[L]e temps musical n’est pas autre chose que le temps de la vie. Quand on insiste sur la spécificité du temps musical, c’est en général pour lui dénier aussitôt tout pouvoir d’éclairage sur le temps non-musical. Nous refusons cette séparation, nous pensons au contraire que la musique est un merveilleux laboratoire du temps, une expérience où le temps se donne non pas “lui-même” (cela est impossible), mais se donne dans un geste de désaliénation qu’il ne tient qu’à nous de prolonger.
Bernard Sève, L’Altération musicale.
Das Buch ist selbst das, wovon es erzählt ; denn indem es die hermetische Verzauberung seines jungen Helden ins Zeitlose schildert, strebt es selbst durch seine künstlerischen Mittel die Aufhebung der Zeit an durch den Versuch, der musikalisch-ideelen Gesamtwelt, die es umfaßt, in jedem Augenblick volle Präsenz zu verleihen und ein magisches “nunc stans” herzustellen.
« Le livre est ce qu’il raconte : en dépeignant l’enchantement ésotérique de son jeune héros dans l’intemporel, il vise lui-même à abolir le temps par ses moyens artistiques, en tentant de rendre pleinement présent à chaque instant tout le monde d’idées musicales qu’il embrasse et de mettre sur pied un magique “nunc stans”. »
Thomas Mann, « Einführung in den Zauberberg », 1939