Présentation des auteurs et résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Marie Leprince de Beaumont. De l’éducation des filles à La Belle et la Bête
- Pages: 369 to 379
- Collection: Masculine/ Feminine in Modern Europe, n° 6
- Series: xviiie siècle, n° 2
présentation des auteurs
et résumés
Pierre-Olivier Brodeur, « Ma chère Julie n’a jamais lu de romans » : Madame Leprince de Beaumont et la recherche d’un romanesque nouveau
Pierre-Olivier Brodeur est doctorant à l’université de Montréal et à l’université de la Sorbonne Nouvelle (Paris 3). Il prépare une thèse sur le roman édifiant à l’Âge classique. Ses intérêts de recherche incluent le roman, l’historiographie, les xviie et xviiie siècles, la sociocritique, la narratologie, la rhétorique et la poétique.
Pour une femme de lettres soucieuse d’éducation comme Leprince de Beaumont, le roman pose problème. Source de corruption des mœurs, il doit être condamné ; genre populaire, il peut être un vecteur d’enseignement efficace. Que faire ? L’auteure reprend le romanesque dans une perspective morale et didactique. Conciliant puissance d’imagination, sensibilité, valeur morale et savoirs, ses romans le réinvestissent en proposant des réponses chrétiennes aux errements moraux et passionnels des héroïnes.
For an author as concerned with education as Leprince de Beaumont, novels are a problem. As a source of moral corruption, they are to be condemned ; as a popular genre, they can be used for teaching. The authoress opted to use fiction in a moral and didactic perspective. Her novels propose Christian responses to their heroines’ moral and sentimental vagaries. Her original novelistic practise and production reconcile the force of imagination, sensitivity, moral value and Enlightenment knowledge.
Sonia Cherrad, L’« histoire », forme brève sans merveilleux dans les Magasins de Marie Le Prince de Beaumont
Sonia Cherrad est docteure en littérature française. Sa thèse, intitulée La Littérature éducative au miroir des Lumières, est sous presse aux SVEC et doit paraître en 2013. Elle est l’auteur d’articles sur des pédagogues féminins comme Mmes d’Épinay et de Miremont, ainsi que sur Rousseau.
Marie Le Prince de Beaumont est l’auteur de trois ouvrages pédagogiques à la forme originale, les Magasins, où les dialogues entre une gouvernante et ses élèves alternent avec des formes brèves à visée morale comportant ou non des aspects merveilleux. L’auteur utilise des romans, des récits courts parus dans les journaux voire des comptes rendus judiciaires pour écrire ses « histoires » davantage susceptibles que les contes de véhiculer un enseignement moral.
Le Prince de Beaumont is the author of the Magasins, in which dialogues between a governess and her charges alternate with short forms which have a moral objective and can or not contain fairy tale elements. The Magasins also comprise other short stories based on a realistic approach. She uses novels, short tales published in periodicals or even accounts of legal affairs to write her « histoires » and transmit moral teachings. These texts help understand the type of education she dispensed.
Rotraud von Kulessa, La fonction du dialogue dans le Magasin des enfants
Rotraud von Kulessa est professeure à l’université d’Augsburg. En 1997, elle a publié sa thèse portant sur les Lettres d’une Péruvienne. Elle est l’auteur d’Entre la reconnaissance et l’exclusion. La position de l’autrice dans le champ littéraire en France et en Italie à l’époque 1900 et a travaillé sur les querelles littéraires et sur la littérature transculturelle en France et en Italie.
Le Magasin des enfants (1756) est un des premiers textes adaptés à l’enfance. Par la mise en scène du dialogue éducatif entre Mlle Bonne et sept filles âgées de 7 à 12 ans, Leprince de Beaumont dispense non seulement un savoir religieux, moral, géographique et scientifique aux enfants, mais livre aussi des préceptes de réussite pour l’institutrice. Pour les fillettes, elle présente des lectures préparées, pour les gouvernantes, elle livre un mode d’emploi sous forme d’acte performatif.
