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Classiques Garnier

Résumés et présentations des auteurs

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Lire Zola au xxie siècle
  • Pages : 459 à 466
  • Collection : Colloques de Cerisy - Littérature, n° 5
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406079613
  • ISBN : 978-2-406-07961-3
  • ISSN : 2495-2788
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07961-3.p.0459
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/12/2018
  • Langue : Français
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Résumés
et présentations des auteurs

Aurélie Barjonet et Jean-Sébastien Macke, « Introduction »

Lintroduction revient sur lévolution de la critique zolienne et compare le colloque de Cerisy organisé sur Zola en 2016 à celui qui a eu lieu quarante ans plus tôt, au même endroit, sur le naturalisme. Elle présente ensuite les différents articles réunis dans le volume et souligne dans quelle mesure ceux-ci se montrent capables de faire surgir « un autre Zola ». Enfin, cette introduction montre où se situe lactualité du romancier des Rougon-Macquart.

Alain Pagès, « Cerisy, juillet 1976 »

Cet article rend compte des conditions intellectuelles dans lesquelles sest déroulé, en juillet 1976, le colloque de Cerisy sur le naturalisme. Après avoir esquissé le contexte de lépoque, il évoque quelques acteurs majeurs de cette manifestation, et sinterroge sur le contenu dun colloque qui sest heurté aux problèmes posés par la définition du naturalisme. Il décrit enfin latmosphère qui entoura les débats et dont on retrouve aujourdhui la tonalité grâce aux transcriptions des interventions publiées dans les actes.

Marion Glaumaud-Carbonnier, « La mémoire pérégrine »

Un arbre, le peuple, la justice : Émile Zola. Peu de mots, parfois, suffisent à circonscrire une œuvre littéraire. Par un mouvement inconscient de notre mémoire, que lon ait lu ou non Zola, celui-ci nous semble familier, au point de faire emblème dans notre panthéon littéraire et dhabiter toujours nos quotidiens. Quest-ce que ce réflexe Zola ? Exercée par les écrivains lors du pèlerinage de Médan, la mémoire zolienne est pourtant un art dont lesthétique varie au gré du temps et de ses circonstances.

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Charles Dreyfus, Brigitte Émile-Zola, Martine Le Blond-Zola, « De mémoire de descendants »

Réunis le 24 juin 2016 dans une table ronde, les arrière-petites-filles de Zola et le petit-fils de Dreyfus expliquent de quelle manière ils ont, tout au long de leur vie, entretenu la mémoire familiale de leurs aïeux. Ils détaillent les missions quils se sont données au regard de leur héritage (ouverture de leurs archives aux chercheurs, entretien dun lieu de mémoire, participation à certaines commémorations…) ainsi que leurs engagements au quotidien.

Jean-Yves Mollier, « Zola dans lédition »

Zola est lun des rares écrivains à avoir connu de son vivant la gloire littéraire et les grands tirages. Les statistiques que livrent les big data permette de tester la popularité internationale, en termes de traductions, de lauteur des Rougon-Macquart. On saperçoit que Zola se situe à un niveau proche de Hugo, Flaubert et Maupassant, loin devant Rabelais, Voltaire, Rousseau ou Baudelaire, mais en retrait par rapport à Dumas père, Verne ou Balzac. Il est proche par le nombre de traductions de ses œuvres de Camus et de Sartre.

Adeline Wrona, « Zola dans la presse. Circulation médiatique et patrimonialisation »

Comment le souvenir de lœuvre et de la figure zoliennes hantent-ils nos quotidiens, au tournant des xxe et xxie siècle ? En analysant lensemble des titres de la presse française exploités dans la base de données Europresse, cette contribution interroge les formes dun processus de patrimonialisation, au cours duquel limage dun écrivain engagé et clivant se transforme peu à peu en monument national.

