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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Narrations fabuleuses. Mélanges en l’honneur de Mireille Huchon
  • Pages : 1125 à 1143
  • Collection : Rencontres, n° 538
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 119
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406127147
  • ISBN : 978-2-406-12714-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12714-7.p.1125
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 15/06/2022
  • Langue : Français
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Résumés

Jean Vignes et Isabelle Garnier, « Nomen omen »

Lire, relire, relire encore le clinicien couillu, le curé rieur ? Ou le récrire ici en mireluchon ? Chiche ?

Marie-Luce Demonet, « Rabelais moinillon à la Baumette : retour sur une hypothèse »

Il sagit de voir ce que lhypothèse dun séjour du jeune Rabelais au couvent des franciscains observants de La Baumette près dAngers changerait à notre connaissance de lœuvre. Les bâtiments du couvent et les livres qui restent de sa bibliothèque complètent des éléments biographiques qui ne sont pas tous légendaires. Ces données reposent la question du rapport que Rabelais établit entre ses références angevines, ses lectures et une fiction à la fois tributaire et indépendante de la réalité.

Richard Cooper, « Rabelais et la Bataille des Vins »

En 1537, Dolet et Charles Estienne publièrent leurs palmarès des vins français, suivis en 1549 par Jacques Gohory. Rabelais accuse une connaissance exhaustive des vins français, notamment des pays de la Loire, mais sintéresse peu au Midi et à lÎle-de-France. Lenclos de la Dive Bouteille constitue une œnothèque qui reflète le désir politique de François Ier de planter à Fontainebleau et à Coucy-le-Château une espèce de conservatoire national des meilleurs cépages du royaume et de létranger.

Isabelle Pantin, « Les marques de division du texte dans les premières éditions de Rabelais »

En sappuyant sur les travaux de Mireille Huchon, Henri-Jean Martin a noté la « modernité » de la « mise en texte » des éditions de Rabelais dans 1126les années 1530-1540, notamment par leur usage des paragraphes. Après une étude générale des divisions du texte dans divers genres de romans, à la même période, cet article décrit la façon dont Rabelais a adopté et adapté, pour en tirer des effets singuliers, des pratiques typographiques alors connues dans les ateliers.

Claude La Charité, « Rabelais et la censure “latiale”. Éléments pour une typologie des orthographica rabelaisiens en néo-latin »

Dans le prolongement de la « censure antique » étudiée par Mireille Huchon dans Rabelais grammairien (1981), cet article se veut une contribution à une typologie des spécificités rabelaisiennes en matière dorthographica dans lédition de corpus néo-latins afin de permettre à terme lidentification éventuelle dautres éditions publiées à lenseigne du griffon, voire chez dautres imprimeurs, où Rabelais serait intervenu sans signer son travail de son nom, de sa devise ou de sa marque déditeur.

Aya Iwashita, « Quelques notes sur le palais Farnèse de Caprarola et labbaye de Thélème »

Dans lensemble des sources de labbaye de Thélème évoquées par certains travaux de recherche, le palais Farnèse de Caprarola a une caractéristique formelle remarquable, le nombre de ses angles. Si lon tient compte de la datation du premier Gargantua, de la période du projet de construction du palais, entrepris par Paul III, et de la date des voyages en Italie de Rabelais, on peut envisager lhypothèse dune influence italienne sur la construction de larchitecture rabelaisienne.

Raphaël Cappellen, « Les éditions rouennaises du Disciple de Pantagruel (1544-1547). De lart ingrat du stemma »

Cet article étudie lhistoire des trois éditions du Disciple de Panurge parues à Rouen, entre 1544 et 1547, sous les titres de Bringuenarilles et de LaNavigation du compaignon à la Bouteille. Cette étude permet notamment de mieux connaître la manière dont les libraires Robert et Jean Du Gort ont constitué leur riche fonds de bois gravés, en faisant copier le matériel de Denis Janot.

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Geneviève Guilleminot-Chrétien, « Chrétien Wechel, Rabelais et le Tiers livre »

En 1546, Rabelais confie le Tiers livre à Chrétien Wechel un libraire parisien aux liens étroits avec le monde germanique et les courants réformés. Il a obtenu un privilège royal et publie son nouvel ouvrage à compte dauteur. Lexamen des lettrines et de la mise en page laisse voir dimportantes variantes avec les pratiques habituelles de latelier de Wechel et permet de supposer une intervention directe de Rabelais dans un ouvrage qui reste à lécart de la politique éditoriale de Wechel.

Jean Céard, « Un grand médecin contemporain de Rabelais. Jean Fernel, auteur du De abditis rerum causis »

Publié pour la première fois en 1548 et revu en 1551, louvrage de Jean Fernel sur les causes cachées des choses constitue la clé de son œuvre médicale. Ce dialogue mettant en scène trois personnages, le voyageur Brutus, létudiant en médecine Philiatre et le savant Eudoxe, sattache à interpréter loracle dHippocrate affirmant quil y a quelque chose de divin dans les maladies. Il fournit au médecin loccasion de formuler son adhésion au panthéisme, selon lequel, dans la nature, tout est lié.

