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Classiques Garnier

Avertissement [par Bonnaterre, 1790]

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Avertissement

[par Bonnaterre, 1790]

Quoique les oiseaux aient été dans tous les temps lobjet des recherches et des observations des philosophes, il nous reste cependant bien peu douvrages sur lhistoire de ces animaux : Aristote et Pline sont les seuls, parmi les anciens, qui nous aient laissé quelques détails sur lornithologie1. Le premier a fait, à sa manière, un tableau comparé des mœurs des oiseaux, de leurs habitudes et de leur conformation extérieure, relativement aux autres animaux ; cest le plan dun projet qui devait sexécuter un jour, et lébauche dun travail qui ne pouvait être achevé que lorsquon aurait recueilli un nombre suffisant de matériaux.

Pline, qui a consacré aux oiseaux le dixième livre de son ouvrage, a parlé dun assez grand nombre despèces, mais dune manière confuse et sans ordre ; il sest moins occupé de donner des descriptions exactes que de faire le récit des fictions et des contes ridicules quon attribuait de son temps à lespèce volatile.

Pendant le cours des années qui se sont écoulées depuis lexistence de ces deux naturalistes jusquau milieu du seizième siècle, lornithologie a été cultivée avec peu de succès : Belon et Gesner, dont le zèle et les connaissances méritent les plus grands éloges, ont donné les premières impulsions à cette science2. Leurs ouvrages sont aussi recommandables par les principes et les observations intéressantes quils contiennent, que par les détails historiques quils renferment ; il y a des morceaux quon lit encore avec intérêt et même avec plaisir.

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Aldrovande parut peu de temps après3. À lexemple de Belon, il sentit la nécessité de classer les oiseaux, et il établit le fondement de sa distribution méthodique sur les lieux que les oiseaux fréquentent et les vivres dont ils se nourrissent. Son ouvrage contient tout ce qui avait été dit jusqualors sur lornithologie ; il laugmenta même dune grande quantité de figures et de descriptions nouvelles ; mais quoique ses portraits soient assez exacts, ses gravures ne sont pas meilleures que celles de Belon et de Gesner4.

Schwenckfeld publia en 1603, par ordre alphabétique, comme lavait pratiqué [iv] Gesner, lHistoire des animaux de Silésie, parmi lesquels sont compris les oiseaux5. On peut dire en général que cest un bon ouvrage ; un des plus grands reproches quon lui a fait, cest que ses phrases descriptives sont trop succinctes et ne suffisent pas toujours pour donner une notion précise de lanimal.

En 1650, Jonston fit paraître son histoire des animaux, où il a analysé tout ce quavaient dit sur les oiseaux les naturalistes qui lavaient précédé.

Tous les ouvrages qui avaient paru jusqualors sur lornithologie nétaient que des répétitions ou des commentaires sur tout ce quon avait écrit auparavant. Willuhby parut6, et son traité sur les oiseaux, surtout lédition qui fut corrigée par Ray7, attira lattention de tous les naturalistes. Il bannit de son ouvrage une multitude de faits absurdes, consacrés par lignorance et la superstition ; il donna des descriptions exactes et bien détaillées et proposa une nouvelle classification. Cette manière de traiter les oiseaux ouvrit une nouvelle carrière aux naturalistes ; au lieu de chercher dans les mœurs ou dans la manière de vivre de ces animaux quelques méthodes de division, comme on lavait pratiqué jusqualors, on tâcha de découvrir dans leur conformation extérieure des caractères propres à les faire connaître. Barrère, Klein, Moehring, Salerne, Linné, MM. Brisson, Pennant et Latham8 ont depuis proposé successivement diverses méthodes dont les caractères distinctifs ont été 1245pris, tantôt de la forme du bec, tantôt de la structure des pattes. Celle de Linné, malgré les défauts quon lui reproche, réunit néanmoins de grands avantages ; elle a un grand nombre de partisans et présente peut-être moins de difficultés quon le suppose à ceux qui entendent le sens des mots techniques quil emploie, et qui sont familiarisés avec sa manière abrégée de décrire. Lornithologie de M. Brisson eût joui dune estime plus universelle, si quelques écrivains, en relevant les défauts de cet ouvrage avec plus de ménagement, eussent jugé ce naturaliste avec moins daigreur. La division méthodique de M. Pennant est simple, facile et assez conforme à lordre naturel ; M. Latham la adoptée et perfectionnée dans lexcellent ouvrage quil a publié sur les oiseaux9.

