Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Narrations fabuleuses. Mélanges en l’honneur de Mireille Huchon
- Pages : 1125 à 1143
- Collection : Rencontres, n° 538
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 119
Résumés
Jean Vignes et Isabelle Garnier, « Nomen omen »
Lire, relire, relire encore le clinicien couillu, le curé rieur ? Ou le récrire ici en mireluchon ? Chiche ?
Marie-Luce Demonet, « Rabelais moinillon à la Baumette : retour sur une hypothèse »
Il s’agit de voir ce que l’hypothèse d’un séjour du jeune Rabelais au couvent des franciscains observants de La Baumette près d’Angers changerait à notre connaissance de l’œuvre. Les bâtiments du couvent et les livres qui restent de sa bibliothèque complètent des éléments biographiques qui ne sont pas tous légendaires. Ces données reposent la question du rapport que Rabelais établit entre ses références angevines, ses lectures et une fiction à la fois tributaire et indépendante de la réalité.
Richard Cooper, « Rabelais et la Bataille des Vins »
En 1537, Dolet et Charles Estienne publièrent leurs palmarès des vins français, suivis en 1549 par Jacques Gohory. Rabelais accuse une connaissance exhaustive des vins français, notamment des pays de la Loire, mais s’intéresse peu au Midi et à l’Île-de-France. L’enclos de la Dive Bouteille constitue une œnothèque qui reflète le désir politique de François Ier de planter à Fontainebleau et à Coucy-le-Château une espèce de conservatoire national des meilleurs cépages du royaume et de l’étranger.
Isabelle Pantin, « Les marques de division du texte dans les premières éditions de Rabelais »
En s’appuyant sur les travaux de Mireille Huchon, Henri-Jean Martin a noté la « modernité » de la « mise en texte » des éditions de Rabelais dans 1126les années 1530-1540, notamment par leur usage des paragraphes. Après une étude générale des divisions du texte dans divers genres de romans, à la même période, cet article décrit la façon dont Rabelais a adopté et adapté, pour en tirer des effets singuliers, des pratiques typographiques alors connues dans les ateliers.
Claude La Charité, « Rabelais et la censure “latiale”. Éléments pour une typologie des orthographica rabelaisiens en néo-latin »
Dans le prolongement de la « censure antique » étudiée par Mireille Huchon dans Rabelais grammairien (1981), cet article se veut une contribution à une typologie des spécificités rabelaisiennes en matière d’orthographica dans l’édition de corpus néo-latins afin de permettre à terme l’identification éventuelle d’autres éditions publiées à l’enseigne du griffon, voire chez d’autres imprimeurs, où Rabelais serait intervenu sans signer son travail de son nom, de sa devise ou de sa marque d’éditeur.
Aya Iwashita, « Quelques notes sur le palais Farnèse de Caprarola et l’abbaye de Thélème »
Dans l’ensemble des sources de l’abbaye de Thélème évoquées par certains travaux de recherche, le palais Farnèse de Caprarola a une caractéristique formelle remarquable, le nombre de ses angles. Si l’on tient compte de la datation du premier Gargantua, de la période du projet de construction du palais, entrepris par Paul III, et de la date des voyages en Italie de Rabelais, on peut envisager l’hypothèse d’une influence italienne sur la construction de l’architecture rabelaisienne.
Raphaël Cappellen, « Les éditions rouennaises du Disciple de Pantagruel (1544-1547). De l’art ingrat du stemma »
Cet article étudie l’histoire des trois éditions du Disciple de Panurge parues à Rouen, entre 1544 et 1547, sous les titres de Bringuenarilles et de LaNavigation du compaignon à la Bouteille. Cette étude permet notamment de mieux connaître la manière dont les libraires Robert et Jean Du Gort ont constitué leur riche fonds de bois gravés, en faisant copier le matériel de Denis Janot.
1127Geneviève Guilleminot-Chrétien, « Chrétien Wechel, Rabelais et le Tiers livre »
En 1546, Rabelais confie le Tiers livre à Chrétien Wechel un libraire parisien aux liens étroits avec le monde germanique et les courants réformés. Il a obtenu un privilège royal et publie son nouvel ouvrage à compte d’auteur. L’examen des lettrines et de la mise en page laisse voir d’importantes variantes avec les pratiques habituelles de l’atelier de Wechel et permet de supposer une intervention directe de Rabelais dans un ouvrage qui reste à l’écart de la politique éditoriale de Wechel.
Jean Céard, « Un grand médecin contemporain de Rabelais. Jean Fernel, auteur du De abditis rerum causis »
Publié pour la première fois en 1548 et revu en 1551, l’ouvrage de Jean Fernel sur les causes cachées des choses constitue la clé de son œuvre médicale. Ce dialogue mettant en scène trois personnages, le voyageur Brutus, l’étudiant en médecine Philiatre et le savant Eudoxe, s’attache à interpréter l’oracle d’Hippocrate affirmant qu’il y a quelque chose de divin dans les maladies. Il fournit au médecin l’occasion de formuler son adhésion au panthéisme, selon lequel, dans la nature, tout est lié.
