Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Matérialistes paradoxaux
- Pages : 263 à 266
- Collection : Histoire du matérialisme, n° 1
Résumés
Isabelle Krier, « Prologue »
Cet ouvrage collectif a pour but d’étudier la diversité du matérialisme, en mettant en relief l’importance d’auteurs non directement estampillés comme matérialistes mais qui ont des affinités réelles, bien que problématiques, avec ce courant. Montaigne, Nietzsche, Freud, Jaurès, Deleuze ont retenu notre attention. Depuis la philosophie antique jusqu’à la pensée critique contemporaine (critique sociale, féminisme, écologie), une mouvance multiforme contribue à la vitalité du matérialisme.
Fulcran Teisserenc, « L’invention de l’athéisme en Grèce antique (ve et ive siècles av. J.-C.), entre matérialisme, sophistique et rationalisme »
L’athéisme n’est pas l’apanage de la modernité. L’Antiquité classique fut peut-être la première à le concevoir malgré sa marginalité. Dans ses tendances athéistes, le rôle du matérialisme fut important. Mais le matérialisme n’avait pas la prétention de supprimer le cadre religieux en vigueur. Il a, au contraire, estimé nécessaire son maintien. Et les partisans d’une religion civile ont reconnu dans son aménagement le moyen de pacifier la cité, voire de favoriser une politique de l’intelligence.
Isabelle Krier, « Montaigne, le plaisir et les femmes. Une perturbation sceptique de l’hédonisme épicurien ou un matérialisme inédit ? »
L’éloge de l’amour passion dans les Essais se distingue de l’hédonisme d’Épicure dans lequel l’écrivain décèle le maintien d’un idéalisme identifiant la nature à la permanence et la santé au repos. Dans le cadre d’un nouveau scepticisme et au nom de la vie, Montaigne défend la dimension dionysiaque du désir et réprouve l’ascétisme. Ces modifications ne conduisent pas à une rupture avec le matérialisme mais à une expression inédite de ce courant libéré de ses dérives « résolutives ».
264Patrice Bretaudière, « La matière et le plaisir dans l’ombre de Dieu. Peut-on considérer la pensée de Nietzsche comme un matérialisme paradoxal ? »
Le renversement de l’idéalisme moral entrepris par Nietzsche aboutit à une affirmation de la vie dans son immanence radicale. Ceci le conduit à assimiler certaines figures classiques du matérialisme à des survivances insoupçonnées du nihilisme moral, constituant ainsi un obstacle à cette réhabilitation sans réserve de la vie. Cependant, cette opération critique témoigne d’affinités profondes avec le matérialisme, au point où il soit possible d’y voir une forme paradoxale de celui-ci.
Jean-Marc Durand-Gasselin, « La dimension matérialiste de la philosophie de Deleuze »
À certains égards on peut comprendre la pensée de Deleuze comme une manière de se confronter avec Marx, dans la conjoncture déterminée du « marxisme occidental » et à l’intérieur du champ philosophique français. Cette confrontation prend la forme de l’injection d’outils et de perspectives structuralistes dans le matérialisme de Marx et le matérialisme tout court.
Jean-Marc Durand-Gasselin, « Matérialisme interdisciplinaire et Théorie critique »
Le projet de Horkheimer d’un marxisme interdisciplinaire associant philosophie, sciences humaines et recherches empiriques a pu prouver son originalité et sa consistance intellectuelles mais aussi sa force théorique et critique à travers les différentes générations (de Adorno à Honneth) et les différentes conjonctures historiques (du fascisme au néolibéralisme).
Aurélien Berlan, « Pour une philosophie matérialiste de la liberté. Les Réflexions de Simone Weil en 1934 »
Contre les marxistes et leur aspiration à dépasser la nécessité (le besoin et le travail), Weil défend une conception plus matérialiste de la liberté : vivre libre suppose de disposer de ses actes (au sens de l’action rationnelle) et d’assurer ses conditions de vie (au sens de l’autonomie matérielle). Mais il faut aller au-delà du caractère idéaliste de sa définition de la raison pour que cette intuition originale aboutisse à une conception pleinement matérialiste de la liberté.
265Stéphane Haber, « Entre naturalisme philosophique et matérialisme historique »
Le marxisme ne se réduit pas à un examen critique des liens entre le capital et l’État. Il propose une anthropologie, où l’être humain, dans sa forme générique, apparaît comme une activité vitale qui ne vise ni l’exploitation ni la domination. Dans quelle mesure ce naturalisme philosophique peut-il nous inviter à concevoir de manière plus fructueuse notre espace économique, social et naturel ? Une relecture des Manuscrits de 1844 encourage des rapprochements avec les théories de la décroissance.
Sophie Gosselin, « Vers un matérialisme animique. Repenser les rapports entre la technique et la nature dans une perspective écologique »
Il est permis d’opposer à la conception moderne de la technique, qui érige la figure de l’Homme-masculin en position de domination et d’extériorité par rapport à une nature-féminine ravalée à une matière passive et soumise à la loi d’un esprit supérieur, un autre geste technique qui favoriserait l’élaboration d’un nouveau paradigme écologique. Ce matérialisme animique laisse entrevoir une alternative aux dérives prométhéennes de l’humanité.
Irène Pereira, « Le féminisme matérialiste. Permanence et mutations »
La dénonciation de l’exploitation du travail des ouvriers par les socialistes s’est accompagnée d’une naturalisation du travail reproductif des femmes dans l’espace domestique. Pour les féministes matérialistes, comme Delphy, il faut repenser celui-ci à partir des catégories marxiennes d’exploitation du travail. Par la suite, ces théoriciennes ont mis en lumière que la situation sociale des femmes se modifie également en fonction d’autres rapports sociaux, comme la classe sociale ou la « race ».
Juliette Grange, « Jaurès, au-delà du matérialisme et du spiritualisme »
La pensée de Jaurès se présente comme un matérialisme singulier et assez complexe. Celle-ci interroge : le matérialisme conduit-il exclusivement à l’athéisme, et même au nihilisme ? Ou bien ne pourrait-il pas plutôt aboutir à une forme renouvelée et paradoxale de spiritualité ? Il s’agit de dépasser l’antinomie du matérialisme et de la spiritualité afin d’envisager une forme laïque de celle-ci qui préserve du désenchantement et donne espoir dans une forme républicaine du socialisme.
266Laurence Lacroix, « Matérialisme et psychanalyse. De Freud à Lacan ou de Lacan à Freud ? Vers un nouveau matérialisme »
Contre ses éventuels détracteurs, Freud a toujours affirmé la scientificité de la psychanalyse. Cette scientificité s’enracine dans une matérialité spécifique qui suit les évolutions de la psychanalyse elle-même. Avec Freud, cette matérialité est d’abord corporelle, puis pulsionnelle, avec Lacan, il s’agit de la matérialité du signifiant, jusqu’au primat de la « pulsion de mort », qui nous contraint à penser une matérialité du psychique se situant bien en-deçà de l’organique et du symbolique.
- Thème CLIL : 3126 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie
- ISBN : 978-2-406-14997-2
- EAN : 9782406149972
- ISSN : 3001-1639
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14997-2.p.0263
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 04/10/2023
- Langue : Français