Outre les auteurs anciens et les méthodistes dont nous venons de parler, il y a eu une foule de naturalistes qui ont fait connaître les oiseaux de différents pays : [v] Marcgrave et Pison ont décrit ceux du Brésil10 ; 1246Nieremberg11 et Hernandés12, ceux du Mexique ; Sybbald, ceux dIrlande13 ; Rzaczynski, ceux de Pologne14 ; Sloane, ceux de la Jamaïque15 ; Marsili, ceux du Danube16 ; Frisch, ceux dEurope17 ; Edwards, un grand nombre doiseaux étrangers18 ; Catesbi, ceux de la Caroline19 ; Brunniche, ceux du 1247Dannemarck20 ; et Forskal21 a donné une notice de ceux quil a trouvés en Arabie22. Dans ces derniers temps lhistoire des oiseaux a été enrichie des ouvrages de MM. Nozeman23, Cetti24, Bernini25, Tengmalm26, Bockius27, Hayes28, Brown29, Jacquin30, de Thurn31, Gerini32, Merrem33, Sonnerat34, 1248Mauduit35, Sparrman36, Bruce37, Forster38, Paterson39, Gmelin40 dont la plupart renferment des descriptions fort exactes et des gravures parfaites.

Il ne me reste, pour compléter la liste des meilleurs auteurs qui ont écrit sur les oiseaux, que de citer louvrage immortel composé par MM. de Buffon et Montbeillard, et qui a été si justement applaudi dans toute lEurope. On y trouve des discussions profondes sur les mœurs et les habitudes des oiseaux, une infinité dobservations lumineuses sur lexercice de leurs facultés, la description dune multitude despèces nouvelles, et cette beauté de style, cette richesse délocution aussi variée que la nature, et qui a contribué avec tant de succès à répandre le goût et lenthousiasme de lhistoire naturelle.

Après cette légère esquisse de lhistoire et du progrès de lornithologie, je vais, en peu de mots, rendre compte du plan que jai suivi dans lexécution de cet ouvrage. Avant de passer à la description des espèces, jai cru devoir porter mes recherches sur les qualités communes à tous les oiseaux ; en conséquence, jai fait un tableau abrégé de leurs mœurs, de leurs habitudes, de leurs facultés, des rapports quils ont avec les autres animaux et des différences qui les en séparent. Lexplication des 1249mots techniques dont on se sert en ornithologie et le précis anatomique que jai mis à la suite de lintroduction peuvent être dun grand secours à ceux qui se livrent à létude des oiseaux et qui aiment à connaître lanatomie comparée des animaux.

Jai adopté pour la classification des oiseaux une méthode nouvelle que M. Daubenton a bien voulu me communiquer et dont les fondements sont établis sur la structure des pattes. Je me suis permis uniquement de changer quelquefois lordre des classes, [vj] afin de conserver la gradation que la nature semble avoir mise entre les familles ; mais comme la tribu des oiseaux est fort nombreuse et quil est souvent très difficile de déterminer, suivant les principes dune seule méthode, dans quelle famille doit être rangé tel ou tel individu, jai mis à côté de la table synoptique dont je viens de parler celle de Linné, afin que les imperfections de lune puissent être rectifiées par les avantages de lautre41.

En traçant les caractères génériques, jai développé, avec plus de détail quon navait fait jusquici, la conformation du corps et de la tête, la structure du bec, de la langue, des narines, des ailes, des pattes et de la queue. Jai ajouté de plus, à la fin de chacun de ces articles, un tableau abrégé de ce quil y a de plus intéressant dans les mœurs des oiseaux qui composent ce genre : jindique ordinairement le lieu quils habitent, la nourriture quils préfèrent, lendroit où ils construisent le nid, la forme et le nombre des œufs, etc., etc.