Franco Giacone, « Une nouvelle interprétation tirée du Quart Livre de François Rabelais à la suite de ses voyages en Italie comme médecin de Jean Du Bellay »

Rabelais, lors de ses voyages en Italie, sest-il vraiment arrêté à Florence ? Cest lavis dun certain nombre de critiques qui se fondent sur la description donnée de la ville dans le Quart Livre (épisode de Bernard Lardon). Mais le caractère approximatif de celle-ci peut suggérer le contraire, en particulier la surprise manifestée devant la structure du Duomo, pourtant bien représentée à cette époque en Italie, ou encore labsence dallusion à limmense coupole de Brunelleschi.

Olivier Pédeflous, « Un lecteur de Pantagruel à Toulouse (ca 1565) »

Le présent article analyse le petit recueil que sétait constitué un étudiant en droit à Toulouse dans les années 1560, connu grâce à un bref memorandum de sa main : il possédait en particulier une édition de Pantagruel. Les attestations de la présence des œuvres de Rabelais dans les bibliothèques contemporaines sont rares – qui plus est dans la ville qui avait brûlé Jean de Caturce – et celle-ci était restée inconnue de Marcel de Grève.

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Christine Arsenault, « Rondibilis, ou la misogynie supposée de Rabelais »

Paru en marge de la Querelle des femmes, le Tiers livre (1546) de Rabelais met en scène un débat paradoxal sur le mariage, agrémenté de moqueries anti-féministes répondant au goût de lépoque. Or, la seule argumentation de Rondibilis a attiré à lauteur une réputation durable de misogyne. Létude de quatre ouvrages pararabelaisiens de la seconde moitié du xvie siècle met en lumière les phénomènes intertextuels ayant contribué à lassociation de Rabelais avec lopinion tranchée de son personnage.

Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Visages de Panurge (xvie-xixe siècle). Aux marges des genres »

En imitant le portrait de Panurge, du xvie au xixe siècle, Aneau et Du Fail, Bruscambille et Scarron, Nodier, Balzac et Gautier explorent les marges des genres institués dans les genres narratifs quils réinventent, dans le propos rustique, lhistoire fabuleuse, le boniment théâtral, le roman comique, le pastiche et le roman de cape et dépée. Ils voient notamment en Panurge un modèle daxiologie contrariée, une promesse décriture agissante et lexpression du rêve dun ailleurs linguistique.

Sylvain Menant, « Aspects dune poétique rabelaisienne dans La Pucelle dOrléans »

Voltaire porte des jugements très sévères sur lœuvre de Rabelais, toute opposée à ses principes esthétiques. Mais une analyse de son épopée parodique, La Pucelle, montre quil exploite des ressources littéraires proches de celles de Rabelais, comme le souligne une comparaison avec une autre épopée parodique exactement contemporaine, Ververt de Gresset.

Anna Ogino, « La vie très horrifique de Gargamerde. Une lecture morosophe de Gargantua »

Cest un dialogue fictif entre lauteur et Gargamerde, personnification de la matérialité du corps humain. Ensemble, ils tentent de relire Gargantua pour y trouver des scènes où les représentants dun corps qui souvrent (dabord Gargantua puis frère Jean) saffrontent aux « diables », calomniateurs à lesprit fermé qui finissent dépecés tant au plan mythologique que concret. Enfin, les 1129deux amis analysent les descriptions anatomiques de Rabelais qui introduit léternel présent dans le texte.

François Cornilliat, « “Cautelles et ruzes” chez Bouchet et Rabelais. Panegyric, Pantagruel, Gargantua »

Reconnaissant Louis de La Trémoille, décrit par le Panegyric de Bouchet, en filigrane du Panurge de Pantagruel, Mireille Huchon voit dans ces personnages deux figures du « rusé » : nous développons le parallèle. Bouchet puise dans ses sources (Patrizi, Platina) les garanties éthiques qui distinguent la cautelle de la panurgie ; mais après avoir embrassé joyeusement celle-ci, Rabelais change de ton dans Gargantua, où Frère Jean pratique une forme de ruse plus digne du « Chevalier sans reproche ».

Christophe Clavel, « Rabelais entre deux siècles : un enchanteur désenchanté »

Dans la Panhypocrisiade, Lemercier construit de Rabelais un portrait composite et à certains égards singuliers. Les Géants sont placés sous les feux de la critique des « rois démovores » ; les obscénités de son style sont réévaluées ; lallégorie, en particulier celle de Gaster, trahit le dépit de Rabelais sur la condition humaine. Qualifier Rabelais d« enchanteur » ou de « magicien » est motivé par une conception satirique de lallégorie, comme mythologie démythifiante.