Jean-Michel Pottier, « Textes et prétextes. La place de Zola dans les manuels scolaires »

Depuis les années 1950, lœuvre de Zola a progressivement été introduite dans les manuels scolaires de lenseignement secondaire en France. Au début du xxie siècle, lapport des études génétiques a contribué à un réel essor de la lecture des textes zoliens, tantôt sous forme dextraits, tantôt sous formes dœuvres complètes. Lanalyse des modèles utilisés permet de comprendre 461la situation de lécrivain dans notre patrimoine littéraire, mais aussi dans sa singularité.

Karl Zieger, « La présence de Zola à létranger au début du xxie siècle. Lexemple de lAllemagne et de lAutriche »

Le retentissement contemporain de lœuvre de Zola dans le monde germanique ayant été démontré par plusieurs études, cet article interroge la présence actuelle de Zola outre-Rhin, en analysant les derniers travaux germanophones qui lui sont consacrés, la disponibilité de son œuvre en traduction allemande, ainsi que sa présence dans la presse. Il constate que son œuvre sinscrit dans quelques domaines actuels de la recherche, comme lévolution de lépistémè, les rapports entre sciences naturelles et sciences humaines et celui du regard.

Elizabeth Emery, « Zola et les réseaux sociaux »

En examinant les représentations de Zola affichées sur les plateformes sociales numériques, cette contribution offre des pistes pour « lire » Zola à la lumière des blogs, des « épingles » et des « tweets ». Objet dun discours à la fois littéraire, artistique, scientifique et politique, dans quelle mesure la place actuelle de Zola sur les réseaux sociaux dérive-t-elle de son œuvre et de sa vie ?

Olivier Lumbroso, « Quatre ans dArchiZ. Le numérique, la pensée et la vie »

Cette communication revient sur lhistoire du premier projet de léquipe Zola de lITEM dans le champ des Humanités numériques. Le projet ArchiZ a impliqué léquipe dans un programme consacré aux archives zoliennes, où lappui digital se mettait au service dun projet patrimonial. Au final, il savère que le numérique a engagé les chercheurs dans des problématiques inédites, telles que celles des big data et des métadonnées, du traitement infographique de larchive, des usages sociaux et de la formation pédagogique en contexte académique.

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Stephan Leopold, « Le spectre de la régénération et les ambiguïtés de lutopie. Michel Houellebecq, lecteur du dernier Zola »

À partir de 1871, la littérature française oscille entre la constatation dune décadence irrémédiable et le fantasme dune revitalisation prochaine. À linstar de Zola dans Les Quatre Évangiles, qui se trouve déchiré entre ces deux options, Houellebecq nous montre lépuisement absolu de la culture occidentale et sa revitalisation à travers lautre. La France rajeunie et régénérée par soi-même dont rêve Zola devient chez Houellebecq une France qui doit finalement se soumettre à lautre pour avoir de lavenir.

Thierry Beinstingel et Aurélie Barjonet, « Entretien »

Lécrivain revient sur ses romans qui ont pour cadre lentreprise, vécue comme un espace de déshumanisation et de dévoration, ce qui nest pas sans rappeler lœuvre de Zola. Il présente également en exclusivité son dernier opus : Vie prolongée dArthur Rimbaud (Fayard, 2016). Cet entretien avec Aurélie Barjonet a donné lieu à un échange nourri avec le public, tel quon peut le voir dans cette retranscription de la soirée littéraire qui sest tenue le 28 juin 2016 au château de Cerisy-la-Salle.

Anna Gural-Migdal, « Lhéritage zolien dans le cinéma de Bruno Dumont. La Débâcle et Flandres »

Cet article compare deux récits de guerre, La Débâcle et Flandres, pour examiner comment le rapport immédiat du corps au paysage y construit un présent scénique chargé daffect qui confère une dimension nouvelle au personnage et à la fiction. Il analyse la façon dont Zola et Dumont travaillent le matériau de limage et sa dynamique filmique, afin de sonder la terre dans la charge affective et viscérale dont elle est porteuse pendant la guerre, montrée comme le degré zéro dune surface qui projette la barbarie de lhomme.

