berlin, dans un milieu modeste, de Karl Ferdinand Gutzkow. Son père, un Pomméranien très respectueux de l’ordre établi, était palefrenier à la Cour. |
1813-1815 |
Guerres antinapoléoniennes « de libération » (Befreiungskriege). |
1815-1820 |
Congrès de Vienne en 1815 ; fondation de la Confédération germanique avec ses trente-six États : villes libres, États absolutistes (Autriche et Prusse surtout), et États dotés, de 1815 à 1820, de constitutions par ordres sociaux (ständische Verfassungen) ou représentatives (konstitutionelle Verfassungen ou Konstitutionen) du type de la Charte française de 1815, surtout la Bavière, le Wurtemberg et le Bade. |
1818 |
Fondation à l’université d’Iéna de la première Association générale des étudiants allemands, Allgemeine deutsche Burschenschaft, en abrégé Burschenschaft, qui substitue une perspective d’unité nationale aux structures particularistes et géographiques des anciennes corporations. |
1819 |
Décrets confédéraux dits « de Carlsbad » : censure a priori et a posteriori (Vor- und Nachzensur) de la presse et de l’édition, contrôle des universités et interdiction de la Burschenschaft et surveillance des délibérations et décisions des assemblées des États constitutionnels. |
1821-1829 |
Gutzkow lycéen à Berlin. |
1821-1830 |
Guerre d’indépendance grecque contre l’Empire ottoman, avec soutien des philhellènes européens, dont certains illustres : Byron1. Reconnaissance internationale de la Grèce indépendante en 1830. |
1829 |
Gutzkow, étudiant à Berlin, s’intéresse aux cours de Hegel et de Schleiermacher en philosophie. |
12
1830 |
Le 3 août à Berlin, Gutzkow reçoit des mains de Hegel le prix de la faculté de philosophie pour son mémoire sur Les Dieux du destin (De diis fatalibus). La nouvelle de la révolution de Juillet détermine son orientation politique, celle d’un libéralisme à tendance démocratique, voire révolutionnaire. |
1830-1832 |
Troubles dans certains États allemands et italiens et dans la zone d’occupation russe de la Pologne (centrale et orientale), distincte des zones prussienne (occidentale : Posnanie surtout) et autrichienne (méridionale : Galicie surtout). La Belgique se sépare du royaume des Pays-Bas sous l’impulsion de sa bourgeoisie libérale francophone. |
1831 |
Mort de Hegel. Gutzkow publie à Berlin une éphémère revue littéraire2, Forum der Journal-Literatur. En novembre, il quitte Berlin pour Stuttgart à l’invitation de Wolfgang Menzel, directeur du supplément littéraire (Literaturblatt) de l’important Morgenblatt du grand éditeur Cotta. À Stuttgart jusqu’au printemps 1832, Gutzkow s’initie à la politique locale, nettement plus libre qu’en Prusse. |
1832 |
En mai, grande fête des libéraux et démocrates allemands à Hambach, en Palatinat bavarois, en faveur de l’unité nationale et de la liberté politique, en présence de délégations étrangères (Belgique, Pologne, Grèce, Italie, France, etc.). En juin et juillet, décrets confédéraux répressifs renforçant ceux de 1819. En août, publication anonyme par Gutzkow des Lettres d’un fou à une folle (Briefe eines Narren an eine Närrin), interdites en Prusse dès octobre. Börne loue leur républicanisme [Börne, t. III, p. 598-599]. Publication anonyme de deux articles de Gutzkow : l’un sur les conditions d’une constitution prussienne et l’autre sur la prochaine session, en janvier 1833, de la la Chambre basse de la Diète wurtembergeoise, élue en décembre 1831 et à majorité libérale et radicale. |
1832-1833 |
Gutzkow étudiant en droit à Heidelberg. |
1832-1845 |
Publication des cours de Hegel, de sa correspondance et de divers documents par une association rassemblant ses collègues, amis et étudiants. |
13
1833 |
À Munich, Gutzkow fait la connaissance du journaliste August Lewald, du futur éditeur de Wally la sceptique (Wally die Zweiflerin) Zacharias Löwenthal et de l’écrivain et journaliste Heinrich Laube. En novembre paraît son roman Maha Guru. Histoire d’un dieu (Maha Guru. Geschichte eines Gottes). |
1834 |
Séjour à Leipzig en janvier-février dans l’entourage de Laube. De mai à l’été, à Hambourg, Gutzkow fait la connaissance de l’éditeur Campe et de Wienbarg. Septembre-octobre : retour à Stuttgart et publication dans la Gazette d’Augsbourg de ses Caractères publics (Öffentliche Charaktere), dont des portraits de Chateaubriand et d’Armand Carrel. Une union douanière (Zollverein), esquissée dès 1828, s’organise autour de la Prusse. Fondation à Paris par des exilés politiques allemands de la Ligue des Bannis (Bund der Geächteten). |