Jai établi, comme tous les naturalistes lont pratiqué jusquici, la distinction des espèces sur la différence des couleurs, mais je dois observer que ce caractère est peu constant et très équivoque. Le plumage de loiseau, lorsquil est jeune, diffère considérablement de celui de lanimal adulte ; la livrée du mâle ne ressemble point à celle de la femelle ; il y a encore dautres différences dans la couleur qui résultent de linfluence du climat et de la nourriture, de la domesticité et de la captivité, du transport et des migrations naturelles ou forcées. Comment distinguer, à travers tant de causes daltération ou de dégénération, la teinte qui appartient à chaque individu et fixer par conséquent la ligne de démarcation qui sépare les espèces ? Nos plus grands ornithologues ont éprouvé avant moi ces difficultés ; et malgré les peines quils se sont données pour les surmonter, ils sy sont mépris et ont souvent décrit 1250comme espèces distinctes des oiseaux qui ne diffèrent entre eux que par lâge, le sexe, ou par quelques autres altérations quils avaient subies en passant dans des climats différents. Jai corrigé beaucoup de ces erreurs à mesure que je les ai rencontrées ; et pour diminuer le nombre de celles que je suis dans le cas de commettre, jai rapporté, dans la plupart des descriptions, la différence de couleur qui se trouve entre le mâle et la femelle, entre les jeunes oiseaux et les adultes, et les autres traits caractéristiques, tirés de lorganisation extérieure. La couleur des pennes de laile et de la queue, de laveu de tous les naturalistes, est moins sujette à varier que celle des autres plumes ; aussi je nai presque jamais négligé den faire mention.

Jaurais voulu bannir de mon ouvrage les noms spécifiques, fondés sur le pré-[vij]tendu pays natal dun oiseau, dénominations presque toujours fautives ; mais elles ont été consacrées par des auteurs célèbres42 ; et tenter aujourdhui de leur en substituer dautres, ce serait surcharger la nomenclature de lhistoire naturelle et la replonger dans le chaos.

Comme il est important, pour avoir une notion exacte dun oiseau, de connaître ses dimensions et le nombre des pennes qui composent laile et la queue, jai eu soin, à la fin de chaque description, dindiquer ces caractères par une abréviation qui renferme quatre termes, ainsi quon peut le voir dans cet exemple, L. 24 E. 33. P. 26. R. 12 ; les deux premières lettres capitales L. et E. désignent, lune la longueur de loiseau, et lautre létendue quil y a entre les deux extrémités des ailes déployées ; les chiffres suivants indiquent le nombre de pouces : ainsi dans labréviation que je viens de citer, la longueur totale est de vingt-quatre pouces et le vol ou lenvergure de trente-trois43. Les lettres P. et R. des deux derniers membres expriment, lune les pennes de laile, lautre les rectrices ou pennes de la queue ; les chiffres qui les accompagnent déterminent le nombre de ces plumes : savoir vingt-six pour laile et douze pour la queue.

Afin de compléter, autant quil est possible, cette histoire des oiseaux, jai mis à la suite des espèces toutes les variétés quon a observées jusquici.