Franco Giacone, « Une nouvelle interprétation tirée du Quart Livre de François Rabelais à la suite de ses voyages en Italie comme médecin de Jean Du Bellay »
Rabelais, lors de ses voyages en Italie, s’est-il vraiment arrêté à Florence ? C’est l’avis d’un certain nombre de critiques qui se fondent sur la description donnée de la ville dans le Quart Livre (épisode de Bernard Lardon). Mais le caractère approximatif de celle-ci peut suggérer le contraire, en particulier la surprise manifestée devant la structure du Duomo, pourtant bien représentée à cette époque en Italie, ou encore l’absence d’allusion à l’immense coupole de Brunelleschi.
Olivier Pédeflous, « Un lecteur de Pantagruel à Toulouse (ca 1565) »
Le présent article analyse le petit recueil que s’était constitué un étudiant en droit à Toulouse dans les années 1560, connu grâce à un bref memorandum de sa main : il possédait en particulier une édition de Pantagruel. Les attestations de la présence des œuvres de Rabelais dans les bibliothèques contemporaines sont rares – qui plus est dans la ville qui avait brûlé Jean de Caturce – et celle-ci était restée inconnue de Marcel de Grève.
1128Christine Arsenault, « Rondibilis, ou la misogynie supposée de Rabelais »
Paru en marge de la Querelle des femmes, le Tiers livre (1546) de Rabelais met en scène un débat paradoxal sur le mariage, agrémenté de moqueries anti-féministes répondant au goût de l’époque. Or, la seule argumentation de Rondibilis a attiré à l’auteur une réputation durable de misogyne. L’étude de quatre ouvrages pararabelaisiens de la seconde moitié du xvie siècle met en lumière les phénomènes intertextuels ayant contribué à l’association de Rabelais avec l’opinion tranchée de son personnage.
Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Visages de Panurge (xvie-xixe siècle). Aux marges des genres »
En imitant le portrait de Panurge, du xvie au xixe siècle, Aneau et Du Fail, Bruscambille et Scarron, Nodier, Balzac et Gautier explorent les marges des genres institués dans les genres narratifs qu’ils réinventent, dans le propos rustique, l’histoire fabuleuse, le boniment théâtral, le roman comique, le pastiche et le roman de cape et d’épée. Ils voient notamment en Panurge un modèle d’axiologie contrariée, une promesse d’écriture agissante et l’expression du rêve d’un ailleurs linguistique.
Sylvain Menant, « Aspects d’une poétique rabelaisienne dans La Pucelle d’Orléans »
Voltaire porte des jugements très sévères sur l’œuvre de Rabelais, toute opposée à ses principes esthétiques. Mais une analyse de son épopée parodique, La Pucelle, montre qu’il exploite des ressources littéraires proches de celles de Rabelais, comme le souligne une comparaison avec une autre épopée parodique exactement contemporaine, Ververt de Gresset.
Anna Ogino, « La vie très horrifique de Gargamerde. Une lecture morosophe de Gargantua »
C’est un dialogue fictif entre l’auteur et Gargamerde, personnification de la matérialité du corps humain. Ensemble, ils tentent de relire Gargantua pour y trouver des scènes où les représentants d’un corps qui s’ouvrent (d’abord Gargantua puis frère Jean) s’affrontent aux « diables », calomniateurs à l’esprit fermé qui finissent dépecés tant au plan mythologique que concret. Enfin, les 1129deux amis analysent les descriptions anatomiques de Rabelais qui introduit l’éternel présent dans le texte.
François Cornilliat, « “Cautelles et ruzes” chez Bouchet et Rabelais. Panegyric, Pantagruel, Gargantua »
Reconnaissant Louis de La Trémoille, décrit par le Panegyric de Bouchet, en filigrane du Panurge de Pantagruel, Mireille Huchon voit dans ces personnages deux figures du « rusé » : nous développons le parallèle. Bouchet puise dans ses sources (Patrizi, Platina) les garanties éthiques qui distinguent la cautelle de la panurgie ; mais après avoir embrassé joyeusement celle-ci, Rabelais change de ton dans Gargantua, où Frère Jean pratique une forme de ruse plus digne du « Chevalier sans reproche ».
Christophe Clavel, « Rabelais entre deux siècles : un enchanteur désenchanté »
Dans la Panhypocrisiade, Lemercier construit de Rabelais un portrait composite et à certains égards singuliers. Les Géants sont placés sous les feux de la critique des « rois démovores » ; les obscénités de son style sont réévaluées ; l’allégorie, en particulier celle de Gaster, trahit le dépit de Rabelais sur la condition humaine. Qualifier Rabelais d’« enchanteur » ou de « magicien » est motivé par une conception satirique de l’allégorie, comme mythologie démythifiante.
Bernd Renner, « “Toutesfois pas demourer là ne fault”. Voile facétieux, rhétorique et provocation dans le prologue de Pantagruel »
Cette étude propose de considérer le prologue du Pantagruel comme un subtil exercice rhétorique qui viserait à pousser les lecteurs à s’émanciper de l’autorité absolue du narrateur dominant, tentative qui annonce déjà les démarches raffinées du chef-d’œuvre programmatique que sera le prologue du Gargantua. Les insultes finales et le voile facétieux servent de masque efficace à la stratégie sério-comique de l’auteur-narrateur.