Janvier-août 1835 |
Gutzkow dirige à Francfort le supplément littéraire du Phönix. |
Février 1835 |
Contacts épistolaires avec Georg Büchner, dont Gutzkow publie La Mort de Danton (Dantons Tod) dans le Phönix, en en modifiant le texte afin d’éviter la censure. Gutzkow fait un compte rendu très favorable de la pièce dans le Phönix du 11 juillet et exprime sa fierté d’être le premier à citer élogieusement Büchner. |
Avril 1835 |
Préface de Gutzkow à la réédition, aussitôt interdite en Prusse, des Lettres confidentielles de Schleiermacher sur la Lucinde de Friedrich Schlegel. |
Août 1835 |
Gutzkow et Wienbarg annoncent une Deutsche Revue sur le modèle de la Revue des Deux Mondes en France. Menzel s’inquiète de cette concurrence possible. La revue est interdite en Prusse avec le roman de Gutzkow Wally la sceptique. |
11 septembre 1835 |
Article de Menzel sur Wally comme roman immoral et antichrétien. |
14 novembre 1835 |
Interdiction des écrits passés et à venir de la Jeune Allemagne (Gutzkow, Laube, Mundt et Wienbarg) en Prusse. Une procédure judicaire est ouverte contre Gutzkow à Mannheim (Bade), lieu d’édition de Wally. |
10 décembre 1835 |
Interdiction dans la Confédération germanique des écrits de la Jeune Allemagne, le nom de Heine étant ajouté aux quatre précédents. Confusion, parfois volontaire, chez les autorités |
14 |
et dans la presse, entre la Jeune Allemagne littéraire, paradoxalement constituée par son interdiction, et un mouvement clandestin du même nom fondé en Suisse en 1834 par des exilés allemands sur le modèle de la Jeune Italie de Mazzini, ensuite fondateur d’une Jeune Europe. Autre élément de confusion, en 1835, dans le premier tome de La Vie de Jésus (Das Leben Jesu) de David Friedrich Strauß, la réduction du Christ et de son environnement à des mythes sans fondement historique paraît recouper les positions de la Jeune Allemagne sur le christianisme, la « libération de la chair » et l’émancipation féminine, inspirées par les romans de George Sand et une partie du saint-simonisme. |
1836 |
Le 13 janvier, condamnation de Gutzkow à un mois de prison pour « atteinte à la religion chrétienne et aux bonnes mœurs ». Juillet : il épouse Amalie Klönne. En prison, il écrit son ouvrage Sur la philosophie de l’histoire (Zur Philosophie der Geschichte). Il publie ensuite un essai Sur Goethe au tournant de deux siècles (Über Goethe im Wendepunkte zweier Jahrhunderte) et des Contributions à l’histoire de la littérature contemporaine (Beiträge zur Geschichte der neuesten Literatur), réunissant des articles de presse antérieurs. |
1837 |
Gutzkow dirige le Frankfurter Telegraph. Sous le nom d’un écrivain anglais, Bulwer-Lytton, il publie Les Contemporains (Die Zeitgenossen). En octobre, il rencontre à Berlin Karl August Varnhagen von Ense et Bettina von Arnim, née Brentano. |
1837-1842 |
Dans le conflit entre l’État prussien et l’archevêque de Cologne, Mgr Droste-Vischering sur la question des mariages mixtes, dans lesquels la législation prussienne, favorable à la religion du père, avantageait la partie protestante – de nombreuses jeunes rhénanes catholiques de condition modeste épousaient des fonctionnaires ou militaires originaires des provinces de l’Est et luthériens –, Gutzkow, comme la gauche hégélienne (Arnold Ruge), soutient l’État prussien, supposé « éclairé », contre le catholicisme, supposé « obscurantiste ». En mars 1838 paraît son pamphlet Le Bonnet rouge et la Capuche du capucin (Die rothe Mütze und die Kapuze) contre Joseph Görres, ancien « jacobin » rhénan passé, à Munich, au catholicisme ultramontain, favorable au pouvoir absolu du Pape. De 1840 à 1842, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, poussé par son entourage favorable à un État « germano-chrétien » et soucieux d’un accord entre les diverses confessions chrétiennes |
15 |
face aux libéraux et aux démocrates, met fin au conflit dans un sens plutôt favorable au catholicisme, en lien avec le projet d’achèvement de la cathédrale de Cologne. |
1838 |