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Les gravures qui font partie de cet ouvrage forment une des plus nombreuses collections qui ait été faite sur lornithologie ; elle comprend 984 oiseaux distribués en 232 planches44. Le choix des objets doit surtout la rendre précieuse. On y trouvera non seulement les individus rares que M. de Buffon a recueillis dans ses planches enluminées, et dont les différences sont saillantes et bien prononcées ; mais jy ai réuni encore les espèces nouvelles qui ont été publiées depuis quelques années par M. Brown, Sparrman, Jacquin, Noseman, Bruce, des Fontaines, Paterson45, et plusieurs autres figures contenues dans la Zoologie du nord46, les nouveaux mémoires de Pétersbourg, de Stockolm47, et dans plusieurs autres ouvrages étrangers. M. Benard, qui est chargé de la gravure de ces planches, semble avoir redoublé de soin et dattention en faveur des oiseaux : son exécution mérite les plus grands éloges, tant pour la fidélité des dessins que pour la variété des attitudes. On verra quil na rien négligé pour que chaque portrait donnât lidée nette et distincte de son original. Les petits individus ont été gravés dans leur grandeur naturelle ; les autres ont été réduits à des proportions exactes dans toutes leurs parties : plusieurs dentre eux ont un module tracé au-dessus de la figure48. Au moyen de cette échelle, [viij] qui est partout la douzième partie de la longueur de loiseau, mesuré depuis le bout du bec jusquà lextrémité de la queue, on peut voir quelle est la grandeur naturelle de lanimal : si le module a trois pouces de longueur, loiseau aura trois pieds ; sil nest que de deux pouces, loiseau sera de deux pieds de longueur. Jaurais voulu donner ainsi une échelle pour toutes les espèces et même pour tous les animaux dont jai déjà parlé ; mais il aurait fallu pour remplir cette tâche que les auteurs dont jai emprunté les figures 1252eussent tracé les mesures des individus quils ont fait graver, ou que jeusse pu moi-même prendre les dimensions de ceux que jai décrits : or il est peu de naturalistes qui portent aussi loin la perfection de leurs recherches. Dailleurs il y a une infinité dobjets quil est impossible de se procurer et quon est obligé de décrire sur le récit des voyageurs, ou sur la foi de quelques naturalistes qui les ont observés. Quoique jaie été à portée dexaminer, au cabinet du roi, un grand nombre doiseaux que jai décrits, je nai pu cependant en prendre la mesure, parce quils sont enfermés dans des armoires vitrées, et fermées hermétiquement pour les préserver de la vermine.

Je dois prévenir encore quon trouvera quelques oiseaux gravés hors de leur place ; ces transpositions ont été inévitables, soit parce que ces individus me sont parvenus trop tard, soit parce quen travaillant à la description des espèces, jai jugé nécessaire de faire quelques changements dans la distribution méthodique.

Enfin les peines et les soins que jai employés, pour donner à ce traité toute la perfection dont jai été capable, me font espérer quil sera accueilli aussi favorablement que ceux que jai déjà publiés. [ix a]

1 [Note de lauteur] Ce mot, tiré du grec, désigne dans un sens général la partie de lhistoire naturelle qui se borne à la connaissance des oiseaux. [Le mot « ornithologie » (littéralement « discours sur les oiseaux », en grec) nexiste pas en grec classique mais est issu du néo-latin ornithologia, forgé en 1599 par Aldrovandi qui en a fait le titre de son monumental traité sur les oiseaux ; il est passé en français au milieu du xviie siècle et a été diffusé en entrant dans le Dictionnaire de Furetière (voir Jourde, 2002).]

2 [Note de lauteur] Louvrage de Belon a paru en 1555, et celui de Gesner en 1557. [En réalité les deux ouvrages ont paru la même année : voir Belon (1555) et Gesner (1555).]

3 [Note de lauteur] En 1599.

4 Voir Aldrovandi (1599, 1600, 1603).

5 Caspar Schwenckfeld (1563-1609), médecin et naturaliste allemand, exerça à Hirschberg (aujourdhui Jelenia Góra, en Silésie) et publia plusieurs ouvrages de pharmacie et dhistoire naturelle, notamment une faune de la Silésie (Schwenckfeld, 1603) en partie inspirée des grandes entreprises encyclopédiques de Gesner et dAldrovandi.

6 [Note de lauteur] En 1670. [Willughby (1676 ; 1678).]

7 [Note de lauteur] En 1713. [Ray (1713).]

8 [Note de lauteur] Louvrage de Barrère parut en 1745 ; celui de Klein en 1750 ; celui de Moehring en 1752 ; les premiers éléments du système de Linné en 1735 ; lornithologie de Salerne ne fut publiée quen 1767, après la mort de lauteur ; celle de M. Brisson en 1760 ; celle de M. Pennant en 1781 ; et enfin celle de M. Latham en 1785.