Bernd Renner, « “Toutesfois pas demourer là ne fault”. Voile facétieux, rhétorique et provocation dans le prologue de Pantagruel »

Cette étude propose de considérer le prologue du Pantagruel comme un subtil exercice rhétorique qui viserait à pousser les lecteurs à sémanciper de lautorité absolue du narrateur dominant, tentative qui annonce déjà les démarches raffinées du chef-dœuvre programmatique que sera le prologue du Gargantua. Les insultes finales et le voile facétieux servent de masque efficace à la stratégie sério-comique de lauteur-narrateur.

Nicolas Le Cadet, « Le topos des vestiges du géant dans Pantagruel »

Dans la lignée des chroniques gargantuines, le narrateur de Pantagruel mentionne pas moins de vingt-quatre traces laissées derrière lui par le géant éponyme. 1130Elles sont concentrées dans trois chapitres, situés aux deux extrémités du livre (chap. iiii, v et xxxiii). Loin de se contenter de puiser dans une tradition jugée populaire par une partie de la critique, Rabelais propose un traitement original du topos, qui éclaire les enjeux génériques, poétiques et politiques de Pantagruel.

François Roudaut, « Du père au fils, et retour (Pantagruel, viii) »

Larticle propose un commentaire, dans le cadre de lhistoire des idées, de trois thèmes (générations, image, mémoire) qui jouent un rôle important dans la lettre de Gargantua à Pantagruel (Pantagruel, chapitre viii).

Frank Lestringant, « Questions sur la géographie de Rabelais. À propos de Pantagruel »

Sur quel fond de carte les fictions de Rabelais se déroulent-elles ? Alors que Gargantua, et en particulier la guerre picrocholine, se déploient à léchelle topographique ou chorographique de plans régionaux, que le Quart Livre appréhende la mappemonde avant de se perdre dans le semis dîlots dun Insulaire septentrional, le Pantagruel,par instants, se rattache à des cartes, mais dessine une géographie malléable, souple, incertaine, inconsistante, qui finit par se dissoudre dans le rire.

Bruno Pinchard, « Les non-lieux de Francesco di Nianto »

Cet article traite du problème de lespace chez Rabelais, en le reliant à lidée de non-lieu qui sattache à la notion dUtopie. Partant de Thomas More, mais aussi dÉrasme comme du fictif « Francesco di Nianto », il montre que lespace chez Rabelais appartient à la catégorie des impossibilia, et que cest depuis cette négation des espaces naturels et euclidiens que les grandes catégories de limaginaire rabelaisien se déploient, comme lAntiphysie, lAnti-Parnasse, le Rebours et les Averlans.

Diane Desrosiers, « “An muri faciendi”. Les progymnasmata dans le Pantagruel de Rabelais »

Parmi les exemples convenus de « causes » dans les exercices rhétoriques préparatoires à la déclamation, la construction des murailles (an muri faciendi) constitue lun des modèles que donnent les manuels de progymnasmata et un 1131sujet privilégié de lœuvre rabelaisienne. Les considérations et exempla formulés dans les traités rhétoriques permettent de jeter un nouvel éclairage sur le chapitre du Pantagruel consacré aux murailles de Paris.

Edwin Duval, « Le dessein du Gargantua de Rabelais ? »

À la différence des trois livres de Pantagruel, lunique livre de Rabelais consacré au père du héros (le Gargantua) ne possède pas une congruence absolue de forme et de fond qui serve à résoudre toutes les apories apparentes du livre et à en garantir le sens. Il sagira ici de démontrer cette absence surprenante de « dessein » en comparant le Gargantua au Pantagruel, et de tenter une explication et même une interprétation des incohérences formelles et idéologiques qui en résultent.

Romain Menini, « Sur le collier de Gargantua (et deux ou trois autres gemmes) »

Parmi les nombreuses gemmes évoquées dans Gargantua, quelques pierres vertes se signalent. Larticle élucide certains secrets du sertissage textuel de Rabelais, en particulier celui du jaspe vert que le jeune géant porte en amulette (chap. viii). Entre autres « fines pierreries », les émeraudes retiennent aussi lattention. Rabelais offre à son lecteur un luxe dérudition antiquaire, entre fantasme de collectionneur et jeu de piste philologique.

Olivier Guerrier, « “Consentir à la Déclamation” (Gargantua, ix-x) »

Lanalyse et la confrontation des chapitres ix et x du Gargantua révèlent des illogismes et des aberrations ostentatoires, qui sont le propre de la « déclamation » telle que les humanistes la rénovent. En mettant en fiction de ce qui est déjà, dans la rhétorique, une manière fictive de discourir, Rabelais édicte, ici dans lordre de la fantaisie intellectuelle, les critères du monde qui est celui de son œuvre, et qui requièrent le plein assentiment du lecteur.

François Rigolot, « La guerre des mots chez lauteur pacifiste du Gargantua »

Dans son admirable biographie de Rabelais, Mireille Huchon a montré que le Gargantua est une apologie de la politique royale fondée sur la conciliation. On sinterrogera ici sur le sens de ce thème lorsquil est traité par le comique verbal (Gargantuaxxv). Les idées de lhumaniste érasmien 1132sont alors inséparables du langage qui les transmet et linsulte devient la première salve verbale dune guerre qui durera vingt-cinq chapitres – presque la moitié du Gargantua.