With her Magasin des enfants (1756) Leprince de Beaumont was one of the first authors to write a text adapted to childhood. The educational dialogue between the governess, Mlle Bonne, and her young charges, girls aged between 7 and 12, dispenses religious, moral but also geographical and scientific knowledge to the children and precepts for a governess to succeed. For her young readers, Leprince de Beaumont presents prepared and mediated texts, for governesses, she delivers a step-by-step instruction manual.
Jeanne Chiron, Les Magasins de Marie Leprince de Beaumont : dynamique de retranscription, jeux de mise en fiction
Doctorante à l’université Paris Est-Créteil sous la direction de M.-E. Plagnol-Diéval, Jeanne Chiron prépare une thèse sur les dialogues éducatifs de la seconde moitié du xviiie siècle. Ses intérêts de recherche recoupent histoire de l’éducation, histoire culturelle et littératures française et anglaise. Son approche tente de combiner analyse des textes et histoire de leur circulation.
Dans son programme d’éducation, Leprince de Beaumont passe les connaissances au crible de la discussion. Lié à un projet éducatif, le dialogue entend « apprendre à penser, à penser juste, pour parvenir à bien vivre ». Cet ambitieux projet insiste sur la formation de l’esprit et la pratique de la réflexion grâce à la retranscription d’une expérience pédagogique. Entremêlant références au réel et éléments fictionnels, Leprince de Beaumont construit un texte de référence pour les éducatrices.
Leprince de Beaumont systematically inserts information in discussions. This critical function of dialogue aims « to teach [girls] to think straight in order to live well ». This ambitious project gives the formation of the mind and the « practice » of reflection a central role. It is made possible by the claim that it is the transcription of a pedagogic experiment. By intermingling references to reality and fictional elements, Leprince de Beaumont drew up a manual for educating young women.
Marianne Charrier-Vozel, Les concepts de la beauté et de la laideur dans le projet pédagogique de Marie Leprince de Beaumont
Marianne Charrier-Vozel est Maître de Conférences à l’université de Rennes 1, chercheuse au Centre des correspondances de l’université de Brest et membre du comité de rédaction de L’Épistolaire. Spécialiste des manuels épistolaires du xviiie siècle, elle a écrit sur Mmes d’Épinay et Riccoboni. Elle s’intéresse à la sociabilité entre la France et l’Angleterre ainsi qu’aux lettres de Mme du Deffand.
Relevant d’un enjeu sociologique, beauté et laideur permettent à Leprince de Beaumont, de dessiner le modèle de la femme chrétienne qui est au centre de son entreprise pédagogique. Signe visible d’esprit, la laideur arrache les masques. La beauté est une épreuve qui expose à la vanité, pas un don de Dieu. Force perturbatrice, auxiliaire ou obstacle à la résolution heureuse du conte, le couple beauté/laideur remplit une fonction narrative déterminante cristallisée dans la scène de la métamorphose.
Beauty and ugliness, which have sociological implications, allow Leprince de Beaumont to present the model of a Christian woman which is central to her educational project. An outward sign of spirit, ugliness wrests off masks. Beauty is not God-given but a trial through which one is exposed to vanity. A force which can perturb, assist or impede the happy resolution of tales, the pair which beauty and ugliness make up plays an essential narrative role crystallised in the scene of metamorphosis.
Guilhem Armand, Lumières du savoir et Lumière de la foi chez Marie Leprince de Beaumont
Maître de Conférences à l’université de La Réunion, Guilhem Armand a publié divers travaux sur la littérature scientifique et philosophique (Cyrano, Fontenelle, l’abbé Pluche, Tiphaigne de La Roche, Diderot, Bernardin de Saint-Pierre…) et sur la littérature de l’ailleurs. Son ouvrage Les Fictions à vocation scientifique, de Cyrano à Diderot, est sorti aux Presses Universitaires de Bordeaux.
Les contes de Leprince de Beaumont sont sertis dans des dialogues, genre associé aux philosophes, choix paradoxal pour une œuvre qui vise à former des épouses chrétiennes. Il traduit une tension entre éduquer le jugement et le limiter à ce que doit savoir la mère de famille. Leprince de Beaumont s’inspire des connaissances scientifiques et philosophiques et des méthodes de formation de la pensée, pour les asservir à une perspective chrétienne, ce qui implique une stratégie d’écriture particulière.