À Hambourg jusqu’en 1842, Gutzkow dirige le Telegraph für Deutschland de Campe. Parmi ses collaborateurs : le poète Herwegh et le jeune Engels, âgé de dix-neuf ans en 1839. De février à avril, dans Destins d’elfes littéraires (Literarische Elfenschicksale), il tourne en dérision Theodor Mundt et Gustav Kühne. Il publie un roman pédagogique, Blasedow et ses fils (Blasedow und seine Söhne) et un nouveau recueil d’articles, Dieux, héros et Don Quichottes (Götter, Helden, Don-Quixote) ; les « dieux » sont Shelley, Büchner et Grabbe ; parmi les « héros », Heine, Mundt et Laube et, chez les « Don Quichottes », le philosophe Steffens. |
1839 |
En avril, paraît le premier et unique numéro des Annales de la Littérature (Jahrbuch der Literatur) chez Campe, avec l’article dont la traduction est proposée ici. Conflit de Gutzkow et Campe avec Heine au sujet de la parution censurée, selon Heine, dans ce numéro, de l’article de Heine « Le miroir des Souabes » (Der Schwabenspiegel) sur l’école lyrique souabe. Juin-août : Gutzkow est à Francfort en vue d’une biographie, à paraître chez Campe, de Börne, décédé à Paris en 1837. Heine prépare lui aussi, et chez le même éditeur, une biographie de Börne. |
1840-1841 |
La montée de Frédéric-Guillaume IV sur le trône de Prusse relance l’espoir des libéraux en une évolution constitutionnelle de la Prusse facilitant l’union avec les États constitutionnels allemands. Crise franco-allemande à propos du Rhin. Répression de l’hégélianisme et du jeune-hégélianisme dans les universités prussiennes : renvoi de Bruno Bauer à Bonn et appel en 1841 de Schelling et de Stahl à l’université de Berlin afin d’y combattre l’influence hégélienne. Début des succès de Gutzkow comme auteur de théâtre. Septembre : parution de la biographie de Börne par Gutzkow, peu après celle écrite par Heine. |
1842 |
Gutzkow à Paris, où il rencontre entre autres George Sand et Guizot. Parution de ses Lettres de Paris (Briefe aus Paris). |
Juillet 1843 |
Fin à la censure prussienne sur les œuvres de Gutzkow. |
16
1845-1852 |
Parution des Œuvres complètes (Gesammelte Werke) de Gutzkowen treize tomes chez Rütten, publication reprise dans les années 1870 [Gutzkow D1 et D2]. |
Mai 1845 |
Gutzkow à Vienne. |
Septembre 1845 |
À la suite de ses Impressions viennoises (Wiener Eindrücke) parues dans ses Gesammelte Werke, interdiction de celles-ci en Autriche et de toutes ses pièces au théâtre de la Hofburg à Vienne jusqu’en 1848. |
1846 |
Gutzkow directeur, metteur en scène et auteur du théâtre de la Cour de Dresde (Saxe) jusqu’en mai 1849. Gutzkow à Paris au printemps ; parution de ses Impressions parisiennes (Pariser Eindrücke). |
1848-1849 |
24 février 1848 : révolution en France. Mars : révolutions à Vienne, Budapest, Berlin, etc. Fin mars, Gutzkow publie un Appel aux Berlinois (Ansprache an die Berliner). 1er mai 1848 : élections au Parlement de Francfort, la candidature de Gutzkow à Berlin étant empêchée par le décès de son épouse. Gutzkow publie L’Allemagne à le veille de sa chute ou de sa grandeur (Deutschland am Voraben seines Falles oder seiner Größe). Le 3 avril 1849, Frédéric-Guillaume IV refuse, au nom du droit divin, la couronne impériale héréditaire proposée par le Parlement de Francfort. Mai-juillet 1849 : pour la mise en application de la Constitution du Reich, soulèvement en Saxe rapidement vaincu par une armée prusso-saxonne et soulèvement plus long, réprimé par l’armée prussienne, en Rhénanie prussienne, Bade et Palatinat bavarois. |
1850-1878 |
Polémiques de Gutzkow contre le réalisme littéraire et abandon progressif du théâtre au profit de volumineux romans idéalistes : Les Chevaliers de l’esprit (Die Ritter vom Geiste), Le Magicien de Rome (Der Zauberer von Rom) et Les Nouveaux Frères Sérapion (Die neuen Serapionsbrüder). Gutzkow publie ses souvenirs (1852 et 1875), dirige une revue familiale de large diffusion et assure un temps le secrétariat général de la Fondation Schiller. Ses dernières années sont assombries par un compréhensible délire de persécution et des tentatives de suicide. Le 16 décembre 1878, il est asphyxié par de la fumée dans sa chambre : accident ou suicide ? |
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-14208-9
- EAN: 9782406142089
- ISSN: 2261-5911
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-14208-9.p.0011
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-04-2023
- Language: French