9 Pierre Barrère (1690-1755), médecin et naturaliste français, exerça la médecine à Cayenne pendant plusieurs années et en profita pour rédiger deux études sur la faune et la flore de la Guyane. Il fut nommé professeur de botanique à Perpignan après son retour en métropole et publia plusieurs mémoires danatomie pathologique, dagriculture ou dhistoire naturelle, ainsi quun ouvrage de systématique sur les oiseaux, dans lequel il distinguait quatre classes daprès la forme des pieds (Barrère, 1745, « Ratio operis » non paginée) et les genres, essentiellement daprès celle du bec. – Cest selon les mêmes principes que Klein, qui a déjà été mentionné plus haut à propos de ses travaux sur les quadrupèdes, établit les huit grandes « familles » doiseaux et les genres à lintérieur de chacune delles (Klein, 1750, p. 13). – Son élève Paul Heinrich Gerhardt Möhring (1710-1792), naturaliste allemand, médecin du prince dAnhalt-Zerbst, proposa à son tour une classification des oiseaux en quatre classes en retenant à la fois, comme critères, la forme des pieds et du bec (Möhring, 1752). – Dans toutes les éditions du Systema naturae depuis la première (1735), Linné distingue six ordres doiseaux en tenant compte, en premier lieu, de la forme du bec. – François Salerne (1705-1760), naturaliste et médecin dOrléans, membre correspondant de lAcadémie des Sciences, collabora avec Louis-Daniel Arnault de Nobleville à un vaste ouvrage sur lusage des différents animaux en médecine et publia également une traduction française de louvrage de John Ray sur les oiseaux, remaniée et avec des additions, qui ne fut publiée quaprès sa mort (Salerne, 1767). Il y distribuait les oiseaux, là encore, selon la forme des pieds et du bec, tout comme Brisson dans son Ornithologie (1760), qui reconnaît vingt-six ordres doiseaux et qui est lune des sources principales de Mauduyt dans lEM. HNA (voir supra, p. 607, 627). – Ce sont encore les mêmes caractères qui sont employés par Pennant, lequel propose une classification des oiseaux dès 1773 (mais cest à lédition de 1781 des Genera of Birds que Bonnaterre fait ici référence), ainsi que par le médecin et naturaliste anglais John Latham (1740-1837), dont le monumental ouvrage illustré sur les genres doiseaux, en partie inspiré par les travaux de Pennant, a été achevé en 1785 (Latham, 1781-1785).

10 Markgraf (1648) ; Piso (1658).

11 Nieremberg (1635). Juan Eusebio Nieremberg (1595-1658), jésuite, théologien et naturaliste espagnol dont la famille était originaire du Tyrol, enseigna lhistoire naturelle à Madrid pendant quatorze ans avant de se consacrer exclusivement à ses fonctions religieuses. Il rédigea de très nombreux ouvrages, notamment ascétiques, ainsi que ce traité encyclopédique dhistoire naturelle dans la tradition de la Renaissance, pour lequel il put profiter de documents inédits sur la faune et la flore américaines.

12 Hernández (1651). Francisco Hernández (vers 1517-1587), médecin espagnol, exerça plusieurs années à Tolède et à Séville tout en sintéressant à lhistoire naturelle, et sa réputation en ce domaine lui valut dêtre envoyé par Philippe II au Mexique en 1570 afin dy étudier la faune et la flore. Il vécut plusieurs années en Amérique Centrale et recueillit une abondante documentation sur cette région. De retour en Espagne, il sapprêtait à publier ses recherches, mais il mourut avant davoir pu y parvenir. Ce qui restait de ses papiers fut alors confié au médecin napolitain Nardo Antonio Recchi qui entreprit, sur ordre de Philippe II, de mettre en ordre toute la documentation dHernández, mais il mourut lui aussi (vers 1595) avant davoir terminé son ouvrage. Un peu plus tard, lAccademia dei Lincei nouvellement créée à Rome (1603) acquit les manuscrits et récupéra ainsi le travail de Recchi, qui circula donc largement et fut exploité par plusieurs auteurs. En 1651, les Lincei parvinrent, après plusieurs décennies, à publier une édition définitive de ce texte, pourvue de divers commentaires et additions.

13 Sibbald (1684).

14 Rzączyński (1721). Le père Gabriel Rzączyński, jésuite, poète et naturaliste polonais, enseigna dans différents établissements de la Compagnie de Jésus en Pologne, notamment à Lvov, Gdansk et Sandomierz. Il étudia lhistoire naturelle de son pays et en tira louvrage mentionné ici, où des descriptions exactes côtoient des anecdotes plus ou moins fabuleuses. Rzączyński prolonge, dune certaine manière, en plein xviiie siècle une tradition douvrages naturalistes encyclopédiques héritée de la Renaissance.

