Avertissement [par Bonnaterre, 1790]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Les Savoirs sur l’animal dans l’Encyclopédie méthodique. Tome I
- Pages : 1243 à 1252
- Nombre de volumes : 2
- Collection : Bibliothèque du xviiie siècle, n° 47
Avertissement
[par Bonnaterre, 1790]
Quoique les oiseaux aient été dans tous les temps l’objet des recherches et des observations des philosophes, il nous reste cependant bien peu d’ouvrages sur l’histoire de ces animaux : Aristote et Pline sont les seuls, parmi les anciens, qui nous aient laissé quelques détails sur l’ornithologie1. Le premier a fait, à sa manière, un tableau comparé des mœurs des oiseaux, de leurs habitudes et de leur conformation extérieure, relativement aux autres animaux ; c’est le plan d’un projet qui devait s’exécuter un jour, et l’ébauche d’un travail qui ne pouvait être achevé que lorsqu’on aurait recueilli un nombre suffisant de matériaux.
Pline, qui a consacré aux oiseaux le dixième livre de son ouvrage, a parlé d’un assez grand nombre d’espèces, mais d’une manière confuse et sans ordre ; il s’est moins occupé de donner des descriptions exactes que de faire le récit des fictions et des contes ridicules qu’on attribuait de son temps à l’espèce volatile.
Pendant le cours des années qui se sont écoulées depuis l’existence de ces deux naturalistes jusqu’au milieu du seizième siècle, l’ornithologie a été cultivée avec peu de succès : Belon et Gesner, dont le zèle et les connaissances méritent les plus grands éloges, ont donné les premières impulsions à cette science2. Leurs ouvrages sont aussi recommandables par les principes et les observations intéressantes qu’ils contiennent, que par les détails historiques qu’ils renferment ; il y a des morceaux qu’on lit encore avec intérêt et même avec plaisir.
1244Aldrovande parut peu de temps après3. À l’exemple de Belon, il sentit la nécessité de classer les oiseaux, et il établit le fondement de sa distribution méthodique sur les lieux que les oiseaux fréquentent et les vivres dont ils se nourrissent. Son ouvrage contient tout ce qui avait été dit jusqu’alors sur l’ornithologie ; il l’augmenta même d’une grande quantité de figures et de descriptions nouvelles ; mais quoique ses portraits soient assez exacts, ses gravures ne sont pas meilleures que celles de Belon et de Gesner4.
Schwenckfeld publia en 1603, par ordre alphabétique, comme l’avait pratiqué [iv] Gesner, l’Histoire des animaux de Silésie, parmi lesquels sont compris les oiseaux5. On peut dire en général que c’est un bon ouvrage ; un des plus grands reproches qu’on lui a fait, c’est que ses phrases descriptives sont trop succinctes et ne suffisent pas toujours pour donner une notion précise de l’animal.
En 1650, Jonston fit paraître son histoire des animaux, où il a analysé tout ce qu’avaient dit sur les oiseaux les naturalistes qui l’avaient précédé.
Tous les ouvrages qui avaient paru jusqu’alors sur l’ornithologie n’étaient que des répétitions ou des commentaires sur tout ce qu’on avait écrit auparavant. Willuhby parut6, et son traité sur les oiseaux, surtout l’édition qui fut corrigée par Ray7, attira l’attention de tous les naturalistes. Il bannit de son ouvrage une multitude de faits absurdes, consacrés par l’ignorance et la superstition ; il donna des descriptions exactes et bien détaillées et proposa une nouvelle classification. Cette manière de traiter les oiseaux ouvrit une nouvelle carrière aux naturalistes ; au lieu de chercher dans les mœurs ou dans la manière de vivre de ces animaux quelques méthodes de division, comme on l’avait pratiqué jusqu’alors, on tâcha de découvrir dans leur conformation extérieure des caractères propres à les faire connaître. Barrère, Klein, Moehring, Salerne, Linné, MM. Brisson, Pennant et Latham8 ont depuis proposé successivement diverses méthodes dont les caractères distinctifs ont été 1245pris, tantôt de la forme du bec, tantôt de la structure des pattes. Celle de Linné, malgré les défauts qu’on lui reproche, réunit néanmoins de grands avantages ; elle a un grand nombre de partisans et présente peut-être moins de difficultés qu’on le suppose à ceux qui entendent le sens des mots techniques qu’il emploie, et qui sont familiarisés avec sa manière abrégée de décrire. L’ornithologie de M. Brisson eût joui d’une estime plus universelle, si quelques écrivains, en relevant les défauts de cet ouvrage avec plus de ménagement, eussent jugé ce naturaliste avec moins d’aigreur. La division méthodique de M. Pennant est simple, facile et assez conforme à l’ordre naturel ; M. Latham l’a adoptée et perfectionnée dans l’excellent ouvrage qu’il a publié sur les oiseaux9.