Pierre Johan Laffitte, « La scène intenable au cœur de toute rencontre par-delà le principe de curiosité (Quart Livre, lxvi-lxvii) »

Quest-ce quune rencontre ? Comment intégrer « la part de lautre » dans la construction dune identité, de lhétérogène dans le fil dune existence ? Quengendre-t-elle en vérité ? Pantagruel naccostant pas, mais demeurant face à Ganabin, dernière île du Quart Livre, propose un mythe : annulant le principe narratif de curiosité, lautre, inabordé ou inabordable, met le pèlerin en demeure daffronter sa propre angoisse, motrice de tout récit, fonction de vérité au cœur de toute quête.

Gilles Polizzi, « “Pantagruel-Alexandre”. Du pseudo-Callisthène à la genèse du Quart Livre »

Consacrée à la légende dAlexandre, proposée comme le principal modèle narratif du Quart Livre, cette contribution revient sur lhypothèse formulée, dès 1994, par Mireille Huchon, qui référait le récit aux Argonautiques orphiques. Le parallèle avec le modèle « alexandrin » valide et prolonge sa lecture. Linventaire des « alexandrinismes » rabelaisiens, notoires, discrets, allusifs, éclaire aussi trois lieux (Medamothi, le manoir de Gaster, Thélème) et deux figures, Quaresmeprenant et Panurge.

Paul J. Smith, « Rabelais ichthyologue »

Lichthyologie joue un rôle important, mais méconnu, dans lœuvre de Rabelais, notamment dans les Quart et Cinquiesme Livre (le poisson volant, les poissons servis au banquet de Gaster, le monstrueux physétère, et les ichthyologues disciples dAristote). Le présent article étudie ce sujet dans ses rapports dintertextualité avec les ouvrages dhistoire naturelle de Pierre Gilles, de Guillaume Rondelet, de Pierre Belon et de Charles Estienne et avec le Triumphe des Vertuz de Jean Thenaud.

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Daniel Ménager, « Rabelais et la philosophie de létonnement »

Lidée détonnement est au cœur de lœuvre rabelaisienne. Mais il faut bien distinguer létonnement du philosophe des ébahissements du peuple. Bien représenté par Pantagruel et les plus curieux de ses amis (dont fait partie le narrateur), il est la conséquence réflexive des merveilles du monde. Il prélude à la recherche, à l« inquisition ». Parfois, notamment dans le Cinquiesme Livre, elle est proche de lextase. Cest dire que la recherche rabelaisienne nexclut pas lémotion religieuse.

Mathieu Ferrand, « La place du français dans lenseignement de la langue latine. Exemples des collèges parisiens au début du xvie siècle »

Au début du xvie siècle, des statuts de collèges parisiens interdisent tout recours aux langues vernaculaires. Mais le latin des étudiants est bien éloigné du modèle antique et dans les classes certains professeurs ont eu recours au français comme outil dapprentissage dune langue latine riche et correcte. À travers létude dun manuel de conversation et dun recueil de thèmes latins, notre article se propose dillustrer cet aspect méconnu de la pédagogie humaniste.

Jean-Dominique Beaudin, « Rabelais latiniste. La proposition infinitive latinisante »

Ce tour savant, caractéristique du moyen français, est étudié selon trois axes, essentiellement dans le Quart Livre : lampleur exacte du phénomène – qui mérite dêtre relativisée –, la structure de cette proposition – qui diffère par son verbe, généralement détat, de la variété observable en latin classique –, et les enjeux rhétoriques et littéraires de cette construction qui se veut solennelle et sentencieuse. Rabelais ne cède donc pas à une mode linguistique, mais en fait un usage original.

Daniele Maira, « Adoucir la rudesse des ancêtres. Italianisation et efféminement dans les Deux dialogues dHenri Estienne »

Dans les Deux dialogues du nouveau langage françois italianizé (1578) dHenri Estienne, le discours « patriotique » sur lidentité linguistique du français et sur les mœurs à la cour se (dé)construit à partir dimages stéréotypées sur la virilité. Si toute mollesse masculine doit être évitée, lassouplissement du masculin est au contraire recommandé. Les positions des trois interlocuteurs font ressortir les fluidités relatives à la question de la langue et des masculinités rudes et efféminées.

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Jean Balsamo, « Montaigne danseur. Note de lexicographie à propos de “Jayme lalleure poétique à sauts et à gambades” »

La formule « à sauts et à gambades » (Essais, III, 9) a servi à la critique pour caractériser le style de Montaigne. Cest une erreur qui néglige à la fois la riche intertextualité de lexpression (Rabelais, Arena, Tahureau, les traités italiens de la danse), et la lexicographie : la « gambade » dans son acception technique désigne un difficile pas de danse. En réalité, Montaigne célèbre la poésie et son pas rythmé, par rapport à laquelle il peut définir ironiquement son propre style naturel.