Nicolas Le Cadet, « Le topos des vestiges du géant dans Pantagruel »
Dans la lignée des chroniques gargantuines, le narrateur de Pantagruel mentionne pas moins de vingt-quatre traces laissées derrière lui par le géant éponyme. 1130Elles sont concentrées dans trois chapitres, situés aux deux extrémités du livre (chap. iiii, v et xxxiii). Loin de se contenter de puiser dans une tradition jugée populaire par une partie de la critique, Rabelais propose un traitement original du topos, qui éclaire les enjeux génériques, poétiques et politiques de Pantagruel.
François Roudaut, « Du père au fils, et retour (Pantagruel, viii) »
L’article propose un commentaire, dans le cadre de l’histoire des idées, de trois thèmes (générations, image, mémoire) qui jouent un rôle important dans la lettre de Gargantua à Pantagruel (Pantagruel, chapitre viii).
Frank Lestringant, « Questions sur la géographie de Rabelais. À propos de Pantagruel »
Sur quel fond de carte les fictions de Rabelais se déroulent-elles ? Alors que Gargantua, et en particulier la guerre picrocholine, se déploient à l’échelle topographique ou chorographique de plans régionaux, que le Quart Livre appréhende la mappemonde avant de se perdre dans le semis d’îlots d’un Insulaire septentrional, le Pantagruel,par instants, se rattache à des cartes, mais dessine une géographie malléable, souple, incertaine, inconsistante, qui finit par se dissoudre dans le rire.
Bruno Pinchard, « Les non-lieux de Francesco di Nianto »
Cet article traite du problème de l’espace chez Rabelais, en le reliant à l’idée de non-lieu qui s’attache à la notion d’Utopie. Partant de Thomas More, mais aussi d’Érasme comme du fictif « Francesco di Nianto », il montre que l’espace chez Rabelais appartient à la catégorie des impossibilia, et que c’est depuis cette négation des espaces naturels et euclidiens que les grandes catégories de l’imaginaire rabelaisien se déploient, comme l’Antiphysie, l’Anti-Parnasse, le Rebours et les Averlans.
Diane Desrosiers, « “An muri faciendi”. Les progymnasmata dans le Pantagruel de Rabelais »
Parmi les exemples convenus de « causes » dans les exercices rhétoriques préparatoires à la déclamation, la construction des murailles (an muri faciendi) constitue l’un des modèles que donnent les manuels de progymnasmata et un 1131sujet privilégié de l’œuvre rabelaisienne. Les considérations et exempla formulés dans les traités rhétoriques permettent de jeter un nouvel éclairage sur le chapitre du Pantagruel consacré aux murailles de Paris.
Edwin Duval, « Le dessein du Gargantua de Rabelais ? »
À la différence des trois livres de Pantagruel, l’unique livre de Rabelais consacré au père du héros (le Gargantua) ne possède pas une congruence absolue de forme et de fond qui serve à résoudre toutes les apories apparentes du livre et à en garantir le sens. Il s’agira ici de démontrer cette absence surprenante de « dessein » en comparant le Gargantua au Pantagruel, et de tenter une explication et même une interprétation des incohérences formelles et idéologiques qui en résultent.
Romain Menini, « Sur le collier de Gargantua (et deux ou trois autres gemmes) »
Parmi les nombreuses gemmes évoquées dans Gargantua, quelques pierres vertes se signalent. L’article élucide certains secrets du sertissage textuel de Rabelais, en particulier celui du jaspe vert que le jeune géant porte en amulette (chap. viii). Entre autres « fines pierreries », les émeraudes retiennent aussi l’attention. Rabelais offre à son lecteur un luxe d’érudition antiquaire, entre fantasme de collectionneur et jeu de piste philologique.
Olivier Guerrier, « “Consentir à la Déclamation” (Gargantua, ix-x) »
L’analyse et la confrontation des chapitres ix et x du Gargantua révèlent des illogismes et des aberrations ostentatoires, qui sont le propre de la « déclamation » telle que les humanistes la rénovent. En mettant en fiction de ce qui est déjà, dans la rhétorique, une manière fictive de discourir, Rabelais édicte, ici dans l’ordre de la fantaisie intellectuelle, les critères du monde qui est celui de son œuvre, et qui requièrent le plein assentiment du lecteur.
François Rigolot, « La guerre des mots chez l’auteur pacifiste du Gargantua »
Dans son admirable biographie de Rabelais, Mireille Huchon a montré que le Gargantua est une apologie de la politique royale fondée sur la conciliation. On s’interrogera ici sur le sens de ce thème lorsqu’il est traité par le comique verbal (Gargantuaxxv). Les idées de l’humaniste érasmien 1132sont alors inséparables du langage qui les transmet et l’insulte devient la première salve verbale d’une guerre qui durera vingt-cinq chapitres – presque la moitié du Gargantua.
