Résumés et présentations des auteurs
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Lire Zola au xxie siècle
- Pages: 459 to 466
- Collection: Cerisy Colloquia - Literature, n° 5
Résumés
et présentations des auteurs
Aurélie Barjonet et Jean-Sébastien Macke, « Introduction »
L’introduction revient sur l’évolution de la critique zolienne et compare le colloque de Cerisy organisé sur Zola en 2016 à celui qui a eu lieu quarante ans plus tôt, au même endroit, sur le naturalisme. Elle présente ensuite les différents articles réunis dans le volume et souligne dans quelle mesure ceux-ci se montrent capables de faire surgir « un autre Zola ». Enfin, cette introduction montre où se situe l’actualité du romancier des Rougon-Macquart.
Alain Pagès, « Cerisy, juillet 1976 »
Cet article rend compte des conditions intellectuelles dans lesquelles s’est déroulé, en juillet 1976, le colloque de Cerisy sur le naturalisme. Après avoir esquissé le contexte de l’époque, il évoque quelques acteurs majeurs de cette manifestation, et s’interroge sur le contenu d’un colloque qui s’est heurté aux problèmes posés par la définition du naturalisme. Il décrit enfin l’atmosphère qui entoura les débats et dont on retrouve aujourd’hui la tonalité grâce aux transcriptions des interventions publiées dans les actes.
Marion Glaumaud-Carbonnier, « La mémoire pérégrine »
Un arbre, le peuple, la justice : Émile Zola. Peu de mots, parfois, suffisent à circonscrire une œuvre littéraire. Par un mouvement inconscient de notre mémoire, que l’on ait lu ou non Zola, celui-ci nous semble familier, au point de faire emblème dans notre panthéon littéraire et d’habiter toujours nos quotidiens. Qu’est-ce que ce réflexe Zola ? Exercée par les écrivains lors du pèlerinage de Médan, la mémoire zolienne est pourtant un art dont l’esthétique varie au gré du temps et de ses circonstances.
460Charles Dreyfus, Brigitte Émile-Zola, Martine Le Blond-Zola, « De mémoire de descendants »
Réunis le 24 juin 2016 dans une table ronde, les arrière-petites-filles de Zola et le petit-fils de Dreyfus expliquent de quelle manière ils ont, tout au long de leur vie, entretenu la mémoire familiale de leurs aïeux. Ils détaillent les missions qu’ils se sont données au regard de leur héritage (ouverture de leurs archives aux chercheurs, entretien d’un lieu de mémoire, participation à certaines commémorations…) ainsi que leurs engagements au quotidien.
Jean-Yves Mollier, « Zola dans l’édition »
Zola est l’un des rares écrivains à avoir connu de son vivant la gloire littéraire et les grands tirages. Les statistiques que livrent les big data permette de tester la popularité internationale, en termes de traductions, de l’auteur des Rougon-Macquart. On s’aperçoit que Zola se situe à un niveau proche de Hugo, Flaubert et Maupassant, loin devant Rabelais, Voltaire, Rousseau ou Baudelaire, mais en retrait par rapport à Dumas père, Verne ou Balzac. Il est proche par le nombre de traductions de ses œuvres de Camus et de Sartre.
Adeline Wrona, « Zola dans la presse. Circulation médiatique et patrimonialisation »
Comment le souvenir de l’œuvre et de la figure zoliennes hantent-ils nos quotidiens, au tournant des xxe et xxie siècle ? En analysant l’ensemble des titres de la presse française exploités dans la base de données Europresse, cette contribution interroge les formes d’un processus de patrimonialisation, au cours duquel l’image d’un écrivain engagé et clivant se transforme peu à peu en monument national.
Jean-Michel Pottier, « Textes et prétextes. La place de Zola dans les manuels scolaires »
Depuis les années 1950, l’œuvre de Zola a progressivement été introduite dans les manuels scolaires de l’enseignement secondaire en France. Au début du xxie siècle, l’apport des études génétiques a contribué à un réel essor de la lecture des textes zoliens, tantôt sous forme d’extraits, tantôt sous formes d’œuvres complètes. L’analyse des modèles utilisés permet de comprendre 461la situation de l’écrivain dans notre patrimoine littéraire, mais aussi dans sa singularité.