Blandine Perona, « “Mettre une bonne part des Langues entre les Œuvres de la Nature”. Oikeiosis et histoire de la langue dans lœuvre de Marie de Gournay »

Dans les Essais, la métaphore du livre-enfant associée à lutilisation du concept stoïcien doikeiosis fait de lécriture un processus apte à faire survivre le propre dun auteur. Marie de Gournay reprend cette métaphore, mais en faisant de la langue la fille de lesprit. Selon elle, en prenant soin des œuvres du passé, bons lecteurs et bonnes lectrices font survivre lingenium qui est présent dans leur langue vigoureuse et participe ainsi à entretenir le « Génie » de la « nation française ».

Éliane Kotler, « Phrases figées et expressions proverbiales. Formes et emplois dans les pamphlets dAgrippa dAubigné »

Après une mise au point terminologique et méthodologique, larticle dresse, selon des critères syntaxiques et sémantiques, un relevé des figures envisagées, où lincomplétude des phrases figées soppose à lautonomie des expressions proverbiales. Il en ressort quAubigné joue avec les modèles préexistants, les distordant voire créant de toutes pièces des énoncés à allure de proverbe ; ces figures participent davantage du caractère ludique des pamphlets que dun véritable dessein argumentatif.

Sabine Lardon et Marie-Claire Thomine, « La Notion de burlesque chez Richelet à la lumière de la langue de la Renaissance »

Après avoir observé lapparition de ladjectif burlesque dans la langue et la lexicographie françaises, létude se concentre sur quatre emplois burlesques (beat, besicles, boire à tire larigot et plier bagage) pour montrer comment 1135Richelet, dans son dictionnaire(1680), se démarque de ceux de Furetière et de lAcadémie, en se montrant sensible à des emplois lexicaux stylistiquement connotés (comiques et/ou satiriques), inscrits dans une tradition littéraire marquée par linfluence de Rabelais.

Olivier Soutet, « La notion de synapse en linguistique. Portée et limites »

La contribution vise à rendre compte de la notion de synapse telle quelle est utilisée dans les travaux relevant de la psychomécanique du langage. Appliquée à des phénomènes observables en syntaxe et en morphologie, elle permet de dépasser lopposition des axes syntagmatique et paradigmatique, centrale dans la tradition du structuralisme saussurien, mais que lon gagne peut-être à relativiser.

Adeline Desbois-Ientile, « De Vénus à Minerve. Variations fictionnelles dans La Concorde des deux langages »

La Concorde des deux langages de Lemaire est une œuvre en trompe-lœil : lapparente symétrie construite entre les deux temples masque un fonctionnement allégorique profondément différent qui fait de lœuvre un art poétique en acte. Le temple de Vénus, écrit « à la mode poëticque », apparaît comme lexemplification de la « poésie » entendue au sens de fable mythologique, tandis que le temple de Minerve, lieu dun minimalisme allégorique, incarne la littérature historique et morale.

Isabelle Garnier, « Des lettres de Guillaume Briçonnet au Miroir de lâme pécheresse de Marguerite de Navarre. Regards genrés sur la condition féminine au xvie siècle »

Le Miroir de l âme pécheresse de Marguerite de Navarre (1531) est nourri de sa correspondance avec Guillaume Briçonnet. Alors que lévêque marie les idées novatrices de lévangélisme aux fleurs de la doxa misogyne, lautrice revisite la question de linfériorité féminine. Larticle, révélant un débat implicite entre eux sur les représentations de la femme, met en évidence un traitement inédit de la question féminine qui place Le Miroir en précurseur inattendu de LHeptaméron.

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Jean Lecointe, « La “narration frénétique” dans les œuvres dHélisenne de Crenne. Écriture paroxystique et dynamique du “roman sentimental” »

Les œuvres dHélisenne de Crenne font un usage hypertrophié des marques de soudaineté, à la faveur dun double souci de variatio et de copia ;elles utilisent comme principal réservoir stylistique la traduction du Pérégrin de Caviceo par Dassy et la Conqueste de Trebisonde, quon est tenté dattribuer à cet auteur, tout comme lœuvre dHélisenne. Le procédé vise à accroître la tension dramatique, et à peindre un monde compulsivement assujetti au pouvoir de la Fortune.

Paola Cifarelli, « Formes et réformes. Autour du laboratoire poétique de Mellin de Saint-Gelais »

Le sonnet « Asseuré suys destre pris et lié » et le poème « Si jeusse osay penser quen ce temps cy », imités de Pétrarque, furent composés par Mellin de Saint-Gelais autour de 1538-1539, époque à laquelle Marot publia les Six sonnets de Pétrarque. Dans ces vers, Mellin témoigne dune volonté dexpérimenter des solutions capables dhybrider le modèle italien par la tradition française. Le message véhiculé se révèle riche en résonances avec la poétique amoureuse de Marot.