Outre les auteurs anciens et les méthodistes dont nous venons de parler, il y a eu une foule de naturalistes qui ont fait connaître les oiseaux de différents pays : [v] Marcgrave et Pison ont décrit ceux du Brésil10 ; 1246Nieremberg11 et Hernandés12, ceux du Mexique ; Sybbald, ceux d’Irlande13 ; Rzaczynski, ceux de Pologne14 ; Sloane, ceux de la Jamaïque15 ; Marsili, ceux du Danube16 ; Frisch, ceux d’Europe17 ; Edwards, un grand nombre d’oiseaux étrangers18 ; Catesbi, ceux de la Caroline19 ; Brunniche, ceux du 1247Dannemarck20 ; et Forskal21 a donné une notice de ceux qu’il a trouvés en Arabie22. Dans ces derniers temps l’histoire des oiseaux a été enrichie des ouvrages de MM. Nozeman23, Cetti24, Bernini25, Tengmalm26, Bockius27, Hayes28, Brown29, Jacquin30, de Thurn31, Gerini32, Merrem33, Sonnerat34, 1248Mauduit35, Sparrman36, Bruce37, Forster38, Paterson39, Gmelin40 dont la plupart renferment des descriptions fort exactes et des gravures parfaites.
Il ne me reste, pour compléter la liste des meilleurs auteurs qui ont écrit sur les oiseaux, que de citer l’ouvrage immortel composé par MM. de Buffon et Montbeillard, et qui a été si justement applaudi dans toute l’Europe. On y trouve des discussions profondes sur les mœurs et les habitudes des oiseaux, une infinité d’observations lumineuses sur l’exercice de leurs facultés, la description d’une multitude d’espèces nouvelles, et cette beauté de style, cette richesse d’élocution aussi variée que la nature, et qui a contribué avec tant de succès à répandre le goût et l’enthousiasme de l’histoire naturelle.
Après cette légère esquisse de l’histoire et du progrès de l’ornithologie, je vais, en peu de mots, rendre compte du plan que j’ai suivi dans l’exécution de cet ouvrage. Avant de passer à la description des espèces, j’ai cru devoir porter mes recherches sur les qualités communes à tous les oiseaux ; en conséquence, j’ai fait un tableau abrégé de leurs mœurs, de leurs habitudes, de leurs facultés, des rapports qu’ils ont avec les autres animaux et des différences qui les en séparent. L’explication des 1249mots techniques dont on se sert en ornithologie et le précis anatomique que j’ai mis à la suite de l’introduction peuvent être d’un grand secours à ceux qui se livrent à l’étude des oiseaux et qui aiment à connaître l’anatomie comparée des animaux.
J’ai adopté pour la classification des oiseaux une méthode nouvelle que M. Daubenton a bien voulu me communiquer et dont les fondements sont établis sur la structure des pattes. Je me suis permis uniquement de changer quelquefois l’ordre des classes, [vj] afin de conserver la gradation que la nature semble avoir mise entre les familles ; mais comme la tribu des oiseaux est fort nombreuse et qu’il est souvent très difficile de déterminer, suivant les principes d’une seule méthode, dans quelle famille doit être rangé tel ou tel individu, j’ai mis à côté de la table synoptique dont je viens de parler celle de Linné, afin que les imperfections de l’une puissent être rectifiées par les avantages de l’autre41.
En traçant les caractères génériques, j’ai développé, avec plus de détail qu’on n’avait fait jusqu’ici, la conformation du corps et de la tête, la structure du bec, de la langue, des narines, des ailes, des pattes et de la queue. J’ai ajouté de plus, à la fin de chacun de ces articles, un tableau abrégé de ce qu’il y a de plus intéressant dans les mœurs des oiseaux qui composent ce genre : j’indique ordinairement le lieu qu’ils habitent, la nourriture qu’ils préfèrent, l’endroit où ils construisent le nid, la forme et le nombre des œufs, etc., etc.