Karl Zieger, « La présence de Zola à l’étranger au début du xxie siècle. L’exemple de l’Allemagne et de l’Autriche »
Le retentissement contemporain de l’œuvre de Zola dans le monde germanique ayant été démontré par plusieurs études, cet article interroge la présence actuelle de Zola outre-Rhin, en analysant les derniers travaux germanophones qui lui sont consacrés, la disponibilité de son œuvre en traduction allemande, ainsi que sa présence dans la presse. Il constate que son œuvre s’inscrit dans quelques domaines actuels de la recherche, comme l’évolution de l’épistémè, les rapports entre sciences naturelles et sciences humaines et celui du regard.
Elizabeth Emery, « Zola et les réseaux sociaux »
En examinant les représentations de Zola affichées sur les plateformes sociales numériques, cette contribution offre des pistes pour « lire » Zola à la lumière des blogs, des « épingles » et des « tweets ». Objet d’un discours à la fois littéraire, artistique, scientifique et politique, dans quelle mesure la place actuelle de Zola sur les réseaux sociaux dérive-t-elle de son œuvre et de sa vie ?
Olivier Lumbroso, « Quatre ans d’ArchiZ. Le numérique, la pensée et la vie »
Cette communication revient sur l’histoire du premier projet de l’équipe Zola de l’ITEM dans le champ des Humanités numériques. Le projet ArchiZ a impliqué l’équipe dans un programme consacré aux archives zoliennes, où l’appui digital se mettait au service d’un projet patrimonial. Au final, il s’avère que le numérique a engagé les chercheurs dans des problématiques inédites, telles que celles des big data et des métadonnées, du traitement infographique de l’archive, des usages sociaux et de la formation pédagogique en contexte académique.
462Stephan Leopold, « Le spectre de la régénération et les ambiguïtés de l’utopie. Michel Houellebecq, lecteur du dernier Zola »
À partir de 1871, la littérature française oscille entre la constatation d’une décadence irrémédiable et le fantasme d’une revitalisation prochaine. À l’instar de Zola dans Les Quatre Évangiles, qui se trouve déchiré entre ces deux options, Houellebecq nous montre l’épuisement absolu de la culture occidentale et sa revitalisation à travers l’autre. La France rajeunie et régénérée par soi-même dont rêve Zola devient chez Houellebecq une France qui doit finalement se soumettre à l’autre pour avoir de l’avenir.
Thierry Beinstingel et Aurélie Barjonet, « Entretien »
L’écrivain revient sur ses romans qui ont pour cadre l’entreprise, vécue comme un espace de déshumanisation et de dévoration, ce qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de Zola. Il présente également en exclusivité son dernier opus : Vie prolongée d’Arthur Rimbaud (Fayard, 2016). Cet entretien avec Aurélie Barjonet a donné lieu à un échange nourri avec le public, tel qu’on peut le voir dans cette retranscription de la soirée littéraire qui s’est tenue le 28 juin 2016 au château de Cerisy-la-Salle.
Anna Gural-Migdal, « L’héritage zolien dans le cinéma de Bruno Dumont. La Débâcle et Flandres »
Cet article compare deux récits de guerre, La Débâcle et Flandres, pour examiner comment le rapport immédiat du corps au paysage y construit un présent scénique chargé d’affect qui confère une dimension nouvelle au personnage et à la fiction. Il analyse la façon dont Zola et Dumont travaillent le matériau de l’image et sa dynamique filmique, afin de sonder la terre dans la charge affective et viscérale dont elle est porteuse pendant la guerre, montrée comme le degré zéro d’une surface qui projette la barbarie de l’homme.
Fabrice Humbert et Dominique Manotti, « Entretien croisé »
Conversant le 25 juin 2016 devant le public de la médiathèque de Saint-Lô puis celui de Cerisy-la-Salle, les deux auteurs s’expriment sur le modèle romanesque que représente Zola. Ici, ils dévoilent et comparent leurs intentions, leurs techniques, en regard l’un de l’autre et par rapport à l’auteur naturaliste. 463Tous deux se retrouvent dans leur volonté de représenter et d’analyser la violence à l’œuvre dans la société.