Véronique Montagne, « Rhétorique de la (dé)nomination polémique chez Louis Meigret »

Dans les années 1540-1550, le discours sur la langue française est marqué par une polémique opposant Louis Meigret à Guillaume des Autels initiée par la parution du Traité touchant le comun usage de lescriture francoise (1542) de Meigret. Dans ses différentes ripostes, Meigret adopte une posture énonciative surplombante face au jeune Des Autels en construisant une argumentation ad personam dans laquelle linterlocuteur est raillé et fait lobjet dun regard particulièrement ironique.

Élise Rajchenbach, « “Portant le nom aymé de leau”. Poétique du patronyme chez Charles Fontaine »

Larticle éclaire un pan de la poésie de Charles Fontaine au prisme dun phénomène récurrent dans la poésie du xvie siècle, le jeu de mots et la rêverie sur lonomastique. Il montre comment le nom propre fonde une identité poétique centrée sur un imaginaire liquide empreint de fécondité, qui permet 1137de déterminer relations et amitiés poétiques. Enfin, limage de la fontaine légitime le choix dun style à même dapaiser la soif spirituelle du lecteur comme de faire couler à flots les vers.

Rosanna Gorris-Camos, « “E tu bella e dolente Margherita”. Consoler Marguerite, nouvelle Marcia, de Claude dEspence à Gabriel Simeoni »

Larticle étudie deux consolations adressées à Marguerite de France après la mort de son père, le roi François Ier. Celle, en français, de Claude dEspence, qui traduit les Tessaradecas consolatoria de Luther, est marquée par un christocentrisme commun à bien dautres membres de la cour de la princesse. Celle, en italien, de lexilé florentin Gabriele Simeoni vise plutôt à célébrer les vertus de son père et des siens, afin dobtenir la faveur du nouveau roi.

Vân Dung Le Flanchec, « Scève et le Débat de Folie et dAmour. Le sonnet “En grace du Dialogue dAmour, et de Folie, euvre de D. Louïze Labé Lionnoize” »

La possibilité dattribuer le Débat de Folie et dAmour à Maurice Scève est abordée ici par une analyse détaillée du sonnet de Scève en lhonneur de Louïze Labé. Limplicite mais étroite relation entre les deux textes, jusquici réputée problématique, est mise en lumière et expliquée. Ce sonnet se révèle ainsi comme le plus autorisé des commentaires métapoétiques, même sur Délie, et plus généralement, sur le but et la place de lécriture poétique dans laventure spirituelle du poète.

Jean Dupèbe et Hélène Cazes, « Louise Labé et Sapho »

Larticle étudie la comparaison des deux poétesses dans lépigramme grecque anonyme qui ouvre les hommages à Louise Labé dans le volume de 1556, et les lectures quelle a suscitées, dans le contexte humaniste de létablissement du texte grec. Il montre que les allusions à Sapho chez Labé sappuient sur les Héroïdes dOvide, écarte certaines attributions (Henri Estienne, Muret) et situe ce poème dans le milieu du livre lyonnais, où la courtisane lettrée figure alors un modèle auctorial féminin.

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Ruxandra Vulcan, « Étude rhétorique du dialogue Claire ou de la beauté de Louis Le Caron »

Le dialogue néo-platonicien à litalienne sur la beauté, dans la petite académie sur laquelle règne la parfaite Dame de cour Claire, est ici envisagé du point de vue rhétorique, par la polyphonie qui dramatise la pluralité des opinions sur le beau et lamour, philosophique, à travers les lieux dialectiques externes et internes qui nourrissent le débat – du beau physique au beau moral, jusquà la synthèse finale dans lUn, lIdée, et stylistique, à travers le style philosophique grave.

Dominique Bertrand, « Le masque du singe et le sucre de la facétie. Avatars dune cure épicurienne de Bonaventure des Périers à Sorel »

Les histoires de singes chez Bonaventure des Périers et Sorel présentent des enjeux narratifs et satiriques différents. Elles convergent dans lélaboration concertée dun dispositif démancipation intellectuelle contre la sottise : ces deux textes mettent en place, sous le masque du singe, une rhétorique facétieuse cryptée qui revisite la topique lucrétienne du « remède sucré » et insinue un savoir naturaliste hétérodoxe.

Anna Carlstedt, « “Dont sen suivrait lentière ruyne de ce royaume…”. Stratégies rhétoriques de la tolérance : relecture dune lettre à Catherine de Médicis sur les massacres de la Saint-Barthélemy »

À partir dune lettre écrite par lambassadeur Arnaud du Ferrier à Catherine de Médicis juste après les massacres de la Saint-Barthélemy, cet article sintéresse à la tolérance dans un contexte de guerre civile : comment procurer la concorde et la modération quand le monde se transforme en « théâtre de cruauté » ? Quelques liens seront aussi faits entre les réactions à ce massacre et à ceux commis aujourdhui : serait-il possible den apprendre quelque chose ?