Leprince de Beaumont’s tales are set in dialogues – a genre the Philosophes used to circulate new ideas. This choice is paradoxical for books which aim to form perfect Christian wives. There is a tension between the will to educate the judgement – young women should discern right from wrong – and to limit it to all a mother needs to know. Leprince de Beaumont draws inspiration from scientific and philosophical methods and ways to shape the mind, and makes them serve a Christian perspective.
Alicia Montoya, Madame Leprince de Beaumont et les « Lumières religieuses »
Alicia C. Montoya est maître de conférences à l’université Radboud à Nimègue. Elle est l’auteur de Marie-Anne Barbier et la tragédie post-classique (2007), a édité Cornélie, mère des Gracques (1703) de Mlle Barbier (2005) et les collectifs Lumières et Histoire / Enlightenment and History (2010), Early Modern Medievalisms (2010) et Women Writing Back / Writing Women Back (2010).
Leprince de Beaumont est un intellectuel à plein titre. Son œuvre privilégie les Écritures dans le même esprit de tolérance et d’ouverture à l’étude scientifique du monde naturel que les chefs de file des Lumières religieuses. Pour enseigner la vertu aux enfants, « nous avons deux moyens, la religion et la raison ; il ne faut jamais [les] séparer ». Ses contemporains étaient conscients des enjeux religieux et philosophiques de sa prise de position originale.
Leprince de Beaumont set great store by the Sacred texts in the same spirit of toleration and acceptance of the scientific study of the natural world as the major figures of the religious Enlightenment. To teach children virtue, « we have two means, religion and reason – and the two must never be separated ». Leprince de Beaumont is very much a precursor of the religious Enlightenment. Her contemporaries were totally aware of the religious and philosophical aspects of her original posture.
Béatrice Bomel-Rainelli, La réception scolaire de Marie Leprince de Beaumont
Enseignant-chercheur à l’université de Nice-Sophia Antipolis, membre du CTEL, Béatrice Bomel-Rainelli est spécialiste de la réception scolaire de l’histoire littéraire du xviiie siècle, notamment Montesquieu, Voltaire et Rousseau. Elle analyse les femmes auteurs (Germaine de Staël) et les éducatrices : Mme de Genlis et Mme de Maintenon. Elle travaille sur les programmes et les manuels scolaires.
Pour étudier la réception scolaire de l’œuvre et de la personne de Leprince de Beaumont au cycle 3 et au collège, notre corpus comprend des programmes, documents d’accompagnement et manuels scolaires. Les notices et appréciations sur les œuvres et l’auteur sont étudiées pour établir son statut dans la réception scolaire des femmes auteurs, des pédagogues et des auteurs de littérature de jeunesse. Pour son conte le plus fameux, sont examinées en outre les éventuelles références à Mme de Villeneuve.
To study the reception of Leprince de Beaumont’s work and biography in late primary and early secondary school classes in France, we have studied syllabuses and textbooks. Biographical and bibliographical entries, comments on the author and her work help establish Leprince de Beaumont’s status in the reception by schools of women authors, educationalists and authors of children’s literature. For her most famous tale, possible references to Madame de Villeneuve’s story are taken into account.
Liliane Cheilan, La Bête et le Prince dans quelques versions illustrées ou versions en images de La Belle et la Bête
Liliane Cheilan est agrégée de Lettres Modernes, anciennement professeur à l’iufm-université de Provence, actuellement formatrice et critique à l’Institut International Charles Perrault et co-rédactrice en chef de la revue Hors Cadre[s]. Elle a écrit de nombreux articles portant sur l’album, la bande dessinée et les littératures graphiques.
Sans élément descriptif sur la Bête, le conte de Leprince de Beaumont autorise toutes sortes d’illustrations. On peut dresser un catalogue des images de la Bête et des significations symboliques qui s’y rattachent : violence, brutalité, force etc. La façon dont s’établit une continuité ou une rupture entre cette apparence et ce qu’est en réalité le Prince oriente le sens des traductions en images et donne au conte sa portée morale ou symbolique. Chaque cas offre ainsi une lecture particulière.