Pierre Johan Laffitte, « La scène intenable au cœur de toute rencontre par-delà le principe de curiosité (Quart Livre, lxvi-lxvii) »
Qu’est-ce qu’une rencontre ? Comment intégrer « la part de l’autre » dans la construction d’une identité, de l’hétérogène dans le fil d’une existence ? Qu’engendre-t-elle en vérité ? Pantagruel n’accostant pas, mais demeurant face à Ganabin, dernière île du Quart Livre, propose un mythe : annulant le principe narratif de curiosité, l’autre, inabordé ou inabordable, met le pèlerin en demeure d’affronter sa propre angoisse, motrice de tout récit, fonction de vérité au cœur de toute quête.
Gilles Polizzi, « “Pantagruel-Alexandre”. Du pseudo-Callisthène à la genèse du Quart Livre »
Consacrée à la légende d’Alexandre, proposée comme le principal modèle narratif du Quart Livre, cette contribution revient sur l’hypothèse formulée, dès 1994, par Mireille Huchon, qui référait le récit aux Argonautiques orphiques. Le parallèle avec le modèle « alexandrin » valide et prolonge sa lecture. L’inventaire des « alexandrinismes » rabelaisiens, notoires, discrets, allusifs, éclaire aussi trois lieux (Medamothi, le manoir de Gaster, Thélème) et deux figures, Quaresmeprenant et Panurge.
Paul J. Smith, « Rabelais ichthyologue »
L’ichthyologie joue un rôle important, mais méconnu, dans l’œuvre de Rabelais, notamment dans les Quart et Cinquiesme Livre (le poisson volant, les poissons servis au banquet de Gaster, le monstrueux physétère, et les ichthyologues disciples d’Aristote). Le présent article étudie ce sujet dans ses rapports d’intertextualité avec les ouvrages d’histoire naturelle de Pierre Gilles, de Guillaume Rondelet, de Pierre Belon et de Charles Estienne et avec le Triumphe des Vertuz de Jean Thenaud.
1133Daniel Ménager, « Rabelais et la philosophie de l’étonnement »
L’idée d’étonnement est au cœur de l’œuvre rabelaisienne. Mais il faut bien distinguer l’étonnement du philosophe des ébahissements du peuple. Bien représenté par Pantagruel et les plus curieux de ses amis (dont fait partie le narrateur), il est la conséquence réflexive des merveilles du monde. Il prélude à la recherche, à l’« inquisition ». Parfois, notamment dans le Cinquiesme Livre, elle est proche de l’extase. C’est dire que la recherche rabelaisienne n’exclut pas l’émotion religieuse.
Mathieu Ferrand, « La place du français dans l’enseignement de la langue latine. Exemples des collèges parisiens au début du xvie siècle »
Au début du xvie siècle, des statuts de collèges parisiens interdisent tout recours aux langues vernaculaires. Mais le latin des étudiants est bien éloigné du modèle antique et dans les classes certains professeurs ont eu recours au français comme outil d’apprentissage d’une langue latine riche et correcte. À travers l’étude d’un manuel de conversation et d’un recueil de thèmes latins, notre article se propose d’illustrer cet aspect méconnu de la pédagogie humaniste.
Jean-Dominique Beaudin, « Rabelais latiniste. La proposition infinitive latinisante »
Ce tour savant, caractéristique du moyen français, est étudié selon trois axes, essentiellement dans le Quart Livre : l’ampleur exacte du phénomène – qui mérite d’être relativisée –, la structure de cette proposition – qui diffère par son verbe, généralement d’état, de la variété observable en latin classique –, et les enjeux rhétoriques et littéraires de cette construction qui se veut solennelle et sentencieuse. Rabelais ne cède donc pas à une mode linguistique, mais en fait un usage original.
Daniele Maira, « Adoucir la rudesse des ancêtres. Italianisation et efféminement dans les Deux dialogues d’Henri Estienne »
Dans les Deux dialogues du nouveau langage françois italianizé (1578) d’Henri Estienne, le discours « patriotique » sur l’identité linguistique du français et sur les mœurs à la cour se (dé)construit à partir d’images stéréotypées sur la virilité. Si toute mollesse masculine doit être évitée, l’assouplissement du masculin est au contraire recommandé. Les positions des trois interlocuteurs font ressortir les fluidités relatives à la question de la langue et des masculinités rudes et efféminées.
1134Jean Balsamo, « Montaigne danseur. Note de lexicographie à propos de “J’ayme l’alleure poétique à sauts et à gambades” »
La formule « à sauts et à gambades » (Essais, III, 9) a servi à la critique pour caractériser le style de Montaigne. C’est une erreur qui néglige à la fois la riche intertextualité de l’expression (Rabelais, Arena, Tahureau, les traités italiens de la danse), et la lexicographie : la « gambade » dans son acception technique désigne un difficile pas de danse. En réalité, Montaigne célèbre la poésie et son pas rythmé, par rapport à laquelle il peut définir ironiquement son propre style naturel.