Fabrice Humbert et Dominique Manotti, « Entretien croisé »

Conversant le 25 juin 2016 devant le public de la médiathèque de Saint-Lô puis celui de Cerisy-la-Salle, les deux auteurs sexpriment sur le modèle romanesque que représente Zola. Ici, ils dévoilent et comparent leurs intentions, leurs techniques, en regard lun de lautre et par rapport à lauteur naturaliste. 463Tous deux se retrouvent dans leur volonté de représenter et danalyser la violence à lœuvre dans la société.

Émilie Piton-Foucault, « La parabole des aveugles dans Les Rougon-Macquart. Les personnages étendards du naturalisme dans limpasse »

Certains personnages des Rougon-Macquart incarnent une expérimentation active des principes naturalistes : lenquête méthodique du vrai chez Denizet ; la représentation du réel dans lart de Claude et de Sandoz ; la logique scientifique de Pascal appliquée à lhérédité. Les agissements de ces représentants de la recherche transparente et réaliste rencontrent limpossible élucidation, laveuglement ou lintransitivité : des échecs les conduisant à la mort, lenfermement, voire labandon de leur théorie.

Jeanne Bem, « “Lexcès de la réalité”. Ce que Flaubert nous apprend de Zola quand il le lit »

« Lexcès de la réalité » : cest à propos de La Conquête de Plassans que Flaubert suggère ce que serait le rapport de Zola au réel. Cet article retrace les relations délicates quont entretenues les deux romanciers, Zola cherchant à impliquer Flaubert dans les enjeux du naturalisme, Flaubert restant imperméable à lexpérimentation stylistique de Zola, mais se disant avec constance admiratif devant sa puissance de producteur dimages. Leurs écritures se rejoindraient peut-être dans leur souci commun : le dépassement des limites.

Thomas Conrad, « La longueur des chapitres »

Le chapitre joue un rôle essentiel de régulation de notre lecture des romans. Peut-on tenter une analyse quantitative des chapitres au xixe siècle ? Zola, romancier « architecte » et « musicien » est le premier à avoir explicité le rôle du chapitre dans sa poétique ; il incarne un moment crucial de lhistoire du chapitre. La longueur des chapitres remplit chez lui plusieurs fonctions : signal intertextuel, positionnement dans le champ littéraire, procédé de composition, mise en forme du récit.

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Midori Nakamura, « Destin des personnages secondaires du roman au théâtre. Lexemple de la reine Pomaré dans Nana »

Les personnages secondaires dans les œuvres dÉmile Zola sont souvent investis dune fonction spécifique, nécessaire au récit, par exemple lannonce du dénouement. Dans le cadre des transpositions que Zola a souvent opérées du roman au théâtre, il semploie à tirer un effet maximal de ce type de personnage. Cet article compare les modalités romanesque et dramatique de la représentation des personnages secondaires à lexemple du personnage de la reine Pomaré.

Frédérique Giraud, « Pour une sociobiographie de Zola »

Il est possible dexpliquer en sociologue les pratiques de création littéraire dun écrivain en articulant lanalyse des propriétés thématiques et stylistiques de ses œuvres et celle de ses propriétés biographiques et sociales. Cet article montre ainsi que, dans Les Rougon-Macquart, la récurrence des parcours de réussite économique et lintérêt de lécrivain pour les déplacements sociaux des personnages sont le produit de la position de Zola dans lespace et des expériences socialisatrices qui la singularisent.

Marie Scarpa, « La pensée sauvage du récit. Pour une ethnocritique de Zola »

Après être revenu sur la spécificité de lethnocritique de la littérature dans le champ des études de nature anthropologique consacrées à lœuvre de Zola, cet article en propose une illustration à partir de La Fortune des Rougon et dun micro-motif, la boiterie de Gervaise, un déséquilibre ambulatoire tout autant « naturaliste » quanalogique et symbolique. À lissue de cette exploration des logiques de sémiotisation textuelle et culturelle, cest le roman moderne comme « conflit de cosmologies » que cette contribution interroge.

Éléonore Reverzy, « Parmi les tombes. Un nouveau régime de la mort chez Zola »

Larticle interroge les motivations politiques, esthétiques et poétiques de la représentation du cimetière dans Les Rougon-Macquart : lieu de la transgression première, rituels qui dysfonctionnent, moments dune réflexion esthétique, la nécropole est un chronotope qui permet au romancier de dessiner le nouveau rapport à la mort que pose le xixe siècle.