As it gives no descriptive elements regarding the Beast, Leprince de Beaumont’s Beauty and the Beast allows for all sorts of interpretations. One could draw up a catalogue of representations of the Beast and their symbolic meanings : violence, brutality, strength etc. The way continuity or rupture is established between the Beast’s appearance and that which the Prince really is, gives an orientation to the meaning of each of these illustrations and beyond, to the meaning of the tale itself.
Martine Marzloff, ENS Lyon, La Belle et la Bête dans les éditions contemporaines destinées à la jeunesse
Docteur ès Lettres, agrégée de Lettres modernes, chargée de recherche à l’IFE, ENS de Lyon, Martine Marzloff a publié Les Fabliaux et le Roman de Renart : écriture et marginalité, thèse en ligne, 1983 ; « Textes et autres textes dans Calet », dans Lire Calet (1999), Lire Soupault (2008), Lire Perrault (2009) et Lire « La Belle et la Bête » (2010) ainsi que de nombreux articles.
Comment les albums destinés à la jeunesse, témoignages du succès constant du conte, suscitent-ils de nouvelles interprétations de La Belle et la Bête ? Nicole Claveloux crée en marge du texte des univers parallèles dans lesquels l’hybridation est la règle : la frontière entre éléments humains, animaux, végétaux et minéraux se brouille. La perturbation des formes invite le lecteur à creuser la surface-écran des choses pour voir ce qui gît en profondeur.
How do picture-books intended for young readers give rise to new interpretations of La Belle et la Bête ? Nicole Claveloux’s illustrations create, in the margins of Leprince de Beaumont’s text, parallel universes in which hybridity becomes the norm : the frontier between human, animal, vegetable and mineral elements is blurred. The graphic gesture modifies shapes and invites the reader to delve into the surface which appears to screen reality and discover hidden depths.
Dorothée Cooche-Catoen, Les enjeux de la parole dans La Belle et la Bête
Dorothée Cooche-Catoen est docteur ès lettres. Elle enseigne la littérature et les techniques d’expression à l’université d’Artois. Ses travaux portent sur la vie et l’œuvre de Pierre Jean Jouve. Elle s’intéresse également à la littérature de jeunesse, notamment aux techniques narratives des contes modernes et à la mise en miroir de ces derniers avec les contes traditionnels.
Le célèbre conte de Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête est intéressant en ce qui concerne les enjeux de la parole. Au-delà de l’oralité spécifique au genre, la parole y est érigée en vecteur d’évolution de la narration. Elle atteste aussi de la progression des personnages (notamment la Belle, qui passe de l’enfance à l’âge adulte). De plus, cette parole permet de critiquer le faux honnête homme, en opposition à la sincérité et la franchise incarnées par la Bête.
La Belle et la Bête is interesting as far as what is at stake with words is concerned. Tales are generically linked to conversation. Here speech becomes a means for the narration to evolve but it also shows the characters’ progression – in particular with Belle’s passage from child to adulthood. Speech is also, for the author, a means to criticise false gentlemen by opposing to them the Beast’s sincerity and frankness.
Thierry Jandrok, Strasbourg, Métamorphoses, Pulsions et Désirs dans La Belle et la Bête
Thierry Jandrok est docteur en psychologie, psychologue clinicien et psychanalyste. Il a publié de nombreux articles en psychologie, psychanalyse, cinéma, télévision et littératures de l’imaginaire et, sur Internet, des fictions et de la poésie, notamment pour la revue online mouvance.ca. Sa monographie Tueurs en série : Les labyrinthes de la chair est parue chez Rouge Profond en 2008.
Notre démarche repose la question de la morale et de l’éthique et s’oriente sur les aspects métaphoriques et jeux de miroirs du conte à partir d’une épistémologie psychanalytique. Récit sur l’adolescence, La Belle et la Bête évoque en creux, comme à images découvertes les affres existentiels et émotionnels d’une période charnière. La Belle et la Bête sont deux faces d’une même problématique de la métamorphose du sujet, entre désirs et pulsions, piété et péché, jouissance et culpabilité.