Émilie Piton-Foucault, « La parabole des aveugles dans Les Rougon-Macquart. Les personnages étendards du naturalisme dans l’impasse »
Certains personnages des Rougon-Macquart incarnent une expérimentation active des principes naturalistes : l’enquête méthodique du vrai chez Denizet ; la représentation du réel dans l’art de Claude et de Sandoz ; la logique scientifique de Pascal appliquée à l’hérédité. Les agissements de ces représentants de la recherche transparente et réaliste rencontrent l’impossible élucidation, l’aveuglement ou l’intransitivité : des échecs les conduisant à la mort, l’enfermement, voire l’abandon de leur théorie.
Jeanne Bem, « “L’excès de la réalité”. Ce que Flaubert nous apprend de Zola quand il le lit »
« L’excès de la réalité » : c’est à propos de La Conquête de Plassans que Flaubert suggère ce que serait le rapport de Zola au réel. Cet article retrace les relations délicates qu’ont entretenues les deux romanciers, Zola cherchant à impliquer Flaubert dans les enjeux du naturalisme, Flaubert restant imperméable à l’expérimentation stylistique de Zola, mais se disant avec constance admiratif devant sa puissance de producteur d’images. Leurs écritures se rejoindraient peut-être dans leur souci commun : le dépassement des limites.
Thomas Conrad, « La longueur des chapitres »
Le chapitre joue un rôle essentiel de régulation de notre lecture des romans. Peut-on tenter une analyse quantitative des chapitres au xixe siècle ? Zola, romancier « architecte » et « musicien » est le premier à avoir explicité le rôle du chapitre dans sa poétique ; il incarne un moment crucial de l’histoire du chapitre. La longueur des chapitres remplit chez lui plusieurs fonctions : signal intertextuel, positionnement dans le champ littéraire, procédé de composition, mise en forme du récit.
464Midori Nakamura, « Destin des personnages secondaires du roman au théâtre. L’exemple de la reine Pomaré dans Nana »
Les personnages secondaires dans les œuvres d’Émile Zola sont souvent investis d’une fonction spécifique, nécessaire au récit, par exemple l’annonce du dénouement. Dans le cadre des transpositions que Zola a souvent opérées du roman au théâtre, il s’emploie à tirer un effet maximal de ce type de personnage. Cet article compare les modalités romanesque et dramatique de la représentation des personnages secondaires à l’exemple du personnage de la reine Pomaré.
Frédérique Giraud, « Pour une sociobiographie de Zola »
Il est possible d’expliquer en sociologue les pratiques de création littéraire d’un écrivain en articulant l’analyse des propriétés thématiques et stylistiques de ses œuvres et celle de ses propriétés biographiques et sociales. Cet article montre ainsi que, dans Les Rougon-Macquart, la récurrence des parcours de réussite économique et l’intérêt de l’écrivain pour les déplacements sociaux des personnages sont le produit de la position de Zola dans l’espace et des expériences socialisatrices qui la singularisent.
Marie Scarpa, « La pensée sauvage du récit. Pour une ethnocritique de Zola »
Après être revenu sur la spécificité de l’ethnocritique de la littérature dans le champ des études de nature anthropologique consacrées à l’œuvre de Zola, cet article en propose une illustration à partir de La Fortune des Rougon et d’un micro-motif, la boiterie de Gervaise, un déséquilibre ambulatoire tout autant « naturaliste » qu’analogique et symbolique. À l’issue de cette exploration des logiques de sémiotisation textuelle et culturelle, c’est le roman moderne comme « conflit de cosmologies » que cette contribution interroge.
Éléonore Reverzy, « Parmi les tombes. Un nouveau régime de la mort chez Zola »
L’article interroge les motivations politiques, esthétiques et poétiques de la représentation du cimetière dans Les Rougon-Macquart : lieu de la transgression première, rituels qui dysfonctionnent, moments d’une réflexion esthétique, la nécropole est un chronotope qui permet au romancier de dessiner le nouveau rapport à la mort que pose le xixe siècle.