J’ai établi, comme tous les naturalistes l’ont pratiqué jusqu’ici, la distinction des espèces sur la différence des couleurs, mais je dois observer que ce caractère est peu constant et très équivoque. Le plumage de l’oiseau, lorsqu’il est jeune, diffère considérablement de celui de l’animal adulte ; la livrée du mâle ne ressemble point à celle de la femelle ; il y a encore d’autres différences dans la couleur qui résultent de l’influence du climat et de la nourriture, de la domesticité et de la captivité, du transport et des migrations naturelles ou forcées. Comment distinguer, à travers tant de causes d’altération ou de dégénération, la teinte qui appartient à chaque individu et fixer par conséquent la ligne de démarcation qui sépare les espèces ? Nos plus grands ornithologues ont éprouvé avant moi ces difficultés ; et malgré les peines qu’ils se sont données pour les surmonter, ils s’y sont mépris et ont souvent décrit 1250comme espèces distinctes des oiseaux qui ne diffèrent entre eux que par l’âge, le sexe, ou par quelques autres altérations qu’ils avaient subies en passant dans des climats différents. J’ai corrigé beaucoup de ces erreurs à mesure que je les ai rencontrées ; et pour diminuer le nombre de celles que je suis dans le cas de commettre, j’ai rapporté, dans la plupart des descriptions, la différence de couleur qui se trouve entre le mâle et la femelle, entre les jeunes oiseaux et les adultes, et les autres traits caractéristiques, tirés de l’organisation extérieure. La couleur des pennes de l’aile et de la queue, de l’aveu de tous les naturalistes, est moins sujette à varier que celle des autres plumes ; aussi je n’ai presque jamais négligé d’en faire mention.
J’aurais voulu bannir de mon ouvrage les noms spécifiques, fondés sur le pré-[vij]tendu pays natal d’un oiseau, dénominations presque toujours fautives ; mais elles ont été consacrées par des auteurs célèbres42 ; et tenter aujourd’hui de leur en substituer d’autres, ce serait surcharger la nomenclature de l’histoire naturelle et la replonger dans le chaos.
Comme il est important, pour avoir une notion exacte d’un oiseau, de connaître ses dimensions et le nombre des pennes qui composent l’aile et la queue, j’ai eu soin, à la fin de chaque description, d’indiquer ces caractères par une abréviation qui renferme quatre termes, ainsi qu’on peut le voir dans cet exemple, L. 24 E. 33. P. 26. R. 12 ; les deux premières lettres capitales L. et E. désignent, l’une la longueur de l’oiseau, et l’autre l’étendue qu’il y a entre les deux extrémités des ailes déployées ; les chiffres suivants indiquent le nombre de pouces : ainsi dans l’abréviation que je viens de citer, la longueur totale est de vingt-quatre pouces et le vol ou l’envergure de trente-trois43. Les lettres P. et R. des deux derniers membres expriment, l’une les pennes de l’aile, l’autre les rectrices ou pennes de la queue ; les chiffres qui les accompagnent déterminent le nombre de ces plumes : savoir vingt-six pour l’aile et douze pour la queue.
Afin de compléter, autant qu’il est possible, cette histoire des oiseaux, j’ai mis à la suite des espèces toutes les variétés qu’on a observées jusqu’ici.