15 Sloane (1707-1725).

16 Marsigli (1726, vol. 5). Luigi Fernandino Marsigli (1658-1730), naturaliste et physicien italien, sengagea un temps dans les armées impériales lors de la guerre contre les Turcs et voyagea à travers lEurope, accumulant les observations géographiques. Il fonda une académie des sciences à Bologne et fut membre de la Royal Society. Il sintéressa particulièrement à la mer et peut être considéré comme un pionnier de locéanographie. Il publia en outre une grande monographie sur le Danube dont un volume est consacré aux oiseaux.

17 Frisch (1763). Johann Leonhard Frisch (1666-1743), lexicographe et ornithologue allemand, voyagea à travers lEurope et fut protégé par Leibniz. Il enseigna au gymnase des Moines gris de Berlin et fut membre de lAcadémie des Sciences de cette ville. Il sintéressa en particulier aux insectes et aux oiseaux. Son ouvrage sur ces derniers animaux, publié par fascicules à partir de 1733, fut terminé par son fils en 1763.

18 Edwards (1743-1751).

19 Catesby (1731-1743).

20 Brünnich (1764). Morten Thrane Brünnich (1737-1827), naturaliste danois, professeur à luniversité de Copenhague, publia des ouvrages sur divers groupes danimaux et sintéressa particulièrement aux oiseaux du nord de lEurope.

21 Forskål (1775).

22 [Note de lauteur] Le livre de Marcgrave fut publié en 1648 ; celui de Nieremberg et dHernandés en 1651 ; celui de Sybbald en 1684 ; celui de Rzaczynski en 1721 ; celui de Marsili en 1726 ; celui de Sloane en 1707 ; celui de Catesbi en 1731 ; celui de Frisch en 1734 ; celui dEdwards en 1745 ; celui de Brunniche en 1764 ; et celui de Forskal en 1775.

23 Nozeman et Houttuyn (1770-1829). Cornelis Nozeman (1720-1786), pasteur et naturaliste néerlandais, entama cette monumentale monographie sur les oiseaux des Pays-Bas qui fut poursuivie par Maarten Houttuyn (1720-1798).

24 Cetti (1776). Francesco Cetti (1726-1778), prêtre et naturaliste italien, enseigna la philosophie à Sassari et entreprit plusieurs monographies sur la faune de la Sardaigne.

25 Bernini (1772-1793). Clemente Bernini, peintre, enseignait à Parme et dédia au duc cet ensemble de planches en couleur consacré aux oiseaux dEurope du Sud.

26 Peter Gustaf Tengmalm (1754-1803), médecin et naturaliste suédois, voyagea en Angleterre et en Écosse avant de se fixer en Suède où il exerça la médecine tout en étudiant les oiseaux. Il fut membre de lAcadémie des Sciences de Suède et publia plusieurs mémoires ornithologiques dans les recueils de cette institution.

27 Bock (1782). Friedrich Samuel Bock (1716-1785), théologien, historien et naturaliste prussien, consacra plusieurs ouvrages et mémoires à la description de son pays.

28 Hayes (1775). William Hayes (1735-1802), auteur britannique, publia plusieurs recueils de planches ornithologiques colorées.

29 Brown (1776). Peter Brown, naturaliste et illustrateur anglais mal connu, collabora avec Banks et Pennant et publia plusieurs recueils de planches enluminées.

30 Jacquin (1784). Joseph Franz von Jacquin (1766-1839), fils du botaniste Nikolaus Joseph von Jacquin, travailla comme son père au service des autorités autrichiennes qui lenvoyèrent en voyage scientifique en Europe, après quoi il enseigna à luniversité de Vienne.

31 Bonnaterre fait apparemment référence ici à Scopoli (1770), ouvrage dans lequel le naturaliste tyrolien décrit, entre autres, les collections ornithologiques de Franz Hannibal von Thurn (1699-1768), aristocrate amateur dhistoire naturelle.

