Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Malraux vu du Japon. Roman, essai et arts
- Pages : 215 à 218
- Collection : Rencontres, n° 556
- Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 43
Résumés
Atsuko Nagaï, « Introduction »
La réception de Malraux au Japon s’est déroulée sur deux périodes : la première des années 1930 aux années 1960 concernait l’« humanisme de l’action », puis la seconde à partir des années 1970 visait l’écrivain amateur d’art et l’homme politique. Depuis la fin du xxe siècle, les études malruciennes au Japon ont marqué un certain recul. Il est temps d’amorcer une troisième période, sur de nouvelles bases : c’est à cela que s’emploie ce recueil d’articles.
Hideki Yoshizawa, « André Malraux et le Nouvel âge littéraire »
André Malraux, qui a publié une série de romans dont l’histoire se déroule en Asie, apparaît comme « homme nouveau » dans le milieu littéraire français au tournant des années 1930, et plus précisément un écrivain qui cherche à dépasser la modernité. Cet article tente de clarifier la nouveauté de son œuvre dans l’histoire de la littérature en analysant le portrait livré de lui par Pierre Drieu la Rochelle dans « Malraux, homme nouveau » et Henri Poulaille dans Nouvel âge littéraire.
Yoriko Sugiura, « Construire une posture d’auteur dans les années 1920-1930. Les cas de Malraux et de Céline »
Le présent article s’intéresse à la stratégie posturale de Malraux et de Céline dans les années 1920-1930. Malgré leurs différences, ces deux écrivains partagent, à leur début, une sympathie artistique et un sentiment de malaise vis-à-vis de la société dont le personnage central des Conquérants,Garine, est l’incarnation. Dans un champ littéraire de plus en plus politisé, tous deux adoptent une posture nettement distincte de celle traditionnelle de l’écrivain dans sa bibliothèque.
216Ritsuko Uezu, « Les représentations différenciées du corps dans La Condition humaine »
En nous intéressant à la représentation du corps dans La Condition humaine, roman considéré par certains critiques comme empreint à bien des égards de misogynie, nous réévaluons l’importance des rôles féminins par comparaison aux rôles masculins. En effet, Malraux voit dans ces personnages féminins « la notion nouvelle de l’homme » et ce faisant leur confère une image plus positive qu’on ne le dit très souvent.
Atsuko Nagaï, « André Malraux et Kiyoshi Komatsu. La notion d’action ou l’humanisme de l’action »
Kiyoshi Komatsu (1900-1962), humaniste, traducteur et critique des premiers livres de Malraux au Japon, a voulu rassembler dans les années 1930, sous l’étendard de l’humanisme de l’action de Malraux, les auteurs prolétariens et d’autres intellectuels. Nourri des connaissances acquises pendant son séjour en France de 1921 à 1931, il a même établi un lien entre la théorie surréaliste et l’humanisme de l’action en soulignant l’instantanéité de l’acte.
Toshihiro Inoue, « La conquête par la “civilisation”. La modernisation de l’Asie dans La Voie royale »
En s’attachant aux Stiengs, peuple montagnard de La Voie royale, cet article examine le regard que Malraux porte sur la modernisation de l’Asie. L’invasion de la péninsule indochinoise par les Occidentaux a causé des changements irréversibles et suscité l’apparition d’États puissants et structurés. À travers les Stiengs menacés par la puissance civilisatrice du Siam, Malraux décrit la modernisation dans cette péninsule et la violence inhérente à ce que l’on nomme alors « civilisation ».
Sadao Fujihara, « De l’affaire Banteay Srei au Musée imaginaire. André Malraux et le contexte de l’archéologie asiatique entre les deux guerres »
La destruction des œuvres du temple Banteay Srei par le jeune Malraux est un fait historique connu. Henri Zerner en a tiré l’idée selon laquelle cette violence « est parfaitement cohérente avec l’attitude » du ministre de la Culture dans ses écrits sur l’art. Nous analyserons cette violence en la juxtaposant à l’esthétisme de Malraux dans Le Musée imaginaire et montrerons que son approche est profondément liée à la méthodologie de l’histoire de l’art asiatique des années 1920 et 1930.
217Noriko Ishikawa, « L’humanisme tragique dans l’œuvre d’André Malraux »
La notion d’« humanisme tragique », bien que mentionnée une seule fois par Malraux lors d’une conférence de 1946, est essentielle à la compréhension de sa pensée de l’homme, qu’il cristallisera dans les années 1970 à travers le concept d’« homme précaire ». Partant de l’influence des pensées nietzschéenne et pascalienne sur celle de Malraux, cet article se propose de révéler toute la complexité de l’humanisme idéal malrucien.