Philippe Desan, « De la gloire de son père à la gloire de son livre (Montaigne) »

Au fil de la rédaction des Essais, la gloire littéraire de Montaigne devient le succédané de la gloire de son père et de ses ancêtres. Il associe fréquemment gloire et réputation. La gloire est dans le nom même de sa famille, dénominateur commun à toutes les générations. Pour lui, le nom est en quelque sorte 1139la mémoire de lhomme, le seul signe durable de son passage sur terre. Cest dans cette consubstantialité idéalisée entre le nom et le livre quil trouvera sa propre gloire littéraire.

Gary Ferguson, « Apulée, Boccace, Marguerite de Navarre. Métamorphoses dun ménage à trois du roman ancien à la nouvelle renaissante »

Trois auteurs (Apulée, Boccace, Marguerite de Navarre) ; les trois premières traductions du Décaméron en français ; trois personnages (un mari, une femme et un amant) qui ont des rapports sexuels. Lanalyse des réécritures successives dun épisode narratif grivois, tiré dun roman ancien, démontre à quel point la métamorphose textuelle qui alimente le genre littéraire (re)naissant de la nouvelle se double dune métamorphose des représentations du genre sexué et de la sexualité.

Jean-Charles Monferran, « Pragmatique de lépître marotique. À propos des épîtres des Autres Œuvres faictes depuis leage de son Adolescence »

À partir dun corpus marotique, larticle sinterroge sur la portée dépîtres qui, pour être à lorigine envoyées éventuellement à un correspondant unique dans une visée bien précise, se retrouvent lues à la cour ou intégrées à un recueil. Il montre à quel point le sens de lépître ne cesse dévoluer selon les nouveaux contextes dans lesquels elle apparaît et les nouveaux publics qui en sont les destinataires – ce dont Marot, pleinement conscient, sait jouer.

Nora Viet, « Un farceur saxon au pays de Rabelais. Ulenspiegel, De sa vie, de ses œuvres »

Larticle étudie la traduction française de la vie de Till Eulenspiegel, imprimée à Paris et à Lyon sous le titre Ulenspiegel, De sa vie, de ses œuvres (1531). Il confronte le style et la structure du texte français à ceux de la version allemande imprimée au début du siècle à Strasbourg par Johann Grüninger (1510). Létude dégage de nouvelles pistes de réflexion sur la filiation des traductions européennes et inscrit le recueil français dans le répertoire des formes narratives des années 1530.

1140

Trung Tran, « Lengin et lartifice. Emblématique et poétique chez Guillaume de La Perrière »

À partir de lanalyse des liminaires du Theatre des bons engins (1540) et de la Morosophie (1553) de Guillaume de La Perrière, cet article montre comment ce dernier y dépose des éléments de théorisation dune poétique de lemblème. La conception que sen fait lauteur aboutit, dun recueil à lautre, à une valorisation de l« artifice » comme signe essentiel de lingenium de lemblématiste, en des termes résolument pré-conceptistes.

Pascale Mounier, « “Je chante les Dames, les Chevaliers, les Armes, les Amours”. Le roman et lépique à la Renaissance : une refonte mutuelle »

Les sujets guerriers prolifèrent à la Renaissance dans différents genres. Pour ce qui est du domaine français, le roman et des formes que lon peut qualifier d« épiques » en tirent abondamment substance. Les discours réflexifs tenus sur lépopée, le romanzo et le roman, dun côté, et certaines expérimentations tentées par les écrivains, de lautre, constituent des tentatives éparses de refonte mutuelle des divers types de narrations à action héroïque.

Philipp John Usher, « Médée à lécrit et à lécran. La tragédie selon Jean de La Péruse et Pasolini »

Larticle procède à une lecture croisée de deux interprétations de lhistoire de Médée, lune littéraire et renaissante, lautre cinématographique et « moderne » : la Médée de Jean de La Péruse (une tragédie dite « humaniste », rédigée probablement en 1553 et publiée trois ans plus tard) et la Médée (1969) de Pier Paolo Pasolini. À travers leur comparaison, il sagit de se demander en quoi, malgré tout ce qui les sépare, elles opèrent par le biais de la citation et surtout de la répétition.

Luc Vaillancourt, « De la lettre familière à la lettre de compliment. Métamorphoses épistolaires chez Étienne du Tronchet »

Cet article traite de la mutation de lespèce « lettre familière » à la Renaissance, qui a permis à celle-ci daccéder au statut de genre littéraire, voire de registre rhétorique à part entière.

1141

Delphine Denis, « Romans saturniens (1600-1660) »

La mélancolie amoureuse frappe les héros masculins des « romans sentimentaux » du premier xviie siècle : elle en détermine la tonalité et en structure la poétique. Au tournant du siècle, dans la Clélie de Madeleine de Scudéry (1654-1660), la mélancolie change de nature. Devenue manière de ressentir, elle caractérise les femmes dexception, seules disposées à véritablement aimer et être aimées. Cest ce parcours dont larticle retrace lévolution, entre 1580 et 1660.