Blandine Perona, « “Mettre une bonne part des Langues entre les Œuvres de la Nature”. Oikeiosis et histoire de la langue dans l’œuvre de Marie de Gournay »
Dans les Essais, la métaphore du livre-enfant associée à l’utilisation du concept stoïcien d’oikeiosis fait de l’écriture un processus apte à faire survivre le propre d’un auteur. Marie de Gournay reprend cette métaphore, mais en faisant de la langue la fille de l’esprit. Selon elle, en prenant soin des œuvres du passé, bons lecteurs et bonnes lectrices font survivre l’ingenium qui est présent dans leur langue vigoureuse et participe ainsi à entretenir le « Génie » de la « nation française ».
Éliane Kotler, « Phrases figées et expressions proverbiales. Formes et emplois dans les pamphlets d’Agrippa d’Aubigné »
Après une mise au point terminologique et méthodologique, l’article dresse, selon des critères syntaxiques et sémantiques, un relevé des figures envisagées, où l’incomplétude des phrases figées s’oppose à l’autonomie des expressions proverbiales. Il en ressort qu’Aubigné joue avec les modèles préexistants, les distordant voire créant de toutes pièces des énoncés à allure de proverbe ; ces figures participent davantage du caractère ludique des pamphlets que d’un véritable dessein argumentatif.
Sabine Lardon et Marie-Claire Thomine, « La Notion de burlesque chez Richelet à la lumière de la langue de la Renaissance »
Après avoir observé l’apparition de l’adjectif burlesque dans la langue et la lexicographie françaises, l’étude se concentre sur quatre emplois burlesques (beat, besicles, boire à tire larigot et plier bagage) pour montrer comment 1135Richelet, dans son dictionnaire(1680), se démarque de ceux de Furetière et de l’Académie, en se montrant sensible à des emplois lexicaux stylistiquement connotés (comiques et/ou satiriques), inscrits dans une tradition littéraire marquée par l’influence de Rabelais.
Olivier Soutet, « La notion de synapse en linguistique. Portée et limites »
La contribution vise à rendre compte de la notion de synapse telle qu’elle est utilisée dans les travaux relevant de la psychomécanique du langage. Appliquée à des phénomènes observables en syntaxe et en morphologie, elle permet de dépasser l’opposition des axes syntagmatique et paradigmatique, centrale dans la tradition du structuralisme saussurien, mais que l’on gagne peut-être à relativiser.
Adeline Desbois-Ientile, « De Vénus à Minerve. Variations fictionnelles dans La Concorde des deux langages »
La Concorde des deux langages de Lemaire est une œuvre en trompe-l’œil : l’apparente symétrie construite entre les deux temples masque un fonctionnement allégorique profondément différent qui fait de l’œuvre un art poétique en acte. Le temple de Vénus, écrit « à la mode poëticque », apparaît comme l’exemplification de la « poésie » entendue au sens de fable mythologique, tandis que le temple de Minerve, lieu d’un minimalisme allégorique, incarne la littérature historique et morale.
Isabelle Garnier, « Des lettres de Guillaume Briçonnet au Miroir de l’âme pécheresse de Marguerite de Navarre. Regards genrés sur la condition féminine au xvie siècle »
Le Miroir de l ’ âme pécheresse de Marguerite de Navarre (1531) est nourri de sa correspondance avec Guillaume Briçonnet. Alors que l’évêque marie les idées novatrices de l’évangélisme aux fleurs de la doxa misogyne, l’autrice revisite la question de l’infériorité féminine. L’article, révélant un débat implicite entre eux sur les représentations de la femme, met en évidence un traitement inédit de la question féminine qui place Le Miroir en précurseur inattendu de L’Heptaméron.
1136Jean Lecointe, « La “narration frénétique” dans les œuvres d’Hélisenne de Crenne. Écriture paroxystique et dynamique du “roman sentimental” »
Les œuvres d’Hélisenne de Crenne font un usage hypertrophié des marques de soudaineté, à la faveur d’un double souci de variatio et de copia ;elles utilisent comme principal réservoir stylistique la traduction du Pérégrin de Caviceo par Dassy et la Conqueste de Trebisonde, qu’on est tenté d’attribuer à cet auteur, tout comme l’œuvre d’Hélisenne. Le procédé vise à accroître la tension dramatique, et à peindre un monde compulsivement assujetti au pouvoir de la Fortune.
Paola Cifarelli, « Formes et réformes. Autour du laboratoire poétique de Mellin de Saint-Gelais »
Le sonnet « Asseuré suys d’estre pris et lié » et le poème « Si j’eusse osay penser qu’en ce temps cy », imités de Pétrarque, furent composés par Mellin de Saint-Gelais autour de 1538-1539, époque à laquelle Marot publia les Six sonnets de Pétrarque. Dans ces vers, Mellin témoigne d’une volonté d’expérimenter des solutions capables d’hybrider le modèle italien par la tradition française. Le message véhiculé se révèle riche en résonances avec la poétique amoureuse de Marot.