1251Les gravures qui font partie de cet ouvrage forment une des plus nombreuses collections qui ait été faite sur l’ornithologie ; elle comprend 984 oiseaux distribués en 232 planches44. Le choix des objets doit surtout la rendre précieuse. On y trouvera non seulement les individus rares que M. de Buffon a recueillis dans ses planches enluminées, et dont les différences sont saillantes et bien prononcées ; mais j’y ai réuni encore les espèces nouvelles qui ont été publiées depuis quelques années par M. Brown, Sparrman, Jacquin, Noseman, Bruce, des Fontaines, Paterson45, et plusieurs autres figures contenues dans la Zoologie du nord46, les nouveaux mémoires de Pétersbourg, de Stockolm47, et dans plusieurs autres ouvrages étrangers. M. Benard, qui est chargé de la gravure de ces planches, semble avoir redoublé de soin et d’attention en faveur des oiseaux : son exécution mérite les plus grands éloges, tant pour la fidélité des dessins que pour la variété des attitudes. On verra qu’il n’a rien négligé pour que chaque portrait donnât l’idée nette et distincte de son original. Les petits individus ont été gravés dans leur grandeur naturelle ; les autres ont été réduits à des proportions exactes dans toutes leurs parties : plusieurs d’entre eux ont un module tracé au-dessus de la figure48. Au moyen de cette échelle, [viij] qui est partout la douzième partie de la longueur de l’oiseau, mesuré depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, on peut voir quelle est la grandeur naturelle de l’animal : si le module a trois pouces de longueur, l’oiseau aura trois pieds ; s’il n’est que de deux pouces, l’oiseau sera de deux pieds de longueur. J’aurais voulu donner ainsi une échelle pour toutes les espèces et même pour tous les animaux dont j’ai déjà parlé ; mais il aurait fallu pour remplir cette tâche que les auteurs dont j’ai emprunté les figures 1252eussent tracé les mesures des individus qu’ils ont fait graver, ou que j’eusse pu moi-même prendre les dimensions de ceux que j’ai décrits : or il est peu de naturalistes qui portent aussi loin la perfection de leurs recherches. D’ailleurs il y a une infinité d’objets qu’il est impossible de se procurer et qu’on est obligé de décrire sur le récit des voyageurs, ou sur la foi de quelques naturalistes qui les ont observés. Quoique j’aie été à portée d’examiner, au cabinet du roi, un grand nombre d’oiseaux que j’ai décrits, je n’ai pu cependant en prendre la mesure, parce qu’ils sont enfermés dans des armoires vitrées, et fermées hermétiquement pour les préserver de la vermine.
Je dois prévenir encore qu’on trouvera quelques oiseaux gravés hors de leur place ; ces transpositions ont été inévitables, soit parce que ces individus me sont parvenus trop tard, soit parce qu’en travaillant à la description des espèces, j’ai jugé nécessaire de faire quelques changements dans la distribution méthodique.
Enfin les peines et les soins que j’ai employés, pour donner à ce traité toute la perfection dont j’ai été capable, me font espérer qu’il sera accueilli aussi favorablement que ceux que j’ai déjà publiés. [ix a]
1 [Note de l’auteur] Ce mot, tiré du grec, désigne dans un sens général la partie de l’histoire naturelle qui se borne à la connaissance des oiseaux. [Le mot « ornithologie » (littéralement « discours sur les oiseaux », en grec) n’existe pas en grec classique mais est issu du néo-latin ornithologia, forgé en 1599 par Aldrovandi qui en a fait le titre de son monumental traité sur les oiseaux ; il est passé en français au milieu du xviie siècle et a été diffusé en entrant dans le Dictionnaire de Furetière (voir Jourde, 2002).]
2 [Note de l’auteur] L’ouvrage de Belon a paru en 1555, et celui de Gesner en 1557. [En réalité les deux ouvrages ont paru la même année : voir Belon (1555) et Gesner (1555).]
3 [Note de l’auteur] En 1599.
4 Voir Aldrovandi (1599, 1600, 1603).
5 Caspar Schwenckfeld (1563-1609), médecin et naturaliste allemand, exerça à Hirschberg (aujourd’hui Jelenia Góra, en Silésie) et publia plusieurs ouvrages de pharmacie et d’histoire naturelle, notamment une faune de la Silésie (Schwenckfeld, 1603) en partie inspirée des grandes entreprises encyclopédiques de Gesner et d’Aldrovandi.
6 [Note de l’auteur] En 1670. [Willughby (1676 ; 1678).]
7 [Note de l’auteur] En 1713. [Ray (1713).]
8 [Note de l’auteur] L’ouvrage de Barrère parut en 1745 ; celui de Klein en 1750 ; celui de Moehring en 1752 ; les premiers éléments du système de Linné en 1735 ; l’ornithologie de Salerne ne fut publiée qu’en 1767, après la mort de l’auteur ; celle de M. Brisson en 1760 ; celle de M. Pennant en 1781 ; et enfin celle de M. Latham en 1785.