465Sébastien Roldan, « Quelques notes sur la Seine chez Zola »
Étudier la représentation de la Seine dans les écrits de Zola, c’est s’arrêter à l’image textuelle de l’un des objets de prédilection du regard naturaliste. La correspondance de l’auteur, ses contes et nouvelles, ses romans témoignent d’une puissante affection pour celle qu’il nomme « la Géante » ou « la rivière ». Pensée tantôt comme « un désert » ou comme « le vide », la Seine fascine Zola, attire à elle son écriture. Cet article, couvrant la période de 1858 à 1893, se veut une première entrée dans cet univers.
Michaël Rosenfeld, « Scénographie et esthétique de la sexualité dans l’œuvre de Zola »
Comment parler de sexualité durant une période où des propos trop osés sont jugés scandaleux et soumis à une censure officielle et officieuse ? Cet article montre les différents procédés qu’utilise Zola pour parler de sexualité dans son œuvre littéraire, en effectuant un caviardage lexicologique des mots obscènes tout en maintenant la thématique sexuelle. En évitant les propos osés, les allusions demeurent et permettent à chacun de ses lecteurs d’imaginer les détails sensuels.
Larry Duffy, « Zola et les humanités médicales. Le(s) cas de Lourdes »
Les medical humanities, tendance interdisciplinaire d’origine anglophone, visent à repérer l’expression des thèmes médicaux dans les artéfacts de production culturelle et en même temps à appliquer aux discours médicaux les perspectives critiques des littéraires. Mais le but originel des humanités médicales était thérapeutique. Après avoir abordé quelques exemples du fait médical chez Zola, cet article présente une lecture de Lourdes centrée sur l’expérience de la maladie et de la guérison.
Céline Grenaud-Tostain, « La choréographie clinique. Le ballet hystérique zolien »
La rhétorique des corps mis en scène dans l’œuvre zolienne articule les lois physiologiques et les diagnostics portés par la narration à une vaste allégorie du détraquement et de la souffrance. Le décodage de cette grammaire gestuelle et organique, individuelle ou collective, détecte les tares du Second 466Empire et les affres d’une humanité en déroute. La chorégraphie clinique ainsi esquissée est appréhendée au détour d’une série de paradoxes à laquelle une herméneutique de la contradiction est à même de donner de la cohérence.
Lola Kheyar Stibler, « Lire La Joie de vivre (1884) à l’aune de l’épistémo-stylistique »
En associant l’épistémocritique et l’analyse stylistique, cet article montre que le « moi » émietté mis en scène dans La Joie de vivre participe de la même nébuleuse épistémique que le « moi » intermittent et discontinu décrit par Taine dans De l’intelligence. La convergence de certaines représentations à une époque donnée permet ainsi d’observer les modes par lesquels la représentation fictionnelle prétend opérer. En neutralisant le pathos des représentations morbides, l’énonciation romanesque suscite des effets pathétiques puissants.
Béatrice Laville, « Les vertus romanesques de l’émotion »
La critique zolienne s’est assez peu consacrée à l’étude d’une écriture de l’émotion trop souvent limitée à la question du drame. Les deux derniers cycles ouvrent largement à l’expression et à la valorisation des émotions, dont l’enjeu est tout à la fois esthétique et éthique. L’étude centrée sur Paris montre combien le dispositif textuel, s’appuyant sur l’empathie, ouvre la voie d’une compréhension renouvelée du monde que porte la fonction éthique du roman liée à l’inférence morale et à l’imagination narrative qu’il suscite.
Chantal Pierre, « Zola, auteur empathique ? »
À l’heure où la notion d’empathie est devenue une référence dominante, les textes de Zola demandent à être réinterrogés dans cette perspective. En effet, les reproches qui lui ont été adressés en son temps ont en un sens été réactivés par les lectures des cinquante dernières années : le voyeurisme de Zola compromet l’idée d’une œuvre empathique. Cette étude explique à quel point Zola est conscient du risque encouru par cette littérature du « tout voir » et comment il scénographie les protocoles de l’empathie et de la désempathie.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07961-3
- EAN: 9782406079613
- ISSN: 2495-2788
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07961-3.p.0459
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-19-2018
- Language: French