Véronique Montagne, « Rhétorique de la (dé)nomination polémique chez Louis Meigret »
Dans les années 1540-1550, le discours sur la langue française est marqué par une polémique opposant Louis Meigret à Guillaume des Autels initiée par la parution du Traité touchant le comun usage de l’escriture francoise (1542) de Meigret. Dans ses différentes ripostes, Meigret adopte une posture énonciative surplombante face au jeune Des Autels en construisant une argumentation ad personam dans laquelle l’interlocuteur est raillé et fait l’objet d’un regard particulièrement ironique.
Élise Rajchenbach, « “Portant le nom aymé de l’eau”. Poétique du patronyme chez Charles Fontaine »
L’article éclaire un pan de la poésie de Charles Fontaine au prisme d’un phénomène récurrent dans la poésie du xvie siècle, le jeu de mots et la rêverie sur l’onomastique. Il montre comment le nom propre fonde une identité poétique centrée sur un imaginaire liquide empreint de fécondité, qui permet 1137de déterminer relations et amitiés poétiques. Enfin, l’image de la fontaine légitime le choix d’un style à même d’apaiser la soif spirituelle du lecteur comme de faire couler à flots les vers.
Rosanna Gorris-Camos, « “E tu bella e dolente Margherita”. Consoler Marguerite, nouvelle Marcia, de Claude d’Espence à Gabriel Simeoni »
L’article étudie deux consolations adressées à Marguerite de France après la mort de son père, le roi François Ier. Celle, en français, de Claude d’Espence, qui traduit les Tessaradecas consolatoria de Luther, est marquée par un christocentrisme commun à bien d’autres membres de la cour de la princesse. Celle, en italien, de l’exilé florentin Gabriele Simeoni vise plutôt à célébrer les vertus de son père et des siens, afin d’obtenir la faveur du nouveau roi.
Vân Dung Le Flanchec, « Scève et le Débat de Folie et d’Amour. Le sonnet “En grace du Dialogue d’Amour, et de Folie, euvre de D. Louïze Labé Lionnoize” »
La possibilité d’attribuer le Débat de Folie et d’Amour à Maurice Scève est abordée ici par une analyse détaillée du sonnet de Scève en l’honneur de Louïze Labé. L’implicite mais étroite relation entre les deux textes, jusqu’ici réputée problématique, est mise en lumière et expliquée. Ce sonnet se révèle ainsi comme le plus autorisé des commentaires métapoétiques, même sur Délie, et plus généralement, sur le but et la place de l’écriture poétique dans l’aventure spirituelle du poète.
Jean Dupèbe et Hélène Cazes, « Louise Labé et Sapho »
L’article étudie la comparaison des deux poétesses dans l’épigramme grecque anonyme qui ouvre les hommages à Louise Labé dans le volume de 1556, et les lectures qu’elle a suscitées, dans le contexte humaniste de l’établissement du texte grec. Il montre que les allusions à Sapho chez Labé s’appuient sur les Héroïdes d’Ovide, écarte certaines attributions (Henri Estienne, Muret) et situe ce poème dans le milieu du livre lyonnais, où la courtisane lettrée figure alors un modèle auctorial féminin.
1138Ruxandra Vulcan, « Étude rhétorique du dialogue Claire ou de la beauté de Louis Le Caron »
Le dialogue néo-platonicien à l’italienne sur la beauté, dans la petite académie sur laquelle règne la parfaite Dame de cour Claire, est ici envisagé du point de vue rhétorique, par la polyphonie qui dramatise la pluralité des opinions sur le beau et l’amour, philosophique, à travers les lieux dialectiques externes et internes qui nourrissent le débat – du beau physique au beau moral, jusqu’à la synthèse finale dans l’Un, l’Idée, et stylistique, à travers le style philosophique grave.
Dominique Bertrand, « Le masque du singe et le sucre de la facétie. Avatars d’une cure épicurienne de Bonaventure des Périers à Sorel »
Les histoires de singes chez Bonaventure des Périers et Sorel présentent des enjeux narratifs et satiriques différents. Elles convergent dans l’élaboration concertée d’un dispositif d’émancipation intellectuelle contre la sottise : ces deux textes mettent en place, sous le masque du singe, une rhétorique facétieuse cryptée qui revisite la topique lucrétienne du « remède sucré » et insinue un savoir naturaliste hétérodoxe.
Anna Carlstedt, « “Dont s’en suivrait l’entière ruyne de ce royaume…”. Stratégies rhétoriques de la tolérance : relecture d’une lettre à Catherine de Médicis sur les massacres de la Saint-Barthélemy »
À partir d’une lettre écrite par l’ambassadeur Arnaud du Ferrier à Catherine de Médicis juste après les massacres de la Saint-Barthélemy, cet article s’intéresse à la tolérance dans un contexte de guerre civile : comment procurer la concorde et la modération quand le monde se transforme en « théâtre de cruauté » ? Quelques liens seront aussi faits entre les réactions à ce massacre et à ceux commis aujourd’hui : serait-il possible d’en apprendre quelque chose ?