9 Pierre Barrère (1690-1755), médecin et naturaliste français, exerça la médecine à Cayenne pendant plusieurs années et en profita pour rédiger deux études sur la faune et la flore de la Guyane. Il fut nommé professeur de botanique à Perpignan après son retour en métropole et publia plusieurs mémoires d’anatomie pathologique, d’agriculture ou d’histoire naturelle, ainsi qu’un ouvrage de systématique sur les oiseaux, dans lequel il distinguait quatre classes d’après la forme des pieds (Barrère, 1745, « Ratio operis » non paginée) et les genres, essentiellement d’après celle du bec. – C’est selon les mêmes principes que Klein, qui a déjà été mentionné plus haut à propos de ses travaux sur les quadrupèdes, établit les huit grandes « familles » d’oiseaux et les genres à l’intérieur de chacune d’elles (Klein, 1750, p. 13). – Son élève Paul Heinrich Gerhardt Möhring (1710-1792), naturaliste allemand, médecin du prince d’Anhalt-Zerbst, proposa à son tour une classification des oiseaux en quatre classes en retenant à la fois, comme critères, la forme des pieds et du bec (Möhring, 1752). – Dans toutes les éditions du Systema naturae depuis la première (1735), Linné distingue six ordres d’oiseaux en tenant compte, en premier lieu, de la forme du bec. – François Salerne (1705-1760), naturaliste et médecin d’Orléans, membre correspondant de l’Académie des Sciences, collabora avec Louis-Daniel Arnault de Nobleville à un vaste ouvrage sur l’usage des différents animaux en médecine et publia également une traduction française de l’ouvrage de John Ray sur les oiseaux, remaniée et avec des additions, qui ne fut publiée qu’après sa mort (Salerne, 1767). Il y distribuait les oiseaux, là encore, selon la forme des pieds et du bec, tout comme Brisson dans son Ornithologie (1760), qui reconnaît vingt-six ordres d’oiseaux et qui est l’une des sources principales de Mauduyt dans l’EM. HNA (voir supra, p. 607, 627). – Ce sont encore les mêmes caractères qui sont employés par Pennant, lequel propose une classification des oiseaux dès 1773 (mais c’est à l’édition de 1781 des Genera of Birds que Bonnaterre fait ici référence), ainsi que par le médecin et naturaliste anglais John Latham (1740-1837), dont le monumental ouvrage illustré sur les genres d’oiseaux, en partie inspiré par les travaux de Pennant, a été achevé en 1785 (Latham, 1781-1785).
10 Markgraf (1648) ; Piso (1658).
11 Nieremberg (1635). Juan Eusebio Nieremberg (1595-1658), jésuite, théologien et naturaliste espagnol dont la famille était originaire du Tyrol, enseigna l’histoire naturelle à Madrid pendant quatorze ans avant de se consacrer exclusivement à ses fonctions religieuses. Il rédigea de très nombreux ouvrages, notamment ascétiques, ainsi que ce traité encyclopédique d’histoire naturelle dans la tradition de la Renaissance, pour lequel il put profiter de documents inédits sur la faune et la flore américaines.
12 Hernández (1651). Francisco Hernández (vers 1517-1587), médecin espagnol, exerça plusieurs années à Tolède et à Séville tout en s’intéressant à l’histoire naturelle, et sa réputation en ce domaine lui valut d’être envoyé par Philippe II au Mexique en 1570 afin d’y étudier la faune et la flore. Il vécut plusieurs années en Amérique Centrale et recueillit une abondante documentation sur cette région. De retour en Espagne, il s’apprêtait à publier ses recherches, mais il mourut avant d’avoir pu y parvenir. Ce qui restait de ses papiers fut alors confié au médecin napolitain Nardo Antonio Recchi qui entreprit, sur ordre de Philippe II, de mettre en ordre toute la documentation d’Hernández, mais il mourut lui aussi (vers 1595) avant d’avoir terminé son ouvrage. Un peu plus tard, l’Accademia dei Lincei nouvellement créée à Rome (1603) acquit les manuscrits et récupéra ainsi le travail de Recchi, qui circula donc largement et fut exploité par plusieurs auteurs. En 1651, les Lincei parvinrent, après plusieurs décennies, à publier une édition définitive de ce texte, pourvue de divers commentaires et additions.
13 Sibbald (1684).
14 Rzączyński (1721). Le père Gabriel Rzączyński, jésuite, poète et naturaliste polonais, enseigna dans différents établissements de la Compagnie de Jésus en Pologne, notamment à Lvov, Gdansk et Sandomierz. Il étudia l’histoire naturelle de son pays et en tira l’ouvrage mentionné ici, où des descriptions exactes côtoient des anecdotes plus ou moins fabuleuses. Rzączyński prolonge, d’une certaine manière, en plein xviiie siècle une tradition d’ouvrages naturalistes encyclopédiques héritée de la Renaissance.