We take a new look at morals and ethics, dealing with the story’s metaphorical aspects and games of mirrors. We apply our psychoanalytical epistemology to these questions. La Belle et la Bête is a tale about adolescence. It speaks indirectly in words or directly in images of the existential and emotional torments of this crucial period. Beauty and the Beast are two sides of a coin : the subject’s metamorphosis as s/he is caught between desires and pulsions, piety and sin, enjoyment and guilt.
Benjamin Andréo, « Peu à peu le style se métamorphosait » : définir l’adaptation par la transformation (du) poétique. Jean Cocteau et La Belle et la Bête
Benjamin Andréo enseigne la langue et la littérature françaises à l’université Monash à Melbourne. Il est l’auteur d’articles sur André Breton et Antonin Artaud, ainsi que d’une monographie sur la pensée du sacré chez ces deux auteurs, publiée chez Hermann. Il se consacre actuellement à l’œuvre de Jean Cocteau, dans le cadre d’un projet sur la métamorphose poétique.
Si la réinvention est un leitmotiv de l’œuvre de Cocteau, La Belle et la Bête (1946) a une place à part : c’est un art poétique, un film sur l’art de faire un film. Métamorphose d’un texte qui dit la métamorphose, La Belle et la Bête se donne comme le modèle de toute adaptation. Cocteau inscrit le conte dans une pratique esthétique qui traduit une poétique de la perméabilité ; le conte lui fournit le matériau d’un film à la croisée entre cinéma expérimental et cinéma conventionnel.
If reinvention is a leitmotiv of Cocteau’s work, La Belle et la Bête (1946) occupies a singular place ; it can be read as an Ars poetica, a film on the art of making a film. A metamorphosis of a text which tells of metamorphosis, La Belle et la Bête is a pattern for all adaptations. Cocteau sets the tale in an aesthetic practice which translates a poetics of permeability. His reading of the tale offers him the material for a film at the intersection of experimental and conventional cinema.
Pierre-Louis Fort, La Belle et la Bête à la scène : quand le théâtre jeune public s’empare du conte.
Pierre-Louis Fort est maître de conférences à Cergy-Pontoise. Ses recherches portent sur la littérature française et francophone des xxe et xxie siècles, la littérature de jeunesse, la culture et les nouveaux medias. Spécialiste de Yourcenar, Beauvoir et Ernaux, il a travaillé sur leur écriture du deuil (Ma mère, la morte, 2007). Il est aussi l’auteur de Critique et littérature (2008).
Deux pièces contemporaines (Bruno Castan, Belle des eaux, 1990 ; Alfredo Arias et René de Ceccatty, La Belle et les bêtes, 2005) sont mises en relation avec La Belle et la Bête (1756). Elles sont triplement en tension avec leur hypotexte : dans leur genèse, leur registre et leur statut. Elles ménagent une visée sérieuse et un développement placé sous le sceau du comique. Elles convoquent le jeune public, comme elles l’affichent, mais tendent parallèlement vers un public manifestement plus âgé.
This article shows there is a triple tension between two contemporary plays (Bruno Castan, Belle des eaux, 1990 ; Alfredo Arias and René de Ceccatty, La Belle et les bêtes, 2005) and theiry hypotext, Leprince de Beaumont’s La Belle et la bête (1756) : in their genesis, their register and their status. They allow for a serious aim and a comic development. They oscillate between reading and representation. They invite young spectators as they claim, but also reach out to another, older, audience.
Émilie Pezard, Ils ne vécurent pas heureux : variations pessimistes sur La Belle et la Bête dans Notre-Dame de Paris de Hugo et « Quidquid volueris » de Flaubert
Émilie Pezard est agrégée de lettres modernes et docteur ès lettres. Sa thèse, soutenue en 2012 à l’Université Paris IV-Sorbonne, est consacrée à l’histoire du romantisme frénétique dans la critique de 1821 à 2010. Ses recherches portent sur l’histoire des genres romanesques et l’esthétique de l’horreur au xixe siècle, ainsi que sur l’œuvre de Balzac, Flaubert, Huysmans.