Philippe Desan, « De la gloire de son père à la gloire de son livre (Montaigne) »
Au fil de la rédaction des Essais, la gloire littéraire de Montaigne devient le succédané de la gloire de son père et de ses ancêtres. Il associe fréquemment gloire et réputation. La gloire est dans le nom même de sa famille, dénominateur commun à toutes les générations. Pour lui, le nom est en quelque sorte 1139la mémoire de l’homme, le seul signe durable de son passage sur terre. C’est dans cette consubstantialité idéalisée entre le nom et le livre qu’il trouvera sa propre gloire littéraire.
Gary Ferguson, « Apulée, Boccace, Marguerite de Navarre. Métamorphoses d’un ménage à trois du roman ancien à la nouvelle renaissante »
Trois auteurs (Apulée, Boccace, Marguerite de Navarre) ; les trois premières traductions du Décaméron en français ; trois personnages (un mari, une femme et un amant) qui ont des rapports sexuels. L’analyse des réécritures successives d’un épisode narratif grivois, tiré d’un roman ancien, démontre à quel point la métamorphose textuelle qui alimente le genre littéraire (re)naissant de la nouvelle se double d’une métamorphose des représentations du genre sexué et de la sexualité.
Jean-Charles Monferran, « Pragmatique de l’épître marotique. À propos des épîtres des Autres Œuvres faictes depuis l’eage de son Adolescence »
À partir d’un corpus marotique, l’article s’interroge sur la portée d’épîtres qui, pour être à l’origine envoyées éventuellement à un correspondant unique dans une visée bien précise, se retrouvent lues à la cour ou intégrées à un recueil. Il montre à quel point le sens de l’épître ne cesse d’évoluer selon les nouveaux contextes dans lesquels elle apparaît et les nouveaux publics qui en sont les destinataires – ce dont Marot, pleinement conscient, sait jouer.
Nora Viet, « Un farceur saxon au pays de Rabelais. Ulenspiegel, De sa vie, de ses œuvres »
L’article étudie la traduction française de la vie de Till Eulenspiegel, imprimée à Paris et à Lyon sous le titre Ulenspiegel, De sa vie, de ses œuvres (1531). Il confronte le style et la structure du texte français à ceux de la version allemande imprimée au début du siècle à Strasbourg par Johann Grüninger (1510). L’étude dégage de nouvelles pistes de réflexion sur la filiation des traductions européennes et inscrit le recueil français dans le répertoire des formes narratives des années 1530.
1140Trung Tran, « L’engin et l’artifice. Emblématique et poétique chez Guillaume de La Perrière »
À partir de l’analyse des liminaires du Theatre des bons engins (1540) et de la Morosophie (1553) de Guillaume de La Perrière, cet article montre comment ce dernier y dépose des éléments de théorisation d’une poétique de l’emblème. La conception que s’en fait l’auteur aboutit, d’un recueil à l’autre, à une valorisation de l’« artifice » comme signe essentiel de l’ingenium de l’emblématiste, en des termes résolument pré-conceptistes.
Pascale Mounier, « “Je chante les Dames, les Chevaliers, les Armes, les Amours”. Le roman et l’épique à la Renaissance : une refonte mutuelle »
Les sujets guerriers prolifèrent à la Renaissance dans différents genres. Pour ce qui est du domaine français, le roman et des formes que l’on peut qualifier d’« épiques » en tirent abondamment substance. Les discours réflexifs tenus sur l’épopée, le romanzo et le roman, d’un côté, et certaines expérimentations tentées par les écrivains, de l’autre, constituent des tentatives éparses de refonte mutuelle des divers types de narrations à action héroïque.
Philipp John Usher, « Médée à l’écrit et à l’écran. La tragédie selon Jean de La Péruse et Pasolini »
L’article procède à une lecture croisée de deux interprétations de l’histoire de Médée, l’une littéraire et renaissante, l’autre cinématographique et « moderne » : la Médée de Jean de La Péruse (une tragédie dite « humaniste », rédigée probablement en 1553 et publiée trois ans plus tard) et la Médée (1969) de Pier Paolo Pasolini. À travers leur comparaison, il s’agit de se demander en quoi, malgré tout ce qui les sépare, elles opèrent par le biais de la citation et surtout de la répétition.
Luc Vaillancourt, « De la lettre familière à la lettre de compliment. Métamorphoses épistolaires chez Étienne du Tronchet »
Cet article traite de la mutation de l’espèce « lettre familière » à la Renaissance, qui a permis à celle-ci d’accéder au statut de genre littéraire, voire de registre rhétorique à part entière.
1141Delphine Denis, « Romans saturniens (1600-1660) »
La mélancolie amoureuse frappe les héros masculins des « romans sentimentaux » du premier xviie siècle : elle en détermine la tonalité et en structure la poétique. Au tournant du siècle, dans la Clélie de Madeleine de Scudéry (1654-1660), la mélancolie change de nature. Devenue manière de ressentir, elle caractérise les femmes d’exception, seules disposées à véritablement aimer et être aimées. C’est ce parcours dont l’article retrace l’évolution, entre 1580 et 1660.
Tom Conley, « Jeux d’espace. Les bois gravés du Testament de Villon (Pierre Levet, 1489) »
Ressemblant à des cartes à jouer, les gravures sur bois dans la première édition imprimée du Testament instaurent un jeu d’espace complexe. Dans cet article, il s’agit de voir comment les bois compliquent la lecture tout en anticipant ce que remarque Mireille Huchon dans ses travaux sur Rabelais et Jean Bouchet.