15 Sloane (1707-1725).
16 Marsigli (1726, vol. 5). Luigi Fernandino Marsigli (1658-1730), naturaliste et physicien italien, s’engagea un temps dans les armées impériales lors de la guerre contre les Turcs et voyagea à travers l’Europe, accumulant les observations géographiques. Il fonda une académie des sciences à Bologne et fut membre de la Royal Society. Il s’intéressa particulièrement à la mer et peut être considéré comme un pionnier de l’océanographie. Il publia en outre une grande monographie sur le Danube dont un volume est consacré aux oiseaux.
17 Frisch (1763). Johann Leonhard Frisch (1666-1743), lexicographe et ornithologue allemand, voyagea à travers l’Europe et fut protégé par Leibniz. Il enseigna au gymnase des Moines gris de Berlin et fut membre de l’Académie des Sciences de cette ville. Il s’intéressa en particulier aux insectes et aux oiseaux. Son ouvrage sur ces derniers animaux, publié par fascicules à partir de 1733, fut terminé par son fils en 1763.
18 Edwards (1743-1751).
19 Catesby (1731-1743).
20 Brünnich (1764). Morten Thrane Brünnich (1737-1827), naturaliste danois, professeur à l’université de Copenhague, publia des ouvrages sur divers groupes d’animaux et s’intéressa particulièrement aux oiseaux du nord de l’Europe.
21 Forskål (1775).
22 [Note de l’auteur] Le livre de Marcgrave fut publié en 1648 ; celui de Nieremberg et d’Hernandés en 1651 ; celui de Sybbald en 1684 ; celui de Rzaczynski en 1721 ; celui de Marsili en 1726 ; celui de Sloane en 1707 ; celui de Catesbi en 1731 ; celui de Frisch en 1734 ; celui d’Edwards en 1745 ; celui de Brunniche en 1764 ; et celui de Forskal en 1775.
23 Nozeman et Houttuyn (1770-1829). Cornelis Nozeman (1720-1786), pasteur et naturaliste néerlandais, entama cette monumentale monographie sur les oiseaux des Pays-Bas qui fut poursuivie par Maarten Houttuyn (1720-1798).
24 Cetti (1776). Francesco Cetti (1726-1778), prêtre et naturaliste italien, enseigna la philosophie à Sassari et entreprit plusieurs monographies sur la faune de la Sardaigne.
25 Bernini (1772-1793). Clemente Bernini, peintre, enseignait à Parme et dédia au duc cet ensemble de planches en couleur consacré aux oiseaux d’Europe du Sud.
26 Peter Gustaf Tengmalm (1754-1803), médecin et naturaliste suédois, voyagea en Angleterre et en Écosse avant de se fixer en Suède où il exerça la médecine tout en étudiant les oiseaux. Il fut membre de l’Académie des Sciences de Suède et publia plusieurs mémoires ornithologiques dans les recueils de cette institution.
27 Bock (1782). Friedrich Samuel Bock (1716-1785), théologien, historien et naturaliste prussien, consacra plusieurs ouvrages et mémoires à la description de son pays.
28 Hayes (1775). William Hayes (1735-1802), auteur britannique, publia plusieurs recueils de planches ornithologiques colorées.
29 Brown (1776). Peter Brown, naturaliste et illustrateur anglais mal connu, collabora avec Banks et Pennant et publia plusieurs recueils de planches enluminées.
30 Jacquin (1784). Joseph Franz von Jacquin (1766-1839), fils du botaniste Nikolaus Joseph von Jacquin, travailla comme son père au service des autorités autrichiennes qui l’envoyèrent en voyage scientifique en Europe, après quoi il enseigna à l’université de Vienne.
31 Bonnaterre fait apparemment référence ici à Scopoli (1770), ouvrage dans lequel le naturaliste tyrolien décrit, entre autres, les collections ornithologiques de Franz Hannibal von Thurn (1699-1768), aristocrate amateur d’histoire naturelle.