Ayako Hata, « La représentation des villes modernes dans Le Miroir des limbes »
Les villes modernes décrites dans Le Miroir des limbes nous permettent d’en interroger à la fois les dimensions moderne et postmoderne, ainsi que les croisements entre romantisme et modernisme. Alors que les descriptions que l’écrivain a livré de l’Asie, du Moyen-Orient ou de l’Europe du Sud témoignent d’un regard critique à l’égard du monde moderne, le passage de Clappique à Singapour au milieu des Antimémoires laisse penser que l’auteur est devenu un défenseur de la postmodernité.
Kunihiro Arahara, « De Proust à Malraux. L’image et le temps »
L’intertextualité entre Proust et Malraux se dévoile à travers l’album de l’art conçu par le second, Vermeer de Delft. À l’égard de la temporalité des œuvres d’art, les points de vue des deux écrivains semblent identiques, mais s’avèrent, à l’examen, opposés. En revanche, au moyen de la disposition des reproductions de Vermeer et du dessin de Van Meegeren, LeMusée imaginaire de Malraux renouvelle la créativité du « petit pan de mur jaune » proustien.
Chisato Kimizu, « Malraux et l’art abstrait. Le cas de Jean Fautrier »
Alors qu’il perfectionnait les techniques de reproduction des illustrations photographiques dans Le Musée imaginaire afin de permettre aux lecteurs de comparer des œuvres d’art du monde entier, Malraux a rédigé la préface du catalogue de l’exposition de Jean Fautrier connu pour sa « Haute Pâte », propre à souligner la matérialité des tableaux. Nous réfléchirons au point commun entre ces deux perspectives en apparence incompatibles afin de souligner la singularité de la conception que Malraux se fait de l’art.
218Shigemi Inaga, « Le projet de l’histoire de l’art mondial. Résurrection ou mise à mort de l’œuvre d’art ? »
Quelle a été la réception du Musée imaginaire au Japon ? Qui y fut impliqué et de quelle manière ? La métamorphose des œuvres d’art chère à Malraux assure-t-elle la résurrection de celles-ci, ou conduit-elle au contraire à leur mise à mort ? Résulte-t-elle de l’élucidation mutuelle des données visuelles et virtuelles ? Ou nous enferme-t-elle au contraire dans une prison infernale, aujourd’hui nommée World Wide Web ? Telles sont les questions qu’aborde cet article.
Kazuaki Yoshimura, « Le cinéma selon André Malraux. À propos de l’interprétation par André Bazin de Sierra de Teruel »
Sierra de Teruel – Espoir, seul film tourné par Malraux, a donné à André Bazin une belle occasion d’approfondir sa pensée sur le réalisme au cinéma. Dans ce film, où s’incarne admirablement le mythe de l’Espagne antifranquiste, Bazin montre, après avoir analysé l’emploi particulier de l’ellipse, de quelle manière se produit la rencontre de l’homme avec le monde réel à travers de puissantes images. Là se trouve l’enjeu de l’œuvre cinématographique telle que Malraux la conçoit.
Fumio Chiba, « Malraux, Godard et Marker face au musée. Un essai de triangulation »
Dans le Malraux de La Psychologie de l’art, Jean-Luc Godard et Chris Marker ont découvert un véritable génie de la mise en scène des images. Leurs références à Malraux sont constantes dans leurs recherches d’assemblages-montages cinématographiques et tous deux se sont placés dans la lignée de l’écrivain. Un demi-siècle plus tard, à l’ère des images numériques, le Livre d’image de Godard ainsi que l’Immemory de Marker donnent à la notion de Musée imaginaire une nouvelle dimension.
Jeanyves Guerin, « Malraux entre 1944 et 1949, le ministre, le gaulliste »
À la mort d’André Malraux, Plantu publia un dessin en une du Monde ; y figuraient deux tombes identiques : « André Malraux 1901-1945 » et « André Malraux 1945-1976 ». Le dédoublement de la sépulture était-il plus significatif que la similitude des deux monuments ? Il s’agira ici, en reconstituant le parcours politique de Malraux, de la rencontre avec le Général de Gaulle jusqu’au rôle central d’orateur du R.P.F., de montrer la continuité dans la vie de l’écrivain.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-13355-1
- EAN : 9782406133551
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13355-1.p.0215
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/02/2023
- Langue : Français