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Sébastien Roldan, « Quelques notes sur la Seine chez Zola »

Étudier la représentation de la Seine dans les écrits de Zola, cest sarrêter à limage textuelle de lun des objets de prédilection du regard naturaliste. La correspondance de lauteur, ses contes et nouvelles, ses romans témoignent dune puissante affection pour celle quil nomme « la Géante » ou « la rivière ». Pensée tantôt comme « un désert » ou comme « le vide », la Seine fascine Zola, attire à elle son écriture. Cet article, couvrant la période de 1858 à 1893, se veut une première entrée dans cet univers.

Michaël Rosenfeld, « Scénographie et esthétique de la sexualité dans lœuvre de Zola »

Comment parler de sexualité durant une période où des propos trop osés sont jugés scandaleux et soumis à une censure officielle et officieuse ? Cet article montre les différents procédés quutilise Zola pour parler de sexualité dans son œuvre littéraire, en effectuant un caviardage lexicologique des mots obscènes tout en maintenant la thématique sexuelle. En évitant les propos osés, les allusions demeurent et permettent à chacun de ses lecteurs dimaginer les détails sensuels.

Larry Duffy, « Zola et les humanités médicales. Le(s) cas de Lourdes »

Les medical humanities, tendance interdisciplinaire dorigine anglophone, visent à repérer lexpression des thèmes médicaux dans les artéfacts de production culturelle et en même temps à appliquer aux discours médicaux les perspectives critiques des littéraires. Mais le but originel des humanités médicales était thérapeutique. Après avoir abordé quelques exemples du fait médical chez Zola, cet article présente une lecture de Lourdes centrée sur lexpérience de la maladie et de la guérison.

Céline Grenaud-Tostain, « La choréographie clinique. Le ballet hystérique zolien »

La rhétorique des corps mis en scène dans lœuvre zolienne articule les lois physiologiques et les diagnostics portés par la narration à une vaste allégorie du détraquement et de la souffrance. Le décodage de cette grammaire gestuelle et organique, individuelle ou collective, détecte les tares du Second 466Empire et les affres dune humanité en déroute. La chorégraphie clinique ainsi esquissée est appréhendée au détour dune série de paradoxes à laquelle une herméneutique de la contradiction est à même de donner de la cohérence.

Lola Kheyar Stibler, « Lire La Joie de vivre (1884) à laune de lépistémo-stylistique »

En associant lépistémocritique et lanalyse stylistique, cet article montre que le « moi » émietté mis en scène dans La Joie de vivre participe de la même nébuleuse épistémique que le « moi » intermittent et discontinu décrit par Taine dans De lintelligence. La convergence de certaines représentations à une époque donnée permet ainsi dobserver les modes par lesquels la représentation fictionnelle prétend opérer. En neutralisant le pathos des représentations morbides, lénonciation romanesque suscite des effets pathétiques puissants.

Béatrice Laville, « Les vertus romanesques de lémotion »

La critique zolienne sest assez peu consacrée à létude dune écriture de lémotion trop souvent limitée à la question du drame. Les deux derniers cycles ouvrent largement à lexpression et à la valorisation des émotions, dont lenjeu est tout à la fois esthétique et éthique. Létude centrée sur Paris montre combien le dispositif textuel, sappuyant sur lempathie, ouvre la voie dune compréhension renouvelée du monde que porte la fonction éthique du roman liée à linférence morale et à limagination narrative quil suscite.

Chantal Pierre, « Zola, auteur empathique ? »

À lheure où la notion dempathie est devenue une référence dominante, les textes de Zola demandent à être réinterrogés dans cette perspective. En effet, les reproches qui lui ont été adressés en son temps ont en un sens été réactivés par les lectures des cinquante dernières années : le voyeurisme de Zola compromet lidée dune œuvre empathique. Cette étude explique à quel point Zola est conscient du risque encouru par cette littérature du « tout voir » et comment il scénographie les protocoles de lempathie et de la désempathie.