32 Manetti (1767-1776). Francesco Saverio Manetti (1723-1785), naturaliste italien, professeur de botanique à Florence, publia entre autres cet ouvrage illustré en couleur représentant les collections ornithologiques du marquis Giovanni Gerini.
33 Merrem (1784-1786 ; 1786 ; 1788). Blasius Merrem (1761-1824), zoologiste allemand, élève de Blumenbach, enseigna à l’université de Göttingen.
34 Sonnerat (1776). Une grande partie de la relation du voyage de Sonnerat en Nouvelle-Guinée est consacrée à la description des oiseaux de ce pays.
35 Il s’agit de la contribution de Mauduyt à l’EM. HNA (voir supra). Il est significatif que Bonnaterre la mentionne parmi une liste de livres consacrés aux oiseaux : il semble ainsi la considérer comme un ouvrage totalement distinct du sien, ce qui témoigne bien de l’autonomie acquise, dans l’Encyclopédie méthodique, par le Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature par rapport à la série de l’Histoire naturelle des animaux.
36 Sparrman (1786-1789). Anders Sparrman (1748-1820), naturaliste suédois, élève de Linné, effectua plusieurs voyages en Chine et en Afrique du Sud, puis fut membre de l’Académie des Sciences de Suède et enseigna l’histoire naturelle.
37 Bruce (1790).
38 Voir Cook (1778). Johann Reinhold Forster (1729-1798), pasteur, naturaliste et voyageur allemand originaire de Dantzig, s’installa en Angleterre en 1766 où il se fit connaître dans les milieux scientifiques et fut donc choisi, après la défection de Banks, pour accompagner Cook dans son deuxième voyage. Il publia à son retour le résultat de ses observations. Il obtint en 1779 un poste à l’université de Halle où il demeura jusqu’à sa mort. La traduction française des Observations parut en tant que cinquième volume d’une édition conjointe de la relation de Cook et de celle de son fils Georg Forster (1754-1794), également naturaliste, qui l’avait accompagné lors de son voyage. Georg fut élu par la suite à la Royal Society et obtint une chaire à l’université de Cassel en 1778. Il occupa plusieurs postes au cours des années 1780 et développa une intense activité scientifique. Il adhéra à la Révolution Française dès 1789 et joua un rôle dans la création de l’éphémère république de Mayence, dont la chute entraîna son exil en France, où il mourut.
39 Paterson (1789). William Paterson (1755-1810), naturaliste et voyageur anglais, membre de la Linnean Society et de la Royal Society, visita l’Afrique du Sud, l’Inde et l’Australie.
40 Linné et Gmelin (1788-1793).
41 Sur la classification adoptée par Bonnaterre, voir l’introduction, p. 617-618, et la présentation résumée, infra, p. 1365-1374.
42 Ce genre de dénominations (« pie des Antilles », « tangara vert de Cayenne ») est en effet très commun aussi bien chez Buffon et Brisson que chez Mauduyt.
43 [Note de l’auteur] Il importe d’observer que j’ai presque toujours pris la longueur de l’oiseau, depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, lorsqu’elle est plus allongée que les pieds ; ou jusqu’à l’extrémité des pattes, lorsqu’elles dépassent la queue.
44 Seules 230 planches d’oiseaux ont paru au moment où Bonnaterre écrit ces lignes (dix autres paraîtront en 1821), mais il donne le chiffre de 232 en tenant compte de deux planches doubles.
45 Desfontaines (1789). René Louiche-Desfontaines (1750-1833), botaniste français, étudia au Jardin du Roi auprès de Jussieu puis fut élu à l’Académie des Sciences en 1783. Il explora l’Afrique du Nord entre 1783 et 1785 et obtint une chaire au Jardin du Roi à son retour. Il poursuivit par la suite une brillante carrière et publia de nombreux ouvrages de botanique. Sur les autres auteurs mentionnés, voir plus haut.
46 Pennant (1784-1785, vol. 2).
47 C’est-à-dire les recueils des académies de Stockholm (Kongl. Vetenskaps Academiens Nya Handlingar) et de Saint-Pétersbourg (Novi Commentarii Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae).
48 Ce procédé avait été employé par Buffon dans les planches enluminées de l’HNO (vol. 1, p. ix).
- Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
- ISBN : 978-2-406-09621-4
- EAN : 9782406096214
- ISSN : 2258-3556
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-09621-4.p.1243
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 07/07/2021
- Langue : Français