Tom Conley, « Jeux despace. Les bois gravés du Testament de Villon (Pierre Levet, 1489) »

Ressemblant à des cartes à jouer, les gravures sur bois dans la première édition imprimée du Testament instaurent un jeu despace complexe. Dans cet article, il sagit de voir comment les bois compliquent la lecture tout en anticipant ce que remarque Mireille Huchon dans ses travaux sur Rabelais et Jean Bouchet.

Joëlle Ducos, « Lhéritage médiéval dans les premiers imprimés dastronomie. Typologie et recueil »

Malgré la rupture indéniable entre Renaissance et Moyen Âge, la pratique des éditeurs est loin de repousser dans le néant les œuvres médiévales. La production des imprimés en témoigne : même si les connaissances de la science évoluent et si les écrits changent de forme comme de modes de diffusion, la pensée médiévale continue à être diffusée. Les écrits dastronomie, malgré les transformations théoriques, démontrent ainsi un intérêt réel pour ce qui, pourtant, est une pensée du monde davant.

Francesco Montorsi, « Pour un répertoire des pratiques de lecture au xvie siècle »

La Renaissance est une époque où se côtoient des formes concurrentes dappropriation des textes (lecture privée, lecture collective, lecture oralisée, lecture silencieuse). En en offrant un échantillon dexemples, cette contribution propose de mettre en place un répertoire des indices, littéraires et historiques, aptes à approfondir notre connaissance de ces pratiques de lecture.

1142

Sophie Astier, « Robert Estienne et son roi. Un imprimeur au service de François Ier »

Robert I Estienne a occupé la charge dimprimeur du roi pour le latin et lhébreu, puis le grec. Peu à peu, Estienne met en place une relation de confiance avec François Ier, appuyé par lexpérience de ses prédécesseurs et par la protection de Guillaume et Jean du Bellay. Cela préfigure en grande partie la définition de la charge, si bien quil nest sans doute pas innocent de voir Robert II Estienne, sous le règne suivant, être le premier à prendre le titre d« imprimeur ordinaire du roi ».

Véronique Duché, « La mise en scène du pouvoir dans la Cronica Cronicarum (1521) »

Cet essai étudie la mise en scène de la monarchie française dans la Cronica Cronicarum,une luxueuse chronique universelle en rouleau imprimée en 1521. Il tâche de définir les enjeux tant politiques que didactiques de cet objet insolite par létude de sa mise en page et par la comparaison avec les éditions en codex publiées postérieurement (1532).

William Kemp, « Le caractère bâtard [B 70 mm] employé par François Juste, Pierre de Vingle et Denis Janot. La typographie française des années 1530 »

Rabelais a commencé sa carrière à Lyon entre 1531 environ et 1535 en publiant Pantaguel, Gargantua et la Pangrueline prognostication chez François Juste en lettres gothiques bâtardes. Mais doù vient ce caractère ? Nous lidentifierons avec le bâtard employé par Pierre de Vingle à partir de 1530 et interrogerons ses relations avec un caractère fort ressemblant employé à Paris par Denis Janot au milieu des années 1530. Son origine parisienne nous semble, finalement, la meilleure des options.

Didier Kahn, « Les ateliers de fabrication de faux pseudo-paracelsiens. Quelques réflexions sur des travaux en cours »

On sinterroge ici sur la question des faux et des textes apocryphes, en se focalisant non sur Rabelais, mais sur les nombreux traités faussement attribués à Paracelse à partir du milieu du xvie siècle. On montre comment certaines de ces attributions étaient conçues comme des continuations, et non des falsifications. Dautres traités apocryphes parmi les plus célèbres se fonderaient (lit-on souvent) sur des brouillons de Paracelse, adaptés après sa mort : ce point est également traité ici.

1143

Olivier Millet, « Représentation théâtrale, mémoire et poésie (Orléans, 1600). Le manuscrit Fugger (Vienne, Bibliothèque nationale) de lanonyme Tragédie de Jeanne dArc (de Jean de Virey ou de François Berthrand ?) »

Un manuscrit de la Tragédie de Jehanne dArc, attribuée à Jean Virey (ou à François Berthrand), se trouve à la Bibliothèque nationale de Vienne. Le texte présente des variantes considérables par rapport à limpression de 1600. Ce manuscrit correspond sans doute à une représentation donnée à Orléans pour les fêtes de la sainte en 1600 ; il témoigne de lintérêt des jeunes Carl et Joannes Fugger, membres de lillustre famille, présents alors à Orléans, pour notre théâtre et surtout pour la sainte.

Anne Reach-Ngô, « Les “thresors de gayeté”, le divertissement facétieux au service de la “conservation du corps humain” »

Le livret intitulé Jardin, recueil, tresor, abregé de secrets, jeux, faceties, gausseries, passetemps (1619) réunit de courts textes qui restituent des jeux de scène et de mots issus de la pratique facétieuse du bateleur Tabarin. Larticle étudie les dispositifs de médiation éditoriale de ces petits chapitres qui rapportent toutes sortes de plaisanteries récréatives. Le recueil sapparente aux Trésors de médecine qui ont contribué au succès du genre éditorial des Thresors à la Renaissance.