32 Manetti (1767-1776). Francesco Saverio Manetti (1723-1785), naturaliste italien, professeur de botanique à Florence, publia entre autres cet ouvrage illustré en couleur représentant les collections ornithologiques du marquis Giovanni Gerini.

33 Merrem (1784-1786 ; 1786 ; 1788). Blasius Merrem (1761-1824), zoologiste allemand, élève de Blumenbach, enseigna à luniversité de Göttingen.

34 Sonnerat (1776). Une grande partie de la relation du voyage de Sonnerat en Nouvelle-Guinée est consacrée à la description des oiseaux de ce pays.

35 Il sagit de la contribution de Mauduyt à lEM. HNA (voir supra). Il est significatif que Bonnaterre la mentionne parmi une liste de livres consacrés aux oiseaux : il semble ainsi la considérer comme un ouvrage totalement distinct du sien, ce qui témoigne bien de lautonomie acquise, dans lEncyclopédie méthodique, par le Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature par rapport à la série de lHistoire naturelle des animaux.

36 Sparrman (1786-1789). Anders Sparrman (1748-1820), naturaliste suédois, élève de Linné, effectua plusieurs voyages en Chine et en Afrique du Sud, puis fut membre de lAcadémie des Sciences de Suède et enseigna lhistoire naturelle.

37 Bruce (1790).

38 Voir Cook (1778). Johann Reinhold Forster (1729-1798), pasteur, naturaliste et voyageur allemand originaire de Dantzig, sinstalla en Angleterre en 1766 où il se fit connaître dans les milieux scientifiques et fut donc choisi, après la défection de Banks, pour accompagner Cook dans son deuxième voyage. Il publia à son retour le résultat de ses observations. Il obtint en 1779 un poste à luniversité de Halle où il demeura jusquà sa mort. La traduction française des Observations parut en tant que cinquième volume dune édition conjointe de la relation de Cook et de celle de son fils Georg Forster (1754-1794), également naturaliste, qui lavait accompagné lors de son voyage. Georg fut élu par la suite à la Royal Society et obtint une chaire à luniversité de Cassel en 1778. Il occupa plusieurs postes au cours des années 1780 et développa une intense activité scientifique. Il adhéra à la Révolution Française dès 1789 et joua un rôle dans la création de léphémère république de Mayence, dont la chute entraîna son exil en France, où il mourut.

39 Paterson (1789). William Paterson (1755-1810), naturaliste et voyageur anglais, membre de la Linnean Society et de la Royal Society, visita lAfrique du Sud, lInde et lAustralie.

40 Linné et Gmelin (1788-1793).

41 Sur la classification adoptée par Bonnaterre, voir lintroduction, p. 617-618, et la présentation résumée, infra, p. 1365-1374.

42 Ce genre de dénominations (« pie des Antilles », « tangara vert de Cayenne ») est en effet très commun aussi bien chez Buffon et Brisson que chez Mauduyt.

43 [Note de lauteur] Il importe dobserver que jai presque toujours pris la longueur de loiseau, depuis la pointe du bec jusquà lextrémité de la queue, lorsquelle est plus allongée que les pieds ; ou jusquà lextrémité des pattes, lorsquelles dépassent la queue.

44 Seules 230 planches doiseaux ont paru au moment où Bonnaterre écrit ces lignes (dix autres paraîtront en 1821), mais il donne le chiffre de 232 en tenant compte de deux planches doubles.

45 Desfontaines (1789). René Louiche-Desfontaines (1750-1833), botaniste français, étudia au Jardin du Roi auprès de Jussieu puis fut élu à lAcadémie des Sciences en 1783. Il explora lAfrique du Nord entre 1783 et 1785 et obtint une chaire au Jardin du Roi à son retour. Il poursuivit par la suite une brillante carrière et publia de nombreux ouvrages de botanique. Sur les autres auteurs mentionnés, voir plus haut.

46 Pennant (1784-1785, vol. 2).

47 Cest-à-dire les recueils des académies de Stockholm (Kongl. Vetenskaps Academiens Nya Handlingar) et de Saint-Pétersbourg (Novi Commentarii Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae).

48 Ce procédé avait été employé par Buffon dans les planches enluminées de lHNO (vol. 1, p. ix).