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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Les Matérialistes paradoxaux
  • Pages : 263 à 266
  • Collection : Histoire du matérialisme, n° 1
  • Thème CLIL : 3126 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie
  • EAN : 9782406149972
  • ISBN : 978-2-406-14997-2
  • ISSN : 3001-1639
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14997-2.p.0263
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/10/2023
  • Langue : Français
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Résumés

Isabelle Krier, « Prologue »

Cet ouvrage collectif a pour but détudier la diversité du matérialisme, en mettant en relief limportance dauteurs non directement estampillés comme matérialistes mais qui ont des affinités réelles, bien que problématiques, avec ce courant. Montaigne, Nietzsche, Freud, Jaurès, Deleuze ont retenu notre attention. Depuis la philosophie antique jusquà la pensée critique contemporaine (critique sociale, féminisme, écologie), une mouvance multiforme contribue à la vitalité du matérialisme.

Fulcran Teisserenc, « Linvention de lathéisme en Grèce antique (ve et ive siècles av. J.-C.), entre matérialisme, sophistique et rationalisme »

Lathéisme nest pas lapanage de la modernité. LAntiquité classique fut peut-être la première à le concevoir malgré sa marginalité. Dans ses tendances athéistes, le rôle du matérialisme fut important. Mais le matérialisme navait pas la prétention de supprimer le cadre religieux en vigueur. Il a, au contraire, estimé nécessaire son maintien. Et les partisans dune religion civile ont reconnu dans son aménagement le moyen de pacifier la cité, voire de favoriser une politique de lintelligence.

Isabelle Krier, « Montaigne, le plaisir et les femmes. Une perturbation sceptique de lhédonisme épicurien ou un matérialisme inédit ? »

Léloge de lamour passion dans les Essais se distingue de lhédonisme dÉpicure dans lequel lécrivain décèle le maintien dun idéalisme identifiant la nature à la permanence et la santé au repos. Dans le cadre dun nouveau scepticisme et au nom de la vie, Montaigne défend la dimension dionysiaque du désir et réprouve lascétisme. Ces modifications ne conduisent pas à une rupture avec le matérialisme mais à une expression inédite de ce courant libéré de ses dérives « résolutives ».

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Patrice Bretaudière, « La matière et le plaisir dans lombre de Dieu. Peut-on considérer la pensée de Nietzsche comme un matérialisme paradoxal ? »

Le renversement de lidéalisme moral entrepris par Nietzsche aboutit à une affirmation de la vie dans son immanence radicale. Ceci le conduit à assimiler certaines figures classiques du matérialisme à des survivances insoupçonnées du nihilisme moral, constituant ainsi un obstacle à cette réhabilitation sans réserve de la vie. Cependant, cette opération critique témoigne daffinités profondes avec le matérialisme, au point où il soit possible dy voir une forme paradoxale de celui-ci.

Jean-Marc Durand-Gasselin, « La dimension matérialiste de la philosophie de Deleuze »

À certains égards on peut comprendre la pensée de Deleuze comme une manière de se confronter avec Marx, dans la conjoncture déterminée du « marxisme occidental » et à lintérieur du champ philosophique français. Cette confrontation prend la forme de linjection doutils et de perspectives structuralistes dans le matérialisme de Marx et le matérialisme tout court.

Jean-Marc Durand-Gasselin, « Matérialisme interdisciplinaire et Théorie critique »

Le projet de Horkheimer dun marxisme interdisciplinaire associant philosophie, sciences humaines et recherches empiriques a pu prouver son originalité et sa consistance intellectuelles mais aussi sa force théorique et critique à travers les différentes générations (de Adorno à Honneth) et les différentes conjonctures historiques (du fascisme au néolibéralisme).

Aurélien Berlan, « Pour une philosophie matérialiste de la liberté. Les Réflexions de Simone Weil en 1934 »

Contre les marxistes et leur aspiration à dépasser la nécessité (le besoin et le travail), Weil défend une conception plus matérialiste de la liberté : vivre libre suppose de disposer de ses actes (au sens de laction rationnelle) et dassurer ses conditions de vie (au sens de lautonomie matérielle). Mais il faut aller au-delà du caractère idéaliste de sa définition de la raison pour que cette intuition originale aboutisse à une conception pleinement matérialiste de la liberté.

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Stéphane Haber, « Entre naturalisme philosophique et matérialisme historique »

Le marxisme ne se réduit pas à un examen critique des liens entre le capital et lÉtat. Il propose une anthropologie, où lêtre humain, dans sa forme générique, apparaît comme une activité vitale qui ne vise ni lexploitation ni la domination. Dans quelle mesure ce naturalisme philosophique peut-il nous inviter à concevoir de manière plus fructueuse notre espace économique, social et naturel ? Une relecture des Manuscrits de 1844 encourage des rapprochements avec les théories de la décroissance.

Sophie Gosselin, « Vers un matérialisme animique. Repenser les rapports entre la technique et la nature dans une perspective écologique »

Il est permis dopposer à la conception moderne de la technique, qui érige la figure de lHomme-masculin en position de domination et dextériorité par rapport à une nature-féminine ravalée à une matière passive et soumise à la loi dun esprit supérieur, un autre geste technique qui favoriserait lélaboration dun nouveau paradigme écologique. Ce matérialisme animique laisse entrevoir une alternative aux dérives prométhéennes de lhumanité.

Irène Pereira, « Le féminisme matérialiste. Permanence et mutations »

La dénonciation de lexploitation du travail des ouvriers par les socialistes sest accompagnée dune naturalisation du travail reproductif des femmes dans lespace domestique. Pour les féministes matérialistes, comme Delphy, il faut repenser celui-ci à partir des catégories marxiennes dexploitation du travail. Par la suite, ces théoriciennes ont mis en lumière que la situation sociale des femmes se modifie également en fonction dautres rapports sociaux, comme la classe sociale ou la « race ».

Juliette Grange, « Jaurès, au-delà du matérialisme et du spiritualisme »

La pensée de Jaurès se présente comme un matérialisme singulier et assez complexe. Celle-ci interroge : le matérialisme conduit-il exclusivement à lathéisme, et même au nihilisme ? Ou bien ne pourrait-il pas plutôt aboutir à une forme renouvelée et paradoxale de spiritualité ? Il sagit de dépasser lantinomie du matérialisme et de la spiritualité afin denvisager une forme laïque de celle-ci qui préserve du désenchantement et donne espoir dans une forme républicaine du socialisme.

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Laurence Lacroix, « Matérialisme et psychanalyse. De Freud à Lacan ou de Lacan à Freud ? Vers un nouveau matérialisme »

Contre ses éventuels détracteurs, Freud a toujours affirmé la scientificité de la psychanalyse. Cette scientificité senracine dans une matérialité spécifique qui suit les évolutions de la psychanalyse elle-même. Avec Freud, cette matérialité est dabord corporelle, puis pulsionnelle, avec Lacan, il sagit de la matérialité du signifiant, jusquau primat de la « pulsion de mort », qui nous contraint à penser une matérialité du psychique se situant bien en-deçà de lorganique et du symbolique.