Joëlle Ducos, « L’héritage médiéval dans les premiers imprimés d’astronomie. Typologie et recueil »
Malgré la rupture indéniable entre Renaissance et Moyen Âge, la pratique des éditeurs est loin de repousser dans le néant les œuvres médiévales. La production des imprimés en témoigne : même si les connaissances de la science évoluent et si les écrits changent de forme comme de modes de diffusion, la pensée médiévale continue à être diffusée. Les écrits d’astronomie, malgré les transformations théoriques, démontrent ainsi un intérêt réel pour ce qui, pourtant, est une pensée du monde d’avant.
Francesco Montorsi, « Pour un répertoire des pratiques de lecture au xvie siècle »
La Renaissance est une époque où se côtoient des formes concurrentes d’appropriation des textes (lecture privée, lecture collective, lecture oralisée, lecture silencieuse). En en offrant un échantillon d’exemples, cette contribution propose de mettre en place un répertoire des indices, littéraires et historiques, aptes à approfondir notre connaissance de ces pratiques de lecture.
1142Sophie Astier, « Robert Estienne et son roi. Un imprimeur au service de François Ier »
Robert I Estienne a occupé la charge d’imprimeur du roi pour le latin et l’hébreu, puis le grec. Peu à peu, Estienne met en place une relation de confiance avec François Ier, appuyé par l’expérience de ses prédécesseurs et par la protection de Guillaume et Jean du Bellay. Cela préfigure en grande partie la définition de la charge, si bien qu’il n’est sans doute pas innocent de voir Robert II Estienne, sous le règne suivant, être le premier à prendre le titre d’« imprimeur ordinaire du roi ».
Véronique Duché, « La mise en scène du pouvoir dans la Cronica Cronicarum (1521) »
Cet essai étudie la mise en scène de la monarchie française dans la Cronica Cronicarum,une luxueuse chronique universelle en rouleau imprimée en 1521. Il tâche de définir les enjeux tant politiques que didactiques de cet objet insolite par l’étude de sa mise en page et par la comparaison avec les éditions en codex publiées postérieurement (1532).
William Kemp, « Le caractère bâtard [B 70 mm] employé par François Juste, Pierre de Vingle et Denis Janot. La typographie française des années 1530 »
Rabelais a commencé sa carrière à Lyon entre 1531 environ et 1535 en publiant Pantaguel, Gargantua et la Pangrueline prognostication chez François Juste en lettres gothiques bâtardes. Mais d’où vient ce caractère ? Nous l’identifierons avec le bâtard employé par Pierre de Vingle à partir de 1530 et interrogerons ses relations avec un caractère fort ressemblant employé à Paris par Denis Janot au milieu des années 1530. Son origine parisienne nous semble, finalement, la meilleure des options.
Didier Kahn, « Les ateliers de fabrication de faux pseudo-paracelsiens. Quelques réflexions sur des travaux en cours »
On s’interroge ici sur la question des faux et des textes apocryphes, en se focalisant non sur Rabelais, mais sur les nombreux traités faussement attribués à Paracelse à partir du milieu du xvie siècle. On montre comment certaines de ces attributions étaient conçues comme des continuations, et non des falsifications. D’autres traités apocryphes parmi les plus célèbres se fonderaient (lit-on souvent) sur des brouillons de Paracelse, adaptés après sa mort : ce point est également traité ici.
1143Olivier Millet, « Représentation théâtrale, mémoire et poésie (Orléans, 1600). Le manuscrit Fugger (Vienne, Bibliothèque nationale) de l’anonyme Tragédie de Jeanne d’Arc (de Jean de Virey ou de François Berthrand ?) »
Un manuscrit de la Tragédie de Jehanne d’Arc, attribuée à Jean Virey (ou à François Berthrand), se trouve à la Bibliothèque nationale de Vienne. Le texte présente des variantes considérables par rapport à l’impression de 1600. Ce manuscrit correspond sans doute à une représentation donnée à Orléans pour les fêtes de la sainte en 1600 ; il témoigne de l’intérêt des jeunes Carl et Joannes Fugger, membres de l’illustre famille, présents alors à Orléans, pour notre théâtre et surtout pour la sainte.
Anne Reach-Ngô, « Les “thresors de gayeté”, le divertissement facétieux au service de la “conservation du corps humain” »
Le livret intitulé Jardin, recueil, tresor, abregé de secrets, jeux, faceties, gausseries, passetemps (1619) réunit de courts textes qui restituent des jeux de scène et de mots issus de la pratique facétieuse du bateleur Tabarin. L’article étudie les dispositifs de médiation éditoriale de ces petits chapitres qui rapportent toutes sortes de plaisanteries récréatives. Le recueil s’apparente aux Trésors de médecine qui ont contribué au succès du genre éditorial des Thresors à la Renaissance.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12714-7
- EAN : 9782406127147
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12714-7.p.1125
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 15/06/2022
- Langue : Français