Hugo et Flaubert empruntent les personnages de la Belle et la Bête. Ils déplacent l’attention sur les souffrances de la Bête (Quasimodo ou Djalioh) que la Belle (Esmeralda ou Adèle) ne peut aimer. Le conte merveilleux devient récit pathétique. Malgré sa violence, la Bête, dans son destin solitaire que ne rompt aucune métamorphose, est un être d’exception. La laideur est une valeur. Le symbole moral du conte devient l’« idéal du grotesque » chez Hugo et l’archétype du poète pour Flaubert.
Hugo and Flaubert borrowed the figures of Beauty and the Beast from Leprince de Beaumont. Their Beauty (Esmeralda or Adèle) is incapable of loving the Beast (Quasimodo or Djalioh). We are drawn to his pain. In spite of his violence, the Beast, with his solitary fate which no metamorphosis puts an end to, is an exceptional being. The tales turn ugliness into a value – the story’s moral symbol is thus the « ideal of the grotesque » for Hugo and the archetype of the poet for Flaubert.
Dearbhla McGrath, À la recherche de la signature féminine ; le rôle de la méchante fée ou de la sorcière dans deux réécritures de La Belle et la Bête
Dearbhla McGrath a soutenu à l’université de Dublin une thèse intitulée Weaving Words. A Diachronic Analysis of the Representation of Gender, Sexuality and Otherness in women’s (re)writings of La Belle et la Bête. (Tissages de paroles. Une analyse diachronique du genre, de la sexualité et de l’altérité dans les (ré)écritures de La Belle et la Bête par des femmes).
La Belle et la Bête est un conte souvent réécrit. Un grand nombre de ces réécritures sont l’œuvre de femmes, en particulier dans les pays anglophones. Les thèmes examinés dans le conte, comme l’exogamie et l’altérité, sont liés au rôle de la femme dans la société. Nous étudions deux réécritures du conte pour adolescents : Beast de Donna Jo Napoli (2000) et Beastly d’Alex Flinn (2007) à la lumière du concept de female signature of protest (signature féminine de protestation) de Nancy K. Miller.
La Belle et la Bête is a frequently rewritten tale. A number of the rewritten versions are due to female authors, in particular in Anglophone countries. The themes raised in the tale, like exogamy and otherness are tied to women’s role in society. This article examines two versions of the tale aimed at teenagers : Beast by Donna Jo Napoli (2000) and Beastly by Alex Flinn (2007) using Nancy K. Miller’s concept of female signature of protest.
Sylvie Rosienski-Pellerin, La Belle et la Bête au cap Enragé, récritures modernes de La Belle et la Bête
Sylvie Rosienski-Pellerin est professeure agrégée au Collège universitaire Glendon (Université York, Toronto). Spécialiste du xxe siècle, auteure de Perecgrinations ludiques : étude de quelques mécanismes du jeu dans l’œuvre romanesque de Georges Perec, elle mène aussi des recherches en littérature de jeunesse, en particulier sur des œuvres postmodernes et sur la problématique de l’Autre.
Nous proposons une lecture de Là où la mer commence (2001), adaptation romanesque pour adultes de La Belle et la Bête, nourrie par celle de l’album pour enfants Annabel et la Bête que publie Dominique Demers cinq ans plus tard et qui s’inspire du roman. Nous nous attardons sur le caractère auto-représentatif des deux textes et leur mise en représentation de l’univers des livres. Demers a repris et modifié des motifs du conte de Leprince de Beaumont pour favoriser un discours de la différence.
Our reading of Là où la mer commence (2001), by Dominique Dermers takes in that of the children’s picture book Annabel et la Bête, which she published five years later and which is clearly inspired by the novel. We look at the self-representative character of both texts and at the way in which they represent the universe of books. Demers reworked and modified some motifs of Leprince de Beaumont’s tale to showcase an approach to otherness which is present in some of her other texts.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-8124-2039-9
- EAN: 9782812420399
- ISSN: 2261-5741
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-2039-9.p.0369
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-06-2014
- Language: French